Le portrait: la poursuite du passé.

Rappel du premier message :

L'avis de recherche me hantais, ce portrait me hantais. Il soulevait tant de questions, des questions donc j'avais longtemps esquivé les réponses, des réponses dont le passé était la clef. Les gens qui savait pour la chevalière ne couraient pas les rues et l'ombre de leur existence me faisait frémir. Mais les gens qui auraient intérêt à la mentionner? Ils se comptaient sur les doigts d'une main. Je ne pouvais bientôt plus me concentrer sur aucune tâche tant mon esprit était obnubilé par cette certitude. Ma décision fut prise au matin du 21 de Primétoile:. Il me fallait poursuivre les fantômes du passé et cessé de les fuir. Et je savais pas où commencer: Les bas-fonds d'Haltervoie.

Dès le lendemain, je délaissais les affaires de Guilde et partait en quête du commanditaire de cette annonce. Je devais être maligne, rester discrète et faire profil bas. Aussi réaliste que soit ce portrait, des vieilles brétonnes à bâton il y en avait des centaines à Havre tempête, on était pas prête de me mettre la main dessus... Je courais le risque. Il le fallait.

Et ainsi commence la quête qui me tiendrait à l'écart pendant si longtemps des miens. Je ne voulais pas d'aide, je ne voulais pas de sympathie ou de moue apitoyée! Au diable Mazar et ses regards inquiets! Au diable Ghortul et ses missions! Au diable la guilde et ses intrigues! Au diable l'Alliance et ses batailles!

Il me fallait trouver l'origine de cet prime. Je devais savoir. Je voulais être sûre.

Phèbe le lâche, éberluée. Toujours au sol, elle recule. 

"Toi?" 

Plus de larmes sur son visage mais une rage incontrôlable. Elle s'aide du mur pour se remettre sur pied.

"Toi!"

Elle se jette sur lui comme une bête sauvage. Pas un instant elle ne pense à utiliser la magie. Elle veut le lacérer de ses ongles, planter ses dents dans sa chaire, frapper de ses poings et lui casser les os!

L'elfe s'était attendu à cette réaction et avait accepté son sort à partir du moment où il avait donné sa réponse. Il la laissa venir à lui et le frapper dans l'abdomen. Son armure absorbait les coups qui étaient de toute façon bien faibles du fait de l'état de Phèbe. Elle tenta de le griffer, se rua sur ses bandages, mais il lui agrippa les avant-bras et la bloqua contre lui. Elle tenta de lui assener des coups de genoux, criant comme un chat sauvage. Valriel en avait assez et savait que cela ne serait pas bon pour lui si on voyait un autre membre de la guilde s'en prendre à lui.

Il se pencha à l'oreille de Phèbe et concentrant ses forces, commença à murmurer une incantation :

- Weyln molag ni faltiar kyndre...

Il s'interrompit, entendant des pas s'approcher.

Mazar arriva, stupéfait par la scène. Il se précipita entre Valriel et Phèbe pour interrompre l'assaut de cette dernière, se plaçant entre les deux et éloignant l'un et l'autre en écartant les bras.

 - Phèbe doucement ! S'il te plaît ... Valriel n'a rien fait de mal. Pourquoi l'attaques tu ? Tu as encore besoin de repos et je ne veux pas que tu te blesses plus.

Il se redressa et contempla la Brétonne en larme et en colère. Des veines ressortaient sur son front et sa jugulaire.

Mazar tenta de s'approcher de Phèbe pour la calmer mes en voyant son regard il se ravisa et lâcha prise.

- Que s'est il passé ? Pourquoi t'en prenais tu à lui ?

Phèbe poussa brutalement Mazar pour passer sa frustration

"Qu'est ce qu'il a fait? QU'EST CE QU'IL A FAIT! Dégage de là et laisse moi lui régler son compte!"

Mazar se laissa repousser mais continua à faire écran entre eux, bien décider à protéger l'un comme l'autre. Phèbe se mit à grogner comme un loup muselé. Qui eut cru qu'elle pouvait produire un son si grave? Elle reprit avec hargne:

"Ce... Ce....Ce batard l'a tué! Et n'a même pas essayé de le nier! Il a tué mon mari Mazar! N'essaye pas de te mettre sur mon chemin sinon je te jure, Je te jure!  Il n'y a pas que lui qui sera purifier par mes flammes!"

Joignant les mots à la paroles, elle laissa ses poings s'enflammer. D'inquiétantes craquelures couvrir ses bras desquels s'échappait une lumière malsaine qui ne rappelait que trop les lueurs d'Havreglace.

- T.. Ton .. Mari ..?! Cet impérial qui t'a battu  à mort était ton mari ?! N'était il pas mort par ailleurs ?! Pourquoi le défends tu ! Et pourquoi en veux tu à Valriel qui t'a .. 

