Le jeu du chat et de la souris

Rappel du premier message :

On ne sait s'ils s'apprécient, on ne sait s'ils se comprennent, mais leurs échanges sont toujours... piquants, surprenants, audacieux, mystérieux, authentiques ?

Ici se développe les interactions complexes qui poussent Phèbe et Valriel toujours un peu plus dans leurs retranchements...

Valriel, tour d'entraînement, au même moment.

Ces mots résonnaient douloureusement dans sa tête. Le jugement. Encore. C'était exactement le ton qu'avait employé Père. Les mots exacts qu'il avait utilisés. Valriel se rendit compte qu'il avait oublié ce qu'il faisait ici. Qu'il avait oublié qu'il était là pour être un fervent serviteur de Stendarr, "droit", "honorable". Il était empli d'amertume. Il voulait faire ravaler sa fierté à cette Brétonne qui croyait mieux savoir que lui ce qu'était la dignité. Il voulait lui dire, là tout de suite, ce qu'il pensait d'elle, ce qu'il savait. Il voulait lui dire à quel point rien ne serait plus facile pour lui que de lâcher son épée et de faire ce qu'il savait faire le mieux. Mais une fois de plus, il demeura sans rien dire. Non. Il ne pouvait pas la laisser le traiter de la sorte. C'était inacceptable, c'était injuste. 

Il se dirigea vers l'épée de Mazar pour la ramasser et la lui redonna, précipitamment.

- Excuse-moi Mazar, si tu veux bien, j'aimerais dire deux mots à l'officier Phèbe. Puis-je me retirer un moment ?

Mazar accepta la demande de son écuyer, se risquant toutefois à demander s'il pouvait l'accompagner, ce à quoi, Valriel répliqua qu'il préférait la voir seule, craignant que le sujet qu'il voulait aborder ne la mette mal à l'aise en présence d'une tierce personne. Le Rougegarde abdiqua et Valriel amorça son départ sans plus tarder.

Phèbe quittant la tour en direction de l'étage inférieur,

Non mais quel toupet! Il était beau l'Altmer et ses discours! Du vent. Elle aurait du s'en douter. Il avait peut-être raison, elle ne devrait pas se mêler de ses affaires. Mais c'était plus fort qu'elle et elle ne comptait pas se laisser abattre. Ce petit tour de tout à l'heure ne faisait que confirmer son intuition: il pouvait bien faire le fier en fanfaronnant devant elle que tout était sous contrôle, apparemment tout n'était pas si simple à maîtriser. Ce petit prétentieux.

Elle souffla agacée et accéléra le pas.

Valriel, quittant la tour d'entraînement

Il rangea l'épée d'entraînement dans le râtelier et marcha à grands pas rapides pour rattraper la Brétonne. Il arriva à sa hauteur et jetant un coup d'œil pour vérifier qu'ils étaient hors de portée des oreilles indiscrètes, passa devant elle pour stopper sa marche. Il ne voulait plus prendre les choses avec des pincettes. Il était fatigué, las, irrité. Il considérait avoir assez supporté sa condescendance durant leur dernier voyage. Il dit froidement :

- Phèbe, un moment, s'il vous plaît. Éclairez-moi. Qu'est-ce qui vous permet de me juger de la sorte, au juste ? Croyez-vous peut-être mieux valoir que moi ? Êtes-vous à ce point supérieure aux autres que vous puissiez vous permettre d'apposer le sceau de votre validation sur toutes les choses que vous ne considérez pas "droit" ou "honorable" ?

Phèbe, au même moment avec Valriel

Il avait été affecté par ce qu'elle lui avait dit? D'accord là elle était surprise. Elle rit sans joie:

"Ne vous moquez pas de moi. Je suis probablement la personne la plus turpide ici."

 Elle croisa le bras dans une volonté apparente de se fermer à la discussion:

"Par contre il me semblait que vous aviez été claire au Couchant: Vous vous fichez de ce que je pense et je ne serez jamais en mesure de vous comprendre. Alors éclairez moi, pourquoi vous sentez vous obligez de venir vous justifier auprès de moi?"

