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Général Patafouin
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Fragments - Partie V Empty Fragments - Partie V

Lun 7 Fév - 20:51
Après avoir quitté l’institut de formation des futurs officiers de la Poursuite Divine, Aesril intégra le prestigieux Collège des Sapiarques de Lillandril avec les recommandations de Larnatillë, directrice du Collège. Celle-ci lui avait fait la proposition de l’aider à entrer au sein de cette académie et de persuader son père s’il présentait un projet ou un talent magique particulièrement brillant et ambitieux, ce qu’il fit avec brio en présentant une étude approfondie de l’interaction des astres avec l’énergie magique et comment ceux-ci influaient sur sa puissance et justifiait les talents et les dons de certains mages. Il avait même inventé un prototype de gemmes canalisant l’énergie des étoiles et permettant ainsi de distribuer une importante quantité de magie. Cela lui valut d’attirer une attention tout à fait singulière sur sa personne et il fut aisé à Larnatillë de convaincre le jury de l’utilité de sa présence au sein des Sapiarques, et ce, malgré le fait qu’il n’était, à l’origine pas destiné à cette carrière.


À propos de Larnatillë

L
e jour déclinait lentement sur l’île isolée qui abritait le Collège des Sapiarques et pourtant, les lieux fourmillaient encore d’une activité importante, où maîtres et disciples circulaient dans les nombreux et vastes couloirs et corridors de marbre et de boiseries précieuses. Après avoir passé la matinée au service de Maître Cinnarion, Aesril avait suivi les cours et formations auquel il avait été inscrit. Il descendait les escaliers étroits d’une des tours Scolastiques de l’aile Ouest, les bras chargés d’ouvrages précieux et de parchemins, se rendant à la bibliothèque pour rédiger la thèse d’alchimie appliquée sur l’usage des poisons d’origine organique qu’on lui avait exigé. Cela ne faisait que huit mois qu’il se trouvait là-bas et le jeune elfe de vingt-trois ans était déjà épuisé de la charge de travail qu’on lui demandait. Cependant, sa passion pour tout ce qui l’entourait et tout ce que ce lieu fabuleux avait à lui offrir suffisait à lui faire compenser les nombreuses nuits blanches qu’il passait, le nez dans ses ouvrages, à pratiquer des sorts et à inventer des enchantements, à se gaver d’Histoire et de récits antiques de magies et de technologies perdues, un savoir auquel il n’aurait jamais eu accès en d’autres circonstances. Tant de sujets attiraient son attention qu’il s’était inscrit à une quantité bien ambitieuse de cours et les Sapiarques supérieurs s’inquiétaient souvent qu’il ne parvienne pas à suivre une telle cadence, cherchant à canaliser son esprit et à l’orienter vers des sujets plus spécifiques. 


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Il était si plongé dans ses pensées et dans les futures recherches qu’il comptait mener qu’il manqua de bousculer l’intendant qui se dirigeait vers lui, dissimulé derrière les livres que portait Aesril. Celui-ci s’arrêta brusquement et dévisagea l’elfe obséquieux en face de lui.


— Tu es bien Aesril, c’est ça ? Le jeune disciple ? demanda l’intendant.


— Oui. Il y a un problème ?


— Point du tout ! J’ai un message de la directrice, elle demande à te voir.


— Vraiment ? Maintenant ? trépigna-t-il, contrarié à l’idée de mettre ses projets de côté.


— Elle a été très claire, il me semble et je ne crois pas qu’elle apprécie qu’on la fasse attendre. Tu devrais y aller si tu ne veux pas avoir d’ennuis.

Il soupira en se mordant la lèvre inférieure machinalement. Il savait très bien pourquoi Larnatillë le faisait mander. Mais cela ne l’enchantait pas et il allait prendre un retard phénoménal dans ses recherches. De surcroît, traverser tout le Collège ainsi chargé était loin de l’enthousiasmer. Il tenta une approche :

— Vous ne voudriez pas déposer ces livres dans ma chambre pour moi ?


