Le deal à ne pas rater :
Display Star Wars Unlimited Ombres de la Galaxie : où l’acheter ?
Voir le deal

Aller en bas
Lilyth
Lilyth
Rédacteur en chef
Rat de bibliothèque
Vous avez publier plus de 400 messages
Romancier
Vous avez créer 20 sujets
Le pouvoir de l'amitié
Vous avez demander un membre en ami
Le pins symbolique
Vous êtes sur le forum depuis plus d'un an
Messages : 548
Date d'inscription : 11/01/2021

Chronique des compagnons au quatre vents Empty Chronique des compagnons au quatre vents

Sam 8 Jan - 23:38
Chronique des compagnons au quatre vents
Par Ancre-les-Mots


Bien que riche en rebondissement et en drames, la perte de ma douce bibliothèque me met encore tout en émois et je ne peux pour le moment affronter cette réalité. J’ai mis tant de cœur à l’ouvrage, sans mauvais jeu de mot. Sélectionner minutieusement chaque œuvre qui y figure, établir un système de rangement simplement parfait et produire un lieu de savoir propice à l’éducation de tous. Oh non! C’est si terrible d’avoir dû abandonner cela.. à cause de, d’une stupide querelle! Rooh les gens de cette Guilde ne changeront jamais! Qu’est ce que j’en ai à faire que cet orque immonde soit un méchant garçon?! Je ne demandais qu’un peu de paix pour produire le travail le plus sérieux. Et voilà que soudain tout le monde s’en va! Plus de travail pour le pauvre scribe, plus besoin d’un bibliothécaire dans une Citadelle déserte… Enfin selon ce vautour de Valtergi! Parce qu’il y a toujours du travail pour les gens comme moi! Mais non, elle, elle me remercie en me conseillant de ne plus remettre les pieds ici… Bravo! C’est du beau de mettre au chômage d'honnêtes gens. Elle ne paie rien pour attendre…

Cependant je trouvais rapidement une solution de repli. Mon salut vint d’une personne tout à fait inattendue: Kiara Al’Rihad. Comme beaucoup d'autres, elle comptait quitter la Guilde. Avec Al’Hamir, elle voulait retourner chez elle et me proposait de les accompagner pour honorer sa promesse de me donner accès aux archives du palais. Quand j’acceptais avec méfiance, j’étais loin d’imaginer l’occasion que je venais de saisir. Au début, je consultais simplement nombre de documents et m'émerveillais de la quantité hallucinante de savoir du palais. Je découvrais une culture comme je n’avais pu l'imaginer et me passionnais particulièrement pour l’histoire de ce pays et de ses habitants. La bibliothèque était riche de documents oubliés et de retranscriptions obscures qui comptaient mythes et légendes des temps immémoriaux. Et devant ce rangement parfois hasardeux et l’absence totale d’un système pour répertorier tout cela, j’en venait rapidement à entrer en contact avec le rougegarde chargé de tout cela. Je sympathisais malgré moi avec les employés du palais des archives. Je donnais un coup de main par ci par là, aidais à améliorer cette administration complexe. 

Avant de réaliser, je devenais moi-même partie de ce rouage, faisant ce que j’aimais le plus au monde: apprendre. Je recevais encore régulièrement des lettres de mes petites souris. Au début je les lisais avidement, pour ne rien perdre de ce qu’il se passait à la Citadelle en mon absence. Mais les semaines, devinrent des mois, et bientôt il devint évident que je ne rentrerais pas là-bas.