Valriel, en compagnie de Phèbe

Il la regarda fixement, tentant de deviner où elle avait l'intention de le mener, cette fois-ci. "Non, tu ne te joueras pas de moi, c'est hors de question." Il voyait bien ce qu'elle essayait de faire, il voyait bien qu'elle essayait encore une fois de le prendre au piège dans son propre jeu. De lui faire dire des choses qu'il ne devrait pas. 

- Ce n'est pas parce que le loup se fiche de l'avis des autres qu'imposer le respect ne lui est pas important. Je ne me justifie pas. Je cherche à comprendre ce qui me vaut ce dédain de votre part. Mais ce que vous me dites m'apprend une bonne leçon. Même si vos actes sont honorables, agissez seulement une fois à l'encontre des principes bien rigides des autres et vous perdez immédiatement leur respect.

Phèbe toisant Valriel dans un couloir

"Ce n'est pas avec moi que vous gagnerez le respect en montrant les crocs. Vous voulez me faire peur, me faire sentir petite et insignifiante ? Ma rappeler que comparé à nos compagnons et vous je suis négligeable? Ne vous fatiguez pas. Je le sais. Le jour où vous serez lassé que je vous donne tord il vous suffira d'une formule pour que je ne sois plus un problème. Ne vous inquiétez pas, vous me faites déjà peur."

Elle releva le menton. Elle ne mentais pas, elle avait appris à vivre terrifiée à chaque seconde. Le monde était menaçant dans ses moindres recoint. Dans ses moindres aspects. 

"Mais si vous pensez que peur et respect sont une même chose, nous ne tomberons jamais d'accord. "

Valriel, dans les couloirs, entre deux étages, avec Phèbe

Valriel demeura muet quelques secondes. Il ne s’était pas attendu à une réponse aussi émotionnelle, une fois de plus. Il était persuadé qu’elle savait ce qu’elle faisait, qu’elle avait un plan. Se serait-il trompé ? Son regard se radoucit soudain, emporté dans ses souvenirs. Il laissa ses bras retomber le long de son corps, désemparé. Pourquoi, quoi qu’il fasse, les choses finissaient toujours ainsi ?

- Je vous fais... peur ?

Il hocha la tête, pensif et finit par dire avec dépit.

- J’aurais dû m’en douter. Après tout, j’ai toujours donné cette impression Je ne vois pas pourquoi ce serait différent avec vous. Quoi qu’il en soit, je ne cherchais pas à vous faire peur ou à vous faire sentir misérable. J’avais plutôt l’impression que c’est ce que vous essayez de faire. Et je ne pense pas que la peur et le respect soient la même chose, non. La peur n’est qu’un des nombreux moyens d’y parvenir. Franchement, Phèbe, je ne comprends pas...

Phèbe et Valriel en pleine conversation phylosophique

Elle décroisa les bras pour se frotter la nuque. Elle était en colère contre lui. Elle lui en voulais de la facilité avec laquelle il ignorait ses sentiments. Elle marmonna assez bas pour qu'il ne comprenne pas forcément tout:

"Valriel, vous êtes une montagne de muscles de plus de deux mètres qui se bat à coup d'épée et qui lance des sorts. Et vous êtes un elfe. Vous êtes un homme. Comment vous pourriez ne pas me faire peur?"

Mais la conversation prenait un tournant plus doux alors Phèbe pris sur elle, pour ne pas paraître trop agressive. "Pour ce qui est du respect....". Elle leva les yeux vers lui pour regarder ses prunelles pensivement. Elle n'aurait pas aimer être dans sa tête, cela semblait aussi chaotique que dans la sienne. Elle s'accouda au mur.

"Pourquoi vous cachez que ce que vous avez fait tout à l'heure m'a déçu? Ca ne veut pas dire que j'ai moins de considération pour vous - ne prenez pas ses airs de mâle alpha - ça veux simplement dire que je nuance mon jugement. Toute l'estime que j'ai pour vous, porte probablement sur les parts de vous même que vous préféreriez ignorer. Mais croyez moi, quand le respect est réel ce n'est pas une broutille qui vient le balayer: il n'est fait que le sculpter."