— Et puis quoi encore ? Tu m’as pris pour ton domestique ? Tu peux bien t’en charger toi-même. Bien, je te laisse, j’ai encore beaucoup de travail devant moi, ce n’est pas comme si cet endroit s’entretenait tout seul, hmm ? Ne traîne pas, je n’aimerais pas que ça me retombe dessus.

C’est ça… ” soupira le jeune Haut-Elfe avec lassitude avant de se diriger vers le bâtiment principal. Les dortoirs se trouvaient à l’opposé des quartiers de la directrice et y faire un détour lui prendraient un temps précieux. Mieux valait s’y rendre ainsi. 
Il arriva devant la magnifique porte de bois ouvragé qui délimitait le bureau de Larnatillë et s’efforça de caler ses livres sous un bras pour pouvoir frapper à celle-ci. Une voix féminine à l’intonation autoritaire répondit :

— Entrez !

Aesril s’exécuta aussitôt, tandis que les protections magiques qui entouraient le lieu se résorbaient dans un léger frémissement qui lui hérissa agréablement la peau. Il fut accueilli par une Altmer d’âge mûr, élégamment vêtue de la longue robe des Sapiarques, agrémentée d’étoffes et de motifs plus sophistiqués que ses pairs, portant des bijoux dorés aux poignets et autour du cou, ainsi qu’un parfum entêtant aux fragrances intenses d’iris et de vanille. Son visage aux traits émaciés, à la mâchoire carrée et austère et aux yeux d’un bleu perçant s’illumina lorsqu’elle le vit entrer et sa voix se radoucit dans un timbre plus chaleureux lorsque Aesril eut refermé la porte derrière lui.

— Ah, Aesril, tu es venu sans tarder, je suis ravie !



— Sarpiarque Larnatillë, salua-t-il avec déférence dans une profonde révérence. Vous savez bien que je n’aime pas vous faire attendre.

Elle se releva de son fauteuil en s’avança vers lui d’une démarche souple et gracile.

— Oh, voyons, pas de cela avec moi, Aesril. Pas en privé. Personne ne peut nous voir, tu sais. Tu es si adorable quand tu es sérieux comme cela, hahaha !



— Pardonnez-moi… répondit-il, mal à l’aise.


— Allons, allons… Tu devrais te détendre un peu. J’ai entendu dire que tu travaillais d’arrache-pied et comme cela faisait longtemps que tu n’étais pas venu me voir, je me suis dit que tu avais besoin de repos. Tu dois être exténué.

Ce disant, elle se plaça dans son dos pour lui masser délicatement les épaules. En sentant leur rigidité elle s’exclama :

— Oh, par Auri-El ! Que tu es tendu ! Il était temps que l’on se voie, toi et moi. Veux-tu un peu de vin ? Ça te fera certainement du bien. Et pose ces livres quelque part, tu n’en auras pas besoin, ce soir.



— Hmm… Oui… Bien… Volontiers. Je vais en prendre une coupe, dans ce cas.

Il déposa les livres sur un petit guéridon adjacent à l’entrée tandis que Larnatillë était déjà en train de servir généreusement deux coupes d’un vin aux teintes écarlates sombres.


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— À la bonne heure ! Tu as un esprit fascinant, mais tu travailles beaucoup trop. Et ce soir, tu n’auras besoin d’utiliser ta tête. Tu pourras te reposer un moment, susurra-t-elle langoureusement à son oreille en plaçant la coupe entre ses mains, lui caressant au passage le poignet d’un geste évocateur.

Le jeune mage se crispa un peu plus, fermant les paupières dans un réflexe, tant les avances de la femme le répugnaient. Tout chez elle l’insupportait : le timbre de sa voix, son parfum, ses manières, son hypocrisie, ses gestes. Mais son obéissance était la seule chose qui lui garantissait sa place en ces lieux et il dépendait de son bon vouloir pour pouvoir accéder aux cours et aux écrits qu’il convoitait. Alors, il ne protesta pas et trempa avec empressement ses lèvres dans le breuvage fruité, espérant que l’ivresse lui offrirait un refuge suffisant. Interprétant sa réaction comme un signe d’étourdissement provoqué par le plaisir, Larnatillë s’épanouit.

