Le jeu du chat et de la souris

Rappel du premier message :

On ne sait s'ils s'apprécient, on ne sait s'ils se comprennent, mais leurs échanges sont toujours... piquants, surprenants, audacieux, mystérieux, authentiques ?

Ici se développe les interactions complexes qui poussent Phèbe et Valriel toujours un peu plus dans leurs retranchements...

Valriel, dans la clairière, pas loin, avec Phèbe

Il sourit à la remarque, heureux qu'elle ait rebondi sur sa note badine. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas trouvé de personne avec qui plaisanter et même si les jeux d'esprit que l'on pratiquait souvent au Couchant l'avaient toujours beaucoup stimulé, il aimait la simplicité des taquineries enfantines et parfois polissonnes, quand il était d'humeur aventureuse, toujours heureux de pouvoir outrepasser les codes moraux étriqués qu'on lui avait si souvent rabâché. Il était tenté de répondre sur une note grivoise, mais réalisa qu'elle pourrait très bien ne pas apprécier qu'il prenne de telles libertés.

Il passa le portail d'un geste vif, prenant soin de le refermer immédiatement après son passage. Dans la clairière, l'air était frais et les rayons du soleil faisaient joliment briller les gouttelettes de rosée. Ce changement de décor lui plaisait. Il n'en oublia pas moins la raison de sa venue et se rapprocha de Phèbe pour procéder à son examen. Il allait tendre la main avant de se rappeler que, dans sa précipitation, il allait commettre une impolitesse. Il dit de son habituel timbre calme :

- Puis-je ?

Phèbe dans une petite clairière au alentour de la Citadelle.

Elle reconnue les lieux car elle venait souvent y courir pour se remettre de son alitement. Elle attacha les deux nattes pour former son chignon. Et fit face au l'elfe. Pour se convaincre ou pour se donner courage elle dit:

"Je vous fais confiance. "

Elle tendis le bras docilement.

Valriel, dans la clairière...

"Je vous fais confiance." Cette phrase résonna un moment dans son esprit, bloquant le flux de ses pensées. Il regarda le bras tendu de la Brétonne, sans savoir quoi faire. Il lui lança un regard rapide et, craignant qu'elle ne s'impatiente, dissimula son malaise du mieux qu'il put. Ce bras tendu, ce talisman... tout cela était autant de présents pour lesquels il n'avait rien fait. Et pourtant, elle les lui offrait librement.

Il prit une profonde inspiration et posa ses mains sur le bras glacé. Il devait se concentrer, ce n'était pas le moment de douter ou de réfléchir. Fermant les yeux, il ressentit le flux d'énergie de Phèbe, comme deux forces opposées. Pourtant, les deux lui appartenaient. Seulement, quelque chose semblait faire blocage et annulait chacune d'elle, dépensant une quantité affolante d'énergie inutilement. Elle faisait blocage, il en était presque convaincu. Inconsciemment ou non. Il ne savait pas jusqu'où il devait aller pour l'aider. Il aurait pu prononcer un sort, comme l'autre fois, quand elle avait été dépassée par ses flammes. Mais il crut bon de lui expliquer la situation avant tout.

- Vous devriez vous détendre, Phèbe. Si vous voulez utiliser la glace, vous devez renoncer au feu. Et vice et versa. Mais vous ne pouvez pas faire les deux en même temps.

Phèbe et Valriel dehors dans la matinée qui mine de rien avance

Elle le regarda sans comprendre. 

"Commença si je veux utiliser la glace? Je ne peux pas la manier. Je n'en ai pas la capacités."

Valriel qui oublie un peu ce qu'il fait là, en compagnie de Phèbe

Il la regarda, surpris.
Pensant d'abord qu'elle était toujours d'humeur à plaisanter, il dit d'un ton désinvolte :

- Ah, oui, je vois ça !

