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Gwynevyre - Aux origines Empty Gwynevyre - Aux origines

Jeu 3 Fév - 20:05
Aux origines









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Chapitre 1 :



     La mort. La mort était partout. Presque tangible. Presque palpable. Tout n’était que ténèbres et désolation dans ce village perdu de Fendretour. Les cadavres s’empilaient, certains brûlaient, d’autres avaient encore une expression de terreur figée sur le visage. Le ciel était noir, mais l’horizon lui était flamboyant. Des incendies, des cris, des pleurs, des supplications… Voilà le paysage que représentait Défilé-du-Déchu. 
Gwynevyre était étendu là, par terre. L’elfe avait une lance plantée dans le flanc gauche. Une blessure mortelle sans aucun doute, mais pas suffisamment pour empêcher une agonie longue et douloureuse. Elle assistait à toute la scène, impuissante, désemparée, apeurée… Elle était immobile, pas par choix mais par dépit. La lance empêchant tout mouvement. Des larmes coulèrent le long de ses joues, silencieuses, sans cris. La frustration de ne pas pouvoir agir mêlée à la douleur, furent probablement les pires instants de toute sa vie. 


  • Pourquoi ? se demanda-t-elle



Les questions  affluaient dans son esprit. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Pourquoi massacrer tous ces pauvres gens ? Tants d’innocents… Assassinés avec froideur, sans retenue. Ces gens n’étaient que des fermiers, des taverniers, des tailleurs.. Alors, Pourquoi ? Ils n’avaient aucunes richesses, pas d’or, et les marchandises se trouvaient à Pointe Nord, un ville à quelques kilomètres, depuis la foire qui s’était déroulée la semaine dernière. 
Les paupières de Gwynevyre devenaient de plus en plus lourdes. Elle avait du mal à rester consciente. Elle crut entendre quelqu'un crier son prénom au loin. Sa mère ? Son père ? elle ne savait pas. Son cœur tambourinait dans ses grandes oreilles, elle avait froid, mais la blessure, elle était chaude, presque agréable et douloureuse à la fois. 


  • Pourquoi ? se demanda-t-elle à nouveau



Sur le moment elle regretta d’avoir quitté le Couchant, des années auparavant avec sa famille. Elle regrettait la chaleur des soirées d’été, les plages magnifiques et le sable fin. L’isolement de ces crétins d’Elfes pouvait être bénéfique parfois. Les massacres là-bas n’arrivaient pour ainsi dire, jamais. 
Une quinte de toux vient interrompre ses pensées, elle cracha du sang, qui coula et vint souiller ses cheveux chatains. Elle trouva la force de pencher la tête sur le côté, et vit son voisin, monsieur Arnol étendu sur le sol. Quelque chose clochait. En effet, le bas de son corps se trouvait quelques mètres plus loin, bien séparé du haut au niveau de la taille. Les boyaux du pauvre homme étaient dispersés entre les deux parties de son corps, laissant une traînée de sang souillant l’herbe à cet endroit. 


  • Il était si gentil, se murmura-t-elle à elle-même. Il se fichait que nous n’étions pas Brétons comme eux, mais il se fichait encore plus que nous étions Altmers. 



Gwynevyre ne saurait pas dire combien de temps elle resta allongée là, par terre, à baigner dans son propre sang. Ses forces l’abandonnaient, elle sentait la vie la quitter petit à petit. Le vacarme des Hommes d’armes autour d’elle se fit plus sourd. Est-ce qu’ils partaient ? Où était-ce simplement elle, qui commençait à quitter son corps ? Elle ne savait pas. Elle regarda le ciel, et se sentit bientôt presque attirée par lui. Une attraction à laquelle on ne peut se soustraire. Douce, agréable, dans laquelle on a envie de s’y plonger et d’y rester blotti pour l’éternité. Tous ses problèmes devinrent superficiels, presque effacés de sa mémoire. Il ne restait plus que les étoiles, devenant de plus en plus brillantes, de plus en plus scintillantes, et de plus en plus accueillantes. Son regard se perdit dans le vide et se voila, elle avait la sensation de flotter, de s’élever au-dessus de son propre corps. La sensation était douce, comme le balancement d’une mère pour endormir un nourrisson. Elle ne sentait plus la terre, elle ne sentait plus la douleur, elle ne sentait plus rien.   