— Il est bon, n’est-ce pas ? C’est un cru presque impossible à trouver aujourd’hui, même la Vice-Reine a du mal à en dénicher de pareil ! Il est issu des vignes anciennes des hauts plateaux de Russafeld. Je sais que toi, tu es capable d’en profiter, tu n’es pas comme ces rustres. Ils ont beau être des érudits, ils sont… si austères. Toi, tu es un homme de goût. Je l’ai tout de suite su…



— Il est… délicieux.


— Je savais que tu saurais l’apprécier… Mais je ne sais si je le préfère comme ceci…

Ancrant un regard lascif dans les yeux du jeune elfe, elle porta la coupe à sa bouche et prit une gorgée de vin dont elle laissa volontairement quelques gouttes perler sur ses lèvres avant de se presser un peu plus contre lui et de l’embrasser, faisant glisser une langue avide entre ses lèvres.

— … Ou de cette façon.

Aesril déglutit avec écœurement, un frisson lui parcourant l’échine, se contenant en expirant l’air par le nez. Il essuya le vin sur ses lèvres du bout des doigts.

— C’est exquis, articula-t-il finalement.

Un sourire de satisfaction s’étala sur le visage de Larnatillë qui activa ses mains un peu plus bas sur le bassin du jouvenceau, mais son contentement s’effaça rapidement lorsqu’elle le trouva si peu réceptif à ses caresses.

— Eh bien ? Que t’arrive-t-il ? Tu n’as pas envie de moi ?

Il se passa une main sur le visage pour chasser son malaise.

— Ce… C’est simplement que je suis épuisé. Je ne suis pas sûr d’avoir vraiment envie de cela maintenant. Et j’ai encore beaucoup de travail devant moi.



— Pourquoi faut-il toujours que tu sois si obsédé par ton travail ?! Tu devrais vraiment apprendre à te détendre, rire et profiter de temps en temps. Mais si ce genre de chose peut t’offrir une motivation nécessaire, je pourrais t’autoriser l’accès au niveau supérieur de ces ouvrages, tu sais ? insinua-t-elle en désignant du menton les livres posés sur le guéridon. Ceux que tu as là sont pour des débutants bien en dessous de tes capacités.


— … Ceux-ci me conviennent très bien. Et je n’aurai jamais le temps de les lire si je reste ici.

— Oh, mais cela peut être très rapide… si tu es doué. Et je sais à quel point tu es habile, l’enjôla-t-elle au creux de sa nuque. Même si je préférerais que tu restes longtemps.

Il se maudit d’avoir un jour cédé à ses avances. Bien sûr, il savait pertinemment que s’il ne l’avait pas fait, il serait encore destiné à prendre la suite de son père et serait aujourd’hui à recevoir les ordres absurdes de quelque officier pompeux, loin de ce lieu riche de savoirs qui lui auraient été inaccessibles en d’autres circonstances. Et, bien entendu, son père aurait encore la possibilité de décider de son avenir s’il était resté à Étincelance. En intégrant le Collège des Sapiarques, il se soustrayait à la toute puissance du grand Commandant Menduil et pouvait enfin forger un destin qui lui ressemblait. Mais le prix à payer pour cela lui semblait injuste. Et aujourd’hui, il ne savait plus comment se défaire de l’emprise de Larnatillë.

— Je… Je ne m’en sens pas capable. Je suis désolé.

Elle se recula d’un pas pour le dévisager, excédée.

— Bon sang, à t’entendre, on dirait que je te demande d’effectuer une corvée ! Je n’ai pourtant pas l’impression d’exiger l’impossible, répliqua-t-elle avec une aigreur pincée. Tu peux bien m’accorder un peu de ton précieux temps, non ? N’oublie pas que c’est grâce à moi si tu es ici. Les choses peuvent encore en être autrement.

C’en était trop. Ses propos le révoltaient.

— Grâce à vous ? Et que faites-vous des recherches que j’ai menées, pour convaincre le jury ? Nul n’avait jamais vu ce que j’ai présenté ce jour-là et j’avais à peine le septième de leur âge !