Valriel et Phèbe, dans les couloirs et dans une intense réflexion

Valriel jeta un regard de côté. De toutes les personnes de cette Citadelle, elle était la seule avec laquelle il ne savait pas sur quel pied danser. Par moments il avait l’impression qu’elle voulait le faire sortir de ses gonds et par d’autres, il lui semblait qu’il pouvait être lui-même. Elle avait l’air de le prendre en considération, effectivement. Et il la respectait pour cela.
Il ferma les yeux pour mieux retrouver le calme de ses pensées. Il soupira.

- Oh, Phèbe, par Auri-El. J’aurais aimé que vous ne soyez pas si clairvoyante, ne serait-ce que pour votre propre bien. J’aurais tant de choses à vous dire... 

Il chercha ses mots, incapable de terminer sa pensée. Il avait l'impression qu'il commettrait une bêtise en se confiant. Il repensa à sa venue à la tour d’entraînement et interrompit sa pensée.

- Pourquoi êtes-vous venue initialement ? À la tour ?

Phèbe dans le couloir avec Valriel

"Ah, je vous cherchais. Je me suis aperçu que je ne vous avez jamais expliqué pourquoi je vous avez fait venir avec moi au final."

Elle lui lança quelques chose. Les réflexes surnaturels de l'Altmer lui permirent de le rattraper sans mal.

Valriel, dans les couloirs avec Phèbe

Il observa dans sa paume le minuscule et délicat objet que la pyromancienne lui avait lancé. C'était une sorte d'épingle de métal orné de deux pierres translucides et de deux perles. Au milieu se trouvait un médaillon en forme de goutte aux motifs inconnus. Il pouvait sentir que l'objet était enchanté et qu'il dégageait une aura puissante, sans pour autant connaître la véritable nature de l'enchantement. "Peut-être de la magie de l'esprit ?". Il n'aurait trop su le dire.


- De quoi s'agit-il ? demanda-t-il calmement.

Phèbe devant Valriel.

La brétonne se redressa pour se mettre en face de lui. "C'est un charme. Ou un talisman appelé ca comme vous voulez."

Elle prit le temps de replacer ses cheveux et d'épouster ses vêtements. Elle se tint devant Valriel droite et cérémonieuse. Au début elle le regarda mais très vite ses paupières se fermèrent. Elle placa ses mains au dessus de l'objet sans toucher la personne qui le tenait:

"Je suis la femme d'Uraclon Valtergi et voici l'ennemi qui de sa lame a tranché la vie. Je suis témoin qu'il a donné son temps, son coeur et son corps, que devant les pierres il a rendu hommage à la dépouille et avec humilité a demandé pardon."

L'épingle se souleva doucement et brilla d'une lueur bienfaisante. L'enchantement fut soudain plus fort, plus présent. Des serpentins de magie que seuls leurs yeux avertir pouvaient voir, s'épanouirent autour d'eux puis valsèrent autour de l'écuyer. 

"Voici le Mer de valeur qui a aidé la veuve a porté son deuil, qui a supporté son chagrin et endurés ses maux. Que son esprit soit à présent libéré des fantômes vengeurs et son âme épargnée du péché pour lequel il s'est repentit."

Quand elle écarta ses mains, le charme se ternit et se reposa dans la main de Valriel.

Valriel, sous le charme, avec Phèbe

Il resta un moment à contempler le charme. Il ne parvenait pas à croire qu'au creux de sa paume se tenait un objet si petit doté d'une si grande signification. Elle avait fait plus qu'il n'aurait jamais imaginé. Il pensait qu'elle le haïssait quelques secondes auparavant. Et voilà qu'elle venait de le protéger, de lui donner une bénédiction. "Par tous les dieux, Phèbe, pourquoi as-tu fait ça...". Pendant plusieurs secondes, il ne put détacher son regard de l'objet. Il voulait lui dire. Lui dire qu'elle se trompait, qu'elle faisait une erreur. Qu'il n'aurait pas dû posséder cela. Il lui en voulait de lui avoir donné cela.