Puis, voyant son désarroi, il reprit son calme habituel et ajouta :

- Attendez... Vous êtes sérieuse ? Je croyais que vous le faisiez exprès... Bien, il m'est difficile de me mettre à votre place, mais vous semblez faire un blocage sur votre flux d'énergie. Le feu, la glace, la foudre... ce ne sont que des éléments différents qui nous entourent. Chacun ses affinités, mais vous pouvez très bien apprivoiser un autre élément... Et si vous ne voulez pas de la glace, tant pis, laissez-la repartir comme elle est venue.

Il rit sur un ton joueur.
- Cela dit... un peu de glace ne peut pas vous faire de mal, de temps en temps.

Sans lâcher son bras, la lueur taquine toujours présente dans son regard, il se concentra sur les particules autour de lui, faisant traverser un peu de sa propre énergie dans ses mains pour déposer une fine pellicule de givre sur la peau de la Brétonne qui se rafraîchit un peu plus.

Valriel, toujours plus perdu, réprimant son affolement intérieur…

Lui qui intellectualisait absolument tout, il fut - l'espace d'un instant - complètement déconnecté de ses pensées.

Se laissant faire, il se contenta d'écarquiller les yeux, désemparé par les gestes et l'attitude aguicheuse de Phèbe. Il ne l'avait jamais connue ainsi depuis lors. Son cœur s'accéléra dans sa poitrine tandis qu'il sentit la pointe de ses oreilles se réchauffer. Il entrouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Il ne comprenait pas comment elle s'y prenait pour toujours le surprendre. Sous ses doigts, il pouvait sentir la naissance de sa poitrine tandis qu'elle faisait doucement glisser sa main le long de son abdomen. Il perçut la chaleur de son cœur battant. Pendant quelques secondes, il oublia complètement ce qu'il faisait là et laissa son propre flux d'énergie magique se mélanger au sien. 

Était-elle en train de lui envoyer sa magie ? D'un seul coup, les pensées revinrent. Pourquoi faisait-elle cela ? Il déglutit, cherchant à calmer ce que ce contact avait provoqué en lui. Mais il savait qu'il ne pouvait plus cacher son malaise. Elle avait beau ne pas voir son visage, elle le devinerait facilement. Cette fois-ci, il regretta de ne pas porter son armure. Il percevait en lui l'énergie de Phèbe, mais ne comprenait pas ce qu'elle cherchait à faire. Voulait-elle le séduire ? Parlaient-ils toujours de magie ? Il avait peut-être été trop facétieux… D'une voix étouffée, il parvint à lâcher finalement :

- Que… Qu'est-ce que… Qu'est-ce que vous faites ?

Valriel, se souvenant qu'il était un écuyer dans une clairière

Valriel inspira par le ventre, calmant ses émotions, les rationalisant du mieux qu'il put, réorganisant les pensées, bien à leur place, comme il en avait l'habitude. "Ce n'est qu'un corps. Ce n'est qu'un simple contact. Rien d'autre… " Son cœur battit un peu moins vite, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir fébrile. 

"Elle a dit qu'elle écoutait ? Elle écoute… ma magie ?" Il se sentit soudain percé à jour, comme si on s'était introduit dans son intimité sans lui en demander la permission. Il est vrai qu'il avait lui-même prêté attention à son énergie, mais là il pouvait la sentir, sonder en lui, comme si elle décortiquait ce qu'il était et cela lui noua la gorge. Il frissonna. Il ne voulait pas lui laisser voir cela en lui. Lui laisser voir la puissance et lui laisser voir les faiblesses.

Il durcit son regard et, sans détacher sa main, lui dit simplement, avec une froideur glaciale :

- Phèbe, arrêtez. Ça suffit. 

Tout l'amusement et la bonne humeur qui se trouvaient dans sa voix quelques minutes auparavant avaient disparu.

