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Rappel du passé (BG Hamir)
Dim 24 Oct - 2:02
Nom : Al'Hamir Noir-Marteau
Date de Naissance : Né le 26 de Semaille, 2E540 - 42 ans
Signe de Naissance : Le Seigneur
Race : Rougegarde
Rôle : Templier
Idéologie : A un très fort lien avec sa patrie natale, possède une aversion contre les ennemis de l'alliance et notamment le Domaine Aldmeri
Politique : Sert l’Alliance et les intérêts de la guilde
Spécialité Primaire : Vétéran de l'armée de l'Alliance de Daguefilante, retournant ponctuellement sur le champ de bataille quand nécessaire
Spécialité Secondaire : Cuistot
Personnalité : Loyal - Bon
Obédience : Zénitarr
Communauté : Loyal au Compagnon de l'Aube et à la famille royale d'Alik'r
Rappel du passé
Hamir et Mazar se tenaient en silence face à face. Devant eux, la lisière des arbres bouchait la vue. Hamir se raclait souvent la gorge et jetait subversivement des coups d'œil à Mazar. Ils avaient quitté la Citadelle à pied et suivaient un sentier forestier jusqu’à trouver un banc et un puits proche de la clôture d’une propriété. Mazar, appuyé à la barrière, fixait le sol et Hamir en face, assis sur le banc, frottait nerveusement ses mains. Le paladin croisa le bras et lâcha avec un calme un peu anxiogène pour son aîné:
- Alors ?
- Je ne sais pas. Par où je commence ?
- Par.. je ne sais pas. Nos parents?
- Ahm. Et bien. Notre père… Notre père était un homme bon qui prenait soin des siens. Souvent nous… passions du temps ensemble. Nous avions une vie modeste, vivions dans une maison sommaire mais il se permettait toujours de m’emmener au marché pour m’offrir un petit quelque chose. Il me soulevait par les aisselles pour que je puisse voir les étales de chevaux de bois, de billes ou de friandises pour… me demandait de choisir.
Hamir à chaque hésitation regardait Mazar, pour voir ses réactions. Mais rien de flagrant ne transparaissait. Hamir raclait souvent sa gorge comme pour retrouver la stabilité habituelle de sa voix. Son cadet ne sembla pas prendre la parole et il continue:
- Il était soldat, de profession. Il partait souvent en mission pendant de longue période et..
- Je sais ce que servir dans l’armée implique, coupa Mazar sans appel
Hamir fronça les sourcils et se tue. Il n’appréciait pas son ton mais était-il vraiment en position de le lui reprocher? Son frère décroisa les bras et observa le ciel nuageux. C’était d’épais nuages sombres gorgés de pluie qui n’attendaient rien pour déverser leurs flots sur eux. Le vent se levait doucement. Mazar prit la parole:
- Comment… Pourquoi avons-nous été séparés?
- C’est justement lié à notre père, ou plutôt à sa disparition. Un jour nous avons reçu la nouvelle de sa mort et .. rien n’a été plus pareil. Mère avait un travail, mais la paye était sommaire et très vite elle se trouva débordée. Alors notre oncle, le frère de notre père, décida de prendre l’un de nous avec lui pour alléger sa charge… Comme… Comme tu étais petit… Il n’a pas voulu te priver de ta mère et donc… enfin, c’est moi qui suis parti.
- Quand j'étais petit ?! Quel .. âge avais-je .. quand est ce que je suis né ..?
- Tu étais sur le point d'avoir 3 ans, tu es né le 21 d'Ondepluie, en l'an 543.. hah.. je m'en souviendrai toujours. Mère avait prié toutes les divinités et invoqué Leki et Hunding pour que tu ne naisses pas le jour de la Honte. Je n'ai jamais eu si peur d'elle...
- Et après ça?
- ..après ca,
- Que-t-est-il arrivé?
- J’ai grandi avec notre oncle. Il était forgeron et ne pouvait avoir d’enfant alors… C’était un mal pour un bien. Tu sais c’est… un métier qui rapporte et il a pu s’occuper de moi décemment.