  • Alors, ça fait ça de mourir ? 

[...]
  • Gwyne ! 

[...]
  • Gwyne ! 



Elle entendit son prénom, non, son diminutif. Il n’y avait que son père qui l’appelait comme ça. 


  • Gwyne ! 



Cette fois elle en était certaine, son père l’appelait. Il avait besoin d’elle. Et soudain elle réalisa : “je suis en train de mourir, non je ne peux pas mourir ! Je ne dois surtout pas mourir, ils ont besoin de moi…“
Son ascension vers les cieux s’arreta, du moins elle en avait l’impression. 


  • Je ne dois pas mourir. se répéta-t-elle. Je ne dois pas mourir. Je ne dois pas mourir !



Elle ouvrit les yeux d’un coup, luttant de toute sa volonté pour rester consciente. Une fois ses yeux ouverts, ce qu’elle vit la figea. Elle se voyait, elle-même, agonisant sur le sol. Inerte et immobile. Ce qu’elle voyait était en réalité son corps, une coquille vide, un tas de viande et de muscles. Rien de plus. Aucune vie n’habitait le regard du maccabée. 


  • “La décorporation” se dit-elle. 



Elle se souvint que son père lui avait déjà parlé de ce phénomène, lié à la magie des âmes. 


  • Gwyne… 



Cette fois-ci la voix de son père était plus basse, désespérée, sanglotante… Lorsqu’elle tourna sa tête fantomatique, ce qu'elle vit resta à jamais gravé en elle. Un Homme gigantesque, avec un cimeterre plus grand qu’une rame de bateau, et une armure au moins aussi lourde que dix sacs de blé. Tout était flou dans le regard de l’elfe. Il tenait quelque chose dans ses mains. Non pas quelque chose. Quelqu’un. Le père de Gwynevyre venait d’être saisi à la gorge, il étouffait. Et, d’une seule main, l’homme en armure brisa le cou du pauvre mer. Gwynervyre voulut crier mais n’y parvint pas. Elle pleurait, de rage, d’amertume. 


  • Mon corps, se dit-elle, je dois retrouver mon corps.



Elle essaya tant bien que mal de se diriger vers son propre cadavre, n’ayant aucune idée de quoi faire ensuite. Elle essaya malgré tout, ne reculant devant rien et avançant centimètres par centimètres.  


  • Il va payer. Ils vont tous payer. Je vais les faire souffrir, je vais leur faire regretter, je les tuerai tous, les uns après les autres. 



La rage aidant, elle parvint à retrouver son corps. Regardant autour d’elle, elle s'aperçut que le groupe en avait fini ici. Tout le monde était mort. Pas de survivants, pas de pitié, pas de prisonniers. Personne ne leur avait échappé. Pas même les chiens ou les poules.
 
Une fois son corps atteint, Gwynervyre se concentra, essayant de pénétrer à l’intérieur de cette enveloppe. Elle ferma les yeux, et essaya de ressentir quelque chose de physique : l’herbe, la lance, la douleur… Oui, elle sentait quelque chose, elle avait mal. Les yeux toujours fermés, elle luttait pour revenir parmi les vivants. Elle essaya de sentir ses doigts, ses pieds, sa blessure, n’importe quoi qui aurait pu l’aider à ressentir quelque chose de physique. Cela lui demandait un effort monumental, elle se concentra de tout son être, et tout à coup ; elle y parvint. Elle prit une grande inspiration et ouvrit les yeux. Elle emplit ses poumons au maximum, comme un plongeur ayant retenu sa respiration trop longtemps. 



  • Doucement petite, t’as eu une sale nuit j’ai l’impression. 



Gwynervyre regarda autour d’elle, elle n’était plus au Défilé-du-Déchu, mais dans une cave sur un lit de fortune. Juste à côté d’elle, une femme, vieille et courbé lui faisait face.