A Sentinelle, je découvrais un climat qui me comblait au-delà de toute espérance. Plus besoin de se terrer toute la journée au coin du feu, de se gaver de plantes et de tomber malade tous les quatres matins. La sécheresse et la chaleur de cette contrée semblaient ravir mes écailles. Elles luisaient comme jamais alors que je pouvais des heures durant lézarder sous le soleil du désert sans craindre d’être inquiété. J’étais proche de ses magnifiques cobras noirs qui se lovent dans les dunes et les rochers. Plus de problème d'eczéma ou de bronchite pour moi, ici était mon élément. Bientôt, j’oubliais le Bois Noir et ses affreux insectes. Je n’avais pas signé pour ça moi! L’Exode je l’avais subi autant que les autres! Voir plus! Alors je laissais cette Guilde à l’ego démesuré qui avait été bien incapable d’apprécier mes talents derrière moi. Une seconde, je regrettais quand même de savoir  ne manquer à aucun des membres. Mais après tout, à quoi devrai-je m’attendre?

Mathilde, particulièrement véhémente, me faisait encore un rapport hebdomadaire. Pourtant, je mettais à présent ses lettres encore cachetées dans un tiroir sans y jeter un second regard. Elles s’empilaient là dans la poussière, oubliées de leur destinataire, orphelines de son attention. Cela dura des mois. Jusqu’au jour où il n’y eut plus de lettre. J’eu un pincement au coeur, ainsi même elle m’avait oublié? Mais je passais rapidement à autre chose, j’étais bien occupé ici. Je ne manquais de rien: j’étais épanouit et mon travail était reconnu à sa juste valeur.

Il fallut attendre encore plusieurs temps avant que les choses ne changent pour moi. Cela commença par un plis en papier bleu. Un sceau bronze représentant visiblement une pelle et une épée. Quoi? Une pelle et une épée? Mais qu’est ce que c’était? Ça ne me disait rien et c’était carrément absurde. Curieux, je l’ouvrais pour découvrir ses mots:

“A Celui qui écrit pour faire vivre le temps,

Ça y est, nous avons réalisé l’impossible. Comme je te l’avais dit, nous nous sommes lancés pour fonder notre propre Guilde et voler de nos propres ailes! Désormais appelles nous Les Indigents Affranchis! Bon ce n’est pas facile tous les jours, peu de gens sont prêts à nous confier des missions. Ils ne nous connaissent pas et on ne paye pas de mines. Pour l’instant on aide surtout les fermiers et les marchands quand ils ont besoin d’aide mais au moins on gagne notre croûte! Je ne m’inquiète pas, la renommée viendra et avec elle le travail, il suffit de persévérer. Shelth ne devrait pas tarder à nous trouver enfin un logis stable pour que nous n’ayons plus à dormir au camp.

Dis toi que c’est en quelque sorte une lettre de démission. Je ne te transmettrai plus d'informations sur Les Compagnons de L’Aube. Je te donnerai quand même des nouvelles de temps à autre! D’ailleurs, je me suis bien remis de mes blessures et Jam n’a plus aucune séquelle. Tout est bien qui finit bien. Et puis… que pourrait-il nous arriver de pire maintenant?

Avec toute notre affection,
Mathilde, 
Indigente affranchie.”

J’hésitais franchement entre éclater de rire et brûler ses inepties. Des petits gens, devenus aventuriers? Ils avaient fondé leur propre Guilde? Et puis quoi encore! Au début, je rejetais la lettre dans le tiroir avec les autres et m’en détournais. Mais L’idée trottait dans ma tête. Les jours suivants, mes pensées dérivèrent sans cesse vers cette missive. Comment en étaient-ils venus à cela? Pour quelles raisons? Quelles étaient leur motivation? Comment trouvaient-ils des missions? Comment y survivaient-ils? Mathilde s’était remise de ses blessures, quelles blessures? De quoi se rétablissait le petit commis? Qui était Shelth? 
Comme ses questions ne me sortaient plus de la tête, je finis par m'asseoir à mon bureau et relire la lettre avant de sortir toutes celles qui avaient précédé….
Lilyth
Lilyth
Rédacteur en chef
Rat de bibliothèque
Vous avez publier plus de 400 messages
Romancier
Vous avez créer 20 sujets
Le pouvoir de l'amitié
Vous avez demander un membre en ami
Le pins symbolique
Vous êtes sur le forum depuis plus d'un an
Messages : 548
Date d'inscription : 11/01/2021

