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Lilyth
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Sam 12 Mar - 18:56
Alandmir ferma douloureusement les yeux et reposa la lettre. Depuis qu’il s’était réconcilié avec Feladir, ils avaient vécu dans un fragile harmonie. Pendant 6 ans, ils avaient pu prétendre que le passé n’existait pas. Mais cette lettre…. Comment allait-il lui annoncer cela? Le devait-il ? 

Feladir rentra alors d'une leçon particulièrement exigeante et il s'avachit dans un fauteuil du bureau: “Arf! Il ne m'a pas laissé respirer une seconde ! Il n'arrêtait pas de geindre que le satinage était trop terne ou trop bleu! Bon sang n'importe quelle personne normale n'y aurait vu que du feu et lui… Alan? Ça va?". Alandmir avait une mine sinistre. Il regarda son compagnon avec empathie et compassion. Il devait lui dire. Il tendit la lettre: "Je suis désolé Azareth…". Feladir se leva pour lui arracher le papier des mains et le lire.


"Alandmir,

Je sais que tu étais très proche gardé des fils de l'Ambassadeur Thil. Même après leur départ, tu as continué à leur rendre visite et à prendre de leurs nouvelles. Aussi il m'a semblé important de te prévenir du décès impromptu de Dame Nivirane, femme de l'Ambassadeur. Nous avons été conviés à la cérémonie et tu peux évidemment te joindre à nous. Mais ne te force pas, avec ce qui s'est passé les choses vont être tendues.

Maman."



Feladir relut plusieurs fois la lettre pour procéder les différentes informations. Comme "Continuer à rendre visite"? "Décès impromptu"? "Ce qu'il s'est passé "? Mais irrémédiablement son cerveau bloquait sur la même information. 

  • Mère est… morte.

Alan se leva en le voyant palir, craignant qu'il ne fasse un malaise. Feladir s'appuya sur son bras comme pour trouver un ancrage dans le monde réel. ‘Morte…” Ses certitudes étaient bouleversées. Il avait toujours été certain que sa mère était la pire chose qui lui soit arrivée qu'il ne la regretterait pas. Mais là tout de suite rien n'allait. Alan réussit à le guider dans le privé de ses appartements. Il ne pouvait en revanche pas lui parler… son esprit était un tourbillon que rien ne pouvait y pénétrer, alors la télépathie il fallait oublier. Il se contenta de lui offrir un vers d'eau et de le regarder inquiet. Il tenta de signer pour communiquer.

  • Ça va aller Az. Je te le promets.
  • Tu… tu veux lui rendre un dernier hommage?
  • Ne me parle pas d'elle. 
  • Az, je…
  • Ne me parles pas d’elle. Non… non…non!

Il craque. Il jete le verre qui s'écrase contre un mur pour voler en éclat. Il entame un discours décousu sur son enfance où se mélange reproches et tristesse. Il se lève et s'assoit. Il est sans répit. Parfois il arpente la pièce en répétant simplement. “Pourquoi Pourquoi Pourquoi”… Alandmir n’a pas besoin d'être dans sa tête pour comprendre. Azareth était torturé entre le soulagement et le chagrin. Il n'avait pas revu sa mère depuis ses 20 ans. Il subissait depuis les regrets et la rancœur de sa jeunesse qu’elle avait contrôlée. Mais maintenant elle avait disparu. Il ne pourrait jamais, jamais changer ce qu’il avait fait. Il la détestait et l'aimait, il était satisfait de sa disparition autant qu'il en était bouleversé. En somme… Il était comme n'importe qui devrait l'être en de telles circonstances. 

Alandmir savait tout cela sans qu’on ai besoin de lui dire. Il ne pouvait pas l'aider plus qu'en se tenant là, le suivant en silence des yeux. Dans ce genre de situation, la notion de temps n’a aucun sens. Cela semblait interminable à Alan de voir ainsi souffrir Azareth,  il tournait en boucle répétant encore et encore la même succession inévitable de réflexion, le temps n’avait ni début ni fin. Et pourtant son impuissance rendait tout si rapide, si dynamique si soudain. Le mage n’avait pas le temps de réagir à ce que disait son ami qu’il était déjà à trois train de pensée de là. Alors il resta là, espérant simplement que Azareth ne se fasse pas plus de mal que nécessaire. Au bout d’un moment, le Bosmer sembla en avoir assez de crier des insultes pour tenter de réveiller les morts. Il se laissa glisser entre une armoire et un mur.