Mazar interrompit sa phrase, il venait de réaliser.

- Il t'a sauvé alors que lui est mort.. cet Impérial.. Cet.. "Uraclon" .. Il était encore important pour toi, n'est ce pas ?
Etait il plus important que ta propre vie ? Plus que les Compagnons ?! Plus que .. Moi.. à tes yeux ??

Il avait les yeux mouillés mais il lâcha prise et baissa les bras, impuissant. Il s'approcha à petits pas de Phèbe, se plaçant devant elle, l'empêchant de pouvoir voir l'Altmer. Il ne craignait pas de se faire immoler par la Brétonne enragée.

- Je te demande pardon, Phèbe. Viens avec moi, à l'écart. Défoules toi sur moi mais ne fais rien à Valriel.. Je t'en prie. Il ne faisait que ce qu'il jugeait bien. Laisses moi te permettre d'oublier cette horrible épreuve et tu pourras te défouler sur moi autant que tu le souhaites, à l'abri des regards. Allez .. S'il te plait .. Laisses Valriel

Mazar se tut en relevant la tête et tendant un bras vers Phèbe.
De l'autre, il faisait signe à Valriel derrière lui de partir.

Le mot de Mazar la transperçaient. Il lui rappelait juste sa propre impuissance. Elle n'en voulait pas à Valriel de l'avoir tuer. Elle s'en voulais de ne pas avoir pu le sauver. Elle aurait voulue mourir et que lui vive. Elle ne voulait pas survivre avec la certitude que pendant presque deux décennies il l'avait haït. elle ne voulais pas devoir survivre à son deuil, son absence.

La voix dans sa tête, la voix du brasier murmura:  vraiment? Tu voulais qu'il vive? Pourtant tu ne t'ai jamais demandé ce qui lui étais arrivé? Phèbe voyons, tu te fichait qu'il vive. Tu voulais simplement ne jamais avoir à porter le fardeaux de tes actes! Tu es une lâche! Une pleutre! Une fuyarde! Un monstre sans cœur! Et lywen? Lui aussi tu te dis que tu ne pouvais rien pour lui? Mais tu te mens ma pauvre! Je sais ce qu'il en est. Tu sais ce qu'il en est. Tu es égoïste Phèbe! Tu auras beaux toujours dire le contraire, ta nature profonde te rattrapera toujours! Tu ne vis que pour toi et toi seule, tu ne sers que ton intérêt. Cessons les faux-semblants! Embrasse ta nature profonde et plonge dans les flammes de l'Enfer!

"Tais toi!" 

Phèbe glapit à bout de force. Les flammes s'éteignent mais les marques demeurent. 

"Tais toi par tout les dieux! Tu ne sais rien! Rien! Fiches moi la paix! Arrêtes!"

Mazar ne sait que dire. Pourtant Phèbe recule encore en secouant vivement la tête. Elle chouine comme possédée:

" Arrêtes, tu... ce n'est pas vrai... Je ne voulais pas qu'il meurt, Non!"

Alors elle enserre son crâne entre ses mains et une décharge de magie explose autour d'eux. Ses yeux se remplisse de lumière et elle hurle impuissante. Son pouvoir la consume, elle tombe à genoux. La magie sur laquelle elle n'avait aucun contrôle grignotait son essence. Elle devrait luté. Oui. Mais pourquoi? Veut-elle seulement se battre encore? Elle était une porte que l'on avait jamais vraiment ouverte, jamais vraiment fermée. Caelïn et Deros l'avaient transformer en bombe à retardement. Elle avait luté tant de fois contre les forces déadriques qui lui murmuraient de s'abandonner. Pourquoi le faire encore? Une seule réponse. Mazar et la guilde. Elle ne voulait pas les détruire. Mais cela suffisait-il? Son hésitation laissa le temps à ses camarades d'agir.

Valriel se protégea les yeux de l'onde magique qui se projetait autour de Phèbe. Il ne savait qu'une chose : ce n'était pas le moment de partir et de suivre les ordres de Mazar. Pour une fois, il resterait. Cette scène à laquelle il assistait lui rappelait étrangement ses propres souvenirs lorsque lui-même ne savait plus se servir de sa magie et que son propre pouvoir l'avait dépassé. Mais à l'époque, personne n'avait été là pour lui dire quoi faire ou pour le rassurer. Mais lui avait une chance de faire ce qu'il fallait, à présent.

Elle allait s'auto-détruire, c'était certain. 
Il savait qu'aucune formule magique ne pouvait servir dans ces circonstances. Alors il s'approcha d'elle calmement et posa simplement sa main sur son épaule. 

- Respire. La magie ne te consumeras pas si tu lui fais confiance.

Mazar se lança à genou pour enlacer Phèbe.