Phèbe dehors avec Valriel

Elle revient brutalement à la réalité. Il aurait pu la frapper cela aurait eu le même effet. Choquée elle le regarde. Puis elle prend conscience de la situation. Elle recule brusquement comme brûler par son contact. Elle venait de faire quelque chose de toute à fait grossier et... 

- Irrespectueux. 

Elle réalisa à haute voix. Elle se sentit rougir et extrêmement mal à  l'aise elle recule davantage en blotissant sa main contre son torse. Elle n'avait fait preuve d'impudence et avait complètement outrepasséme ses droits! Sonder quelqu'un était entré dans son intimité. Elle se sentit bégayer.

- C'était tout à fait irrespectueux... 

Elle n'osa même pas regarder son expression. Son esprit et son corps étaient en extase, gaver par la sensation inouïe. Elle avait l'impression d'avoir reprit du skooma. Ses yeux semblaient voir les couleurs comme jamais, elle sentait des odeurs de forêt comme un délice, son corps tremblant jubilait. La culpabilité de son euphorie l'écartela, comment pouvait-elle se réjouir?

- Je n'aurais pas du. Au par les huits... pardon.

La tête lui tournait à cause de l'ivresse. L'anémie de tout à l'heure la rappela à l'ordre. Ell vit encore mille étoiles danser dans ses paupières. A non ca suffit de s'évanouir devant des gens! Elle continua a s'écarter de lui en murmurant : "Je suis désolée...." Elle semblait sur le point de prendre ses jambes à son cou pour déguerpir dans la forêt.

Valriel, dans la clairière en compagnie de Phèbe

Il tentait de calmer sa respiration, ressentant lui aussi la magie de Phèbe comme si elle l'habitait encore. Il ne savait pas quoi penser. Il fut replongé dans de lointains souvenirs, repensant à la dernière fois où il s'était librement offert, entièrement, dans tout son être à quelqu'un. Comment il avait confié sa magie et comment il avait ressenti la magie d'une autre personne. Comment il avait oublié les raisonnements et les pensées et les ambitions dans ces moments-là. Coupé de lui-même et pourtant tellement vivant. 

Le bras en suspens, il n'en voulait pas à Phèbe de sa réaction. Il se sentait seulement vide. Ses doigts guettèrent le pendentif à son cou, avide de retrouver un lien qui le retenait à la tangibilité de son avenir. Un voile de mélancolie obscurcit ses yeux verts. Il s'en voulait de se sentir subitement si vulnérable.

Il respira profondément, recherchant sa quiétude habituelle, cette sensation merveilleuse de maîtrise qui lui échappait tant en ce moment.

Il voulait dire quelque chose, lui expliquer ce qu'il lui arrivait, mais il n'y parvint pas. Au bout d'un moment, il laissa simplement échapper d'une voix voilée :

- Phèbe…

Phèbe, en train de se faire un trip dans les bois.

Elle s'immobilise à l'entente de son nom. Elle s'attend au répliques piquantes, menaces, au critiques, à la froideur de l'acier et la violence du rejet. Malgré toute l'appréhension, elle ne pouvait ignoré l'horrible sensation d'euphorie. La sensation était grisante. Fébrile, elle opta pour un position coupable.

Pourtant.... rien ne vint. Elle relève la tête discrètement pour le regarder. Il semblait... Elle n'était pas certaine. Abattu? Mélancolique? Comme il ne paraissait pas réagir, elle hésita: 

- Valriel je m'excuse. Je vous ai manqué de respect. ... J'aurais du vous demander la permission, je me suis laissé prendre par la situation. C'était impulsif....

Elle pensa: pour changer....

Valriel, pris dans le flot, en compagnie de Phèbe

Désemparé, il leva les yeux vers elle pour les ramener rapidement dans le lointain. Cette fois-ci, il ne voulait pas croiser son regard et risquer de lui offrir à nouveau une fenêtre sur ce qu'il ressentait. La tentation était grande de simplement rentrer à la Citadelle ou n'importe où ailleurs, pourvu qu'il soit à l'écart, seul avec ces émotions qu'il ne comprenait pas et qu'il ne contrôlait pas.