  • Qu'est-ce que je vais faire… Qu'est-ce je vais faire !?

Sa voix était déformée par le chagrin et Alandmir le cœur brisé ne trouve pas la force d'être distant. Quand il le voit enfoncer ses doigts dans la chair de ses bras en laissant des marques sanglantes s'en est trop. Hésitant, il vient s'asseoir à côté de lui. Azareth perdu dans un univers de tourment s'en rend à peine compte. Le mage inspire avant de passer son bras autour du malheureux et de l'attirer à lui. Quand son crâne se retrouve sur le torse chaud du mage, Azareth revient brusquement à la réalité. La raison est simple…. Il se demande s'il rêve. Alan est tendu, gêné par sa propre audace et mal à l'aise par ce contact inédit. Pourtant une chaleur bien trop apaisante naît dans son ventre. Azareth n'ose plus bouger, ils sont tous les deux comme des statues de marbre. Maladroitement il tente de lui dire: "ça va aller… je… suis… je suis là." 

  • Elle a dit qu'il y aurait une cérémonie….
  • Oui. Dans quelques jours…
  • Tu crois que je devrais y aller?
  • Je ne sais pas.
  • Dis moi quoi faire.
  • Je ne peux pas.
  • Je ne veux pas y aller.
  • Je sais.
  • Je dois y aller.
  • Je sais.
  • Alan… je crois que… je crois que si je n'y vais pas… je vais le regretter…
  • Oui.
  • Mais y aller est si… stupide et dangereux et…. Insultant. Je ne mérite pas de….
  • Oui…
  • Tu ne vas pas m'en dissuader?
  • Az je ne peux pas choisir pour toi.
  • Je ne sais pas quoi faire. 
  • Tu n'es pas obligé de choisir maintenant.
  • Je vais y aller Alan.
  • D'accord.
  • Tu viendras avec moi?
  • Si tu le désires.

Des larmes chaudes quittèrent peut-être les yeux de Azareth, mais celui qui partageait son esprit ne chercha pas à les voir. Le mage lui envoya des ondes apaisantes et lentement sa psyché se tranquilisa le mena dans un doux sommeil. Son corps se détendit et lentement il se blottit contre Alan craignant presque qu’il décide de partir s’il faisait un mouvement brusque.

  • Je t'aime. 
  • … Dors Azareth.
  • Je t'aime Alan.
  • Tu dois dormir maintenant. 

Il souffla une réponse inaudible et resta assis là par-terre contre lui. Ils n'auraient pas dû et Alan le savait. “Donnes lui un doigts, il te prendra un bras” se dit-il en lui même. Mais comment aurait-il pu lui en être autrement?

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Deux jours plus tard, ils se rendaient à Étincelante aux funérailles de Dame Nivriane. Feladir dans son rôle d’apprenti mage s’attira bien des regards noirs - qu’est ce qu’un étranger faisait dans un contexte si intime?- il restait en retrait avec détachement, incapable de réaliser la scène qui se déroulait sous ses yeux. Quand on la mit en terre, il resta en hauteur du cimetière, loin de la cérémonie. L’hommage funèbre lui parvenait par bride en fonction du sens du vent. Il gardait son regard fixé sur les prairies éternellement fleuries de ce pays qui n’avait jamais été vraiment le sien, il attendit Alandmir, les mains cachées dans ses manches. La maître mage était mal à l’aise de savoir que le propre fils de la défunte ne pouvait lui rendre décemment hommage sans être regardé de travers. Il aurait voulu tout révéler à l’instant, secoué Feladir pour lui faire prendre conscience de son erreur! Ne  devrait-il pas soutenir son père? Dire quelques mots à sa mère? Pas une parole ne fut prononcée entre eux pendant leur séjour. Ils retournèrent à Garde-Ciel dans un humeur morne. Une fois dans les quartier d’Alandmir, Feladir ne pipa toujours pas mot.