Chapitre 2


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      Gwynevyre avait la tête qui tournait. Elle avait perdu ses repères. En regardant autour d’elle, elle s'aperçut qu’elle était dans un genre de cave aménagée. Des étagères étaient disposées ici et là, remplies d’herbes et de bocaux. Il faisait sombre, en effet une simple bougie posée sur la table de chevet du lit où elle était installée illuminait la pièce. Elle distinguait à peine les poutres au-dessus d’elle. L’elfe essaya de parler, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. 


  • N’essaye pas de parler, tu es encore trop faible.



Le visage de la vieille femme était à peine illuminé par la lueur de la bougie. Elle était assise sur une chaise non loin, en train de coudre quelque ouvrage.  Gwynevyre ne distinguait pas bien les traits qui composaient ce visage ridé penché sur son travail. 


  • Tu dois encore te reposer, dit la vieille femme calmement, ce que tu as vécue aurait été une épreuve pour n’importe qui.



Elle arrêta sa couture et se leva, s’approchant de Gwynevyre. Elle était à présent toute proche du lit de paille. Elle s’approcha encore, et murmura des paroles inaudibles. Gwynevyre sentit aussitôt son esprit partir et ferma les paupières. Elle s’était endormie.
Les jours suivants furent compliqués. Parfois son sommeil était lourd, et d’autres fois elle se réveillait en hurlant et en s'agrippant aux draps. Durant les quatre jours qui s'ensuivirent, son état faisait des hauts et des bas. Il ne s'améliora et ne se stabilisa qu’au cinquième jour. 
Elle avait alors repris pleinement conscience, et lorsque la vieille femme s’approcha pour changer son cataplasme, la jeune elfe lui demanda : 


  • Qui êtes-vous ?

 
  • Je suis de ton côté Petite. Je l’ai toujours été.



Elle était minutieuse dans son travail, elle s’appliquait. Il était clair que les plantes n’avaient que très peu de secrets pour elle. Alors qu’elle changeait les pansements de Gwynevyre, cette dernière pu l’observer plus en détail. Ses cheveux étaient gris, et légèrement ondulés. Elle avait des rides mais l'œil vif. Elle était petite, et énergique dans ses mouvements. Elle était précise dans ce qu’elle faisait, ses mains ne tremblaient pas et sa concentration paraissait être à toute épreuve. 


  • Comment vous appelez vous ? demanda Gwynevyre



  • Rosaline.



  • Pourquoi m’avez-vous sauvez ?

 
  • C’est compliqué. 



  • En quoi est-ce compliqué ? Est-ce qu’on se connaît ? 



  • Tu ne me connais pas, mais moi je te connais.



  • Comment ça ? 



  • Nous verrons ça plus tard. Pour l’heure, te souviens-tu de l’attaque ? 



  • Comment l’oublier ? J’étais présente, impuissante.



Elle détourna le regard, les flashs de la bataille frappant son esprit. Le visage de tous ces morts la hanteront  probablement pour le reste de sa vie. Alors que sa gorge se nouait, elle pensa à ses parents, à son père qui est mort en la croyant morte elle aussi. A sa mère qui avait sûrement dû vendre chèrement sa peau avant de succomber.


  • Qui sont-ils ? Demanda Gwynevyre ? Pourquoi nous ont-ils attaqués ? 



  • Je ne sais pas si tu es prête à entendre cette histoire petite. Tu as encore besoin de repos.

 
  • Je veux savoir ! J’ai besoin de réponses ! Ils ont massacré mon village, j’estime que j’ai le droit de savoir pourquoi !



Rosaline arrêta son mouvement, elle serra la mâchoire, et regarda Gwynevyre droit dans les yeux. 
 
  • Pour toi petite. Ils ont massacré un village entier pour toi.




Le visage de Gwynevyre était livide. L’incompréhension se lisait dans son regard. 


  • Qu’est ce que ça veut dire ? 