Chronique des compagnons au quatre vents Empty Re: Chronique des compagnons au quatre vents

Jeu 3 Fév - 14:49
L’histoire de Mathilde commençait de façon assez désolante. La vieille harpie de Valtergi avait quand même des bons côtés. Elle s’était démenée pour préserver les petites mains de la Citadelle des affaires internes. Si elle avait su avec succès maintenir leur emplois, elle ne pouvait rien contre les excès d’humeur des différents membres. Mathilde, Bérangère, Adam… tous avaient eu leur lot de coups durs. La lavandière me racontait comment le commis Benjamin s’était fait rouster pour avoir soit disant gâché une soupe avec des épices un peu original et pourquoi Henry avait dormi plusieurs nuits au étables suite à un malentendu. 

Tu n’imagines pas, parfois l’intendant nous hurle dessus dans les couloirs simplement pour avoir laisser échapper un rire. Rien ne va plus ici. Je crois que même Albert est au bout du rouleau, lui qui passe son temps avec les bêtes pourtant… Déjà on lui coupe une partie de son salaire et en plus il se prend des réflexions désobligeantes toute la journée, lui pourtant irréprochable…. Même les écuyers ne prennent plus la peine de le saluer. Il n’en parle pas mais je sais qu’il hésite à partir, si seulement il avait ailleurs ou aller. Si seulement nous avions ailleurs où aller.

A l’en croire, l’ambiance n’avait fait que se dégrader depuis mon départ. J’aimerais dire que Mathilde dépeignait un tableau tragique de la situation mais… ce n’était pas le cas. Autrefois, elle ne lambinait pas sur les superlatifs ridicules pour décrire absolument tout. Dans ses lettres-ci, il n’en était rien. Si même elle avait perdu sa verve, je ne donnais pas chère des autres. Oui vraiment, ce qu’elle taisait m’inquiétait plus que ce qu’elle disait. Je comprenais à demi-mot qu’elle était devenue la cible de harcèlement, elle n’avait rien dit de son agresseur, mais je me faisais peu d’illusion sur son identité. La situation devint critique après la démission de Valtergi.

“Bérangère dit que ce n’est pas normal ce qu’il fait. Elle me dit d’en parler, Peut-être à Vifacier. Je ne sais pas. Personne ne semble avoir le temps pour ça. J’ai pensé à Al’Hafik mais il n’est plus tellement présent. C’est un peu de ma faute, je ne devrais pas traîner seule et puis ce n’est pas bien de  rester en jupe quand il fait chaud, je devais garder ma surcote.  En fait, je ne pense pas que je vais en parler. Ca ne m'apportera que des problèmes ”

Je regrette vraiment qu’elle ne soit plus là. Avant au moins nous savions que nous avions toujours quelqu’un vers qui nous tourner. Elle était pas facile mais elle a fait beaucoup pour nous. Elle n’a pas sortis que moi de la misère… Dernièrement j’ai l’impression d’y être retourné, dans la rue je veux dire, quand il fallait ne jamais traîner seule dans un couloir et toujours verrouiller sa porte. J’étais chez moi ici, Valtergi nous protégeait tous. Maintenant, je n’ose plus tellement flâner, je préfère rentrer vite dans nos baraques. On ne sait jamais ce qu’il se peut se passer. Sur qui on peut tomber.”

La situation fut apparemment un déclic chez les plus jeunes au sein du personnel. Le préjudice subit par Mathilde, l’inaction des autres et la partialité des membres de la Guilde, qui à présent ne prétendaient même plus les connaître, rebella un grand nombre. Je ne suis pas surpris de savoir que Benjamin fut le chef de file, il en avait toujours pincé pour Mathilde et décida vraisemblablement de faire justice lui-même. Les écuyers, sensiblement du même âge que les pages, devinrent une cible privilégiée, un exutoire nécessaire.