Alandmir ouvrit un buffet et choisit une bouteille en verre brun au liquide pastel.
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  • Az, tu veux un verre?
  • Qu’est ce que c’est que ca?
  • Je ne sais pas… un client me l’a offert.. de la liqueur de tubercule je crois?
  • Non ça
  • Ah! Ma réserve personnelle.
  • Ta réserve… Comment j’ai pu ignorer l’existence d’une chose si fabuleuse pendant si longtemps!
  • Ce n’est pas pour toi, gronda Alan
  • Ahah, vas-y. Sers moi donc un verre.

En peu de temps il finirent la première bouteille. Ils entamèrent la deuxième en même temps que le récit de leur jeunesse. Ils se rappelaient au bon souvenir d’un passé innocent. Souvent Feladir se levait pour mimer des scène, il riait en imitant les surveillants qui le poursuivait à travers l’académie, le gardien qui le jetait dehors des dortoirs des jeunes mages, les professeurs qui ne cessait de soupirer en lui rendant des copies au score parfait qui ne pouvaient être accepté pour cause d’absentéisme. Le vin allégeait tous ses récits et comme un voile de tristesse passait souvent devant ses yeux, Alan s’empressait de les resservir.

 “Il fait bien trop chaud ici!” s’exclama Feladir au bout d’un moment. Il n’avait pas tort, la petite pièce dans laquelle il se trouvait depuis plusieurs heures s’était rapidement échauffée avec l’alcool et les rires. Dehors le froid mordant de la nuit avait couvert de givre et les fenêtres étaient couvertes de buée. “Attends, je vais retirer ça!”. Échec cuisant, il s’empêtre et finalement le maillot de corps, la chemise et la laine, tout s’en va d’un coup. Alan n’était absolument pas prêt à un tel spectacle. Il se sentit rougir en le voyant se dévêtir devant lui et s'étouffa avec son verre. Comment rester insensible à la vision de ses muscles qui se dessinait à la lueur des bougies? Il aurait dû fermer les yeux et détourner son attention, il aurait du prendre le tant de lister dans son esprit les trois-cent-quinze runes qu’il connaissait pour faire retomber le rouge à ses oreilles. C'est d'ailleurs ce qu'il faisait habituellement. Avec les années, il s’était habitué à contrôler ce genre de sentiments brûlants, il ne voulait en aucun cas trahir son vœu. C’est marrant parce que… l'alcool dans son sang semblait désirer tout le contraire le contraire.  Voilà Alandmir mettait un point d'honneur à ne jamais boire en présence d’Azareth! Il craignait pour sa chasteté. Vraiment, ce n'était pas une blague ! Il ne fallait pas se mentir, Azareth était charmant. Tout à fait charmant. Il était séduisant, sans même essayer de l’être et malgré les efforts qu'il faisait en présence d'Alan, il était d'un naturel attirant. Alors mélanger l'alcool avec tout ça était une mauvaise affaire ! 

Le mage voulait bien faire preuve de volonté et de vertu… mais personne ne devrait devoir résister à un tel supplice. Azareth était soul, malheureux, à moitié nu, à moins d’un mètre de lui. Le vertueux Bosmer n’arrivait pas à en détacher ses yeux. Au-delà de cette peau cuivrée et de ses tatouages, Alandmir pouvait voir la subtilité de la magie qui serpentait sur son corps. L’illusion si finement modelée, année après année, était comme une poussière d’or qui aurait couvert sa peau et cela lui faisait bien plus d’effet que ce n’aurait dû. Lui seul était en mesure de voir au-delà du mirage. Il y avait quelque chose de sensuel dans cette prise de conscience.

Il ne mord la lèvre, le feu d’un volcan bien trop ambitieux montait en lui.  Troublé, il place sa main contre son front pour masquer cette vision.