Au bout d'une bonne minute, il plongea ses yeux dans les siens. Il ne pouvait cacher sa colère et sa frustration. Il ouvrit la bouche, se ravisa, serra la main sur le charme et partit sans dire un mot.

Phèbe, dans le couloir quelque minutes plus tard.

Elle regarda s'éloigner Valriel. Son coeur était lourd. Peut-être il ne comprenait pas ce qu'il lui en coutait. Ce n'était pas facile d'accepter de laisser partir la haine et la rancoeur, mais c'était le pardon qui donnait au charme son pouvoir. Elle pensait sincèrement que Valriel le méritait. Il n'avait pas besoin de plus de tourment.

Elle voulait pleurer, se laisser aller à la mélancolie. Une présence qu'elle connaissait bien l'attira. Quelqu'un qui ne cessait de répéter qu'il sécherait toujours ses larmes. Cela lui arracha un sourire. Je peux te sentir où que tu sois à présent. Mais je ne pleurerais pas devant toi. Elle pivota et retourna à Mazar.

Convaincue que Valriel ne voudrait plus lui adresser la parole, les jours et les semaines se succédèrent sans qu'ils se croisèrent.
Valriel n'avait trop su quoi faire du cadeau au premier abord, considérant qu'il ne le méritait pas. Ayant songé un moment à s'en débarrasser, avait fini par le garder. Mais il avait mis ce temps à profit pour réfléchir à la façon dont il voulait réagir.

De son côté, Phèbe, en proie au tourment depuis un duel d'entraînement en compagnie d'Elia, cherchait à comprendre pourquoi sa magie du feu lui faisait si cruellement défaut ces derniers temps, incapable de produire la moindre flamme depuis que la sorcière lui avait apposé un sort de glace.

Phèbe, dans sa chambre tôt le matin.

Elle a froid. Encore. Toujours plus. Et en elle un vide immense qu'elle ne comprend pas. Incapable de rester allonger de peur de ne jamais se relever, elle quitte la pièce. Ca ne sera jamais que la quatrième fois cette nuit. Comme cette fois la nuit touche à sa fin elle emporte des vêtement et dans les termes, s'habille, avant de sortir.

Elle avait tenté d'en parler à Elia mais... La sorcière n'avait pas eu l'air de comprendre son problème et lui avait confirmé qu'aucun de ses sort n'aurait du lui causer cela. Elle ne pouvait pas insister et que sa consœur se croit responsable de la situation. Alors Phèbe sans répit retourne mille fois le problème. Elle marche de long en large sur les rempart en essayant mille fois de faire apparaître la moindre flamme. Rien.  Elle crache un hurlement de rage. Puis réessaye sans relâche, lachant de nouveau cris de frustration à chaque échec. C'est inutile. Elle ne sent aucune sensation familière le long de son échine, rien dans son bas ventre, aucune chaleur dans les tréfonds de son âme. Son brasier semble endormis.

Ce n'était pas possible! Elle ne pourrait pas abandonner cela! Il devait y avoir une raison?! Sans lui... Sans lui! Je ne suis rien! Juste une simple femme faible et impuissante. Incapable de se défendre. J'ai besoin de ce feu! J'en ai besoin! 

Elle se perche sur un créneau. Elle regarde le sol et ressent une sensation vertigineuse. Peut-être que Elia avait raison. Peut-être les voix avait-elle vraiment fais quelque chose. Peut-être que sans le bâton, elle n'était rien. Phèbe fixe le vide. Plus de vertige mais une étrange fascination. Ou alors peut-être qu'elle le méritait. Le brasier l'accompagnait depuis la mort de Lywen. Peut-être la mort d'Uraclon devait-il scellé son pouvoir également. Son seul pouvoir. La seule chose en laquelle elle avait toujours pu compter. Oui elle le méritait, elle l'avait trahis, elle avait faillis à son devoir d'épouse. C'était sa punition. Mais n'est-ce pas trop dur? Que valait-elle sans cela? Pouvait-elle survivre sans magie?