- Humpf
Mazar secoua la tête et croisa les bras. Il n’était pas de cet avis. Une once de colère planait. Hamir ne sembla pas réaliser et enchaina:
- Lui et son épouse m’ont élevé comme leur fils, m'ont appris les lettres puis… mon éducation a été pris en charge par quelques respectables de Sentinelle. C’était un homme généreux et je n’ai manqué de rien, fit Hamir en se voulant rassurant en pensant que Mazar s’inquiétait de son bien être loin de sa famille.
Mazar inspira profondément. La colère était à présent alimentée par l’envie. Il repensa à ses plus jeunes années, quand sa mère l'abandonnait seul pendant des heures. Comment en grandissant les heures étaient devenues des jours. Elle passait plus de temps à faire le tapin pour se payer une dose qu’à éduquer son enfant. La vie de Hamir, sa vie dorée, comment ne pas l’envier? Pendant que lui traînait dans des ruelles putrides en quête d’une miche de pain brûlée, lui se régalait de cochon rôti garnis de farce au coin d’un feu. A l'âge où Mazar fuyait les coups des passants dans ses guenilles, Hamir récitait des leçons devant une assemblée de petits bourgeois. D’une voix grave il demande:
- Où tu vivais?
- C’était...hum…
- Quoi?
- Mazar je peux expliquer…
- Où?
- C’était à Sentinelle.
Ses doigts se crispent sur ses biceps et s'enfoncent dans la chair. Sentinelle. Il avait vécu toute sa vie là-bas, à quelque pâté de maison de son propre frère? Et ça ne lui était jamais venue à l’idée de se demander ce qu’il lui était arrivé ou de le sortir de sa misère?
- Sentinelle… Et tu ne t’es jamais demandé ce qu’il était advenu de moi ? La voix de Mazar se brisa
- Evidemment que si, j’ai souvent demandé à te voir et j’ai pleuré pour qu’on te prenne mais Oncle disait que
- As tu seulement chercher à me...Me voir?
- Ce n’est pas si simple tu comprends…
- Savais-tu, que je n’avais jamais quitté Sentinelle? Que je vivais à quelque kilomètre de toi dans la… la misère?
- Et toi?! s'emballe Hamir qui ne savait plus où se mettre, tu as cherché à me trouver peut-être?
- Et comment j’aurais pu savoir? Je te croyais mort! Personne ne m’a expliqué… et qui aurait pu?
- Mère aurait pu!
- Mère?! Mère est morte le jour où notre père à disparu. Elle… Elle n’a jamais survécu à sa perte. C’était une ombre sans vie.
- C-comment ça?
- Quoi ? à quoi t’attendais tu ? Une mère aimante et douce, qui me faisait des petits plats et me berçait jusqu’à ce que je m’endorme? Elle avait perdu son fils et son mari …. Elle a aussi perdu son âme.
- Par tous les dieux, je…
- Les dieux? Ces seuls dieux se nommaient drogue et argent. Notre mère était une épave bien incapable de s’occuper d’un enfant. Quand elle ne rentrait pas défoncé et couverte de bleu, elle ne rentrait pas du tout!
- Ce n’est pas ce qu’on m’a raconté, affirma fermement Hamir sur un ton accusateur, Mère voulait se focaliser sur toi et m’a abandonner à la charge de…
- Mais quel intérêt j’aurais à inventer ça? Dis moi? Ouvre les yeux Hamir, tu débarques dans ma vie voulant recoller les morceaux sans rien savoir de moi! Et maintenant je découvre que j’ai un frère et qu’il se faisait dorloter dans un palais pendant que je roulais dans le caniveau?!
- Je ne vivais pas dans un palais!
- Ah! Qu'elle est bonne! Tu avais quatre murs et un toit, moi j’avais une toile de jute et trois bâtons!
- Ce n’est pas… de ma faute! J’ai essayé!