  • Ça va Alan?
  • Oui.
  • Tu as l’air bizarre.
  • Mais non.
  • Arrête je vois bien que ça ne va pas.
  • Tu vas attraper froid.
  • Ça ne risque pas.
  • Tu ne veux pas te rhabiller un peu?
  • Ahah, pourquoi ça te donne des idées
  • Ça te donne vraiment des idées?!
  • Bien sûre que non, affirma Alandmir en versant les dernières gouttes de la bouteille dans son verre
  • Ahaha!
  • Cesses de glousser.
  • Trouves moi une autre de ses délicieuses bouteilles et je ferais tout ce que tu veux.
  • Tu as assez bu.
  • Aller soit un peu sympa, tu en as des dizaines… tes clients sont vraiment généreux! Et ils ont du goût!
  • C’est non.
  • Aller, s’il te plait!
  • Non, nous avons trop bu.
  • Parles pour toi! Regarde-moi ça!! Une petite pirouette, hop, je peux même te faire un salto et retomber sur mes pieds.

Alan leva les yeux au ciel avant d’envoyer une brise légère dans sa direction. Immédiatement celui qui faisait le pitre flancha et perdit l’équilibre et s’exclamant: “Tricheur!”. Il se rattrapa comme il put à une table basse avant de faire de son mieux pour se hisser sur ses pieds à l’aide du fauteuil où Alan ricanait.

  • C’est malin… et ça te fait rire.
  • Un peu.
  • Je devrais me venger! dit Feladir a s’appuyant au fauteuille pour surplomber son ami

Plus grand en taille, Alandmir n’avait pas l’habitude de le voir ainsi au-dessus de lui. Son regard s’attarda peut-être une seconde de trop sur son corps toujours désespérément exposé avant de rencontrer les yeux de Feladir. Ceux-là n'avaient pas changé après sa transformation, les dieux étaient loués, ils étaient restés les deux mêmes forêts d’automne baignées de l’or du soleil levant qu’ils avaient toujours été. Il se perdit dans leur contemplation.

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  • Alors comme ça... je fais mon petit effet, souffla Feladir pencher en avant sur les accoudoirs

  • Comme si tu ne le savais pas, répond Alan sans se rendre compte de ses paroles
  • Mmh et tu penses que j’ai ma chance?
  • Ca suffit, arrêtes de jouer, 
  • Je ne joue pas.
  • Si avec mes sentiments, lâcha Alandmir en se repoussant pour se lever et arpenter la pièce et s’éloigner de lui.
  • Qu’est ce que tu racontes encore? Je ne me suis jamais cachée de…
  • Je pensais avoir été claire pourtant, je ne cesserais jamais de repousser tes avances. Alors pourquoi tu continues, pourquoi tu t’acharnes?
  • Tu n’y met pas beaucoup du tiens non plus, bougonna Azareth
  • Comment peux tu dire ça…
  • Non mais c’est vrai, tu envoie des signaux extrêmement confus. Des fois tu es si distant que je me demande même si je peux t’adresser la parole et le jour d’après tu serais prêt à affronter toute la Guilde pour qu’on ne me mette pas dehors. Avoues que c’est à ne plus rien y comprendre.
  • Tu ne vois pas Az?! T'aimer est la chose la plus terrible qu'il me soit jamais arrivée! Je ne peux pas me protéger de toi! Je ne suis pas assez fort pour te détester! Je ne peux rien faire contre la chose qui me détruit! Tu ne vois pas le mal que tu me fais?

Silence.

  • M’aimer?

Alandmir se rendit compte trop tard de ce qu’il disait.

  • Non, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.
  • Mais tu l’as dit.
  • Tu n’as pas écouté un traître mot de ce que j’ai dit, s'offensa l’autre
  • Tu m’aimes. 

Feladir s’approcha et instinctivement le mage recula. Il bégaya, aussi incroyable que cela paraisse par télépathie:

  • T-tu es un poison Az…

  • Je suis peut-être un poison mais tu m’aimes encore. Après tout ce temps.
  • Tomber amoureux de toi a été la pire erreur de ma vie….
  • Tu aurais dû passer à autre chose.
  • Comme si tu étais mieux placé pour parler…

A force de perdre du terrain, Alandmir se retrouva littéralement dos au mur. Il avait le pressentiment que c’était un terrible faux pas. Alandmir se mit lentement à réciter les runes magiques qui auraient pu le distraire des pensées frauduleuses. Quand Feladir se pencha sur lui, il en fut certain: il était un lapin pris au piège par un loup. Le mage sentait son cœur battre bien au-delà des 120 battements par minutes recommandé. Il voulait que Azareth l’embrasse. Non, non, ce n’est pas ce qu’il voulait! C’était cette imbécile de liqueur qui parlait. Non, ce qu’il voulait c’était réfléchir. Il voulait du temps, il devait gagner du temps.