— Encore cette prétention et cette arrogance ! Cela peut être séduisant, mais dans ces circonstances, c’est un manque effroyable de lucidité, Aesril. Tu es ici avant tout parce que j’ai appuyé ta candidature. Jamais tu n’aurais pu présenter ton travail aux Sapiarques supérieurs en d’autres circonstances. Alors, quand je te dis que la donne peut encore changer, je ne mens pas. C’est à toi de décider.

Rageusement, tremblant sous la colère, il reprit une gorgée de vin pour tenter d’apaiser ses nerfs, serrant la mâchoire, cherchant une solution, une échappatoire. Dans son esprit, tout allait très vite et il ne lui fut pas difficile de choisir parmi les différentes options. Il finit par lâcher, plus en marmonnant qu’en articulant de façon intelligible.

— Est-ce que je pourrais lire ces livres en même temps ?



— Comment ? En même temps que nous… Enfin, Aesril, je ne vois pas comment tu pourrais lire alors que… Mais enfin, qu’est-ce que tu fabriques ?

Elle s’interrompit en le voyant boire d’une traite la coupe de vin, se diriger à grandes enjambées vers le guéridon, se saisir de l’ensemble des livres qu’il avait apportés, les déposer sur le grand bureau bien rangé, les ouvrant aux pages auxquelles il s’était arrêté et de se diriger vers la directrice pour la mener jusqu’au meuble avant de la soulever en la saisissant par les hanches, la faisant s’allonger sur l’immense table de bois sombre et vernis, la tête posée à côté des ouvrages anciens.


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— Oh Aesril, quelle soudaine impétuosité ! J’aime quand tu prends les choses en main de la sorte…

Sans desserrer les dents, il demeura silencieux, le regard froid. Il ne voulait pas être une victime. Il voulait choisir. Être maître de la situation. Et pour ce faire, il entendait bien décider quand et comment cela allait devoir se produire. Il fit glisser sans ménagement les dessous de la Haute-Sapiarque, retroussant sa robe et, sans la regarder, ancrant ses yeux sur les mots qui s’étalaient sur le délicat papier parcheminé, il pressa ses doigts jusqu’à l’intimité de la femme qui l’attendait avec impatience. Il effectua alors une sorte d’étrange mécanisme de son esprit, se verrouillant à l’instant, guidant ses gestes uniquement aux soupirs de la Sapiarque, canalisant son attention sur ce qu’il lisait pour mieux se détourner de ce qu’il vivait et cela lui parut presque plus tolérable. Il fractionna son temps pour reporter de temps à autre sa concentration sur Larnatillë et ajuster ses mouvements et sa cadence avant de reprendre sa lecture, tournant les pages de sa main libre. Les choses se compliquèrent quelque peu lorsque, déjà étourdie de plaisir, elle chercha à défaire le laçage de ses chausses pour lui offrir à son tour ce qu’elle considérait comme une juste récompense. Incapable de se concentrer plus longtemps, oscillant entre le plaisir et l’écœurement, selon qu’il en oubliait où il se trouvait, au bout de quelques minutes, il se recula de la Sapiarque et rabattit finalement son regard sur elle, avant de le reporter sur le sol, répugnant à se plonger véritablement dans cette scène.

— C’était… très agréable. Mais je préférerais que vous me remerciez avec les livres que vous m’avez promis.



— Tu es sûr ? Bien, comme tu voudras… En tout cas, tu as invalidé ce vieil adage sur les hommes ; tu es doué pour faire deux choses en même temps, visiblement…

Elle ouvrit l’un des tiroirs de son bureau et en sortit une clef brillant d’une lueur iridescente.

— Voici la clef pour accéder aux paliers supérieurs de la Grande Librairie. Prends-en soin.

Aesril s’en saisit avec défiance avant de la placer dans la poche intérieure de sa tunique.

— Merci. Je vais m’éclipser. Je ne voudrais pas vous déranger plus longtemps. Vos fonctions sont certainement très prenantes, lâcha-t-il avec un sarcasme appuyé, dans un rictus amer, tout relaçant ses habits et en refermant soigneusement les livres.



— Hum… Bien sûr. Inutile de jouer au plus malin avec moi. Tu m’as été agréable, ne gâche pas tout.


— Je suis à votre service, Madame, fit-il dans une révérence insolente avant de quitter la pièce précipitamment.
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