Jam mis du piment dans le pain favori de Korsen! Il est fou! Korsen était dans un état! Il suait, rouge comme la braise en toussant et s’étranglant! Ce spectacle! Le borgne a pété un boulon pour savoir comment s’était arrivé! Il a failli étrangler un cuisinier! Heureusement que quelqu’un est intervenu! Qu’est ce qu’il lui a pris! Stupide commis! Le pire c’est que depuis, les pages qui l'adulent n'arrêtent pas de l’imiter! Ils planquent des cailloux dans les chaussures des Compagnons, défont leur lit des écuyers pour qu’ils se fassent punir et certains vont même jusqu’à mélanger les ordres de mission volontairement!  ”

Quand je feuilletais les lettres suivantes de Mathilde, ce n’était qu’une succession accablante d’histoire pittoresque mettant en scène les petites mains de la Citadelle et leur déboire. Je n’avais pas anticipé la façon dont les choses tourneraient, ça c’est sûre. Même si quelque bonne âme comme Ivy Frey tentait de redresser la barre, les mauvais traitements et le manque de considération avaient fini par mener le personnel dans une véritable guérilla. En réponse, les Compagnons n’en étaient que plus durs.

“Voilà que Jam a remis ça, cette fois il a réussi à appâter l’horrible chien croûteux de Korsen et à lui tendre un piège! Tout le monde sait qu’on ne devrait pas s’en approcher! Ce barabare ne supporte pas qu’on pose un regard sur son sale cabot. Quand Korsen l’a découvert, il a passé Jam à tabac! Bon sang je ne sais pas s' il va s’en remettre… Il est salement amoché, Ancre! Le pire c’est que personne n’est intervenu, sans Adam le meunier, je crois qu’il serait mort. Du coup lui aussi a trinqué. On en a parlé au chef Orque… il a haussé les épaules et a simplement rappelé Korsen à l’ordre... la bonne affaire.”
Lilyth
Lilyth
Rédacteur en chef
Rat de bibliothèque
Vous avez publier plus de 400 messages
Romancier
Vous avez créer 20 sujets
Le pouvoir de l'amitié
Vous avez demander un membre en ami
Le pins symbolique
Vous êtes sur le forum depuis plus d'un an
Messages : 548
Date d'inscription : 11/01/2021

Chronique des compagnons au quatre vents Empty Re: Chronique des compagnons au quatre vents

Jeu 3 Fév - 15:08
La Citadelle des Compagnons de l’Aube avait longtemps fait partie des exceptions, les employés y étaient bien traités et appréciés pour leur travail. Ce temps était révolu, comme ailleurs ils étaient traités avec mépris ou indifférence. Mathilde désespérée ne faisait même plus la différence entre la bonne volonté des uns et la mesquinerie des autres, tout le monde en prenait pour son grade dans sa lettre à présent déchirante où l’on devinait sa détresse.

“Certains disent qu’on devrait partir. Partir où? Moi je comprend bien que c’était mieux quand on avait de l’argent mais… on me nourrit et on me loge… je n’ai nulle part où aller. Henry dit que je me fais des idées si je crois survivre ici, il n’a pas tort un jour il n’y aura plus personne pour empêcher quelqu’un de me foutre à terre et de me prendre comme Une chienne. Albert lui est parti. Sans salaire, il ne peut plus subvenir aux besoins de sa famille. Bérangère ne dit rien. Je sais qu’elle subit. Elle me protège, la pauvre. Je ne sais pas comment la remercier.”