Mais le vicieux petit Bosmer avait plus d’une corde à son arc. Quand il tira sa flèche, elle fit mouche: “Je t’aime Alan.” 
Un murmure au creux de son oreille.
Un raz-de-marée dans son cerveau et un volcan dans son corps.

Ce n’était pas juste. Il faisait de son mieux pourtant, de son mieux pour résister. Il savait tellement bien à quel point cet abrutis était nocif, à quel point une telle relation serait toxique, il le savait pertinemment. Mais il n’avait pas choisi qui ferait battre son coeur, il n’avait jamais pu choisir. Et maintenant quoi, il devait continuer de se battre, alors même qu’Azareth faisait tout pour le voir échouer? Que gagnait-il à lui tenir tête? Que perdait-il? Le jeu en valait-il la chandelle?

Sa main se perd sur le torse d’Azareth. Il voudrait se convaincre que c’est pour le repousser. Il aimerait se persuader que ce n'était pas lui qui caressa du bout des doigts les lèvres du soldat en rêvant de ce qui aurait pu suivre.

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La Boîte Noire Empty Re: La Boîte Noire

Sam 12 Mar - 18:58
Quand il vit Azareth se pencher prêt à asséner le cout de grâce, il panique:

  • Je ne suis pas assez ivre pour ça.
  • Hein?

Avant que l’autre n’intervienne, le mage réussit à lui échapper à saisir une nouvelle bouteille qu’il décide de descendre cul sec.

  • Who, who! Tout doux, arrêtes ça… Allez donne moi cette bouteille, qu’est ce qui te prend.
  • Tiens.
  • Que veux-tu que j’en fasse…
  • Bois en.
  • Je croyais que j’avais assez bu pour ce soir, le taquina Feladir
  • Très bien.

Comme le soldat semblait hésitant, Alandmir entreprit de continuer à boire la liquide. Cela suffit à convaincre Azareth que si ce n’est pas lui qui la finissait le mage allez probablement la siffler à lui tout seul. “D’accord d’accord, regarde, content?”. A peine eut-il déglutit la dernière gorgée qu’Alandmir déposa ses lèvres contre les siennes.

Le premier baiser fut timide, bref, maladroit. A peine un effleurement sur leurs lèvres, tout juste un mirage.

Le second a dû attendre une minute ou plus. Le temps que tous deux réalisent, qu’ils se jaugent, s’observent.

Le troisième le suivit de peu et pour les autres… tout dépend comment vous tenez les comptes. Mais globalement je pense qu'on peut s'accorder sur le terme de “fougueux échange”. 

Naturellement, Feladir le prit dans ses bras. Quand les mains du Bosmer s'aventurent pour découvrir le moindre aspect de son dos, le mage eut déjà un sursaut mais quand elles glissent sur son bas ventre pour descendre plus bas que l’aine il recule, brusquement angoissé. Oubliant complètement la présence des meubles autour. Notamment d’une table basse sur laquelle traînaient cadavres de bouteilles et verres vides. “Attention!” Trop tard, il bascule au sol en reversant le tout.

  • Il manquerait plus que tu te sois tordu la cheville!
  • Je crois que…
  • Et il s’est tordu la cheville, soupira Feladir, tu as l’air fin maintenant!
  • Désolé.
  • C’est tes verres qui sont cassés, ne t’excuse pas. Hey! Ne me regarde pas comme si c'était de ma faute.
  • Un peu.
  • Hum hum?
  • Tu m’as….t-tu m’as…
  • Oui oui, vas-y verbalise? ricana t-il
  • Surpris. Tu m’as surpris.
  • Moui… Aller viens appuis toi sur moi que je regarde ça. Bon ça n’a l’air de rien, il faudra attendre de voir si ça enfle.
  • Je saigne.
  • Sérieusement? rala l’autre
  • Je crois que j’ai dû me couper avec du verre. 
  • Fais voir? As oui tu ne t’ai pas loupé, tu as des bandages quelque part?
  • Dans la salle d’eau.
  • Bon on va aller jusqu’à là-bas, tu peux marcher quand même?