- Tu aurais du essayer mieux que ça, fit Mazar en baissant la voix
Son attitude changea, il se mit à marcher de long en large d’un pas rageur. Et Hamir eu la sensation qu’il en ignorait bien plus que prévu sur le passé de son benjamin.
- Mais personne n’essaye jamais d’aider un gamin seul dans la rue. Non, on passe à côté et on détourne le regard. Après tout, quelqu'un doit bien l’attendre quelque part…. Tu sais comment je m’en suis sortis, hein? En travaillant pour d’autre plus agé et plus costaud que moi. Du sale boulot en échange de protection. Sans Phèbe… Je serais devenu un sale petite racaille et je serais mort avant d’être adulte.
- En sentant le ton presque posé de Mazar en prononçant ce nom, Hamir bondit sur cette occasion de changer le cours de la conversation. Il n’avait aucune idée de quoi il en retournait mais si ça ne le mettait pas en rogne… c’était forcément mieux:
- Phèbe? Qu’est ce que Phèbe vient faire là dedans?
- Qu’est ce que ça peut te faire?
- Calmes toi, j’essaye de.. te connaître c’est tout, rétorqua Hamir strictement
- Je… C’est juste que… C’est un beau souvenir et je ne veux pas le salir avec tes railleries et ta condescendance.
- Pourquoi je ferais une telle chose?
- Pourquoi? Mazar rit sans joie, parce que tu dois comme les autres me trouver mièvre et doucereux. Phèbe, m’a sauvé. Dans tous les sens du terme. Elle… m’a pris sous son aile, donné une voie, offert un choix…. C’est elle qui m’a élevé et m’a sorti des rues. Je lui serai éternellement reconnaissante pour cela. Ce nouveau départ. Voilà, tu peux rire maintenant.
Mais Hamir ne voulait pas rire. Il avait toujours trouvé que ces deux-là formaient un étrange couple. Elle était une main de fer et lui un cœur d’or. Dans leurs idéaux comme dans leurs valeurs, ils semblaient plus voués à se confronter qu’à s’aimer. Maintenant, une nouvelle lumière éclairait la situation. Il n’aurait jamais pu se moquer puisque… il n’était pas si différent. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il avait…. aimé cette personne, bien sûr que non! Mais bon, elle avait été importante.
- En fait.. Je te comprends. J’ai moi aussi quelqu’un à qui je tiens énormément et qui a marqué un tournant dans ma vie. En grandissant j’ai suivi des enseignements militaires comme nombre de mes camarades et quand j’ai eu 18 ans, on m’a affecté au palais à la protection de la garde royale.
- Pardon? à 18 ans? s’extasia Mazar
- J’avais d'excellents résultats, j’étais connu pour mon sérieux, ma rigueur et… mon talent. Ils ont pensé que je pourrais rapidement évoluer….
- Pistonner par l’académie militaire, bougonna son frère
- Oui mais… ce n’est pas là où je veux en venir, le coupa l’ainé, pendant mon stationement au palais j’ai rencontré une jeune fille, elle a grandit et moi avec et … aujourd’hui encore, c'est une personne qui compte pour moi. Quelqu’un que j’aimerais revoir.
Hamir avait du mal à parler de ses sentiments et se sentait parfaitement ridicule d’exposer cela à son frère. Il se sentait maladroit et stupide, incapable de trouver les bons mots ou la juste façon de parler. Le paladin lui fronce les sourcils interloqué:
- Qui était-ce?
- De quoi?
- La fille, c’était une servante?
- Hum non… pas vraiment….
- Ah? Mazar attendait un réponse
- C’était une.. enfin… un membre de la famille royale…
- Une princesse… parfait…. Monsieur fréquente des comtes et des duchesses, alors il il faut qu’il court des princesses, grogan le benjamin comme un gosse boudeur
Hamir voulait bien être patient, mais cet abruti se comportait comme un enfant et il prit la grosse voix:
- Oh ça suffit! Nous n’avions pas ce genre de relation! Je t'interdis de parler d’elle comme ça!
- Je ne sais pas ce que je fais là, je ne sais pas ce que j'attendais de toi. Va donc vivre ton idylle avec ton aristocrate.