Mais il voulait savoir, comprendre ce qui avait poussé Phèbe à avoir un comportement si étrange à son égard. Qu'elle s'énerve contre lui était une chose, mais cela… Et bien sûr, il était hors de question que Mazar ou quelqu'un d'autre surprenne une telle conversation. C'était le seul moment pour en parler. Il se redressa, tentant de reprendre son habituelle posture confiante et assurée et dit d'une voix douce, mais hésitante :

- Pourquoi avez-vous fait ça ? Pourquoi ces gestes et… cela ? Je… Essayez-vous de me séduire ?

Phèbe et Valriel dans une situation délicate.

Elle jette un regard vers Valriel mais il détourne le sien immédiatement. Pensait-il que.... Envisageait-il sérieuse qu'elle...? Elle glousse;

-Vous séduire?

Elle retourne la question. Plus elle y pense, plus l'hilarité la gagne. Elle imagine la situation d'un point de vue extérieur. Elle glousse à nouveau.

-Vous séduire!

Ses épaules sont secouées par un rire maîtriser avec soin. L'absurdité de la chose et le malaise de l'Altmer rendent la situation ridicule. Elle repense encore à ce qu'il dit. Elle glousse à nouveau:

- Mais enfin Valriel! Quelle idée?! Pas que vous ne soyez pas charmant! Mais ce n'est pas comme ça que je m'y prendrais! Et puis franchement... Vous avez probablement le double de mon âge, vous êtes une personnes absolument brillantes, comment pourais-je essayer de vous séduire?! Moi? Je n'ai aucune chance!

Cette fois elle rit. La succession d'émotion l'avait rendu nerveuse et la pression se relacha totalement. Bon elle ne niera pas que l'effet de la magie de Valriel n'était pas forcément innocent dans son comportement enjoué...

- Je... Je ne m'attendais pas du tout à cette réaction de votre part! Je voulais simplement vous taquiner. Oh excusez moi, je ne devrais pas me moquer mais.... Vous êtes si frigide habituellement! Et là... (elle glousse de nouveau en essayant de contenir son rire)  Il faut croire que je suis toujours aussi douée avec les homme du Couchant!

Valriel, en atterrissage d'urgence, dans la clairière, tandis que la matinée avançait bien...

Il n'était pas satisfait de la réponse. Et surtout, il n'appréciait pas que l'on se moque de lui dans un moment de vulnérabilité. Il se sentait ridicule, idiot. Il avait l'impression que cette fois, on s'était joué de lui et il avait horreur de cela. Il ne savait pas par où commencer. Ajustant sa chemise, il plongea son regard dans celui de la Brétonne. Il commençait à reprendre ses esprits, le rire de Phèbe agissant comme une douche glacée. Les pensées s'alignaient à nouveau.

- Hum... Bon. D'accord. Oublions le "frigide" et le fait que vous supposez que j'aie le double de votre âge. Vous n'avez pas entièrement répondu à la question. Pourquoi vous êtes-vous octroyé le droit de pénétrer dans l'intimité de ma magie ?

Phèbe dans la clairière face à un écuyer (légitimement) pas du tout content.

Mince elle pensait esquiver la question. Elle fit une moue et tenta de réprimer son fou rire. 

- En tout honnêteté, je n'ai pas réfléchis. J'ai simplement agis! Je voulais comprendre comment... Comment vous pouviez avoir autant de contrôle là où je ne suis qu'un tourbillon incontrôlable.

Ses yeux se perdirent dans le vide, elle se souvenait de la moindre seconde. Elle aurait été tout bonnement incapable de le reproduire mais avoir eu l'occasion de se frotter à ça.... Elle ne regrettais absolument pas.