Alandmir ne pouvait pas marcher pour la bonne et simple raison qu’il venait de s’avaler une demi bouteille d’alcool. Même s' il réussit à se mettre sur pied avec l’aide de Feladir, marcher se révéla bien plus périlleux. Parfois il avançait d’un air déterminé avant de pencher à droite ou à gauche et de finir sa course contre un mur. Ils eurent plusieurs fous rire sur les quelque mètre qui les séparaient de la porte devant ce spectacle ridicule. 

  • On a qu’à dire que c’est la fautes de ma cheville, faisait l’un

  • Bah oui évidemment, répondait l’autre hilare, pourquoi pas la faute des étoiles
  • Parfaitement, elles ne sont pas du tout alignées aujourd’hui.
  • Ahaha

Vu la débâcle pour sortir du salon, ils ne tentèrent même pas l’aventure d’aller jusqu’à la salle d’eau et s’échouèrent sur le lit comme deux cachalots.

  • Je pourrais utiliser un sort de soin, pour ma main…
  • Et ce n’est que maintenant que tu y penses!
  • Ça m'est sorti de la tête.
  • Evidemment…
  • Je me demande si ça purge l’alcool…
  • Et ce n’est que maintenant que tu y penses?!

Ils explosèrent de rire en chahutant comme s’ils avaient à nouveau 15 ans, en des temps plus simples. Et voilà que deux hommes de plus de 30 ans se lancent des oreillers à la figure en s’insultant de nom d’oiseau. Ils se cognèrent plusieurs fois la tête sur la tête-de-lit et l’un d’eux bascula même du lit en tentant une esquive acrobatique. Soufflant comme des boeufs, ils se laissent tomber sur le lit. 

Des caresses se perdent. La distance se raccourcit. Les lèvres se trouvent. Les mains s’unissent. Les membres se touchent. Le souffle s’accélère. Les barrières se lèvent. Les esprits se confondent. Pourtant dans ce lent glissement qui semble mener à l’inévitable, Feladir reprend un peu conscience de ce qu’il se passe:
  • Alan… Alan est-ce que tu es soule? Tu.. tu sais ce que tu fais?
  • Az…
  • Tu es soule, Alan.
  • Humm
  • Ton voeu… Tu ne devrais pas.
  • Humm…
  • On ne devrait pas.

A contre-coeur, il s’écarte un peu. Il pose sa tête sur l’épaule d’Alandmir: “Tu vas le regretter. Je… Tu as raison. Je suis un poison. Je ne peux pas t’infliger ça.”. Alandmir se redresse pour pouvoir le regarder les yeux dans les yeux. Feladir est peut-être lucide, lui non. Et pour la première fois depuis bien longtemps, il commet une erreur. Il entre dans l’esprit d’Azareth, pas juste en surface, non, bien en profondeur. Il pense y trouver un torrent d’obscénité, une suite sans discontinuité de souvenirs lubriques. Il n’en est rien, plongé dans l’instant, Azareth est trop occupé à profiter de ce présent pour imaginer autre chose. Alors Alandmir creuse encore, plus loin, pour chercher ce qu’à cet instant son esprit puéril désire. 

  • Mais qu’est ce que tu…

Il ne peut finir sa phrase, Alandmir a trouvé précisément ce qu’il voulait. Du contenu explicite. Très explicite. Et ça aurait pu s'arrêter là. Mais au moment où il atteint ce souvenir, Azareth le consulte également pour comprendre ce qu’il se passe. L’effet sur lui est immédiat, il retient la vague de plaisir et rougit. Dans le cerveau du mage une dizaine de pensées confuses se bousculent. Comme une roue que l’on lance sans savoir quelle case va s’arrêter, il finit par tomber sur celle-ci: “Hum… amusant. Encore un fois!”. Et il fila à tout vitesse sans que Feladir puisse l’en empêcher jusqu’à un autre souvenir. Mais aussi amusant soit sa surprise et sa honte quand Alan vivait ses ébats, cela ne satisfaisait pas le mage. Ce n’était que des souvenirs, ça manquait d’intensité, de vivacité. Il fallait les lui faire revivre.