Phèbe veut mieux contempler la plaine et monte entre deux créneau. Elle fixe le vide. Le soleil est levé mes ses rayons rasant donne d'étrange contraste au sol. Un vent léger emporte ses cheveux pour une fois défait. Oh une chute pareil devait être mortel. Elle ferme les yeux et cherche une fois de plus la moindre sensation de magie.

Valriel, à l'aube, dans les dortoirs.

Cela faisait des heures qu'il était éveillé. Il avait guetté et attendu, faisant semblant de dormir, étendu sur son lit. En voyant du mouvement en provenance du quartier des officiers et la silhouette fluette et petite de Phèbe en sortir, très doucement, il s'était relevé et l'avait suivie. C'était le bon moment. Tout le monde dormait et les premiers rayons du soleil faisaient à peine leur apparition.

De loin, le plus discrètement possible, il la regarda gagner les créneaux. "Parfait". Il n'y avait presque jamais personne là-bas, à part lui.
Il s'était habillé légèrement d'une simple chemise de lin blanc à laquelle était accrochée le charme et de braies amples afin d'étouffer ses mouvements. Pas d'armure ou d'armes, après tout, il n'allait pas faire ses rondes. Il suivit Phèbe sur les créneaux et s'approcha d'elle discrètement, observant son petit manège. Quelque chose n'allait pas, c'était évident. Il crut un moment qu'elle allait se jeter dans le vide et crut bon d'intervenir.

- Phèbe. Je dois vous parler.

Phèbe, sur les rempart à l'aube.

Phèbe dans ses pensées cru avoir une crise cardiaque! Elle était tant investit en elle même qu'elle ne faisait plus du tout attention à l'extérieur. Finalement elle se dit: Dites moi que c'est une blague? Je croyais qu'il ne voulait plus me parler celui là! Phèbe réouvre les yeux, éblouit par le soleil. 

- Valriel.

Elle hésite à l'envoyer balader. Pourtant comme la veille, l'énergie lui manque. Elle ne peut que soupirer et vaincu lui dire mollement: 

- Ce n'est pas vraiment le moment.

Valriel, sur les remparts, à l'aube

L'Altmer lut la surprise dans la réaction de la Brétonne. Il ne se laissa pas décontenancer par la froideur de son accueil. Il répondit avec détachement :

- Je m'en fiche. Vous devriez vous éloigner de ces remparts. Croyez-moi, vous voulez savoir ce que j'ai à vous dire. C'est important. Et je ne le redirai pas. 

Il s'approcha d'elle.
- Je fais un pas vers vous. Voilà.

Phèbe, sur les remparts avec Valriel, au même moment


Il avait réussit son coup, il avait toute son attention à présent. 

Elle se tourna lentement vers lui. Elle réalisa alors à quel point elle était proche du rebord. Elle fronça les sourcils, tiens elle n'avait pas remarqué. Elle sauta avec grâce sur le sol, passa ses mèches en bataille derrière dans ses oreilles puis dans son dos. Elle ne cacha pas son humeur maussade mais fit l'effort de formuler ses pensée:

- Je suis désolée de ne pas pouvoir apprécier cette nouvelle avec toute l'enthousiasme qu'il devrait. Je n'ai pas eu une bonne semaine. Mais si vous êtes sérieux...

Elle pris une expression plus avenante:

- Je vous écoute.

Valriel, sur les remparts avec Phèbe, au même moment,

Nerveux, il prit une profonde inspiration. Il avait lui-même du mal à croire ce qu'il allait faire. En entendant ses efforts pour lui être plus agréable il soupira : une fois de plus, malgré son comportement, elle essayait de lui être agréable. Il ne comprenait véritablement pas.

Sans prévenir, il l'attrapa doucement par l'avant-bras pour la guider un peu plus à l'écart des entrées, se rapprochant d'elle pour éviter d'avoir à trop hausser le ton pour se faire comprendre. Il jeta un regard aux alentours pour s'assurer une fois de plus qu'il n'y avait personne, ferma les yeux, se traita cent fois d'idiot.