Le coup de grâce fut quand les salaires cessèrent de tomber. Le pseudo chef de Guilde n’avait nommé personne pour reprendre les tâches de Valtergi, l’intendant était parti avec la caisse sous le bras et au final personne ne s’occupait plus de cela. Je compris entre les lignes qu’il était devenu difficile de savoir qui faisait partie de la Guilde ou qui n’était que de passage pour profiter de l’orque ivrogne et de ses frasques. Apparement, Al’Hafik avait suivis sa femme et Vifacier? Vifacier n'avait plus les épaules pour porter cette guilde à bout de bras, elle n’était plus là pour tout maintenir en place. Quand au Nordique psijiique avait depuis longtemps perdu la tête dans la quête insensée de sa fiancée. 

“Il reste du monde dans la Citadelle au ça oui! Des clodos et des putes si tu veux mon avis. Ils empestent la mhyres et l’alcool, ne vivent que pour danser et baiser avec l’argent gagner on ne sait comment! Ce sont des coupes-jarrets rien de plus! Des dignes paladins, des nobles chevaliers? Il ne reste rien! C’est si… si… déplorable!”

“Jam parle de tout quitter et il y en beaucoup qui sont d’accord. Surtout parmi les protégés de Valtergi, ceux qui n’ont rien, cette idée est très attractive. Le mot a pris comme une poignée de poudre. Je crois que même Jam est dépassé, le bouche à bouche Rougegarde à eu quelque raté: ils pensent tous que l’on va se soulever et reprendre nos droits sur la Citadelle. Mais qu’est qu’il croit? Qu’on est une sorte de peuple soumis… dire qu’il suffirait de démissionner. Pourquoi leur ego les en empêche? Mais cette idée est si plaisante. On pourrait fonder quelque chose nous-même, pourquoi pas une guilde?”

“Jam a frappé quelqu’un. Un Compagnon. Je n’étais pas là mais on m’a dit qu’il s’était moqué de nous, de notre travail, comme quoi on ne servait à rien et qu’en chouinait comme des enfants alors qu’on ne nous gardait que par charité. Ils parlent de le faire emprisonner ou de le livrer à la garde. Avec son passé… Mon dieu, il vont l’envoyer au garnison… Ancre, qu’est ce que je devrais faire? Je crois que c’est la fois de trop … Les autres sont furieux. Je crois qu’un drame se prépare… Et Jam! Comment on va le sortir de là.”

Tu ne vas pas le croire: cette ordure d’orque qui se prétend bras armé de la grande Justice et de l’ordre…. il a accepté que Jam soit fouetté pour son injure… Injure?! Pour deux beignes?! Oh Ancre si tu étais là… tu aurais pu trouver les mots pour l’en dissuader! Mais ses nouveaux “camarades”, les “vraies”” ceux qui ne l’ont pas trahis,  ils susurrent à son oreilles comme des démons. Un haussement d’épaule, tu te rends compte, quand il a déclamé la sentence il haussé les épaules! Il s’en fichait! Quelqu’un doit arrêter cette folie. Nous ne sommes pas des esclaves bon sang! Nous devons faire évader Jam!”
C’était la dernière lettre que j’avais reçue avant des semaines. La dernière portant le tampon des Compagnons également. 
Lilyth
Lilyth
Rédacteur en chef
Rat de bibliothèque
Vous avez publier plus de 400 messages
Romancier
Vous avez créer 20 sujets
Le pouvoir de l'amitié
Vous avez demander un membre en ami
Le pins symbolique
Vous êtes sur le forum depuis plus d'un an
Messages : 548
Date d'inscription : 11/01/2021

Chronique des compagnons au quatre vents Empty Re: Chronique des compagnons au quatre vents

Jeu 3 Fév - 18:56

La lettre suivante était dans un papier bien moins reluisant, sans enveloppe ni cachet, écrite maladroitement avec un jonc plutôt qu’une plume. Elle était bien plus longue que les court messages dont j’avais l’habitude à ses débuts ou que les lettres conséquentes qu’elle envoyait depuis mon départ.