  • Comme je te l’ai dis, c’est une histoire longue et compliquée. Sois patiente, je te la raconterai, en attendant repose toi, c’est le plus important.



Elle tendit son doigt ridé vers la souffrante en ouvrant de grands yeux pour que le message soit sans appel. Gwynevyre ne pipa mots, toujours baignée dans l'incompréhension. 
Rosaline s’était levée, et s'apprêtait à sortir de la pièce, quand elle se retourna et dit : 


  • Tu sais petite, je suis désolé pour tes parents. C’était des gens bien, personne ne mérite ça.



Gwynervyre relâcha ses larmes, silencieuses, douloureuses, mais libératrices. 



Chapitre 3 : Gwynevyre - Aux origines ZpkwPdDPg5dAxq8Zbhs5CL-Dx3-mEK4bps5UiPzr4LmG9evO6wp2yi189ySaCJfvwJeB9uZKM9sLCxmzZDEznEomZ-f5-JE7JUSo4yTSVerh0InG_si060Dju6wLzTqKcp5XHwn8


     Une semaine de convalescence plus tard, Gwynevyre se sentait mieux. Sa blessure au flanc la faisait encore souffrir mais elle se sentait à présent assez forte pour se lever. Rester dans ce lit de paille, bien que douillet et confortable la mettait mal à l’aise. Elle avait besoin de prendre l’air. Lorsque Rosaline vint pour lui apporter à manger, Gwynervyre décréta : 


  • J’ai besoin de sortir, il faut que je prenne l’air et que je me lave correctement. 



  • Tu as raison, dit Rosaline, tu as repris suffisamment de forces pour te lever. Cependant il faut que nous discutions avant cela. Il y a certaines choses que tu dois savoir. 



  • Quels genres de choses ? 



  • Sur qui tu es. 



Gwynevyre la regarda interloquée, qu’entendait la vieille femme par “qui elle était” ? Rosaline avait le chic pour ne donner que le minimum d’informations lorsqu’elle parlait. Elle faisait des phrases courtes, comme si tellement de choses se passaient dans sa tête, et qu’elle ne savait pas quoi en faire sortir. 


  • Comment ça “qui je suis” ? Je sais qui je suis. 



  • Tu en es sûre ? 



Gwynevyre plissa ses grands yeux d’elfe. 


  • Sais-tu qui était ton père ? repris Rosaline. Sais-tu pourquoi vous avez quitté le couchant lorsque tu étais plus jeune ? 



  • Mon père était Dorvan, ma mère était Siluë. Ils étaient fermiers. Ils travaillaient dur, ils aimaient aider leur prochain, je suis comme eux.  



  • Ont-ils toujours été fermiers ? Rosaline pencha la tête en avant comme si elle connaissait déjà la réponse. 



  • Non… Quand j’étais petite, mon père était sorcier à la guilde des mages de Lillandril. Ma mère quant à elle était tavernière dans cette même ville. 



  • C’est vrai, mais ce n’est pas tout, il y a bien plus. Rosaline marqua une pause avant de reprendre. Le nom de Tylars te dit-il quelque chose ? 



  • Non, absolument pas. 



  • C’est un homme, mauvais, foncièrement mauvais. Mais c’est aussi un mage extrêmement puissant. Manipulateur, charmeur. Il a de nombreux talents. De ce que j’en sais, il y a quelques temps il s’essaya à la divination. Et lors de cette expérience il ne vit qu’une seule chose. Sa mort. 



  • Sa mort? Mais en quoi cela me concerne ? 



  • Dans sa vision, son trépas fut causé par une femme. Une femme aux cheveux blancs, trainant la Mort derrière elle. Une femme vivant dans la campagne de Fendretour. Il n’avait qu’une vague idée de quand cette femme allait apparaitre. D'où son attaque il y a 2 semaines. En éliminant hommes, femmes et enfants, il ne prenait pas de risques. Il a décimé la campagne de Fendretour en espérant tuer dans l'œuf la cause de sa mort. 