Ils étaient connectés et Azareth pouvait tout autant espionner les pensées d’Alan que l’inverse. Il comprit immédiatement ses intentions.

  • Non.. non non… tu n’oserais pas. Si tu crois que je vais te laisser…!

Azareth tente de repousser l’envahisseur, mais à quoi bon, c’est lui-même qui l’avait laissé entrer. Et il était partout. Comme Feladir commençait à se défendre, Alan avait besoin d’un meilleur accès. Son vrai corps, du monde réel, se place au-dessus de Feladir. Ce dernier, trop occupé à défendre les parcelles de son esprit, n’imagine pas une seconde une agression matérielle. Alandmir fait un triangle avec ses mains et place le centre sur le front de son ami.

Le résultat est immédiat, la connexion est claire comme de l’eau de roche. Alandmir agit efficacement en un instant, il répand dans le corps de Feladir une sensation bien connue: Le désir. Leur rythme cardiaque augmente. Il incite l’esprit créatif d’Azareth qui ne se fait pas prier pour abondamment l’arroser d’idées licencieuses. Le souci c’est que… le télépathe n’imaginait pas un instant que ses brillantes idées allaient directement le concerner lui. Hors il s'avèra très vite que Azareth avait largement… approfondi la question. Dans son esprit, Alandmir n’était pas simplement le coup d’un soir, c’était le fantasme de toute une vie. Toute une vie pour fantasmer leurs ébats. Dans les moindres détails. De la plus simple caresse entre ses omoplates, au plus puissant des orgasmes dans les profondeurs de sa chair. Il imaginait ses mains parcourir son amant, lui voler des soupirs de plaisir, lui offrir un délice dont il n’imaginait rien. Ayant lui même une très bonne idée de l’effet que cela ferait, de la sensation, Azareth en enrichit la vision et Alan… et bien Alan n’était très certainement pas prêt à ressentir de telles choses. Il pouvait sentir le plaisir comme si c’était lui qui le recevait, comme s’il le donnait. Comme si c’était chez lui que montait cette irrépressible sensation de… surcharge. 

Il voulait savoir. La curiosité n’y était pour rien. C’était une pulsion bien plus primitive, un désir sexuel. Il voulait savoir ce que cela faisait. Il encourage la scène à se jouer sans s'apercevoir qu'au-delà de leurs esprits liés, son corps ne peut rester insensible à de telles stimulations. Alors que la vision se dessine comme un feu d’artifice, il ignore qu’il se laisse glisser contre Azareth pour le laisser le prendre à nouveau contre lui. Il ne sait plus ce qui est réel et ce qui est rêver. Le soldat lui presse le corps de baiser, lui murmure des mots d’amour. Obsédé par ses formes, le mage parcourt son corps encore et encore, se frotte à lui, le retient à ses côtés. Des mots lui échappent. Trois petits mots. Trois petits mots qui font battre leur cœur. Ils s’aimaient depuis qu’ils avaient l’âge de comprendre ce qu’aimer était. Qui eut cru que se l’avouer pouvait procurer temps de plaisir.

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A bien y réfléchir, monter sur son compère était sûrement une terrible erreur. Dans leur état… comment dire… Le moindre mouvement risquait d’être un problème. Alan réalisa  cela: s’il pouvait tout sentir, Azareth aussi. Et quand il le su… Azareth le su. Ah c’est beau la télépathie non? 

Ils revinrent brutalement à la réalité. Azareth toujours torse nu était à présent sur Alan. Il possédait encore ses vêtements… en grande partie. Ils baissèrent d’un même mouvement les yeux. Sa robe partiellement entrouverte et… Oh, un fier étendard! Il eut un moment de flottement. Alandmir se dit que le temps avait tout simplement cessé de s’écouler. Azareth n’aurait jamais cru Alan capable d’un tel exploit et la vision devant lui semblait particulièrement le fasciner. Il s'apprêtait sûrement à lancer une réplique pleine d'esprit pour détendre l’atmosphère, mais il n’en eut jamais l’occasion. 