- Nous étions dans cette... ambiance! Et ... argh je me suis laissé aller! Je ne devrais pas prendre de telle liberté! Je sais! J'ai pensé une seconde qu'avec vous... avec vous je pouvais être moi-même... Ah bref! Laissez tomber. J'ai été stupide! Voilà!

Pourquoi elle lui disait tout ça?! Il n'avait pas besoin de savoir! Qu'elle idiote! Ah oui c'est vrai... l'honnêteté pour espérer recevoir la même chose en retour... Pff comme si après ça il allait lui adresser la parole. Elle enchainer les impaires avec lui. Elle ne s'en sortirais jamais.

Valriel, profitant finalement des lieux

Il tenta de se figurer ce qu’elle avait pu ressentir en se plongeant dans son énergie, dans cette tentative de mieux comprendre sa magie. Cela renforce son malaise, car il comprit qu’elle avait perçu cette exquise sensation qui l’habitait un peu plus chaque fois qu’il atteignait un niveau de compréhension supérieur de ses pouvoirs. De cette soif merveilleuse provoquée par la connexion aux particules qui l’entouraient. De la perception si puissante et fragile à la fois de chaque odeur et de chaque son, de chaque lueur. De la façon dont il distendait cette réalité pour la faire sienne, excitant la foudre, caressant les flammes, faisant jaillir la lumière... Une sensation incomparable.



Pendant quelques secondes, Valriel demeura sans bouger, perdu dans ses pensées, observant la gêne maladroite de la Brétonne, mélangée à son étrange euphorie fébrile, analysant son comportement. Elle ne se moquait pas de lui : elle le complimentait. Ce n’était pas la flatterie obséquieuse des Altmers ou la flagornerie habituelle des manipulateurs. C’était une nouvelle preuve de confiance.



Il soupira. Si seulement, les choses pouvaient être aussi simples que cela...
L’honnêteté était tellement plus agréable que les jeux de dupes. Il se souvint de la raison initiale pour laquelle il était venu voir Phèbe. Après tout, si être lui-même pouvait le rendre plus convaincant, le jeu en vaudrait peut-être la chandelle. 
Il décida de s’assoir sur l’herbe, face au soleil, comme pour mieux poser sa pensée. Il pesa le pour et le contre de sa réponse et finit par dire avec détachement :



- Ma foi, c’était plutôt osé comme approche pour comprendre la magie. - il eut un rire léger. - Je n’ai jamais eu l’occasion d’apprendre de la sorte, mais j’ai moi aussi eu des méthodes peu communes étant enfant, après tout. Et en ce qui concerne le fait d’être soi-même, cela pourrait vous surprendre, mais je vous comprends... Moi aussi, cela m’a fait du bien d’être moi-même. De rire.

Il lui jeta un petit coup d’œil discret.



- Il semblerait que vous n’ayez plus si peur de moi, finalement.

Phèbe ne su pas quoi répondre. En réalité son calme et sa réaction déclenchaient d'autant plus d'appréhension en elle. Elle ne comprenait pas ce qui se tramait mais même en y réfléchissant des heures rien n'aurait pu lui permettre d'imaginer ce que Valriel pensait. Elle fit une moue, comme si sa peur pouvait passez si simplement!

- Je me suis emballée, elle grommela, je suis peut-être un peu inconsciente parfois. Je dois être sucidaire pour m'en prendre directement comme ça à vous....

Elle se mordit la lèvre en regardant l'elfe se délasser dans l'herbe. Elle souffla presque imperceptible:

-  Vous êtes si agaçant! Mais je dois avouer que vous êtes impressionnant....

Il était heureux d'avoir repris un semblant de maîtrise. Il reprit d'un ton plus léger :

- Impressionnant... Agaçant... ? Choisissez. Cela dit, je perçois presque un compliment... Puis-je savoir en quoi je vous impressionne ?