  •  Mais je ne comprends pas, j’ai survécu, mais qu’est ce que ça a à voir avec moi ? Je ne connais pas de Tylars, et je n’ai pas les cheveux blancs. Ils sont par ailleurs assez foncés pour des cheveux d’Altmers. 



Rosaline se tut. Elle se leva, alla farfouiller dans une étagère et en sortit un petit miroir. Rond et sale. Elle le tendit à Gwynevyre qui s’en saisit, et l’approcha de son visage. Ce qu'elle vit la figea. Le reflet qu’elle voyait n’était pas son reflet habituel. A travers la crasse du miroir, elle ne se reconnue pas. Son teint était blafard, ses cheveux étaient devenus blancs comme de la craie. Et ses yeux… Ses yeux aussi étaient devenus blanc. Ses Iris était toujours présente, mais le bleu qui les composaient s’était transformé en blanc. Elle ne parvenait pas à dire un seul mot. Aucun son ne sortait de sa bouche. Elle ne comprenait pas. 
Rosaline se tenait en retrait, silencieuse et immobile. Finalement elle brisa le silence. 


  • C’est toujours toi petite. Tu es simplement… Différente. 



  • Mais qu’est ce qui m’est arrivé ? Pourquoi ? Que s’est-il passé ?



  • Je l’ignore… Mais une chose est sûre, ta quasi mort t'a changée. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais je ne peux affirmer qu’une chose. Quand je t’ai trouvé, tu alternais entre le monde des morts et le monde des vivants. Je ne sais pas ce que tu as vu, ni ce que tu as fait, mais ce fut une épreuve pour ton enveloppe charnelle. 



Gwynevyre se sentait perdue. Elle se prit la tête dans les mains. Essaya de se lever et perdit l’équilibre. Elle se rattrapa de justesse à Rosaline qui vint la soutenir. Tournant la tête vers la vieille femme elle grommela : 


  • Et bordel vous êtes qui vous ? Qui êtes-vous réellement ?



  • Ton ange gardien, visiblement. Ton père était mon ami, m’occuper de toi est le moins que je puisse faire.  



Les deux femme se dirigeaient vers l’escalier. Montant à l’étage, Gwynevyre pu mieux se rendre compte de la bicoque dans laquelle elle était logée depuis bientôt deux semaines. C’était une petite maison, simple, en bois avec un toit en chaume. Une pièce principale, possédait un lit et un âtre. Une table était là contre le mur, des livres étaient posés dessus. Dans un coin cuisine des provisions pendaient, quelques légumes étaient disposés ici et là sur le plan de travail. L’extérieur était tout aussi simple, un petit potager, quelques poules et l'orée d’une forêt. La maison était isolée, personne n’avait l’air de vivre à des lieues à la ronde. Rosaline posa Gwynevyre sur un banc près du seuil de la porte. Le calme était présent. Seul le bruit de la nature se faisait entendre. Il se passa plusieurs minutes avant que l’Altmer ne brise le silence qui s’était installé entre les deux femmes. 


  • Alors, vous avez connu mon père ? 



  • En effet. Il y a bien longtemps. Je travaillais alors au sein de la guilde des mages de Daguefilante. Je fus envoyée en mission au Couchant, dans un esprit d'entraide afin de partager nos connaissances et nos découvertes. Il était rare que les hauts-elfes acceptent d’échanger quoi que ce soit avec le monde extérieur, mais je suppose que finalement ils y trouvèrent leur compte. Ils n’auraient pas accepté autrement. Je fus accueilli par ton père. Dorvan était, formidable. Loin des clichés des autres elfes. Lui était ouvert, jovial et enthousiaste. Toute mon appréhension s’envola lors de notre première rencontre. Je me souviens comme si c’était hier, alors que cela remonte à plus de  40 ans. Et sais-tu quelle est la première chose qu’il m’a montré lors de mon arrivée ? 



  • Non…



  • Toi Gwynevyre, toi. 



  • Moi ? Alors, toutes les deux nous nous sommes déjà rencontrées ? 