A celui qui écrit pour faire vivre le temps,

Cher Ancre-les-mots,


Voilà longtemps que je n’ai pu te donner de nouvelles, enfin je trouve de quoi t'écrire et le temps de le faire. Il s’en est passé des choses depuis ma dernière lettre car vois-tu j’ai quitté la Citadelle avec une quinzaine de mes camarades. Ce n’était rien de prévu et nous voilà bien démuni, mais c’est un récit qui mérite d’être compté.


Tu te souviens sûrement que Jam devait être puni pour sa soi-disant impudence. 20 coups de fouet, ni plus ni moins, comme si on était des esclaves! Le Compagnon cruel qui a proposé cette punition a dit que c’était ça ou la garde… Mais Jam, la garde l’aurait enrôlé de force dans ses rangs avant de l'expédier au front en Cyrodiil! De la chair à canon! Le pauvre tremblait de peur quand Ghorthul lui a demandé de choisir. Comme si il avait le choix! 


Alors voilà que le lendemain à l’aube, quand Benjamin devait se faire fouetter, on était tous en transe. Silence total, pas un seul d’entre nous n’avait l’appétit de manger ou l’envie de faire son travail. Je ne vais pas mentir, je pleurais à chaudes larmes. Finalement c’est Bérangère qui a fait un truc de fou ,  quelque chose d'inattendu. Elle a frappé des deux points sur la table “Ca suffit” qu’elle braille “Je peux pas tolérer qu’un ptiot s’fasse traiter comme ça par un crétin pour des conneries! Faites c’que vous voulez bande de larves! Moi je suis pas né pour m’faire marcher dessus!” Voilà qu’elle se lève en reversant le banc et ses occupants! Bougre de femme! Je sais pas pourquoi mais je l’ai suivie.


Tu savais qu’on avait un donjon sous nos pieds? Rien que d’y repenser ça me fait froid dans le dos. C’est là que c’est immédiatement dirigé Bérangère, une sorte de grotte vraiment louche avec plein d'outils en métal et de cage, à vous donner des cauchemars. Furibonde elle a avalé la distance des couloirs à une vitesse folle, moi je trottais derrière toute essouflée. Elle dit toujours que son genoux la fait souffrir, bah bons dieux, j’imagine pas quand elle était au sommet de sa forme! On les as rapidement trouvés tu sais, les cris de Jam… Rien que de les entendre, je voulais vomir. Ils avaient menti, je ne sais pas qui était ce type, mais pour sûr il ne faisait pas partis de la Guilde et ca… ce n'était pas des coups de fouet… Je me suis mis à trembler, j’ai voulu crier, rien ne sortit. Bérangère, elle grognait comme un loup! “Merde… Merde!” qu’elle répétait en accélérant.


Tu sais, elle nous disait, toujours qu’avant elle aussi était une grande aventurière et que sans son foutu accident, aujourd’hui elle serait sûrement en train de chevaucher à travers monts et vallées. J’ai toujours cru que c’était des bêtises, pour nous faire rêver, pour justifier les histoires qu’elle racontait. Oh Ancre, tu l’aurais vu! Plus jamais je ne douterais de ses mots! 


Bérangère m’a bloqué la vue de sa main, je crois qu’elle se doutait que je ne voudrais pas voir ça. Elle a grondé “Vous allez morfler bande de connards”. Les deux espèces de zigotos qui encadraient l’ouverture se sont retournées. Bérangère s’est mise en action. A part dans la tour d’entraînement des Compagnons, je n’ai jamais vu quelqu’un bouger aussi vite! Elle a encastré le premier dans le mur et lui a volé son sabre avant de le planter le bout avec la poignée dans le bide. “Putain de monstres! Je vais vous saigner!” Les autres je sais pas trop ce qui leur est arrivé, ça s’est passé très vite. En tout cas je t’assure: Bérangère savait utiliser une épée et elle réussit à les repousser sans mal. Je sais même pas à quel moment je me mettais à hurler, je sais juste qu’ils se sont tous retournés et que Bérangère à pu atteindre Jam pour le sortir de la. On a couru en soutenant comme qu’on pouvait Jam. Bérangère nous encourage “Aller aller! Ralentissez pas! En avant! Dépéchez! On bouge! On va sortir!” 