Voyant l'air contrit de Phèbe, il ajouta :

- Allons, détendez-vous, je vous l'ai dit, si je voulais vous faire du mal, cela fait longtemps que j'aurais déjà pu agir. Croyez-vous que je sois une sorte de bête sanguinaire ? ... C'est plutôt vous qui vous jetez sur moi. Peut-être est-ce moi qui devrais me méfier.

Phèbe n'aimait pas du tout son ton léger. Ca lui donnait froid dans le dos. La tête lui tournait à nouveau et la sensation d'extase se tarissait à peine. Bon autant elle aussi s'assoir, elle choisit un endroit où la roche effleurait pour se mettre dessus à une distance respectable de Valriel.

- Je lu les rapports de mission.

Elle posa son coude sur ses genoux croisé et son menton dans sa main.

- Vous êtes impressionnant pour votre capacité à survoler une situation pour en capter les subtilités. Mais ce n'est pas tout, vous jouez avec les gens avec une simplicité déconcertante. J'ai parfois l'impression de danser dans vos fils de marionnettiste avec consentement. Ne le prenez pas mal, c'est un talent, cela vous permet de gardez le contrôle. Regardez le petite Frey, regardez moi... Je ne parle même pas de vos excellente compétences martiales, magiques et intellectuelles! Cela me semble évident.

Valriel tourna la tête pour mieux guetter les expressions faciales de la Brétonne. De ses yeux calmes, il la scruta ainsi pendant plusieurs secondes avec le plus grand sérieux, avant de tourner à nouveau son regard vers le lointain. Il prit une profonde inspiration et lâcha :

- Je suppose que cela signe la fin de cette pause.

D'une main rêveuse, il caressa les brins d'herbe tendre.

- J'ai beau chercher, Phèbe, je ne parviens pas à trouver la moindre logique à votre comportement. Si je suis l'homme que vous supposez que je sois, alors je vous trouve drôlement imprudente. M'offrir un talisman, vous isoler avec moi, sonder mes pouvoirs... Un instant, vous plaisantez avec moi, légère et l'instant d'après, je suis un génie de la manipulation dont vous devez vous protéger et vous éloigner.

Il marqua une pause, songeur.

- Dites-moi : de quoi m'accusez-vous au juste ? Quelle est cette histoire avec les rapports de mission ?

Phèbe pris le temps de le regarder cette fois. Enfin, il posait les bonnes questions. Enfin il cessait de jouer à ses petits jeux, il cessait de la prendre pour une idiote.

- Vous avez tout à fait raison. Sur toute la ligne.

Elle se releva, impossible pour elle de rester immobile dans ce genre de conversation. Elle savait ce qu'elle voulait. C'était très simple: la vérité. Mais il ne lui donnerait jamais. Elle voulait l'aider, elle voulait qu'il ne détruise rien, ni lui ni les autres. Elle se dit à nouveau, je sais r econnaître quelque chose de briser quand je le vois. Elle se pinça les lèvres avec sévérité et contrariété. Comment ne pas gaspiller cette conversation? Elle ne devait pas l'énerver mais il était si agaçant...

- Je vous accuse d'être non seulement dangereux mais aussi de vous moquer de moi. Que voulez vous que je vous dise sur les rapports? Je ne peux plus partir en mission et je suis chargé de tous les lires. Alors je ne sais pas, je me pose des questions c'est tout. Vous semblez toujours être l'homme de la situation, les bons mots, les bonnes remarques, les bonnes réactions. Je n'ai nullement l'intention de m'éloigner de vous. Si je veux être sûre que j'ai tord, j'ai plutôt intérêt à vous coller aux basques. Il faut croire que je suis fasciné par le danger, une passion morbide et malsaine. 

Elle se dit en elle-même qu'elle savait parfaitement de qui venait cette tendance et maudit intérieurement Feladir.

- Je vous porte un grand intérêt croyez le ou non. Mais je vous ai déjà expliquer pourquoi, il me semble.