- Et toi?! Que crois-tu savoir de ma vie? Tu crois qu’un roturier comme moi aurait pu rester à ses côtés? Ses fréquentations se doivent d’être de son rang, d’accord?! Le fait qu’elle perde son temps avec un garde était inacceptable. Quand j’ai eu 30 ans je suis parti à Daguefilante pour intégrer l'armée de l'Alliance et me battre sur le champ de bataille. Ça m'a brisé le cœur mais c’était mieux. C’était mieux pour nous deux, son avenir et le mien.
- Et tu crois que je devrais avoir pitié de toi pour cela? J’étais un voleur, fils de putain, sans recommendation ou papier, j’avais 17 ans! Comment crois-tu que j’ai été accueilli dans l’armée?! Tu as souffert du départ? Moi personne n’était là pour me pleurer ici, ni ailleurs, si je tombais au champ d’honneur. Toi, le brillant petit soldat, le premier de la classe, tu as dû avoir tous les honneurs, toutes les faveurs, pendant que systématiquement je verrais mes promotions refusées de par ma basse extraction! Non Hamir, ne me suis pas! J’en ai assez entendu. Laisse moi maintenant, retourne à ta vie parfaite. Moi j’ai encore du travail.
Mazar pivota sur ses talons avec l’intention de rentrer à la Citadelle et éventuellement de mettre en pièce quelque mannequin d'entraînement. La pluie commença à choir des nuages comme un répit qui avait trop tardé. Hamir retrouva un peu son calme. Il comprenait que les choses soient difficiles à avaler, il commençait à peine à discerner les fossés qui les séparaient. Mazar lui venait d’être percuté de plein fouet par l’injustice de leur destinée. L’un avait eu toutes les opportunités pour la simple valeur de son aînesse tandis que l’autre avait souffert mille chagrins à cause d’un choix fatidique. Hamir reprit un ton monocorde et controlé:
- Tu ne vois pas que j’essaye d’améliorer les choses? Lors de ma dernière permission, j’ai entendu parler de toi, des Compagnons de l’Aube. J’ai creusé et j’ai compris que l’impossible s’était produit: te retrouver. C’est vrai, enfant je n’ai pas osé m’opposer à mes bienfaiteurs, adolescents j’ai fait passé ma vie avant celle que j’avais laissé derrière, mais aujourd’hui… Je ne sais pas Mazar. J’ai pensé que tu devrais savoir. Comment aurais-je pu imaginer ce que tu avais vécu? Comment j’aurais pu savoir que tu ignorais mon existence?
- Et moi...Quelles preuves, j’ai… que ce que tu dis est vrai? Mère n’a jamais parler de toi, je ne sais de mon père que ce que tu viens de dire. Pour ce que ça vaut…. tu pourrais être n’importe qui.
- Comment peux-tu dire cela?! Je tente seulement de faire un pas vers toi? Vers… tes racines.
- Et qui est le plus loin de ses racines, toi ou moi? Je ne crois pas que tu fasses ça pour moi: je crois que tu le fais pour toi. Je n’avais pas de frère jusqu’aujourd’hui et je m’en portais très bien. Qu’en est-il pour toi?
Hamir serra la mâchoire. Il n’avait pas imaginé que Mazar puisse être aussi agaçant. Ni qu’il puisse toucher aussi juste. Il n’avait pas apporté de réconfort à son pauvre petit frère perdu qui avait attendu toute sa vie d’être retrouvé, comme il se l’imaginait. Non, il venait d’ouvrir une plaie vicieuse dans la vie d’un homme parfaitement sain. Tout ça parce que lui-même ne pouvait pas vivre avec la culpabilité de ne pas l’avoir secouru.
- Mazar je…
- Laisses moi. J’ai besoin de réfléchir, le Rougegarde lui jeta un coup d’œil, seul.
Et il s’éloigna sans plus tarder, son pas claquant sur la pellicule d’eau qui commençait à se former sur le sol.
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