  • Oui, mais tu n’étais alors qu’un petit bébé. Si fragile, si innocent. Si tu savais combien ton père était fier de toi. Ta présence l’irradiait. Alors quand je vous ai vus, toute ta famille ensemble et unie, je n’ai pu m'empêcher de sourire. 



Rosaline parlait plus librement. Elle semblait moins renfrognée et ses phrases étaient plus longues. Le regard toujours perdu dans le vide, elle continua. 


  • Au fil des semaines passées là bas, à échanger avec ton père, je me rendais compte de certaines choses. Des choses dont ton père voulait me préserver. La vérité Petite, c’est que ta famille n’était pas bien vue à Lillandril. Un mariage qui n’était pas arrangé, un Altmer échangeant avec enthousiasme avec une Brétonne, un enfant qui n’était pas prévu… Tout cela faisait beaucoup. La famille de ton père se détourna totalement de lui. La famille de ta mère, arriviste car bien moins aisée, en demandait toujours plus à ton père. La taverne de ta mère ne fonctionnait plus aussi bien, les clients ne venaient plus, et les affaires étaient en train de s’écrouler… Rosaline poussa un soupir. Ça a été difficile pour tes parents tu sais. très difficile. Je suppose que tu n’as pas eu beaucoup d’amis étant jeune ? 



  • Non en effet, je ne comprenais pas pourquoi à l’époque… Aujourd’hui, c’est différent. Argh, ces crétins d’elfes !



  • Ils ne sont pas tous comme ça, heureusement. Et crois moi vous n’êtes pas le seul peuple de Tamriel complètement borné.



  • C’est à cause de ça que nous sommes venus ici ? Se perdre dans la campagne de Fendretour ? demanda Gwynevyre.



  • En partie oui. Tes parents n’étaient… plus les bienvenus au Couchant. C’est moi qui leur ai proposé de venir ici. Je leur ai assuré que je leur trouverai un poste à la hauteur de leurs compétences et de leur bienveillance. Mais, j’ai échoué. La vieille femme marqua une pause.  Personne ne voulut d’eux. Tout le monde à Taillemont leur tourna le dos, ne cherchant même pas à les connaître. “Des elfes ? Ô mes dieux ils doivent être si hautains !” imita-t-elle avec dégoût.. Ils furent contraints à une vie aux champs, dans un village miteux d’une région miteuse. Si tu savais comme je m’en veux petite. Sans moi ils seraient peut-être encore en vie à l’heure qu’il est. 



Rosaline serra la mâchoire, cette vieille femme n’était peut-être pas aussi froide qu’elle n’y paraissait finalement. Gwynevyre posa sa main sur le bras de la magicienne. 


  • Tu sais, mes parents m’ont toujours dit qu’ils étaient heureux de la vie qu’ils avaient. 



Elle la tutoya pour la première fois. Elle reprit : 


  • Ce n'était pas une vie facile, mais je crois qu’ils s’aimaient. Ils étaient justes, droit, volontaires. Ils ont eu la vie qu’ils voulaient. En revanche, leur mort… C’est une autre histoire. Elle fit une pause et détourna le regard. Tu m’as bien dit qu’il s’appelait Tylars n’est-ce pas ? 



  • Oui. Petite je sais à quoi tu penses et ce n’est vraiment pas une bonne idée. Vraiment pas.



  • Je me fous qu’une idée soit bonne ou mauvaise. Comment as- tu su ? Comment as tu su pour sa vision, pour ses capacités. D'où le connais- tu ? 



Gwynevyre parlait plus sèchement. Elle voulait des réponses. Son regard à présent si blanc s’était durci. Rosaline lâcha un soupir. 


  • C'était mon partenaire, il y a bien longtemps. Nous faisions nos recherches ensemble à la guilde des mages. Mais plus le temps passait, plus il changeait. Il est devenu terrifié à l’idée de mourir et je ne sais pas pourquoi. Tylars a quitté la guilde, on plutôt il fut châtié. Il devenait trop extrémiste, ne comprenant pas que la Mort fait partie de la Vie. Il a réussi à ralentir son vieillissement tu sais. Bien que nous ayons le même âge, il paraît 30 ans plus jeune. 