Alandmir paniquer ouvrit les mains devant lui en lançant une formule en vrac. Le sort d’un vert vif frappa de plein fouet son amant qui fut secoué de spasme avant de s’écrouler. Il voulut remettre sa robe en place et relassé son bas. Dans la précipitation, il n'arrive à rien. Plus il s’agitait moins il s’en sortait. Il lançait frénétiquement des regards à Azareth de peur qu’il ne se réveille. Bon il lui avait mis une dose d’éléphant mais…. ce n’était… pas de sa faute! Les choses… avaient… quelque peu dérapée!Il fallait qu’il se calme. Il inspira plusieurs fois avant de s’extirper des draps pour s'asseoir sur le lit et remettre idées et habits à leur place.

C’est alors que le ruban de soie à sa main gauche glissa. Il s’était tant desserré qu’il tomba de son poignet. Il le regarda d’abord intrigué et le ramassa par réflexe pour le remettre à son poignet. Puis il se décomposa lorsqu’il réalisa qu’il ne pouvait pas le remettre. Le vœu était rompu, la promesse aussi. Il avait trahi son voeu. Le sortilège n’avait pu lieu d’être et la preuve en était là. Alandmir sembla réaliser ce qu’il venait de se produire, ce qu’il avait fait. 

Cela changeait tout. Cela allait tout changer. Il le savait, il n’y aurait pas de marche arrière. Je lui donne un doigt et il prend un bras. Ils ne retourneraient pas à cette confortable amitié ambigüe. La tension sexuelle qui était devenu les fondations de leur relation après leur retrouvaille se trouvant orpheline, que leur arriveraient-ils? Si Azareth décidait d’aller plus loin, se moquerait-il de son inexpérience? Cet homme au mille conquêtes, que pouvait-il avoir à faire d’un si pathétique partenaire? La peur saisit Alandmir, était-il devenu une conquête parmi les autres aux tableaux de chasse d’Azareth? Satisfait d’avoir atteint son but, le repousserait-il? Partirait-il à travers le monde retrouver les renégats?  Après tout, que représentait-il... Azareth lui avait caché avoir survécu pendant des années, il était venu ici pour s’amuser de le découvrir en émoi, pour lui tout cela n’était qu’un jeu. S’il perdait cette chose unique entre eux, ne devenait-il pas comme tous les autres que Az avait connu? L’angoisse lui serra la gorge; Il regretta son geste. Il regrettait ce qu’il s’était passé. Ce n’était pas ce qu’il voulait. Non. Il ne voulait pas être n’importe qui. Il pensait qu’une telle intimité signerait le début d’une relation unique. Mais il se trompait. Azareth n’avait ni relation durable, ni fidélité. Pour Alandmir oui c'était spécial, précieux, un cadeau immense, unique, une première fois sans égale. Pour Az, ce n’était rien. Alandmir avait tout gâcher.

L’air lui manqua tandis que sa poitrine semblait l’oppresser.
 
Il ne lui fallut qu’une seconde pour prendre la décision. 
Si Azareth ne savait rien, alors, il resterait non? S’il pensait que tout était pareil, alors rien ne changerait. Ce fut si simple, si simple vraiment. Jamais il ne lui avait interdit l’interdit au plus obscure recoin de son esprit. Alandmir n’eut même pas à forcer pour entrer et lui voler ses souvenirs. Il hésite à totalement les supprimer, à construire autre chose, à habilement faire une œuvre sinistre, il commence d’ailleurs. Mais il fut si écoeuré qu’il s’en fit vomir. A quel moment son respect pour Azareth pouvait-il être moins important que la peur de le perdre? Non, il ne pouvait pas le dépouiller de ses souvenirs. Alors il en bloque simplement l’accès. Il tenta de se persuader que cela tiendrait, mais il se sentait si mal d’agir ainsi… qu’il bâcle le travail. A la hâte, il quitte la scène de crime, laissant Azareth à ses démons.
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