- Donc, si je vous suis bien, parce que je suis talentueux, je suis dangereux ? ... Oui, vous venez de résumer l'histoire de ma vie. Quelle ironie... 

Se relevant lentement, il lui jeta un regard las.

- Vous aussi, vous avez vécu des choses difficiles. Vous avez dû vous adapter pour survivre. Quand on naît avec mes capacités et ma compréhension du monde, on est une créature bizarre, anormale aux yeux des autres. Ils pensent que vous êtes une sorte de... monstre, alors ils cherchent à mieux se débarrasser de vous ou à mieux vous brider, vous contrôler.

Il se rapprocha d'elle, la fixant impudiquement de ses yeux en amande.

- Vous voyez mes compétences, vous ressentez mon pouvoir... Alors dites-moi Phèbe : craignez-vous le monstre ? Allez-vous chercher à me mettre en cage pour ce que je suis ?

Il écarta les bras de ses flancs, les paumes tournées vers elle.

- Allez-y. Si vous êtes vraiment convaincue de ce que je suis, si au fond de vous, vous savez que je suis un danger, débarrassez-vous de moi. Je n'ai pas d'armes, pas de bâton, pas d'armure. Mais réfléchissez... Pour qui suis-je dangereux ? Pour moi ? Pour les autres ? Pour vous ? 

À chaque question, il fit un pas supplémentaire vers elle, couvrant bientôt la distance que les séparait.

- Et surtout, suis-je vraiment plus dangereux que les autres ? Vous dites que je me moque de vous, mais vous ne voyez pas que depuis quelque temps, je vous protège, je veille sur vous. Je pense même être le seul élément stable face à cet ensemble de variants qui vous entourent et menacent de vous détruire à chaque instant.

- Ce n'est pas vos pouvoirs qui vous rendent dangereux. C'est vos secrets. Vos sentiments. Vos mensonges. Chaque fois que vous refermer votre coeur sur quelque chose, vous devenez plus inquiétant. Et chaque fois que je perçois l'ombre de l'étendu de votre existence complexe....

Phèbe n'hésita pas un instant à bondir sur Valriel. Elle utilisa la même arme qu'avec Elia pour vivement se mettre tout proche de lui menaçante. Son souffle n'était pas assez fort pour le toucher mais probablement qu'il l'entendait. Son visage était calme mais son aura était meurtrière. Elle avait déjà tuer ainsi. Elle n'hésiterais pas à le faire. Elle ressentait vraiment cela, la soif de sang, elle ne prétendait pas. 

Cela ne dura qu'une fraction de seconde. Comme un mirage. Comme un reflet.

Avant qu'elle laisse négligemment tombé l'arme au sol entre les pieds de l'Altmer. Présentant ses mains pour lui montrer qu'elle était elle aussi désarmé:

- Je désire vous tuez comme je désire tuer n'importe qui. Parce que des petites voix murmurent à longueur de journée que c'est ce que je devrais faire. Mais il y a des choses que je désire bien plus. Et jamais je ne cèderais à des impulsions barbares. Valriel, si je devais arracher votre âme à votre corps ce n'est pas parce que vous êtes un monstre, c'est parce que j'aurais été faible. Vous ne méritez pas de mourir. Et je ne sais rien de votre vie, mais vous ne méritez pas qu'on vous exclus. Vous méritez qu'on vous comprenne. Sans cette incompréhension, personne n'aurait besoin de vous faire sentir comme un monstre.

Il continua de la dévisager un moment avant de souffler à mi-voix, cynique, amer :

- Vous voulez me comprendre ? Me venir en aide ? Et puis quoi ? Vous avez pitié de moi, peut-être ? Si qui que ce soit pouvait et voulait vraiment me comprendre, je ne serais pas là aujourd'hui, affublé de ces bandages qui m'empêchent de respirer. 

Un mélange de défi et de mélancolie luisait dans ses yeux verts.