  • Comment est-ce possible ? 



  • Je l’ignore. Sa peur de mourir l’a conduit à faire des folies. Il s’est mis à travailler sur toutes sortes de potions alchimiques, à réaliser des expériences d’abord sur des animaux, puis sur des sujets disons plus… Loquaces. Il a parcouru le monde en cherchant des réponses, n'hésitant pas à assassiner ceux qui avaient le malheur d’essayer de le raisonner. La dernière fois que nous avons entendu parler de lui, il tentait de pactiser avec les drémoras. Leur immortalité lui faisait envie. Nous avons perdu sa trace depuis. Mais il est dangereux. Je pense que c’est lui qui a commandité l'attaque sur le Défilé-du-Déchu, mais je n'aurais jamais cru qu’il le ferait…



  • Il faut que j’y retourne. 



  • Au Défilé ? Mais tu es folle ! s’exclama la vieille femme. Je viens de passer des jours à soigner tes blessures, à te nourrir, et même à te torcher le cul, c’est pas pour que tu ailles te tuer à la première occasion ! Si tu vas là- bas, c’est la mort qui t’attend, rien de plus. Entre les pilleurs, les chiens sauvages et les hommes resté sur place pour s’assurer que personne n’en a réchappé, c’est du suicide. 



Gwynervyre ne disait rien, le regard perdu sur le soleil qui disparaissait derrière les montages. Il commençait à faire froid. 


  • Rentrons dit-elle.






Chapitre 4 : 
  


      Les jours passants, Gwynevyre et Rosaline apprirent à se connaître. Elles discutaient longuement sur le banc près de la porte de la chaumière et attendant que les blessures de la jeune elfe guérissent. Parfois, La vieille femme s’absentait, mais jamais plus d’une journée ou deux. Gwynevyre restait seule dans ces moments-là, voyant par flashs les atrocités qu’elle avait vécues. Elle se demandait toujours pourquoi, comment, qui. Beaucoup de questions restaient sans réponse mais comme toujours un nom ressortait : Tylars. 


Comment le retrouver ? Comment lui faire payer ? Gwynevyre n’avait jamais été la plus démonstrative ou la plus enjouée, mais depuis ces événements, elle semblait… froide, éteinte. Tout dans son comportement respirait le calme et la réflexion, mais dans son regard blanc brûlait un brasier de volonté qui ne laiserait personne se mettre en travers de sa route. C'était précisément ce regard là qui faisait peur à Rosaline. Elle ne disait jamais rien, mais elle s'inquiétait pour la jeune elfe, cela se lisait sur son visage. 



Quelques jours plus tard, lors d’une matinée, alors que les deux femmes mettaient le couvert, Rosaline brisa le silence par une déclaration. 


  • J’étais à Taillemont hier, et je suis allé à la guilde. Tylars a été aperçu en Glénumbrie. 



  • Quoi ?! Comment l'as-tu su ? Où était-il ?  



  • Apparemment il aurait formé une petite armée de mercenaires. Il leur aurait promis l’exclusivité de la vie éternelle s' ils le gardaient en vie. Pratique pour les pillages n’est-ce pas ? Ces demeurés… Ils croient vraiment que cet imbécile peureux va leur donner le secret… 



  • Où se cachent-ils ? demanda Gwynevyre d’un ton froid et sec. 



  • Je ne sais pas vraiment, dans un espèce de fort abandonné. Je n’ai pas plus de détails, la guilde me tient à l’écart. Ils ont peur que notre ancienne relation ne cache quelque chose aujourd’hui. 



Un silence se fit sentir. Gwynevyre s’assit, presque abattue. Comment pouvait-elle faire quoi que ce soit ? Bien que rétablie, elle était bien trop faible pour tenter quoique ce soit. Elle n’avait pas d’argent, et personne n'accepterait jamais d’aller déloger un mage et une armée de molosses en colère juste par souci de justice. Le monde ne marchait pas comme ça. 


  • T’en fais pas Petite, un jour quelqu’un l’arrêtera. La roue tourne.