- Arrêtes.. lui chuchota-t-il. Reprends le contrôle ! Je t'en conjure .. Je ne veux pas te perdre ! Pas une fois de plus ! Je t'aime Phèbe, il faut que tu te calmes et que tu reprennes le contrôle.
Je te trouverai les meilleurs vins, les mets les plus raffinés.. Les plus beaux papillons exotiques !

Il prit la main droite de Phèbe dans sa main et la colla contre son cœur puis plaqua délicatement sa tête sur sa poitrine avec son autre main.
Malgré la douleur il continua, sa volonté de sauver son amour plus forte que la douleur.

- Crois moi je t'en supplie, tu n'auras plus jamais à souffrir, tu n'auras plus jamais à avoir peur. Nous sommes là pour toi ! Je suis là pour toi !
Il relâcha un peu son étreinte pour pouvoir regarder Phèbe et osa tenter un baiser

- Plus rien n'a d'importance maintenant, tu es là, tu es en vie. Peu importe ton passé, tu dois t'en libérer.

Phèbe entendit la voix de Valriel claire et forte au travers de la tourmente. Elle résonne dans ses pensées autant que dans ses oreilles, bizarrement. Une envie de l'écouter irrésitible la prend. Respirez? Aussi simple que cela? Elle essaye. Chaque inspiration est un suplice ou ses entrailles se déchire et chaque souffle lui donne l'impression de perdre la texture de son existence. Pourtant doucement elle se crée un minuscule ilôt dans son ventre. Une infime parcelle qui lui appartient à nouvau. Elle a le contrôle.


La magie ne me fera pas de mal? M'en at-elle jamais fais? les gens m'ont fait souffrir. Tous. Mais la magie? 


Phèbe hésite. Elle est prête à y croire. Prête à se contrôler. Mais une pensée insidieuse raisonne: 

Oui, je ne t'ai jamais trahis... mais lui? Ce n'est qu'un elfe! Dès que tu baisseras ta garde.... schkouik!

Vlan! Quelque chose entre soudain dans sa fragile zone de contrôle, quelque chose d'étranger! Phèbe panique et la maigre parcelle se dissout dans la tempête de magie brute. Non! Non! Revient! Qui, quoi, pourquoi? Phèbe redescend brutalement sur terre pour voir Mazar saisir sa main et marmonner un charabia incompréhensible. Elle le perçoit comme à travers un brouillard ou une vitre fumée. Mais surtout elle ne le perçoit que comme une nuisance, toute ses émotions sont noyé, focalisé sur le contrôle de soi. Elle n'a pas de temps pour les diversions. Elle fronce les sourcil. Elle lève une main magnanime, Mazar la regarde chargé d'espoir. Puis elle l'abat et Mazar est propulsé contre le mur, il s'écrase avec un craquement sinistre puis retombe inanimé. 

Puis cette sorte d'automate sans âme qu'elle est, se tourne vers Valriel et tant sa force sur lui. Il était la solution. C'était une évidence. Le problème restait d'obtenir son aide sans le détruire.

Epoustouflé par la puissance du sort, Valriel demeura stupéfait un instant. "Pour une Brétonne, elle ne se débrouille pas si mal…" Prenant une profonde inspiration, il s'avança lentement vers elle.

- Les émotions sont un moteur puissant à la magie, Phèbe. Mais lorsque tu les contrôleras, c'est là que tu seras véritablement à l'apogée de ton pouvoir.

Un mélange indicible de colère et de désolation semblait se lire dans les yeux de la pyromancienne. 
Incapable de dire si elle allait se jeter sur lui pour l'étrangler ou s'effondrer sous le poids de sa souffrance, Valriel n'hésita plus une seule seconde.
Il leva les bras au dessus de sa tête et, dans un mouvement circulaire habile, prononça des mots à consonnance ancienne :

- Nagaia av latta ye Varlais !

Une vague de lumière inonda la pièce et la magie dévorante que ressentait Phèbe quelque instants auparavant se transforma en une onde chaude et réconfortante, vibrant doucement sous sa peau. Bientôt, il sembla à la brétonne que son corps était presque doucement engourdi...

Et Phèbe su que son choix avait été le bon. Sa conscience ne sombra pas comme si souvent ses derniers jours, mais elle devint paisible. Si calme qu'elle ne la sentis plus. Apaisée dans la moindre particule de son essence, Phèbe s'écroula.

Dans un mouvement parfait, Valriel glissa pour la rattraper au vol. Rien ne devait la réveiller! La brétonne était loin d'être sortis d'affaire. Le moindre déséquilibre la ferait à nouveau perdre les pédales. Préoccupé à l'idée que la situation lui échappe à nouveau, il se dit qu'elle devait à tout pris apprendre à se maîtriser. Mais pour aujourd'hui, les choses était sous contrôle.