Je ne sais pas pourquoi, mais elle connaissait les sous-sols et trouva une seconde entrée qui donnait sous le tertre. Tu sais, celui où des stèles représentant les grandes constellations avaient été construites. Instinctivement, moi et Jam avons voulu nous faire discret mais voilà qu’elle nous tire par le bras “Pas le temps pour la dentelle! Faut qu’on bouge. Être furtif ne nous aidera pas!”. On a détalé comme des lapins. Au début on savait pas où aller, j’ai proposé Albert et c’est là qu’on s’est rendu. Il nous à cacher dans l’étable. 


Je ne sais pas à quoi je m’attendais, des gardes? Des poursuites? Mais rien ne vint. De ce que nous a dit Henry, ceux que nous avions agressé se sont payé une bonne tranche “Eh t’as vu comme un beuglait le gosse? Ahaha et cette vieille qu’à débarque pouah, tout ça alors qu'on s’amusait juste un peu. Elle m’a pas raté, t’a vu ce cocard?! Putain je me serais comme même bien farcis la gamine, si elle beugle au lit comme ça… ahah”.  L’histoire fut vite oubliée, nous ne méritions pas qu’ils nous poursuivent ou nous punissent. Ils ne se souviennent probablement plus de nos visages. Jam avait quand même bien pris. Apparemment son silence face aux provocations n’avait pas plus. Ils s’étaient donné comme défi de lui faire cracher un mot et l’avait rouée de coups. Mais ça on ne le sut que le lendemain, parce qu’il perdit connaissance sans raison. Hémorragie interne nous révéla le médecin plus tard”


Mathilde racontait ensuite comment ce déclencheur avait poussé beaucoup à quitter la Citadelle et bientôt la maison d’Albert devient l’étrange hybride entre un hospice pour sans-abris et une auberge de jeunesse. Selon la jeune fille, il s’était créé entre eux une grande camaraderie et un esprit de famille ou chacun comptait sur les autres pour l’aider. C’est ainsi visiblement que germa l’idée ridicule de former une guilde, pour concrétiser tout ça comme disait Mathilde. Comme Albert ne pouvait décemment pas accueillir indéfiniment tout ce beau monde, il fallut trouver une solution. Mathilde ne m'a pas transmis les détails de cette phase et je comprenais que cela avait dû être une vraie débacle. 


J’imaginais facilement que les jeunes avaient dû se sentir pousser des ailes et entreprendre milles projets et que tout avait fini par tomber à l’eau. Je comprenais à demi-mots qu’il y avait eu des problèmes de dettes et de redevance, même des soucis avec la Pègre. Sans nul doute, ses vas nus pieds rameuté par Valtergi au quatre coin du bois noir avait-il bien vite repris leurs habitudse. J’ignore si les plus âgés les avaient organisés dans le crime ou si au contraire ils les en avaient dissuadé; mais j’étais sûre d’une chose: c’était l’ombre des autorités qui les avaient forcé à quitter Leyawiin.




Heureusement Mathilde avait eu la brillante idée d’utiliser le prétexte de la fondation d’une guilde pour s’en sortir, échapper à la milice de la ville et conserver l’unité de la joyeuse bande. Tout cela simplement en se mettant sous la tutelle d’une alliance plus importante que l’état indépendant du Bois Noir. Je ne doutait pas de son charme et de son éloquence pourtant il semblait évident que cette idée ne lui était pas venu à l’idée seule. Et c’est ainsi que me fut introduite un nouveau protagoniste de cette épopée fantastique: Shelth. De mémoire, il me semblait que c’était une apprentie mage qui avait plusieurs fois sollicité la Guilde pour son maître. Et son maître, je le savais, était le fameux amant de Ganzaêlle: le mage Alandmir de GardeCiel. Il semblait qu’elle ait été mêlé à tout cela tout à fait par hasard