 
  • Et combien de boucherie faudra-t-il ? Combien d’expériences ? Combien de morts ? Le temps que quelque chose se prépare contre lui, il aura à nouveau disparu ! Elle serra la mâchoire et posa ses coudes sur ses genoux. Sa tête tomba. 




Gwynevyre se rappela cette nuit-là. Cette lance, ce sentiment d’impuissance. Elle ne le supportait pas. Pourquoi était-elle si faible ? Elle se leva, les sourcils froncés. Rosaline tenta de dire quelque chose mais l’elfe était déjà sortie. Elle marchait d’un pas décidé, et s’enfonça dans la forêt sans même se retourner. 






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Chapitre 5 :





     Les pas de Gwynevyre la conduisirent jusqu’au Défilé-du-Déchu. Là où quelques semaines auparavant le massacre s’était produit. Rien n'avait bougé, tout était comme dans son souvenir mais tout était souillé. Les cadavres avaient disparu, mais le sang gorgeait encore le sol. Personne, il n’y avait personne. Le silence était pesant. Un chien passa au loin, suivi d’un autre. Des chiens sauvages probablement. Gwynevyre marchait lentement, comme si tout ça n’était pas réel. Elle se sentait bizarre, un mélange d’amertume et de tristesse restait dans sa gorge. Trop émue pour parler, elle se contentait de déambuler dans le village. Elle arriva devant sa maison, la porte était défoncée, les fenêtres, cassées. C’était sur le seuil de cette maison que son père perdit la vie. Elle le revit, étouffant, suppliant, ses pieds ne touchant même plus le sol. Son ventre se tendit, le malaise de Gwynevyre grandissait. Comment avait-elle pu rester sans rien faire ? Ils avaient besoin d’elle ! Elle aurait pu faire quelque chose, elle aurait DÛ faire quelque chose. Elle s’en voulait atrocement. Comment avait-elle pu survivre ? Tout le monde est mort. Elle aussi était morte, mais elle est revenue. Pourquoi les autres n’avaient-ils pas pu revenir eux aussi ? Pourquoi était-elle la seule ?... La culpabilité prit le dessus. Des larmes se mirent à couler, en même temps que la pluie se mit à tomber. Elle passa le seuil de chez elle, et s’effondra. Sa maison, là où elle avait grandi… Tout était saccagé. Les meubles étaient renversés. Le sang tachait les murs. Sur ses genoux, cette vision de cauchemar eut tôt fait de réveiller la rage enfouie au fond d’elle. Les yeux grands ouverts, et les larmes coulant à flot, elle frappa le sol de ses poings. Encore et encore. Elle trouvait ça injuste, elle hurlait, criant pourquoi et ne s'arrêta que lorsque ses mains se mirent à saigner. 


  • Pourquoi ? Bien qu’elle connaisse la réponse, elle ne l'acceptait pas.  Pourquoi ? 



Elle se releva, sécha ses larmes et s'apprêta à sortir. Elle jeta un dernier coup d'œil à l’intérieur, afin de se rappeler. De se rappeler pour toujours à quel point cet événement avait foutu sa vie en l’air.. Elle alluma un feu, et brûla cette maison. La pluie fine n'empêcha pas les meubles de brûler, puis la toiture, ainsi que les murs de ce symbole d’enfance et d’innocence. Gwynevyre restait là, debout, à regarder cette bâtisse partir en fumée. Sa colère prenant autant d’ampleur que le feu lui-même, grandissante et inarrêtable. 


Tylars a peur de la mort n’est-ce pas ? pensa-t-elle, le regard dur et les sourcils froncés. Elle se retourna. Elle avait pris sa décision. Elle savait que ce chemin ne menait nulle part, qu’elle serait un paria, une exclue, une criminelle. Mais tant pis. Elle le devait, pour tous ces innocents. Tous ces morts, et tous ceux à venir. Elle le devait pour ces parents, des gens biens qui ne méritaient pas ça. Pour eux, Gwynevyre était prête à tout. 
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