- Bien. L'autre fois, vous m'avez fait un présent, inestimable, précieux. Sachez que je réalise pleinement ce que ça signifie. Alors permettez-moi de vous faire un cadeau moi aussi. Vous avez demandé à me voir. À me voir vraiment. Alors laissez-moi vous montrer. Je vais vous faire une offre que je vous recommande vivement d'accepter.

Phèbe, sur les remparts avec Valriel.

Elle fut surprise par sa proximité soudaine, elle ne l'aurait pas imaginer tactile en quelque circonstances. Elle l'écouta en sondant ses prunelles. Elle acquiesça de la tête pour approuver ses paroles.

- J'écoute votre proposition. Mais soyez bien sûre de votre choix.


Elle n'osa pas exprimer quoique se soit puisque visiblement il lui en coutait. Elle resta impassible.

Valriel, sur les remparts avec Phèbe, au point du jour

Il darda ses yeux verts et pénétrants dans ceux de la pyromancienne. Il avait longuement réfléchi à ce qu'il allait dire. Alors pourquoi était-ce si dur ? Il n'était plus temps d'hésiter cependant, sa décision était prise, il l'avait mûrement pensée et élaborée. Il fronça les sourcils et dit gravement :

- Partez. Fuyez loin, sur une île ou que sais-je. Mais ne restez pas ici, ça vous détruira. Vous avez vu la laideur des Hommes et des Mers. Vous savez de quoi ils sont capables. Vous méritez une vie meilleure. Ce qui adviendra après ne vous apportera rien de bon. Allez chercher de la quiétude. Vous ne gagnerez rien à rester ici.

Phèbe et Valriel sur les remparts de bon matin,

Elle dégagea son bras. Sans le brusqué mais avec fermeté. Que pensait-il? Que sur les paroles évasives et prophétiques elle allait soudain avoir une réalisation et tout abandonnée? Il était plus malin que cela. Quelque chose clochait dans son comportement, bien entendu elle n'aurais su dire quoi. Et comment ça elle méritait meilleurs? Hier encore il la traitait comme une sorte de misérable! Elle contient sa réaction et envisagea une réponse plus modérée. Valriel ne semblait visiblement pas dans son état normal et elle devait mettre de côté ses propres problèmes. Il avait bel et bien fait un pas vers elle, ce n'était pas le moment de lui faire regretter. 

- C'est bien la première fois qu'il y a un temps soit peu d'ordre dans ma vie. Je vous ai donné un bref aperçu de ce que j'ai vécu, je n'insulterais pas votre intelligence en vous disant qu'il y a pire. Mais j'entend vos paroles et je m'interroge: dites moi pourquoi devrais-je abandonné cela? Pour les chimères d'une vie heureuse baignée de sérénité? Je ne suis pas de celles qui croient qu'il y est de telles choses en ce monde.

Valriel, sur les remparts avec Phèbe, au même moment

Il la laissa retirer son bras, lisant les émotions qui passaient à toute vitesse sur son visage. Bien. Les choses étaient dites. Elle était adulte et tout à fait capable de prendre une décision. Il crut bon toutefois de lui faire remarquer l'importance de ses mots avant de simplement la laisser face à ses choix. Il baissa le ton un peu plus, s'approchant à quelques centimètres de son visage. Cette proximité le mettait lui-même mal-à-l'aise, mais il ne voulait pas prendre le risque d'être entendu et il comptait sur l'impression intimidante que cela pourrait donner. Elle avait bien dit qu'elle avait peur de lui ? C'était peut-être le moment d'en jouer.

- C'est justement au nom de ce que vous avez vécu que je dis cela. J'ai pensé que, pour une fois, vous pourriez échapper à un destin gorgé de cendres et de déceptions. J'ai peut-être tort, mais je veux vous offrir une chance. Écoutez-moi ou ignorez-moi, mais nous sommes quittes à présent. J'ai fait ce que j'avais à faire. J'aurais au moins essayé de vous prévenir. Qu'avez-vous besoin de plus Phèbe ? Que voulez-vous que je vous dise de plus pour vous convaincre du sérieux de ma proposition ?