Shelth nous a trouvé alors que nous traînons Jam inconscient jusqu’à la maison d’Albert. Elle n’a pas cessé de dire que nous perdions notre temps à et que nous serions trop lentes pour le sauver. Je l’ai suppliée de nous aider, elle a fini par accepter de nous ouvrir un portail en proche d’un apothicaire qu'elle connaissait bien.Sans elle, je pense qu’il aurait eu de graves séquelles. ”

 

Ayant pu en personne observer le phénomène, je savais que la Dunmer n’était pas du genre à aider son prochain ni à s’inquiéter d’une sorte d’une bande d'hurluberlu qui se prenait pour des révoltés en fuite. Je comprenais qu’elle s’était trouvée mêlée à cette histoire bon gré mal gré. Je pense qu’elle y voyait davantage un moyen d'échapper à ses devoirs au sein de la guilde des mages qu’un élan altruiste. Ou peut-être qu'à excédé par l’incompétence risible des domestiques naïfs et simplets, elle s’était surprise à les guider. Elle devint une sorte de chaperon qui leur indiquait que faire et je gloussais chaque fois que je l’imaginais serrer les dents en entendant leur jérémiade puis les envoyer paître en roulant des yeux sans savoir que ses mots seraient entendus. “Vous n’avez nulle part où dormir?! Mais bande de… vous n’avez qu’à échanger vos services contre une nuit au sec! Ce n’est pas compliqué pourtant!”. Peut-être que c’était pour le plus grand bien qu’elle se joignit à eux puisqu’une occasion des plus surprenantes se présenta:


C’est Adam qui nous sauva la mise. Il enchainait les petites boulots dans les champs avec les costauds du groupe et nous rapporta qu’un chatelain au Sud du Bois Noir cherchait des gens pour coloniser une territoire rude qu’il avait récemment acquérit. Nous aurions le droit de cultiver le sol, de bâtir des maisons, exploiter les richesses en échange de quoi nous nous soumettions à la loi du petit seigneur, occupions ses terres en repoussant de potentiel concurrent et nous acquittions d’une taxe symbolique.


“Alors voilà nous sommes arrivés dans la forteresse du seigneur Vichel. Nous ne sommes que 14 de la Citadelle mais avec les autres volontaires qu’il a recruté nous sommes déjà une trentaine en plus certains d’entre nous ont convaincus leur famille de se joindre à nous. Albert viens avec sa femme et ses trois filles les plus jeunes. C’est un nouveau départ pour nous tous tu sais! On ne sait pas ce que demain nous réserve mais j’ai bon espoir. Avant de partir Henry est allé en ville pour faire les dernières démarches pour fonder notre propre Guilde! Nous prenons bientôt la route, elle est encore longue jusqu’à notre nouvelle colonie. Je t’écrirais si je le peux, peut-être bientôt entendras-tu parler de nous sous notre nouvelle bannière!




L’histoire aurait pu s’arrêter là, ensuite je recevrais la mystérieuse missive bleu scellé de cuivre avec l’emblème flambant neuf de leur petite association. Mais pour mon plus grand plaisir ce n’était pas le cas. Moultes lettres n’attendaient que d'être lu. Je me ressert un verre de nectar et allume quelques bougies avant de confortablement m'installer. Je sens que les prochains rebondissements allaient me laisser sans voix. Je ne me trompais pas. Les petites mains n'étaient pas au bout de leurs peines. Un chapitre bien plus sombre les attendait puisqu’un nouveau fléau s'abattit sur eux: La maladie.



Contenu sponsorisé

Chronique des compagnons au quatre vents Empty Re: Chronique des compagnons au quatre vents

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum