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Général Patafouin
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Un éclat hors du temps Empty Un éclat hors du temps

Dim 12 Déc - 19:41
Un éclat hors du temps Titre-11



Le talisman mena Mélicendre sur une grande esplanade face à la mer. Le jour venait  tout juste de tomber sur la ville d’Étincelance et la lune faisait briller ses premiers rayons sur les vagues qui se fracassaient au pied de la falaise. La bandelette de papier se dématérialisa entre ses mains, se dissipant en un nuage de poussière dorée. Les odeurs de nourriture commençaient à emplir l’air et des notes de harpe et de luth pouvaient se faire entendre au loin, en provenance des ruelles en contrebas. Derrière Mélicendre se trouvait une grande demeure de marbre blanc. Sur l’une des pierres près de l’entrée, un griffon était gravé.
Elle observe l’environnement autour d’elle, avant de s’avancer vers la grande porte et de frapper deux fois. Elle recule d’un pas et attend patiemment. Enlevant le capuchon de son visage.


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Une Altmer d’âge moyen au visage anguleux ouvrit alors la porte pour scruter la divinatrice de la tête aux pieds, l’air peu amène. “Encore une autre Nebarra…” se dit-elle, avec agacement. Elle parvint malgré tout à demander, feignant l'amabilité :




  • Oui ? Qu'est-ce qui vous amène ?
  • Hm. Bonjour… Je viens voir Aesril. Dit-elle d’une voix calme et uniforme, en levant un sourcil devant le ton de l’Altmer face à elle.
  • D’accord, répondit la femme, grinçante. Et vous êtes ?
  • Vous n'avez qu'à lui dire que son serpent est arrivé… 



La femme haussa les sourcils avec dédain.



  • Son serpent ? Ah, que les dieux nous gardent !



Elle parut hésiter un moment avant de se dire que l’attitude de la femme ressemblait bien à son employeur. Elle se pencha un peu plus vers la divinatrice pour mieux l’analyser.



  • Je suppose que vous êtes cette fameuse “Mélicendre” ? lâcha-t-elle,  suspicieuse.



Elle sourit, ravie de voir qu’elle était attendue et se pencha vers l’Altmer plongeant son regard dans le sien, taquine en voyant sa suspicion.



  • C’est bien ça, la fameuse, enchantée. Chuchota-t-elle, amusée.



La domestique eut un mouvement de recul, incommodée par cette soudaine proximité et par l’impudeur de l’étrangère.



  • Bien… Entrez dans ce cas, je vous en prie, capitula-t-elle, de mauvaise grâce, ouvrant la porte un peu plus grand pour laisser le passage à l’invitée.



Mélicendre, fit un signe de tête à l’Altmer en guise de remerciement. La douceur de la nuit plongeait l’entrée dans une légère obscurité, mais elle pouvait discerner sans mal le goût prononcé et le faste du lieu. De nombreuses questions défilaient dans sa tête et son regard se posa sur le magnifique escalier de bois sombre qui épousait le mur. Elle était envahie par la curiosité et passait sa langue sur l’intérieur de ses lèvres, en fronçant les sourcils. Elle pouvait sentir l’odeur du bois ancien des meubles qui décoraient la pièce, rappelant l’odeur d’Aesril. En fait, cette demeure était totalement à son image.


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La porte débouchait sur un petit vestibule où brûlaient quelques bougies, maintenues dans un candélabre argenté, illuminant faiblement la pièce où l’on devinait une armoire ancienne au bois patiné. La domestique referma la porte derrière Mélicendre et s’avança vers elle pour lui demander, sur un ton moins sec :



  • Puis-je vous débarrasser de vos effets ?
  • Avec plaisir. Pardonnez-moi, mais vous êtes ? Demanda-t-elle en souriant, se débarrassant de la longue cape noire qui habillait ses épaules.
  • Dorilwën, répondit l’Altmer machinalement. Je suis employée par Monsieur.



Malgré son manque d’aménité, Dorilwën attrapa toutefois avec délicatesse la cape de la divinatrice pour la suspendre soigneusement à l’intérieur de la vieille armoire.



  • Et bien, merci  Dorilwën. Dit-elle en feignant la sympathie.



 La domestique se tourna ensuite vers l’invitée et lui désigna d’une main le hall, dans la pièce attenante. 



  • Je vais aller prévenir Monsieur de votre arrivée. Vu que vous n’avez pas annoncé la date et l’heure de votre venue, j’ignore s’il est disponible immédiatement. Je vous demanderai d’attendre dans le hall, si vous voulez bien.




  • Vous direz à Monsieur, qu’il précise l’heure et le jour la prochaine fois, dans ce cas. Je patiente, merci. Riposta-t-elle dans un sourire pincé.



Dorilwën lança à Mélicendre un regard méprisant, mais ne répondit rien. Elle se contenta d’appuyer son regard sur la robe de la jeune femme dont elle trouvait le décolleté bien trop osé à son goût, pour lui signifier son indignation. Elle répondit avec une fausse obséquiosité, s’inclinant légèrement :



  • Bien Madame. Votre obligée.



Elle repartit en direction des étages supérieurs, à petits pas vifs.


Mélicendre sourit faussement à Dorilwën. Elle ne s’imaginait que trop bien ce que l’employée pouvait penser d’elle et peu lui importait ; elle avait si souvent fait face à ce genre de situation, ce genre de faux-air. Elle attendit que l’Altmer disparaisse dans les escaliers pour s’aventurer plus profondément dans la demeure, caressant du bout des doigts le bois noble et ancien des meubles, pouvant ressentir chaque nervure, chaque défaut. Elle passe une grande porte avant d’arriver dans une salle immense ; l’atmosphère était similaire à celle du vestibule, l’éclairage était doux et tamisé.

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 Elle déambulait sur le parquet qui grinçait sous sa progression qu’elle tentait de dissimuler en apaisant ses pas, observant la hauteur du plafond, les murs. La pièce était grande, mais peu meublée. Son regard s’arrêta sur un immense mur affublé d’un nombre important de tableaux. Elle marqua une pause, se laissant absorber par la beauté des toiles et l’ambiance qui se dégageait de celles-ci, peintures à l'huile, portraits... la poussière s’était accrochée sur le grain de la toile de certains tableaux. Son œil fut attiré par un regard, un Altmer, la lumière dans ses yeux, ses cheveux, sa posture, elle n’avait pas besoin d’explications, elle l’avait vu… Elle savait qui il était et n’avait aucun mal à reconnaître ce petit air sévère, austère. Un frisson parcourut son corps et elle changea de toile, pour s’arrêter sur une peinture plus lumineuse, un paysage ; le coup de pinceau était assuré, mais délicat, les détails étaient si bien exécutés qu’elle se sentait comme absorbée dans un autre univers. Elle ferma les yeux pour s’évader vers cette pensée. À côté de ce tableau se trouvait un portrait, une Altmer cette fois, la toile était grande, le regard de la femme était doux et agréable, rassurant. Le contraste était flagrant entre tous ces tableaux qui absorbaient Mélicendre, la ralentissant dans ses découvertes.


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Pendant ce temps, Dorilwën avait gagné les étages supérieurs et se hâtait dans les couloirs pour frapper quelques petits coups discrets sur la porte close d’une chambre.



  • Monsieur ? demanda-t-elle, nerveusement.
  • Entrez, Dorilwën répondit Aesril, calmement.


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La domestique hésita un moment, sachant pertinemment que le moment était mal choisi pour le déranger, mais elle savait aussi qu’il avait horreur de se répéter et elle tourna aussitôt la poignée. Derrière un paravent tiré, étendu dans un baquet d’eau fumante, elle entrevit la silhouette de son employeur qui se reposait, la tête en arrière, soutenue par une serviette de lin. Elle fit quelques pas incertains dans la pièce avant de s’arrêter.



  • Eh bien, Dorilwën, vous avez perdu votre langue ? questionna l’homme, les yeux fermés, faisant jouer l’eau du bout de ses doigts.
  • C’est… votre invitée. Dame Mélicendre. Votre “serpent”. ajouta-t-elle avec une pointe de médisance dans la voix.



Il releva doucement la tête en direction de la domestique.

  • Elle est ici ?
  • Oui, je l’ai fait patienter en bas, dans le hall. 



Il sourit. Mélicendre, patienter dans le hall… Ça semblait peu probable qu’elle ait sagement attendu à l’endroit que Dorilwën lui avait indiqué. Elle allait la faire tourner en bourrique c’était certain. Il se releva et attrapa un serviette posée sur un tabouret à côté de lui, rabattant d’une main ses cheveux en arrière. Dorilwën, mal à l’aise, n’osa plus regarder en direction du paravent, quand bien même celui-ci dissimulait très bien l’homme qui se trouvait de l’autre côté.



  • Dans ce cas, ne la faites pas attendre plus longtemps. Faites-la monter jusqu’ici, lança Aesril en sortant de l’eau et en se séchant rapidement.



Instinctivement, Dorilwën rabattit des yeux éberlués vers le paravent.



  • Ici ? Maintenant ? questionna-t-elle abasourdie, papillonnant des paupières.



Elle n’en revenait pas de l’indécence de sa demande. Aesril ne se départit pas de son calme pour autant. Il noua la serviette autour de sa taille et se dirigea vers une penderie pour y chercher des vêtements propres. La domestique baissa à nouveau les yeux au sol, incommodée. 



  • C’est cela. Et souvenez-vous : soyez gentille avec elle, hmm ? C’est une invitée, pas une importune.
  • Monsieur, je ne me permettrais jamais de traiter vos convives autrement qu’avec la plus grande déférence, protesta-t-elle.



Quelles que soient leurs origines ou leurs mœurs…" ajouta-t-elle intérieurement, pour elle-même. Aesril n’était pas dupe et esquissa un sourire narquois.



  • Elle sera certainement allée visiter, ne la sermonnez pas, elle a mon autorisation. Je vous demanderai seulement à ce qu’elle n’approche pas des quartiers de ma mère. Elle s’y trouve bien, n’est-ce pas ?
  • Oui Monsieur, elle s’y repose, je lui ai porté son dîner il y a peu.
  • Bien. Dans ce cas, je vous laisse aller chercher Mélicendre et la mener jusqu’ici. Vous nous apporterez du vin également, le cru de Soltenure, ainsi que de quoi dîner. Merci.



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Comme Dorilwën demeurait indécise, réticente à retourner chercher l’étrangère pour l’amener à son maître, il se retourna et appuya sur elle un regard plus sévère.



  • Ce sera tout, Dorilwën. 



Comme frappée d’un courant électrique, elle s’inclina profondément avant de repartir à la recherche de la femme “en tenue légère”. Elle ruminait de devoir servir une telle personne. “Une Nebarra et une traînée, dans la chambre de Monsieur, lui, un Mer d’une famille si réputée… quelle infamie…” maugréa-t-elle intérieurement tout en se dirigeant au bas des escaliers, cherchant la dénommée Mélicendre du regard sans l’apercevoir.


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  • Mais… où est-elle passée ? s’étonna la domestique qui n’avait pas cru une seule seconde les dires de son employeur. Madame ? Madame, où êtes-vous, appela-t-elle, affolée en se dirigeant vers la grande salle.



Elle s’orienta à l’intérieur de la pièce, fulminante de devoir ainsi se plier aux caprices de cette femme. Elle jeta un coup d'œil circulaire dans la salle, sans parvenir à l’apercevoir. C’en était trop, cette fois-ci, elle en était sûre, elle se jouait d’elle. Elle s’avança à petits pas vifs, cherchant éperdument où elle avait pu se rendre avant de remarquer la porte vitrée entrebâillée menant au jardin. Elle appela à nouveau, ne pouvant dissimuler son irritation.


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  • Madame, si vous voulez bien revenir, Monsieur vous attend !
  • Joignez-vous à moi, Dorilwën, Je suis dans le jardin. Dit-elle sournoisement. Monsieur peut attendre quelques minutes de plus. 



Dorilwën sentit le sang lui monter aux joues. Elle l’aurait étranglée. Ces Nebarras n’avaient absolument aucun savoir-vivre, mais celle-ci devait être la pire. S’imaginait-elle qu’elle n’avait que cela à faire que de lui courir après et faire attendre Monsieur, de surcroît ? La peur s’empara d’elle. Allait-il la punir de mettre autant de temps à revenir ? Elle se hâta un peu plus en direction du jardin.



  • Madame, s’il vous plaît, Monsieur a horreur d’attendre, revenez immédiatement, insista-t-elle.
  • Ne trouvez-vous pas que la lune est merveilleuse ce soir, Dorilwën ? Questionna-t-elle l’Altmer impatiente, qui se tenait dans son dos, en se jouant d’elle. Prenez donc, une minute pour la contempler, cela vous fera le plus grand bien, j’en suis certaine.



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La domestique parvint enfin à retrouver l’étrangère qui se trouvait à l’orée du jardin. “Contempler la lune, non mais qu’est-ce qui lui passe par la tête ?!” Elle en était convaincue, cette femme était soit folle, soit déterminée à l’insupporter.



  • Madame ! s’exclama-t-elle d’une voix suraiguë tant elle était étranglée par l’énervement. Je… Je vous prierai de bien vouloir me suivre !
  • Passons un accord, je vous suis avec la plus grande discipline, si vous prenez le temps d’observer la lune, au moins… Hum… deux minutes avec moi. 
  • Ob...ser...ver… Madame, je n’ai pas que ça à faire, je… 



Les ordres se contredisaient et elle ne savait plus ce qu’il convenait de faire. Elle se rappela la demande de son employeur insistant sur le fait d’être “gentille”. Elle se demanda pourquoi il avait fallu que ce soit pour cette femme qu’il donne cette consigne. Pourquoi fallait-il que la seule fois où il reçoive quelqu’un, il s’agisse d’une invitée aussi grossière ? Elle capitula malgré tout.



  • Je suis à votre service, Madame… cracha-t-elle entre ses dents.



Mélicendre attendit que Dorilwen capitule et se place auprès d’elle, pour se tourner vers elle en souriant.



  • Et bien, ne faisons pas attendre Monsieur… Je vous suis. Affirma-t-elle en feignant l’impatience.



La domestique foudroya Mélicendre du regard. Elle haïssait sa façon méprisante et capricieuse de la traiter. Elle dût se faire violence pour ne pas la traiter de tous les noms.



  • C’est par ici, grinça-t-elle en l’invitant à revenir à l’intérieur, pour refermer la porte derrière elle.




  • Je vous suis, dit-elle docilement, comme promis. 


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Elle la mena à travers les corridors et lui fit grimper les escaliers de bois massif, dont les tapis, limés par le temps, étouffaient les pas. Elle s’arrêta devant une porte et frappa à nouveau. 



  • Monsieur, votre invitée, annonça Dorilwën à travers la porte.
  • Faites-la entrer.



Elle posa alors la main sur la poignée pour ouvrir la porte. Elle s’arrêta et lança à l’étrangère un regard froid, comme pour aviser Mélicendre de ne pas commettre d’impairs. 
Mélicendre suivit l’Altmer sagement, et lui offrit un sourire éclatant quand celle-ci lui ouvrit la porte. Ne pouvant s’empêcher de tourmenter cette pauvre Dorilwën, qui ne l’avait que trop jugée à son goût, elle se permit une dernière brimade en entrant dans la pièce.



  • Bonsoir, mon amour. Lança-t-elle à Aesril d’une voix suave, espèrant choquer la pauvre femme.



Dorilwën ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes, manquant de s’étrangler, en dévisageant l’étrangère, se demandant si elle avait mal entendu.

Face à un miroir, Aesril, qui terminait de se raser, laissant une légère longueur de barbe, déposa le rasoir près d’une vasque pour se retourner en entendant la voix sensuelle de la divinatrice, l’appeler avec un surnom si caressant. “Elle semble de bonne humeur…” se réjouit-il, étonné. Il esquissa un sourire amusé en surprenant l’expression de sa domestique. Il ajusta les boutons des manches de sa chemise de soie blanche, rendue humide par ses cheveux perlant dessus, et fit quelques pas dans leur direction. Il se demanda un moment s’il voulait jouer de la situation et surtout, si Mélicendre accepterait qu’il se permette de telles libertés. Il adorait mettre Dorilwën mal à l’aise. Il lança un rapide regard espiègle à la divinatrice pour voir si elle le lui rendait. Mélicendre prenait un tel plaisir à ce jeu qu’elle en avait oublié l’espace d’un instant les évènements récents et lui offrit un sourire complice.



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Il s’épanouit de la voir ainsi répondre à son appel et reprit l’air le plus sérieux qu’il fut pour s’avancer droit vers elle et darder un baiser passionné sur ses lèvres, l’attirant délicatement à lui d’une main posée dans la cambrure de son dos.

Mélicendre était ravie de voir Aesril rentrer dans ce jeu pervers et se laissa faire, posant ses mains dans sa nuque, suspendu à ses lèvres, se retenant de rire. Après tout, l’heure des discussions viendra bien assez tôt. Songea-t-elle.


Dorilwën regardait éberluée ce spectacle impudique se dérouler sous ses yeux, comme si elle n’était pas là. Voir une telle chose se produire dans une telle maison… Elle ne l’aurait jamais imaginé. Elle se rappela alors qu’elle n’avait aucune raison de rester là et courut aux cuisines, chercher le vin et les repas qu’on lui avait demandé, priant tous ses dieux pour ne pas assister à une autre scène obscène à son retour. (*)


Lorsqu'elle fut partie, Aesril se détacha lentement de la divinatrice pour aller refermer la porte derrière la domestique, pinçant les lèvres pour étouffer un rire. Il se retourna alors vers Mélicendre et lui dit avec une pointe de malice :



  • Bonsoir, Joli Serpent. Je vois que tu as eu le temps de sympathiser avec Dorilwën ?



Elle fit quelques pas en arrière et sourit amusée en levant les sourcils vers lui.



  • Elle est charmante. Affirma-t-elle avec sarcasme.
  • Oui, j'étais sûr que vous vous entendriez bien, lança-t-il d'un ton pince-sans-rire.
  • Oh à merveille, elle a même regardé le ciel en ma compagnie. Pouffa-t-elle de rire, sans retenue.



Il fronça les sourcils et esquissa un sourire en coin, perplexe.



  • Dorilwën ? Quel sort lui as-tu lancé, sorcière ? lui demanda-t-il, amusé.
  • Le plus perfide… Je suis restée moi-même. Trancha-t-elle un sourire narquois affiché sur son visage en détournant son regard vers la fenêtre.



Il lui jeta un regard complice, hochant la tête de droite à gauche, comme pour mimer sa désapprobation.



  • Tu es une vilaine fille, Mélicendre. La pauvre Dorilwën ne va jamais s’en remettre.



Elle tourne la tête vers lui vivement, jouant la surprise, bouche-bée, posant une main délicate sur sa poitrine.



  • De telles accusations me brisent le cœur, cher Monsieur. Elle sourit, le regardant dans les yeux. Tu ne m’auras pas, je suis persuadée que c’est ton passe-temps favori.



Elle détourna ensuite son regard pour prendre le temps d’observer la pièce ; autour de lui se trouvait une quantité folle de livres, posés de part et d’autre, au mur des parchemins, représentant des paysages, et parfois des visages au fusain attiraient son regard, suivis d’autres, inscrits de formules. Elle tourna autour de lui pour progresser dans la pièce et observer de plus près chaque détail. Elle pouvait reconnaître certains titres de livres, quand d'autres lui étaient totalement inconnus. Sur une commode, un bâton était soigneusement entreposé, le bureau était admirablement bien rangé, elle déambula alors jusqu’au lit de l’Altmer et caresse les draps avant de s’arrêter près du baquet, duquel se dégageait une subtile odeur de lavande. Elle s’en approcha et plongea sa main dans l’eau tiède.



  • J’interromps quelque chose visiblement. Dit-elle d’une voix voluptueuse.



Il avait observé son petit manège avec curiosité, la laissant déambuler dans son univers, observer les détails de son quotidien, se mouvant avec indolence et sensualité, comme à son habitude, dans une démarche féline. Il se demandait ce qu’elle pouvait penser en ce moment. Sa voix le sortit de ses réflexions.



  • En effet… commença-t-il. Mais maintenant que tu es là, rien ne nous empêche de le poursuivre ensemble.



Il se souvint alors de la raison pour laquelle il l’avait invitée et se fustigea intérieurement de son effronterie. Il poursuivit sur un ton plus détaché :



  • Enfin… je voulais profiter un peu des quelques jours qu’il me restait ici pour prendre un véritable bain et me détendre. J’avais l’impression de ne pas avoir fait cela depuis une éternité.



Il passa une main distraite sur sa barbe fraîchement rasée. Cette sensation de netteté et de propreté lui était agréable.
Mélicendre leva les yeux aux ciels, derrière les paravents et réfléchit : la discussion, selon elle ne serait pas agréable, ni pour elle ni pour lui, il allait devoir probablement parler de souvenirs délicats, alors elle se dévêtit tout simplement et entra dans le bain silencieusement, relevant ses cheveux un peu plus hauts sur sa tête dans une coiffure approximative, passant délicatement l’eau tiède sur ses bras.



  • Et bien, d’accord. 



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En la voyant agir, il laissa retomber ses bras, pris au dépourvu. Il ne s’était certainement pas attendu à ce qu’elle fasse cela, du but en blanc. Il passa la main dans ses cheveux encore humides, jetant un regard sur le côté de la pièce. 



  • Tu es incroyable, toi, parvint-il seulement à dire.



Un pigeon pataud et grassouillet, se cogna alors dans la fenêtre de la chambre d’Aesril, et se posa sur le rebord sans aucune délicatesse, à sa patte se trouvait un message entouré d’un nœud de satin vert émeraude.

Il se retourna alors vers la fenêtre, détachant son regard de la sorcière à contre-cœur. 




  • Qu’est-ce que c’est que ça ?


  • Que se passe-t-il ? Questionna-t-elle, en entendant le bruit.



Il lui adressa un regard se voulant rassurant.

  • Ne bouge surtout pas, je vais voir ce que c’est.



Il se dirigea vers la fenêtre et attrapa précautionneusement le pigeon qui battait de l’aile, quelque peu affolé avant de refermer la fenêtre et de détacher le message de la patte. Il le déroula et en parcourut rapidement les lignes, le visage impassible.


Bonjour Mélicendre,

je me suis rendu chez toi 
pour essayer de te trouver

et de m'entretenir 
avec toi au sujet des Compagnons.

Pourrais-tu me retrouver à Rimmen

le Middas de Soufflegivre s'il te plaît.



Merci par avance,



Mazar Al'Hafik


Il fronça les sourcils. Rien que ce soir, il aurait aimé ne pas entendre parler des Compagnons. Malgré tout, il tenta de ne rien laisser paraître. Une autre chose le contrariait davantage dans toute cette histoire.



  • Un mot pour toi, Mélicendre, annonça-t-il.



Il allait lui donner le parchemin quand il releva les yeux vers elle et se rappela qu’elle se trouvait dans le bain.



  • Tu veux que je te fasse la lecture ?
  • Pour moi ? Vraiment ? Un pigeon obèse, je suppose, je veux bien, j’ai les mains prises. Lança-t-elle d’un ton délassé en souriant.
  • Hmm… Oui. Il faudra que tu m’expliques quelque chose après ça.
  • J’écoute… dit-elle, soudainement sérieuse.



Il lui lut la lettre et termina en relevant les yeux vers elle. Il ne parvint pas à attendre sa réaction et reprit immédiatement :



  • À qui as-tu dit que tu venais ici ? 
  • Personne. Dodu, peut me retrouver peu importe où je me trouve grâce au ruban que tu tiens dans ta main, d’autres questions suspicieuses ?
  • Pardonne-moi de m’inquiéter de notre sécurité, répliqua-t-il, nerveusement.
  • Aesril ! Absolument personne, ne sait où je suis. Je ne mettrais ni ta vie, ni la mienne en danger, je ne suis pas stupide ! Dit-elle en haussant le ton, le fixant du regard en levant un sourcil.
  • Non, je n’ai pas dit cela… Pardonne-moi. Il semblerait malgré tout que tes affaires reprennent. Tu comptes aller le voir ?
  • Il semblerait… tu m’as conseillé de continuer, pour ne pas éveiller les soupçons, cependant il me semble clair que là… Hum… Donne-le-moi s’il te plait ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils.



Il s’avança vers le baquet et lui confia le petit parchemin.



  • Tu as peur ? 
  • Pas pour … Non je n’ai pas peur. 
  • Hmm. Ce serait normal, pourtant.
  • Je ne m’inquiète pas pour moi.



Il fronça les sourcils.

  • Pour qui alors ?



Elle plonge son regard dans le fond du bain. 



  • Je vais répondre à Mazar. J’irai le voir demain. Lâcha-t-elle subitement pour changer de sujet.



Il s’accroupit près du bain, posant un bras sur le rebord.



  • Non, non. Ne prends pas de décisions impulsives. Cela commence à devenir dangereux, je le sais bien. Je sens que Mazar se doute de quelque chose, lui aussi.
  • Tu… T’inquiète ? Demanda-t-elle relevant les yeux vers lui.
  • Si tu crois que je ne m’inquiète jamais, c’est que je suis très doué pour ne rien laisser paraître.
  • En effet. 



On frappa alors à la porte de la chambre. 



  • Ah, c’est sûrement Dorilwën qui revient pour la suite des réjouissances. 


Il lui lança un regard amusé en se relevant.




  • Entre elle et le pigeon, espérons que nous ne serons plus dérangés après cela.



Il se dirigea alors vers la porte pour ouvrir à la domestique. Celle-ci jeta un coup d'œil dans la pièce pour tenter d’apercevoir où l’invitée était passée, sans succès. Aesril lui prit des mains le plateau qu’elle tenait. Il était empli de victuailles, du pain chaud, des raisins, du fromage, des petits poissons, des prunes saumurées et des cerises, ainsi qu’une grande carafe de vin et deux coupes de verre ciselé.



  • Merci Dorilwën, laissez-moi vous débarrasser. 
  • Vous n’avez besoin de rien d’autre, Monsieur ? Se hasarda-t-elle, en jetant un regard circonspect aux alentours.
  • Si, répondit Aesril avec un sourire faussement aimable. Un peu d’intimité ne serait pas de refus.
  • Merci, pour votre serviabilité Dorilwën. Lança Mélicendre d’une voix enjôleuse, en faisant des clapotis de sa jambe dans l’eau du bain.



La domestique écarquilla les yeux, ouvrant la bouche dans une expression d’indignation. Aesril lui lança un sourire empli de malice et referma la porte sous son nez d’un mouvement du coude avant de poser le plateau sur le tabouret près de la baignoire.



  • Tu aurais dû voir sa tête, cela valait son pesant d’or… Tu as faim ? Ou soif ?
  • Les deux, mais… j’ai les mains prises. Murmura-t-elle passant les mains sur ses bras et ses jambes, faisant mine de se frotter le corps.


Il plongea les doigts dans l’eau et lui éclaboussa le visage en guise de représailles.




  • Je vois… commença-t-il, taquin. C’est étrange, ça me rappelle quelque chose. J’ai compris, tu te venges, tu as raison. 
  • Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, dit-elle en feignant l’ignorance.



Il se pencha pour servir le vin dans les coupes avant de lui tendre l’une d’elles



  • Tu as gagné, je suis à ton service.
  • Ah. Je suis désolée Aesril, je ne peux pas prendre la coupe vois-tu. Affirma-t-elle en montrant ses mains du regard.



Il lui lança un regard affligé pour tenter de dissimuler son amusement.



  • Bien… Tu as décidé de te jouer de moi jusqu’au bout.
  • Non, tu crois…



Il plissa les yeux en la regardant d’un air faussement menaçant, la coupe de vin toujours à la main et l’approcha des lèvres de la divinatrice, penchant doucement le verre. Il lui fit les gros yeux, dardant un regard noir sur elle.



  • Si on m’avait dit il y a quelques mois que je te ferai boire du vin dans mon propre bain, dans ma demeure familiale, je n’y aurais jamais cru. Je parie que tu jubiles, hmm ?



Elle plonge son regard dans le sien avant d’éclater d’un rire franc.



  • Et dire que, il y a encore quelques semaines… tu essayais de me jeter de haut d’une falaise. Pouffa-t-elle de rire en lui éclaboussant le visage du bout des doigts. Non, en effet tu n’y aurais pas cru, Bien sûr… Je ne vais pas me plaindre de me faire servir par le beau, le grand Aesril.
  • C'est cela, moque-toi, répondit-il avec un air las. Madame désire-t-elle autre chose ? Un peu de raisin, peut-être ? Ou des prunes en saumure ? À moins que le palais de votre altesse n'aspire à la saveur plus corsée d'un fromage de Haute-Roche ?



Mélicendre déposa délicatement ses coudes sur le rebord du bain, regardant l’Altmer rechignant, d’un air lascif et délicat.



  • Alors… Hm… voyons voir… Du raisin, et… j’aimerais. commença-t-elle sensuellement faisant mine de réfléchir. Hm… que tu entres dans ce bain !
  • Voyez-vous ça ? J’habite près de la mer, tu sais, je sais reconnaître une sirène, quand j’en vois une. Et je sais qu’il ne faut jamais s’en approcher ou elles vous entraîneront au fond de l’eau…



Il se releva, déposant la coupe sur le plateau avant de rabattre son regard sur la surface de l’eau qui lui offrait une plaisante vision.



  • Cela dit, j’ai toujours été curieux de découvrir ce qu’il se trouvait dans les profondeurs de l’océan. Bien, je cède à tes caprices, fais-moi une place.



Il commença à ôter sa chemise pour la déposer sans ménagement sur le sol, pour se dévêtir complètement et entrer dans l’eau à son tour, manquant de faire déborder le baquet.
Mélicendre recroquevilla ses jambes pour laisser de la place à Aesril. Elle l’observe détaillant les formes de son visage, les lignes de ses muscles, s’arrêtant quelques instants sur sa virilité pour souligner par la suite du regard les courbes de ses jambes. Une fois entré dans le bain, elle replia ses jambes en dessous d’elle avant de répondre.



  • Sais-tu ce que font les sirènes aux marins égarés ?... Hum. Elles les emprisonnent dans une sensuelle étreinte avant de les emporter au fond de l’eau, sans qu’ils puissent se rendre compte que la fin approche..



Elle prononçait ses mots en se penchant sur lui pour déposer un baiser sensuel sur ses lèvres, et se replacer au fond du bain, avec insouciance. Il ferma les yeux, posant les doigts sur ses lèvres pour mieux se souvenir de la sensation du baiser de la divinatrice, avant de plonger un regard intense dans ses yeux.


Un éclat hors du temps 30c47310



  • J’ai bien peur de ne pas m’être égaré, mais d’avoir choisi moi-même ma propre condamnation. 



Il bascula la tête en arrière, étendant les jambes autour du corps de la femme, poussant un profond soupir.



  • Advienne que pourra. J’en assume les conséquences.



Il frissonna quelque peu, la température de l’eau ayant fini par chuter. Plongeant une main, il ferma les yeux, et murmura une parole pour appuyer sa volonté et réchauffer doucement le bain. Bientôt, des volutes de vapeur s’élevaient dans les airs.



  • Tu as peur ? Ou est-ce réellement la température de l’eau qui t’a fait cet effet ? S’amusa-t-elle taquine, en caressant du bout des doigts ses jambes.
  • Peur ? s’étonna-t-il. De quoi ? … De toi ? - il esquissa un léger sourire amusé.
  • Oui ! De moi. Dit-elle avec impudence.



Il attrapa les chevilles de Mélicendre et tira doucement dessus pour amener ses jambes à lui, et entreprit de lui masser les mollets, prenant un air impénétrable.



  • Tu as raison, je suis terrifié. 



Il sentit l’ardeur le gagner, mais prit une profonde inspiration pour tenter de s’apaiser. Il savait pertinemment que tourner autour du sujet tel qu’il le faisait ne leur apporterait rien. Il songea à ce qu’il s’était imaginé lui dire et se rembrunit. Il ne savait tout simplement pas comment s’y prendre. Il se pencha alors légèrement par-dessus le baquet pour rapprocher le plateau et attraper une coupe de vin, dont il s’empressa d’y tremper les lèvres.


Dernière édition par Général Patafouin le Mar 14 Déc - 0:12, édité 8 fois
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Un éclat hors du temps Empty Re: Un éclat hors du temps

Dim 12 Déc - 19:45
Un éclat hors du temps Acc8ff10

Mélicendre se laissa faire ; dans ses mots, malgré leur petit jeu, une part de vérité semblait s’être dissimulée, elle observa son visage, son expression : il paraissait réfléchir, se perdre dans ses pensées. Et la réalité la rattrapa soudainement.




  • Aesril ? Pourquoi m’avoir fait venir ici ?. Questionna-t-elle la voix légèrement étranglée, se martelant de couper court à ce moment qui devenait pourtant agréable




Il reposa ses yeux verts sur elle. Il se demandait encore s’il avait eu une bonne idée de la faire venir. Puis, il se remémora le fil des pensées qui l’avaient conduit à prendre cette décision. Oui : ce qu’il faisait lui semblait juste. Il se creusa la tête pour formuler ses pensées. Il fallait bien commencer quelque part.



  • Pour… comprendre. Et te présenter mes excuses, répondit-il, gravement.



Elle ouvrit grand ses yeux bleus de surprise : elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui présente des excuses. Dans son esprit, se remémorant ce qu’il s’était passé, elle estimait être responsable. Elle avait perdu le contrôle, laissant son don se servir dans les souvenirs d’Aesril. Elle s’en mordit la lèvre, sa gorge se noua, étouffée par le remords.



  • Ce n’est pas à toi de présenter des excuses… C’est ma faute. Je n’aurais pas dû perdre à ce point le contrôle… Je suis désolée.  

  • Non. Tu ne comprends pas… commença-t-il, se demandant comment il allait pouvoir prononcer ses pensées sans flancher. Je ne veux pas me voiler la face. J’ai tout à fait conscience qu’il faut être deux pour… faire ce que nous avons fait. Et je pense que ce qu’il s’est produit est arrivé parce que nous l’avons voulu, quelque part. Même si je n’avais pas… conscience de ce que cela représentait.






Il parlait lentement, avec hésitation, prenant son temps pour peser chacun de ses mots. Cela semblait difficile et son front se plissa de quelques rides. Mélicendre l’observait, attentive et sensible au moindre de ses mots, elle le laissa continuer. À plusieurs reprises, elle eut l’envie de poser une main délicate, mais se ravisait, de peur de l’interrompre.



  • Je… Je sais reconnaître lorsque j’agis de façon inconsidérée. Et… ce que j’essaie de dire, c’est...



Il caressait distraitement les bords de la coupe, sans parvenir à trouver les mots. Cela le plongea dans une grande frustration. Il fixa la surface de l’eau, faisant de son mieux pour garder contenance.



  • J’ai réalisé que je pouvais mourir demain. Et que j’aurais renvoyé loin de moi  la seule personne qui m’ait jamais regardé en face et qui a malgré tout su me traiter comme son égal. 



Les mots moururent dans sa gorge, alors, évitant le regard de Mélicendre, il reprit une autre gorgée de vin. La respiration de Mélicendre s’accélérait dans des mouvements vifs, elle papillonnait des paupières, se mordait les lèvres. Il venait de s’ouvrir à elle, lui qui avait toujours tout fait pour pouvoir mettre de la distance entre eux. Il avait raison, il pouvait mourir demain… Cette pensée lui glaça le sang, elle avait rarement été seule pour sa part, elle ne le supportait pas et avait toujours tout fait pour remédier à sa solitude, par le billet de ses clients qui partageaient sa couche, mais jamais aucun n’avait était soucieux de son sort, de ses pensées, d’elle tout simplement, ils ne voyaient en elle qu’une sorte de trophée, une jolie chose que l’on peut posséder à sa guise contre quelques pièces d’or, mais pas lui… Aesril, l’avait vue, en ce qu’elle était réellement. Elle se mit à trembler se mordant les lèvres frénétiquement, ses yeux devenaient humides sans qu’elle puisse le contrôler et ses flots d’émotions la submergeait de nouveau, mais elle laissa faire… 


  • Aesr… Je… 



Son souffle se coupait, les mots l’étranglaient doucement, et lui brisaient le cœur, elle tenait fermement les rebords du bain comme pour s’encourager à le dire, comme si c’était la dernière occasion, le dernier moment de répit, de pouvoir se dire les choses, comme elles devaient être dites.



  • Tu… es le seul, qui me voit, pour ce que je suis réellement et non pour ce que je parais être. 



Elle passa outre sa peur d’être rejetée une nouvelle fois et posa sa main sur son genou doucement, comme pour apprivoiser un animal. Elle fixait son visage, le cherchant des yeux.



  • Tu n’es pas seul… As-tu oublié ? Je veille sur toi… 


Il sursauta légèrement en sentant la main de la divinatrice se poser délicatement sur lui. Mais cette fois-ci, il ne la repoussa pas. Il se mordit la lèvre inférieure pour tenter de s’apaiser, sans succès. Alors, il attrapa sa main et la serra vigoureusement, fixant les vaguelettes à la surface de l’eau. La douceur du geste et de ses mots le plongèrent dans un trouble profond. Avait-il jamais entendu qui que ce soit lui dire cela ? Il se crispa, incapable d’effectuer le moindre mouvement, figé à la façon d’une statue. Quand au bout d’une longue minute, il parvint à entrouvrir les lèvres, sa voix n’était qu’un mince filet à peine audible.



  • Je… Pardonne-moi.




Rien ne lui venait, elle ne savait que répondre, elle crut dans l’instant mourir étouffé, elle avait besoin d’air, et comme pour se redonner du souffle, elle prit le visage d’Aesril entre ses mains pour l'embrasser passionnément, sentir le contact de ses lèvres, comme si elle en avait besoin dans l’instant. Comme pour le retenir, le garder avec elle. Ses mains glissaient le long de sa nuque, brossant ses cheveux mouillés en arrière. Elle comprenait, elle savait ce qu’il ressentait, ils avaient la même douleur et des craintes similaires.

Il manqua de suffoquer lorsqu’il ressentit le contact des lèvres de la divinatrice contre les siennes, confronté à lui faire face. Il contempla avec stupeur le même besoin de créer un lien, un contact, chez cet autre être qui semblait tout aussi perdu qu’il l’était en ce moment même.

Il abandonna toute résistance, sciemment, cette fois-ci et referma ses bras autour d’elle avec force, de peur de flancher. Il s’était sorti de sa zone de confort et ne parvenait plus à trouver ses repères. Cette proximité soudaine termina de briser le mur qu’il avait érigé pour se protéger. Oui. Il pouvait encore tout perdre. Il pouvait mourir. Se retrouver seul. Il pensait pourtant que la solitude ne lui pesait pas. Mais tandis qu’il tenait à nouveau ce corps plein de vie entre ses mains, cette personne qui semblait vouloir le comprendre, l’idée que ce corps se refroidisse et disparaisse le glaça.
Malgré la chaleur de l’eau et du corps de Mélicendre, il se mit à trembler. Elle s’éloigna de lui, sentant qu’il n’était pas avec elle, leur étreinte était douce et chaude, mais quelque chose n’allait pas. Ses émotions se contredisaient et s’entremêlaient et la peur l’envahit.




  • Parle-moi…



Elle lui demanda comme un supplice, comme un besoin d’entendre sa voix, il pouvait lui dire n’importe quoi, elle avait besoin qu’il parle, elle paniquait en voyant ses réactions, sentant ses émotions, tout se mélangeait dans son esprit.
Ce fut d’une voix d’outre-tombe qu’Aesril répondit à Mélicendre, relevant vers elle des yeux humides.



  • Ils ne nous auront pas.



Elle plonge les yeux dans les siens profondément et caresse délicatement le haut de ses joues de ses pouces 


  • Tu as raison. Lâcha-t-elle se voulant rassurante. Nous devons prendre une décision… 



Il se redressa et passa son majeur sur ses paupières, tentant de se reprendre. La façon tendre et compatissante dont Mélicendre l’avait traité lui fit réaliser à quel point il s’était laissé aller. Il déglutit et d’une voix qu’il voulut plus ferme, il répondit :


  • … Concernant quel sujet ?

  • Mazar… 



Il fronça les sourcils. Les dernières paroles qu’il avait échangées avec le Rougegarde laissaient croire qu’il soupçonnait quelque chose. Le fait qu’il demande à voir Mélicendre, lui qui méprisait ouvertement son travail et la personne qu’elle était lui paraissait hautement suspect, d’autant que sa lettre était des plus évasives. La réponse d’Aesril ne se fit pas attendre.



  • N’y vas pas, répondit-il d’un ton sans appel.

  • Tu sais que si je n’y vais pas ils vont se douter de quelque chose… 

  • C’est déjà le cas. Tout ceci n’était qu’une question de temps, de toute façon. Cela faisait partie de mon plan. Je sens que Valriel n’en a plus pour très longtemps...




Il rejeta son regard au loin. Il savait bien que parler de la suite de ses projets le dérangeait. Cela le mettait face au fait que son plan ne comportait aucune place pour Mélicendre à l’origine. Il n’avait jamais prévu de l’aider. Juste d’user de ses services. Il ramena des yeux compatissants vers elle. Il savait qu’il l’avait entraînée dans des ennuis qui la dépassaient. Mais cela, il n’y pouvait rien.



  • Alors, je n’irai pas. Affirma-t-elle sans détours.  



Elle sentait l’inquiétude la gagner, elle n’avait jamais eu peur de mourir, a vrai dire, chez les divinatrices, la mort était vue comme quelque chose de beau, comme une transmission de savoir pour vivre a travers ceux qui restent. Mélicendre avait grandi avec cette certitude toute sa vie, Mais là… c’était différent, la crainte qui la gagnait ne la concernait pas elle-même, elle le concernait, lui. Elle connaissait sa peur d’être seul, celle de mourir aussi, elle ne pouvait se résoudre à le laisser derrière elle, il lui avait avoué qu’il tenait à elle et qu’elle était la seule avec qui il partageait, qui le comprenait et c’était réciproque. Elle voulait rester avec lui. Alors elle se résignait et l’écoutait docilement.


Aesril retrouva la force de reprendre son assurance habituelle quand il surprit la mine inquiète de la divinatrice. Elle avait un aperçu du monde d’incertitudes dans lequel il évoluait et où il s’efforçait d’apporter de l’ordre. Il ne savait que trop bien à quel point tout ceci pouvait être déroutant. C’était lui-même qui l’y avait amenée et il entendait bien ne pas s’en cacher. Il dit doucement, avec une pointe de mélancolie :



  • Je ne t’ai jamais menti quant aux raisons qui m’ont amené vers toi, Joli Serpent. J’avais besoin de tes services, de ta loyauté, de ton absence d’état d’âme, de tes talents. Et tu m’as bien servi… Seulement, les circonstances ont fait que tu t’es révélée être bien plus qu’un simple outil dans un bel écrin. Tu… tu as su me montrer à voir au-delà. Tu es une véritable partenaire. Pas celle que j’aurais imaginée, c’est certain. Mais je sais que je t’ai sous-estimée.




Il marqua une pause, attrapant quelques cerises dans une coupelle posée sur le plateau, ainsi que la seconde coupe de vin, qu’il tendit à Mélicendre. Elle se servit dans le plateau et attrapa un des fruits au hasard sans trop faire attention, et pris la coupe des mains d’Aesril, pendue à ses lèvres, elle ne l’interrompit pas et se contentait d'acquiescer, pensive.


Un éclat hors du temps 2e5e5810




  • Je n’avais jamais prévu d’avoir de complice. J’avais l’intention de rester seul. Parce que je pensais que c’était plus simple pour avancer. Et en un sens, c’est le cas. Mais je sais aussi que je n’en serais pas où j’en suis sans toi. Et je ne laisserais jamais ma collaboratrice sans outils pour travailler. Aujourd’hui, tes divinations continueront de m’être utiles, mais je ne te cacherais pas que tu cours de grands dangers. Et lorsqu’ils sauront que je les ai tous bernés, ils ne seront pas long à savoir que tu m’as aidé. Et à ce moment-là, je fais suffisamment confiance à la laideur des gens pour savoir qu’ils ne réfléchiront pas bien longtemps. Ils s’attaqueront à toi dès que l’occasion leur sera donnée.




Il adressa une caresse à la joue de Mélicendre en repoussant délicatement une mèche de cheveux noirs derrière son oreille avant de conclure, sur le ton de la confidence, une lueur soudain féroce dans le regard :



  • Et je n’ai pas l’intention de leur donner ce plaisir.




Elle se sentait soudainement, comme mise dans un petit écrin, protégé par d’épaisses couches de tissus, la véracité dans son regard la fit sourire et elle déposa sa main sur la sienne contre sa joue.



  • Tu as toujours été très clair à mon égard et je savais pertinemment où je mettais les pieds et dans quoi je m’engageais. Elle marque une pause, songeuse. Tu sais… Je ne voyais en toi seulement ce que tu m’apportais financièrement… mais il semblerait que… tu comptes plus pour moi que le contenu de ta bourse… Je… Je ne t’ai pas rendu la tâche facile. Au fond je pense que la solitude me pesait au point de fermer les yeux sur l’avenir en m’engageant avec toi… Je savais, non pas parce que je l’avais vu - parfois, il n’y a pas besoin d’être devin, pour voir l’inévitable  - mais ta présence… Cette soif de réussir qui brûle en toi, cette flamme me réchauffait et me protégeait de l’obscurité de cette solitude. Je pense que tu m’as trouvée au moment où l’un et l’autre avions le plus besoin d’être accompagné. 




Elle disait ses mots avec conviction, la voix pleine d’émotions, lovant son visage dans les mains d’Aesril avec douceur. 



  • Tu m’as demandé si j’avais peur, tout à l’heure, et de la mort la dernière fois que nous nous sommes vues. Je n’avais pas peur, jusqu'à ce que je te voie. Jusqu'à ce que tu me voie... Parce que comme je te l’ai expliqué pour moi, mes croyances, la mort n'est pas une fin, c’est une suite, un partage. Mais aujourd’hui j’ai… Elle déglutit sa gorge se serra. J’ai peur Aesril parce que je ne veux pas te laisser. Je ne les laisserais pas te faire quoi que ce soit.



Les mots lui avaient arraché les larmes qu’elle n’avait que trop longtemps retenues. Ses sentiments, les émotions, ce moment, ce qui l’attendait, c’était une tornade qui se déchaînait dans son esprit et qui la faisait souffrir, lui prenait la gorge au point de ne plus pouvoir parler, lui compressait la poitrine si bien qu’elle pouvait en oublier de respirer. Jamais elle n’avait dit de telles choses, jamais elle ne s'était ouverte à ce point, jamais elle n’avait éprouvé autant de sentiments en l’espace de si peu de temps, et jamais elle n’avait été d’elle-même vers un autre. Elle prit sa coupe dans les mains se soustrayant au regard d’Aesril, buvant son verre d’une traite. 



  • … Quoi ? demanda-t-il dans un souffle, plus pour confirmer qu’il avait bien entendu.



Aesril regarda bouche-bée les larmes couler sur les joues de Mélicendre, abasourdi des mots qu’il entendait, de l’émotion dans la voix de la divinatrice. Il pensait avoir retrouvé son aplomb, mais il tombait des nues devant de telles révélations.




  • Ne dis pas n’importe quoi, Joli Serpent… lâcha-t-il, à mi-voix, la gorge serrée, incapable de croire ce qu’il venait d’entendre.





  •  Je suis sincère. Affirma-t-elle la voix brouillée par l’émotion.  




Il se demanda si elle n’avait pas perdu la raison pour de bon. Il était atterré. Qu’elle cherche à profiter de lui, de son argent, comme de son corps, cela, il n’en avait jamais douté. Mais qu’elle éprouve… des sentiments ? De l’attachement à son égard ? Il ne l’aurait jamais imaginé. Il avait perdu toute capacité de réponse. Il ne sentit même pas le bouleversement qui commençait à s’afficher sur son visage et dans ses yeux. Il demeura sans voix un long moment, la dévisageant, ses pupilles passant rapidement de droite à gauche sur le joli visage de la sorcière, comme si cela l’aidait à mieux comprendre ce qu’il se produisait.



  •  Que t’est-il arrivé, belle Mélicendre ? lâcha-t-il dans un murmure rauque, tandis qu’une larme coula sur sa joue.

  • Aesril… Je crois que je ressens à nouveau… Je crois qu’ils reviennent petit-à-petit. Je les sens en moi comme un raz de marée qui veut tout dévorer sur son passage. Je ne contrôle rien… dit-elle à mi-chemin entre la panique et le désespoir.




Aesril se dit que lui-même ne contrôlait plus rien sur ce sujet. Il ne savait plus comment reprendre pied sans la briser. Voilà qui changeait tout. Bien sûr, il avait senti qu’elle était différente, mais, cela…  Il la scruta, lui-même dévoré par les émotions qu’il avait presque réussi à garder jusque là. Et il réalisa qu’il était impuissant face à cette situation. 



  • Comment est-ce possible ? 

  • Je n’en sais rien … Avoua-t-elle à mi-voix

  • … C’est de ma faute, c’est cela ? risqua-t-il, frissonnant.

  • Je … Je ne sais pas… Je suis en train de mener des recherches… cela a commencé… le soir où…



Les mots l’étranglaient, elle n’avait rien ressenti le jour ou Aesril et elle avait décidé d’enfermer l’âme d’Ewen dans une gemme, mais depuis que ses sentiments reprenaient peu à peu leurs places, ce souvenir devenait douloureux, les images tournaient soudain dans son esprit, ses mots, qu’elle avait prononcés, demandant à Aesril d’exécuter le sortilège, les mains caressant la chair du visage de l’homme qu’elle avait tant aimé, ces mêmes mains qui autrefois lui offraient de tendres et charnelles étreintes, ces mains qui, il y a quelques jours avait tenu la pelle qui creusait sa tombe. Elle avait l’impression de soudain devenir folle, perdre le contrôle, l’aura grandissait en elle, submergée, elle perdit soudain pied hanté par ce sentiment, ce souvenir. Elle sortit du bain en se détachant d’Aesril précipitamment et se dirigea vers la fenêtre, elle respirait mal, trop vite, il lui fallait de l’air, elle avait besoin de crier de rage, de lâcher sa tristesse, les larmes coulaient aussi violentes et douloureuses que le passage d’un torrent sur les côtes. Elle ouvrit la fenêtre qui donnait vue sur la baie, et cria à gorge déployée de rage, de haine, de tristesse et d’impuissance.


En la voyant ainsi tourmentée, dans cette chambre, Aesril eut l’impression de revivre les propres déchirements qu’il avait vécus dans cette pièce. Il ne comprenait que trop bien sa souffrance. Sans même y réfléchir, il sortit de l’eau, attrapant une serviette encore sèche et se précipita vers Mélicendre pour l’y envelopper. Le vent s’engouffrait déjà dans la pièce et faisait vaciller les flammes des bougies. Il aurait voulu lui dire… lui dire qu’il savait à quel point les choses étaient laides, lui dire à quel point il aurait aimé avoir le pouvoir de tout réparer. Mais bien sûr, cela n’aurait servi à rien. Alors, il la prit par les épaules et plongea ses yeux dans les siens pour lui signifier du regard qu’il partageait sa détresse. Il ne voulait pas la couvrir de mensonges pour l’apaiser, mais il estima qu’il ne risquait rien à lui dire un fait simple et authentique.



  • Je suis là, Mélicendre. Je vais prendre soin de toi. Je ferai ce que je peux. Laisse-toi aller, si tu en as besoin.



Elle avait l’impression de fondre, elle se lova dans la serviette puis dans ses bras et ce torrent de larmes continua de s’évader de ses yeux. Mais ses bras l'apaisèrent, elle se laissa envahir par la pression qu’il exerçait, par cette chaleur. Elle ferma les yeux se concentrant sur cette étreinte, sur le moment présent, sur Aesril. Il pouvait ressentir sa douleur, mais cette fois en pleine conscience. Dérouté des visions qu’il obtenait, il se concentra malgré tout sur les sensations, réalisant pleinement qu’il ne s’agissait pas des siennes, cette fois-ci. Il vit la détresse de Mélicendre après qu’il l’eut quittée, se précipitant vers l’ancien grimoire, à la recherche de réponse. Il se focalisa sur la quantité d’émotions que ressentait la divinatrice, mais s’en ravisa, rapidement dépassé par les sensations incontrôlables qui affluaient en elle. Il avança alors dans ses souvenirs récents, assistant à ses retrouvailles avec un homme à l’air bestial qu’elle appelait Aleck qui lui promit de retrouver la page manquante de son livre ancestral. Il était saisi de voir ces souvenirs qui ne lui appartenaient pas avec une telle netteté.


Mais il fut ramené à la réalité par l’irruption de la domestique dans la chambre. Il réalisa alors la posture dans laquelle ils se trouvaient tous deux, elle, enveloppée dans une serviette, contre lui, pleurant toutes les larmes de son corps et lui, entièrement nu et trempé, la tenant fermement dans ses bras devant la fenêtre grande ouverte. 



  • Monsieur, tout va b… s’étrangla Dorilwën, passant du jaune au blanc au rouge écarlate en une fraction de seconde.




Aesril lança un regard courroucé vers la femme qui fit un demi-tour complet en refermant la porte en un rien de temps, tandis qu’il lui dit d’une voix forte et impérieuse :



  • Ne vous avisez pas de remettre les pieds ici, Dorilwën !




Il prit une profonde inspiration. Cette soirée ne se déroulait absolument pas comme il l’avait prévu et cela le contrariait au plus haut point. Il avait lui-même l’impression d’avoir été envahi d’un trop-plein d’émotions sans avoir eu le temps de les assimiler. Il se concentra pour ne plus laisser les visions de Mélicendre gagner son esprit. Il reprit doucement, à l’intention de Mélicendre :



  • Tu ne veux pas t’allonger un moment ? Ou t’asseoir ? Cela te fera sûrement du bien.




Elle avait retrouvé le calme, elle leva les yeux vers lui et acquiesce d’un hochement de tête, elle paraissait soudainement épuisée, ce flot d’émotions, lui avait consommé beaucoup d’énergie.



  • Je… juste m’allonger un instant. Murmura-t-elle d’une voix brouillée.

  • Hmm, bien sûr, viens, dit-il avec bienveillance en la menant vers l’immense lit aux oreillers de plumes d’oie




Il la fit s’asseoir en la frottant vigoureusement pour la réchauffer et partit chercher une grande couverture posée sur le fauteuil de son bureau pour la lui déposer sur les épaules. 



  • On échange ? J’ai bien peur de manquer de linge pour me sécher, lança-t-il en esquissant un sourire, grelottant de froid lorsqu’un courant d’air vint taquiner le bas de ses reins. 




Elle lui sourit tendrement, les paupières lourdes, en hochant la tête, et lui tend la serviette qui l’avait recouverte, elle profite de sa dernière pointe d’énergie pour lui lancer une taquinerie, dans un léger rire.



  • Je ne suis pas une chose fragile, et … ne t’avise pas de profiter de mon corps si je m’assoupis, je serais très déçue d’avoir loupé ça.

  • Ne me tente pas… répliqua-t-il sur le même ton.



Elle lui lança un regard espiègle en tendant son bras pour prendre la couverture.
Aesril attrapa la serviette humide pour se sécher sommairement les cheveux et le corps avant d’aller refermer la fenêtre.



  • Les voisins vont t’adorer, plaisanta-t-il. 




Mélicendre éclata en fou rire dû à la fatigue et se roula dans la couette pour étouffer son rire incontrôlable, se laissant tomber en arrière sur l’imposant lit.


Il noua la serviette à sa taille et se dirigea vers le lit pour soulever les jambes de Mélicendre et l’aider à gagner un peu plus le centre du matelas, lui lançant un regard attendri.



  • Tu as le chic pour tirer le meilleur parti de chaque situation, toi, c’est incroyable. Je t’invite pour discuter et prendre un repas et tu finis par prendre un bain avec moi pour terminer dans mon lit. 

  • C’est vrai que j’ai un don pour obtenir ce que je veux… dit-elle en sortant la tête de la couverture lançant un regard taquin à Aesril.




Il s’assit sur le bord du lit, s’amusant de la posture incongrue de la sorcière.



  • Quand on y réfléchit bien, tu as raison.

  • Ah oui ? Interrogea-t-elle avec intérêt en se plaçant dans le lit plus confortablement.

  • Eh bien oui, regarde, tu rêvais de m’attirer dans ton lit et tu es dans le mien. Tu es bien installée, d’ailleurs ? railla-t-il.

  • C’est vrai… D’ailleurs, c’était mon plan diabolique… depuis le début. Oui, parfaitement, tu veux un peu de place, peut-être ? Dit-elle malicieusement.

  • Je m’en doutais, tu es une fine stratège.




Il jeta un coup d'œil au lit. La proposition était tentante, mais il ne se sentait pas d’humeur à dormir immédiatement. Son esprit était agité de la conversation qu’il avait eue avec la divinatrice un peu plus tôt. Il savait que malgré la fatigue provoquée par les émotions, il ne trouverait pas le sommeil aisément. Il tourna le regard vers son bureau avant de le ramener vers Mélicendre. 



  • Profites-en pour prendre toute la place que tu veux, je pensais dessiner un peu  avant de dormir. J’ai besoin de me changer les idées. Mais si tu veux, je peux venir près de toi pour ce faire.

  • Oui, s’il te plait… viens. 



Ses paupières clignotaient, tentant de lutter contre la fatigue, elle le regardait dans les yeux, avant de se décaler légèrement sur le côté, passant sa main sous l’oreiller, en appuie sur son coude. La douceur de la couette en plumes d’oie sur sa peau nue lui était agréable, elle se blottissait en faisant des gestes lents profitant de la finesse des draps. Il ne pouvait s’empêcher de l’observer.



  • Tu es très sensuelle. Essaies-tu encore de faire un de tes tours de succube avec moi ?




Il lui était tellement plus simple de jouer à ces jeux badins plutôt que de penser à la façon dont elle le voyait. 



  • Voyons je n’oserais jamais, j’ai bien trop peur des représailles. Dit-elle en feignant la peur, se cachant sous la couette.

  • Tu as raison, ma vengeance serait terrible...




Il esquissa un sourire et se dirigea vers la cheminée pour remettre une bûche dans l’âtre et fit quelques pas vers son bureau pour en ouvrir un tiroir et en sortir des parchemins et des fusains avant de revenir s’installer sur le lit, attrapant un oreiller pour s’y accouder. 


Mélicendre attendit qu’il se place à ses côtés pour se rapprocher de lui et se serra contre lui, avançant son oreiller, posant sa main sur sa jambe, effleurant sa peau du bout de ses doigts, faisant des petits arcs de cercle en fermant les yeux affichant un sourire satisfait sur son visage. 


Il baissa les yeux vers elle un instant, un voile de mélancolie dans le regard.



  • Je ne voudrais pas émettre un jugement, mais tu as des goûts plutôt étranges, tu sais...

  • De quoi parles-tu ?

  • Du fait que tu t’attaches à quelqu’un comme moi. Ça ne doit pas tourner rond, là-dedans, pouffa-t-il en déposant une caresse du pouce sur le front de la divinatrice.

  • Dit-il… en m’offrant de douces caresses. Taquina-t-elle un brin de moquerie dans la voix atténuée par la fatigue.

  • Tu crois que ça fait de moi quelqu’un de convenable pour autant ?

  • Je pense que cela dépend de ta définition du “convenable”




Il commença à esquisser les premiers traits d’un portrait.



  • Tu as rencontré quantité d’hommes et de femmes, certains qui auraient certainement pu t’offrir une belle vie. Je ne parviens pas à m’expliquer ce que tu peux bien faire ici avec moi… Enfin, hormis le fait que je t’ai liée à un contrat magique, bien entendu.

  • Ah, tu veux dire, hormis le fait que je puisse être libre, et faire ce que je désire ? Ou peut-être… hors du fait que l’on me considère seulement comme une catin ? … Ah… j’hésite. Dit-elle sarcastique. 

  • D’accord, je cesse de débattre, tu as tes raisons. Mais tu ne m’empêcheras pas de penser que tout ceci n’est pas tout à fait normal.

  • Ce n’est pas un débat Aesril, je suis là où je veux être, notre contrat, ne m’oblige à rien… J’aime ta présence, ta conversation, et j’ai l’intime conviction que tu es aussi fou que moi. Après tout, tu es avec une sorcière, divinatrice, extrêmement sexy et sensuelle de surcroît… et j’ajouterai même, que je doute qu’ici tout ceci soit bien vu… Alors de nous deux, qui est celui qui a des goûts étranges ? Trancha-t-elle.




Il se passa le visage dans la main pour ramener ses cheveux en arrière, se massant la nuque, songeur.



  • Hmm… oui, je suis fou, ça c’est certain. Et pour ce qui est des conventions, je te rassure, la moindre petite chose qui sort de l’ordinaire est regardée de travers, par ici. Alors, oui, tu es le genre de folie dont je me délecte. Mais je ne suis pas sûr que ce soit très raisonnable de ma part.



Elle se redresse soudainement le regard appuyé sur lui.



  • Que veux-tu dire par là ? Sonda-t-elle.



Il fronça les sourcils, surpris ; il n’avait pas l’habitude que Mélicendre le questionne de la sorte et il n’avait pas songé que ses paroles puissent être mal prises.



  • Ce que je veux dire, c’est que je redoute que mon attitude te fasse plus de mal que de bien. J’aime passionnément ton excentricité et ta différence et il me plaît d’imaginer à quel point te savoir ici aurait rendu mes ancêtres complètement fous. Mais on m’a dit il y a peu que tu avais une mauvaise influence sur moi. Moi, je pense que c’est l’inverse, lança-t-il avec un léger sourire taquin. 




Elle finit par s'asseoir en plaçant l’oreiller derrière son dos.



  • Et bien je suis curieuse de savoir qui se préoccupe de moi à ce point… Mais je pense être une assez grande fille pour en juger. Tu l’as dit toi-même j’ai côtoyé bon nombre d’hommes et de femmes et tu as vu… Tu ne seras jamais pire que ce que j’ai déjà vécue, endurer. Maintenant si cette… situation t’incommode je peu… Enfin je peux m’en aller... répliqua-t-elle en dissimulant une plaisanterie sous un air faussement triste.



Il ne savait plus très bien pourquoi il avait lancé cette conversation. Mais la perspective de voir Mélicendre partir lui procurait une désagréable sensation. Il s'était fait à l'idée qu'elle passe la nuit ici.



  • T'ai-je déjà dit que j'étais très doué pour parler aux femmes ? ironisa-t-il. 




Elle avait commencé à se diriger vers l’extérieur du lit, quand elle se retourna vers lui un air taquin visible sur son visage tout sourire.



  • Hum… Alors oui, et il me semble t’avoir déjà dit que c’était faux, tu es aussi doué pour parler aux femmes que pour les compliments… C’est vrai ça, en fait, c’est peut-être réellement moi qui suis folle de rester ici. Lâcha-t-elle se moquant de lui dans un rire franc. 

  • J'aimerais dire que tu es cruelle, mais ce n'est que justice...

  • En effet ! Bon, apparemment tu n’es pas disposé à me laisser dormir… Hum… Alors donne-moi un parchemin, que je t’accompagne… À moins que tu aies un autre projet pour m’occuper. Taquina-t-elle en se replaçant à ses côtés déposant une main délicate sur son bras.



Dernière édition par Général Patafouin le Jeu 23 Déc - 12:50, édité 3 fois
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Un éclat hors du temps Empty Re: Un éclat hors du temps

Dim 12 Déc - 19:49
Il se réjouit de la revoir reprendre place à ses côtés et s’étonna lui-même de ce sentiment. Mais les quelques mots qu’ils avaient échangés avaient quelque peu apaisé son tourment. Elle avait raison. Sentiments ou non, elle était assez grande pour décider elle-même de ce qu’elle faisait. Choisissait-on vraiment les personnes à qui l’on s’attache, que l’on aime ? La réponse lui apparut clairement : non. Il l’avait lui-même expérimenté au cours de sa vie et même durant son passage à la Citadelle. Et il le vivait ce soir encore. Il se surprit à apprécier la femme qu’elle était et sa compagnie, à se dire que la voir partir lui était déplaisant. Et qu’aurait-il pu lui dire qui change quoi que ce soit ? Qu’il était un elfe au double de son âge, qu’il se savait opiniâtre, arrogant, buté et taciturne ? Qu’il n’avait pas d’avenir pour elle ? Cela n’aurait certainement rien changé à ce qu’elle éprouvait, ces mots seraient seulement douloureux et inutiles. 


Alors, il cessa de lutter et déposant un regard sur la jeune femme, l’observa. Il détailla l’expression de son visage, les courbes voluptueuses de son corps nu. Il avait bataillé contre lui-même pour ne pas céder à ses désirs impérieux, mais la voir ainsi raviva ses ardeurs. Il fit suivre le revers de sa main le long de sa silhouette, se réjouissant des pleins et déliés de ses courbes qui le poussaient à dévaler contre sa peau.



  • Tu veux un parchemin ? s’étonna-t-il. Car oui, j’ai bien une idée d’un projet pour lequel tu pourrais m’aider… commença-t-il d’une voix caressante.

  • Voyez-vous cela, et quel sombre dessein avez-vous encore pour moi, Aesril. Murmura-t-elle sensuellement.




Elle frissonnait sous la caresse, elle s'étonnait elle-même de voir son corps répondre instantanément, d’être aussi vivant. Elle observe et détail son visage, son regard. Dévore son corps encore nu, lui aussi de ses yeux azur en se mordant les lèvres. Elle glisse sa main le long de son dos, sa peau était douce, mais altérée par des cicatrices, plus ou moins profondes. Elle s’y arrêta un instant en plissant les yeux passant du bout de ses doigts sur chaque balafre. Il lui répondit par un sourire équivoque, une lueur avide dans le regard. Il aimait l’entendre l’appeler par son nom avec ce ton si suave. Il ne répondit rien pour mieux la surprendre et se recula légèrement pour la voir dans son ensemble. Il attrapa délicatement son poignet, le déposant sur la courbe de sa hanche, fit retomber quelques mèches de ses cheveux de jais sur ses épaules, et, caressant sa cuisse d’une main pleine, l’invita à plier légèrement sa jambe par-dessus l’autre. Il demeura un instant à observer son œuvre, sans voix. La pose lascive et sensuelle de la divinatrice, illuminée par la lueur des chandelles, lui donnait l’impression de contempler une statue d’albâtre.



  • Magnifique, souffla-t-il. Tu es parfaite, ainsi.




Elle s’était laissée manipulée tel un pantin, un petit jouet de bois avec lequel il pouvait bien faire ce dont il voulait, le regard espiègle, elle l’observait, cette fois-ci la gêne, la peur ne l’envahit pas, elle reste là à le regarder l'observer. 



  • Je vois que vous progressez, j’ai été médisante, vous savez parler aux femmes, Aesril. Taquina-t-elle, en levant un sourcil, une pointe de malice dans le regard.

  • Il est toujours plus simple de trouver les bons mots quand on a la bonne muse, répondit-il, sans même y réfléchir. Tu pourras tenir la pose un court instant ? demanda-t-il en reprenant ses parchemins et ses fusains, commençant à esquisser les premières formes sur le papier.

  • Hm… Et bien, je suis surprise, on m’a traitée de… sorcière, folle, succube, catin… et sirène, il y a peu mais… jamais de muse. Lança-t-elle dans un léger rire. Alors d’accord, mais juste parce que ma curiosité est grande, Monsieur. Céda-t-elle dans un murmure lubrique. 

  • Tu as bien du courage, car, moi, je ne tiendrai pas bien longtemps… surtout si tu continues de me regarder de la sorte, Joli Serpent. Tu es sans pitié… lança-t-il en poursuivant ses tracés d’un mouvement assuré du poignet.



Il souffla profondément, incapable d’apaiser la tension qu’il sentait monter en lui, à mesure que des images charnelles se projetaient à son esprit. Il se demanda s’il parviendrait à garder sa concentration bien longtemps. Qu’elle le provoque un peu trop et, il le savait, c’en serait fini de lui. “Et dire que je lui ai fait conclure un pacte pour mieux la maîtriser… Je ne suis même pas capable de me maîtriser moi-même” se blâma-t-il, avec lassitude.   
Mélicendre étant bien incapable d’attendre “gentiment” dans le silence et continue son petit jeu taquin. Elle bougea la main qu’il avait déposée délicatement sur sa hanche, faisant glisser ses ongles sensuellement le long de sa courbe, reprenant ses espiègleries.



  • Tu as raison, je suis bien incapable de tenir en place. Taquina-t-elle dans un murmure observant la progression de sa main. 



Aesril exulta intérieurement de cette faculté qu’elle avait de toujours se prendre au jeu. Ces échanges lui donnaient une agréable impression de simplicité. Il se donna un air autoritaire, qu’il contenait à grand-peine. Il regretta subitement de ne pas être plus vêtu. Son visage racontait une histoire, mais le reste de son corps se refusait à fournir le même effort.



  • Tu veux bien replacer ta main, s’il te plaît ? 

  • Ho… À vos ordres. Dit-elle en feignant l’obéissance. Je suis si fatiguée que j’en ai oublié ou elle se situait… était-ce par là ?.  



Elle déplace sa main sur son corps comme si elle lisait une carte, a la recherche du lieu déterminé par Aesril, dans de léger mouvement sybarite, en la posant délicatement sur sa poitrine la recouvrant de moitié.

Sa main dessine alors, un chemin avec de grands virages, le long de son ventre et finit par arrêter sa course sur le bas de son ventre, faisant des cercles fin et léger autour de son nombril. 



  • Mélicendre… commença-t-il sur le ton du reproche, tout en ajoutant des ombrages sur la feuille.



Il releva les yeux vers elle pour constater son petit manège et finit par lâcher avec le plus grand sérieux :


  • Hmm… Non, je crois qu’elle était un peu plus bas.



Elle lui sourit vicieusement, ravie de voir qu’elle arrivait à provoquer chez lui une réaction, malgré son air sérieux. Elle fit mine d'écouter ses consignes, attentive, en posant délicatement sa main plus basse au niveau de son bas ventre, toujours en caressant sa peau. Des frissons commençaient à apparaître dû à l’immobilité de sa posture. 



  • Et ainsi, c’est mieux ? Susurra-t-elle avec un regard complice et lubrique.



Il lui adressa un regard bienveillant, avant de répondre doucement :



  • Tu mets vraiment mes compétences de dessinateur à rude épreuve, tu sais… Et mes capacités de concentration. Un peu de patience, j’ai bientôt terminé.



Elle se mordit les lèvres en l’observant, Aesril était absorbé par son œuvre, elle voyait bien qu’il tentait de se concentrer et de résister à la tentation qu’elle ne manquait pas de lui offrir. Elle lui offre un sourire vicieux.



  • Sais-tu qu’avec cet air sérieux tu deviens irrésistible Aesril. C’est toi qui mets ma patience à rude épreuve… souffla-t-elle en le dévorant du regard. 



Il ne put résister à relever les yeux vers son regard.



  • J’ai compris… lâcha-t-il finalement. Le supplice a assez duré. De toute façon, je suis gelé.



Un éclat hors du temps Melice10


Il déposa les parchemins et les fusains sur une pile de livres près de son lit, sur laquelle était également posé le pendentif à la pierre bleutée avant de s’étendre auprès de la divinatrice.





  • Approche. Tu as l’air de ne pas être tout à fait réchauffée, toi non plus, même si ce n’est pas pour me déplaire. Vu d’ici, la vue est somptueuse.



  • Oh, non je sais. Peut-être.... Par ici. 









  • Je suis frigorifiée ! Lâcha-t-elle dans un éclat de rire en se rapprochant de lui pour se réchauffer. Un peu d’aide ne serait pas de refus. Dit-elle sensuellement. 

  • Pour cela, je suis très doué, souffla-t-il en la prenant dans ses bras, posant une main sur sa cuisse pour la rabattre sur lui.

  • Je ne sais pas… Je ne demande qu’à voir. Taquina-t-elle avec un regard de prédatrice.






Il rabattit les draps sur eux avant de plonger son regard dans le sien.





  • Grimpe. Et pose ta main au-dessus de mon cœur. Je dois avoir encore un peu de magie en réserve pour toi.

  • Hm… Sinon je connais un moyen plus “intéressant”. Dit-elle vicieusement en grimpant sur lui.

  • Ah oui ? lança-t-il en plissant les yeux, intrigué. Tu attises ma curiosité, Joli Serpent. 

  • Oui. C’est un bon moyen de lier l’utile à l'agréable… lança-t-elle d’une voix sensuelle passant ses mains sur son torse.






Il faisait glisser ses mains le long de son dos. Il avait passé tant de temps seul dans cette chambre qu’il lui semblait étrange de s’y trouver accompagné et avec Mélicendre, de surcroît. Il réalisa alors :





  • Tu sais que c’est la première fois que je passe la nuit avec une femme ici ?

  • Voyez-vous ça… Je ne te crois pas Aesril, je suis sûre que bon nombre de femmes t’ont tenu compagnie, essaies-tu de me faire marcher ? Dit-elle en plissant les yeux, suspicieuse.

  • Je suis très sérieux. Je n’irais pas dire que je n’ai pas… “connu” quelques femmes, mais aucune n’est venue ici. Tu es une exception.






Elle n’arriva pas à dissimuler sa surprise et tente de calmer sa curiosité de peur de gâcher ce moment… en vain. 





  • Hm… Une exception vraiment, pourquoi ? Demanda-t-elle, intriguée en continuant ses caresses.






Une sensation de plénitude l’envahissait en sentant la douceur des doigts de Mélicendre contre sa peau. Il soupira de plaisir avant de reprendre.





  • Eh bien… Mes fréquentations n’auraient pas vraiment plu à Père. Tu comprends, si elle n’avait pas été choisie par un Archimage pédant qui décide de toute ta destinée, elle n’aurait pas été assez bien. Et il fallait qu’elle soit Haute-Elfe également. Pour perpétuer la grande lignée de nos ancêtres. 




Il ne put s’empêcher d’esquisser un rire moqueur.



  • Si tu savais comme ces femmes ont l’esprit étriqué… Il n’y a pas vraiment de place pour l’amour par ici. Et encore moins… - il fit glisser ses deux mains le long du corps de Mélicendre, lascivement - … pour les relations passionnelles. Alors faire venir une femme ici… 






Elle sourit intensément, et sous ses caresses sa peau réagit par de légers frissons.





  • Il est vrai que vous, les Haut-Elfes, êtes une race supérieure. Dit-elle en se jouant de lui. C’est dommage de passer à côté de ses plaisirs… Elle feint une réflexion profonde. Ah, mais c'est pour cela que vous êtes si frigides et grognons. Nous avons une toute autre vision des choses… 

  • Ah oui, la “race supérieure”… Ce n’est pas bien difficile de vivre une vie moins rigide que celle que l’on nous impose ici, cela dit. Tu veux me partager ta vision des choses, peut-être ?

  • Hum… J’hésite… Puis-je vraiment te faire confiance Aesril, et te partager le savoir ancestral des divinatrices. Dit-elle dans un rire léger.

  • C’est toi-même qui a décidé de me faire confiance quand bien même je te l’ai déconseillé… Et au vu de ta posture, je dirais qu’il est un peu tard pour revenir sur ta décision, renchérit-il, un éclat fougueux dans le regard, resserrant sa prise autour de ses hanches. Il semblerait que tu sois piégée...

  • Ouh, Alors je n’ai pas d’autres choix… Que de tout avouer. Dit-elle d’une voix suave. Et bien, pour commencer il n’y à que très peu d’homme dans nos clans, cela est mal vu et puis ceux qui entre dans un clan ne reste jamais longtemps. Nous vivons une vie nomade, en perpétuel mouvement pour ne pas trop attirer l’attention… Notre savoir se transmet de génération en génération… et un don est offert à une divinatrice à l’age de ses 16 ans, transmis et choisi par un de nos ancêtres, comme… un totem, il nous guide et nous aide tout au long de notre vie, nous n’avons pas peur de la mort grâce à cela… et nous avons d’étranges rituels païens… par exemple… le rituel “tantrique”. Raconta-t-elle une pointe d’espièglerie dans le regard, se mordant les lèvres en tentant de rester concentré sous l’emprise d’Aesril. 

  • D’accord… commença-t-il  en se demandant où elle voulait en venir. Et de quoi s’agit-il exactement ? Te connaissant, je commence déjà à me faire quelques idées...

  • Et bien, vois-tu nous sommes toutes nées sorcières, donc nous avons des pouvoirs liés aux éléments, mais nous avons aussi ce don qui nous ai donné et la magie étant ce qu’elle est, nous n’avons pas une ressource illimitée de pouvoirs, nous devons souvent choisir entre l’un et l’autre, mais parfois, il peut arriver que la magie et notre énergie vitale s’épuisent et que nous ayons besoin de nous “recharger” en quelque sorte. Pour cela nous avons deux rituels : le rituel des lunes, qui s’exécute lors de la lune abondante, donc la pleine lune ou le rituel “tantrique”, qui s’exécute, en réalisant un acte “consentit” et charnel.












Elle avait prononcé ses mots en activant ses caresses, parlant d’une façon légère et suave. Elle espérait qu’Aesril ne prenne pas peur, même si elle aurait probablement ri de cette situation. Elle se sentait légère, transportée, par sa voix, leurs conversations, ce moment de partage et de caresses. 




Il fronça les sourcils et esquissa un sourire perplexe, à mi-chemin entre l’amusement et la curiosité.



  • Donc… tu recharges ta magie… en t’unissant à une autre personne… charnellement ?

  • Oui, c’est plus complexe que cela, mais c’est exact. Affirma-t-elle dans un léger rire, en voyant l’expression d’Aesril.

  • … D’accord. Tu m’expliques ? demanda-t-il, se pressant contre elle, impatient d’en savoir plus.

  • Hm… Notre don est souvent lié au psychisme, tout se produit essentiellement dans notre tête, qu’on voit l’avenir ou communique avec les défunts peu importe. Alors, lors de ce rituel, on ne prend pas la magie de l’autre, on crée quelque chose de nouveau, grâce à l’énergie de l’acte en lui-même, par la communion des deux corps, l’utilisation des sens, le lâcher prise. Une nouvelle énergie se crée. Il y a des prérequis, le… consentement et la divinatrice ne peux pas faire le premier pas, c’est l’autre qui doit avoir la volonté, le désir de se lié à elle. Répondit-elle en se mordant des lèvres sentant les pressions d’Aesril sur son corps.






Il lui offrit un regard entendu, esquissant un sourire complice. “Elle est vraiment impossible…” songea-t-il avec amusement, se demandant si ce n’était pas une histoire toute faite pour s’inventer des prétextes et mieux le pousser au vice.





  • Hmm… Je vois. J’ai comme l’impression qu’une divinatrice a cruellement besoin d’énergie magique. Quel dommage, si seulement il se trouvait non loin un elfe particulièrement séduisant, à l’esprit complètement dépravé et aux mœurs dissolues qui accepte de venir en aide à cette pauvre âme… ironisa-t-il en caressant du pouce les lèvres charnues de la divinatrice.

  • Oh… oui si seulement, mais il faudrait qu'il soit exceptionnel, hm… qu'il soit incroyablement excitant, complètement fou et surtout qu'il la désire ardemment. Susurra-t-elle en jouant dans son jeu le regardant dans les yeux, d'un air sybarite.






Il leva les yeux au ciel.





  • Qu’est-ce que tu n’irais pas inventer… Je suis déjà tout à toi cette nuit, Mélicendre, tu n’as pas besoin de plus pour me convaincre, tu sais. Mais je t’en prie, je ne suis pas familier à vos coutumes. Tu me montres comment je dois m’y prendre ?













  • C’est tout ce que je voulais entendre, Aesril. Souffla-t-elle dans un murmure




Elle laissa glisser ses mains le long de son torse dans des caresses sensuelles avant d’arrêter leur chemin sur le haut de ses cuisses, pour se tenir en appuie sur ses paumes et s’élever vers lui. Elle dépose dans son cou des baisers gourmands en jouant de sa langue, reprenant ses caresses. 





  • Laisse-toi aller. Reprit-elle en susurrant. 






Il ferma les yeux pour mieux laisser les sensations affluer en lui et se sentit fébrile sous l’effet des caresses. Toutefois, une pointe d’appréhension l’habitait quelque peu en se souvenant de la façon dont leur dernière étreinte s’était conclue.





  • Tu es sûre ? lâcha-t-il dans un soupir. La dernière fois que je me suis laissé aller, tu étais dans tous tes états… Et il ne faudra pas crier trop fort, ou Dorilwën pourrait s’affoler… pouffa-t-il, un sourire en coin.

  • Tu es inquiet ?






“Inquiet...” se demanda-t-il, considérant véritablement la question. “À l’idée qu’elle ne s’immisce à nouveau dans ma tête et se glisse dans mes souvenirs et mes doutes ? Ou bien peut-être que je ne provoque en elle une autre crise d’émotions” Il la regarda plus intensément, soudain sérieux à nouveau. Oui, ce qu’il s’était produit ne le réjouissait pas. Mais c’était fait désormais. Et elle était là, en toute connaissance de cause. Alors, pour toute réponse, il la fit basculer sur le côté et passa au-dessus d’elle, pressant son bas-ventre contre le sien, plongeant dans son cou pour embrasser et mordiller farouchement la peau de sa nuque, avant de se rabattre, insatisfait, vers la naissance de sa poitrine qui lui semblait appeler ses lèvres.






Mélicendre se satisfait de sa réponse d’un sourire lascif en coin, enfin avait-il peut-être compris que parfois il ne valait mieux rien dire et agir. Elle gémit dans un profond soupir se laissant docilement chavirer. Sa peau frémit sous les baisers d’Aesril, son corps s’anime au rythme de ses caresses, sous la pression de son bas-ventre. Elle se mord les lèvres d’envie en faisant glisser ses mains le long de son dos, pressant ses ongles sur sa peau. Elle passe une main dans ses cheveux pour y entremêler ses doigts sensuellement.  




Il décida alors de s’abandonner véritablement. La divinatrice savait déjà tout. Qu’aurait-il pu y changer ? Elle avait vu en lui bien mieux qu’il ne le pouvait lui-même. Il parsema l’entièreté de sa peau de baisers, cherchant à la couvrir de son désir. Haletant sous l’ardeur qui lui prenait la gorge, il souffla entre deux soupirs :



  • Tu veux que je te dise… la vérité ?

  • Oui. Lâcha-t-elle dans un soupir lascif, en fermant les yeux s’abandonnant à ses baisers.










Il poursuivit ses ardeurs, dirigeant ses baisers sur son ventre, léchant la peau avec une soudaine avidité, attrapant fermement ses hanches pour la garder sous son contrôle. Il entrecoupait chaque baiser en reprenant :



  • Il y a... une créature qui vit en moi, Mélicendre. Elle me dévore chaque jour un peu plus, brûlant mes entrailles, les lacérant chaque seconde... de chaque minute... de chaque heure... Elle me murmure... que je pourrais tout perdre à chaque instant et... me commande de tout faire pour que cela n'arrive pas. Chaque jour depuis que j'ai compris que je n'étais... rien d'autre qu'un grain de poussière… voué à disparaître… sans laisser de traces.






Elle entendait ses mots, les comprenaient parfaitement, malgré son don pour les manier. Mais l’euphorie l’empêchait de dire quoi que ce soit, elle se contentait de répondre par des gémissements las, doux, subtils, se laissant fondre ardemment. Sous ses baisers sa peau devenait ferme, le contact des lèvres chaudes et gourmandes d’Aesril la faisait frissonner, son corps réagissait immédiatement en refermant l’étreinte de ses jambes sur lui. À cet instant, il pouvait bien dire ce que bon lui chantait, son corps lui appartenait tout entier. Il redressa des yeux éclatants vers elle. En eux brillait presque une lueur belliqueuse, féroce.





  • Mais je ne disparaîtrai pas.






Il reprit ses baisers, mais avec plus de fougue, cette fois-ci, resserrant toujours plus son emprise, marquant la peau délicate de la sorcière. Il poursuivit sa progression, toujours plus étourdi par le désir intense qu’il ressentait tandis qu’il la tenait sous son joug, mordant doucement la chair, avant de s’apaiser quelque peu, glissant ses lèvres au creux de ses jambes pour l’inviter à les épanouir.





  • La créature… est autant une malédiction… qu’une bénédiction. Elle est mon feu... Et il dévorera... tout. Absolument tout, conclut-il en appuyant ses baisers avec intensité.






Mélicendre vibrait, un feu ardent se déchaînait en elle. Elle n’avait pas l’habitude de donner tant de contrôle à un autre qu’elle-même, elle se délectait, jubilait. Elle s’ouvre à lui, s’adonne à ce doux plaisir que lui provoquaient ses baisers, gémissant de passion au contact de ses lèvres. Elle se sentait prise au piège dans une prison de vice et de désir, de laquelle elle ne souhaitait pas se libérer. Elle logeait ses ongles dans le matelas en plume d’oie tentant de réprimer ses ardeurs.  





  • Laisse-toi aller… commanda Aesril dans un souffle, sentant qu’elle se retenait.






Il finit par glisser ses mains au bas des reins de la divinatrice pour mieux l’attirer à lui et à ses lèvres et se délecta de la trouver si épanouie à son contact, rendant ses baisers plus langoureux, lovant son nez dans cette douce et moite chaleur.








Elle obéit docilement de peur qu’il ne s’arrête. Elle se cambre de désir, son souffle et rapide et s’arrête sous ses gémissements qui se font de plus en plus sonores. Encouragé par les soupirs de sa partenaire, Aesril la récompensa d’une autre pléthore de caresses de sa langue avant de relever son visage vers elle, à bout de souffle.


  • Tu disais qu’il fallait que je fasse le premier pas. Comment est-ce que je me débrouille jusqu'à présent ? lança-t-il avec un sourire narquois et un regard fauve.


Elle se mord les lèvres avant de se redresser et lui lance un regard plein de malice et de fougue en fronçant les sourcils, sans répondre. Elle rabat ses jambes sur lui, le ramenant vers elle, pour le faire basculer sur le côté et se placer sensuellement au-dessus, rabattant son visage dans sa nuque pour y déposer des baisers langoureux en plaquant son corps contre le sien.



  • Hm… Je dirais que visiblement tu sais manier les mots, Aesril. Susurra-t-elle suavement, avant de l’embrasser fougueusement.


Toujours sous l’euphorie de l’excitation, elle active ses caresses sur sa virilité dans de profonds soupirs d’envie. Aesril ferma les yeux, succombant à ses caresses dans un gémissement grave, se perdant dans ses lèvres, se gonflant d’envie entre les mains de la divinatrice. Il se délecta, d’une voix grave dont les inflexions roulaient contre sa gorge :



  • J’aime quand tu t’enroules autour de moi, Joli Serpent.
  • Le serpent s’enroule et siffle… Autour de sa proie… pour l’étreindre, sous son emprise, elle manque d’air et… succombe.


Elle l'embrassait et mordiller, délicieusement ses lèvres, appliquant de ses mains enthousiastes des légères pressions, son corps se mouvait appelant celui d’Aesril à elle. Sa poitrine se gonfla de désirs, son souffle et chaud, sa respiration s’amplifia, elle exaltait, jubilait sous ses soupirs.



  • Si je dois mourir tué par le serpent, alors, soit. Je m’en remets au destin. Quelle fin exquise, ce serait là, se réjouissait-il en se pressant toujours plus contre elle, resserrant ses bras autour de son corps, pour passer une main dans la cascade de cheveux d’un noir profond.


“Mon âme est vraiment fichue pour de bon…” se dit-il, réalisant la douce folie à laquelle il s’adonnait. Il eut la soudaine envie de mettre à l’épreuve sa confiance. Ce danger potentiel lui procurait une forme d’excitation qu’il ne soupçonnait pas. Toujours dans le jeu de la métaphore il plongea à nouveau ses yeux dans les siens avant de lâcher :



  • Alors tue-moi. Étouffe-moi de tes écailles.







Il lui attrapa une main pour la poser sur sa gorge, une lueur de défi dans le regard. Elle lèva un sourcil, un sourire vicieux en coin. Du bout de ses doigts elle fit jaillir de fines particules de magie, un léger courant traversa son corps, comme des fourmillements. Elle serra un peu plus son emprise et se pencha dans sa nuque pour mordre sa chair.







  • Je pourrais… arrêter les battements de … ton cœur du bout de mes doigts… Ou entrer dans ta tête pour te suggérer la folie… Mais je suis d’humeur à être clémente. Murmura-t-elle en reprenant son souffle dans des soupirs d’excitation.







Il lui rendit son sourire, ravi.







  • Ce sont de beaux projets… Mais pour cela il te faudrait de la magie. Si seulement tu pouvais trouver une source dans laquelle puiser...




  • Rassure-toi, je sais où en trouver… murmura-t-elle.







Mélicendre apprivoise la virilité d’Aesril, la laissant pénétrer ses chairs, ferma les yeux pour savourer chaque sensation, laissant son corps réagir à chaque caresse, à chaque fois que ses mains affleuraient sa peau, elle gémissait. Elle resserra son étreinte sur lui, lacérant sa peau de ses ongles. Saisi par l’extase provoquée par la sensation, il bascula la tête en arrière, ouvrant ses lèvres un peu plus pour laisser passer l’oxygène qui semblait lui manquer, lâchant un râle de délice, sensible aux inflexions de la divinatrice, son corps épousant chaque mouvement du sien. Il pouvait commencer à sentir les particules de magie qui se mouvaient vers elle, dans un frémissement exquis. Il fit glisser une main au bas de ses reins pour l’amener plus proche de lui et lui offrir un peu plus d’amplitude.







  • Mélicendre… parvint-il seulement à lâcher d’une voix étranglée.







Elle jubile, exalte, gémit plus bruyamment, en entendant son nom dans la bouche d’Aesril, ses mouvements se font plus rapides et plus prenants. 







  • Aesril…. Répondit-elle à mi-voix dans un soupir.







Elle sent l’essence de la magie revenir en elle, comme un torrent qu’elle absorbe, un souffle ardent, l’euphorie de la magie, et du moment encourage ses caresses. Elle passe sa main dans les cheveux d’Aesril et resserre ses doigts dans sa nuque en l’embrassant avec fougue et passion. Il sentit l’énergie se développer en elle en une sensation électrisante, vibrante, merveilleuse et sa propre magie lui répondait. Les baisers de la divinatrice achevèrent de lui faire perdre l’esprit, oubliant toute notion du temps ou de l’endroit où il se trouvait. Il s’enivrait de ses soupirs et de ses gémissements et n’aspirait qu’à entendre cette mélodie avec plus de force. Il savoure 


la vision luxurieuse de la silhouette de Mélicendre qui ondule et se courbe avec souplesse et il saisit de ses deux mains ce corps qu’il souhaitait posséder tout entier, lui rendant la frénésie de ses mouvements.
Mélicendre lâche un râle de plaisir intense, sous la pression de son corps, de leurs mouvements de ce profond désirs qui l’envahit tout entière. Son corps est à lui, à cet instant tout sont être lui appartient. 



  • Je t’appartiens, Aesril… Soupira-t-elle 



Aesril crut suffoquer de plaisir, tant par ses mots que par l’abondance des sensations qui parcouraient l’entièreté de son être. Il plonge dans les yeux de la divinatrice, se perd un peu plus loin au creux de ses reins. Le désir l’emplissait tant qu’il savait qu’il était sur le point de le submerger, chacun de ses muscles contractés, prêts à se libérer de l’ultime tension.





  • Tu...es… à moi, Méli...cendre.



Mélicendre exhalait se laissant envahir par la contraction des muscles d’Aesril, 
Resserrant, elle aussi, la pression sur son corps, l’emplissant de caresses qu’elle intensifia, se voulant ardentes, pressantes, séduisantes, elle l’embrassa, mordit ses lèvres de plaisir, de désirs, gourmande et fauve, elle continue ses gestes avec ardeur. Exacerbée par la magie renaissant en elle. 
Et c’est tandis que tout le corps d’Aesril le suppliait de s’affranchir de cette force et que son âme l’implorait de s’unir à la sienne - rien qu’une seconde, rien qu’un fragment de temps - qu’enfin la délivrance le gagna, libérant dans un éclat somptueux un flot de vie et de magie au creux du ventre de la divinatrice. Il tremblait, frémissait, agité de spasmes, la serrant si fort contre lui qu’il en perdait le souffle.
Le corps de Mélicendre se détendit, sa peau était humide étincelante sous les ardeurs d’Aesril, elle se lova contre lui, reprenant son souffle lentement, faisant courir ses doigts sur la peau dorée de l’Altmer étendue près d’elle. La magie avait repris possession de son corps, elle se sentait vivante, pleine d’énergie ou en tout cas bien éveillée. Elle pouvait encore ressentir l’euphorie de cet échange brûlant en elle, et observa l’expression d’Aesril. Pleine d’interrogations, elle releva la tête vers lui, une lueur espiègle dans le regard :



  • Tu ne connaissais pas ce genre de rituel, n’est-ce pas ? demanda-t-elle, un sourire lascif affiché sur son visage, en déposant des baisers sur son torse.



Incapable d’effectuer le moindre mouvement, Aesril se contenta de relever légèrement la tête pour baisser les yeux vers elle, la questionnant du regard. Il esquissa finalement un sourire pour relâcher un éclat de rire ingénu, cette fois-ci dénué de tout cynisme, sarcasme ou amertume. Il y avait dans sa voix une légèreté qu’on lui connaissait peu.


Dernière édition par Général Patafouin le Lun 17 Jan - 19:13, édité 1 fois
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Un éclat hors du temps Empty Re: Un éclat hors du temps

Lun 10 Jan - 18:41

  • Tu es vraiment incroyable toi ! Non… il semblerait que tu m’aies appris quelque chose. Mais je pratiquerais ce genre de rituel à nouveau sans hésitation !




Ce disant, il plongea sa main dans la douceur de la rivière noire des cheveux de la divinatrice, se délectant des sensations qui se dispersaient doucement en lui, tandis que ses muscles s’apaisaient de la tension.







  • Alors je suis comblée d’avoir pu nourrir la soif de savoir du grand Aesril. Tu auras probablement du mal à trouver d’autre divinatrice, d’autre qui le pratique aussi bien que moi. lâcha-t-elle dans un rire léger et taquin.




  • En effet, cela m’étonnerait, mais avoue que si c’était aussi bon, c’est aussi parce que tu avais choisi la victime idéale, un maître des “mots” et de la magie. Et puis… J’ai bien assez d’une seule divinatrice. Une seule comme toi m’accapare déjà tout entier.





Elle posa ses deux mains en appuie sur son torse pour y déposer sa tête, plongeant ses yeux dans les siens.



  • Oui, la victime idéale, j’avoue que tes “compétences” m’ont emplie de plaisir, Aesril. Elle rit sincèrement. Et puis tes nerfs ne le supporteraient pas tu imagines deux Mélicendre sous ta coupe... 



Ces paroles emmenèrent ses pensées dans des visions dont il n’aurait su qualifier si elles étaient plaisantes ou tourmentées, mais il sentit le sang battre un peu plus à la pointe de ses oreilles. Il offrit un sourire complice à Mélicendre, se contorsionnant la nuque pour déposer un baiser joueur sur ses lèvres.



  • Effectivement, je crois que je n’y survivrais pas. Cela dit, ce serait une belle mort.
  • Hm… Oui, délicieuse en effet. 



Elle se plonge un instant dans ses souvenirs de la veille et son esprit se perd dans les tableaux accrochés au mur de la grande salle, le visage de l’Altmer, son regard doux et tendre. 



  • Je peux te poser une question… ? 





Il fronça légèrement les sourcils, surpris.



  • Eh bien, ça a l’air sérieux... Je t’écoute.




  • La magnifique Altmer au regard doux, la peau dorée et de magnifiques cheveux sur le tableau en bas… est-ce ?



Elle s’interrompt pensant soudain à la réaction qu’il pourrait avoir, mais continua malgré tout, avec douceur. 



  • Ta mère... ? 



Il la scruta, songeur, avant de poursuivre ses caresses dans ses cheveux.



  • … Oui. Pourquoi ?




  • Vous avez la même… lueur dans le regard, visiblement elle t’a donné sa beauté. Et… les toiles ? Ce sont les tiennes ?




  • Ma mère a peint la plupart des paysages qui se trouvent en bas, elle a toujours été très douée. Pour les autres, il s’agit de commandes réalisées par quelque artiste pompeux de Lillandril. Je… ne me verrais pas accrocher ce que je peins dans cette salle.




  • Pourquoi ? Je suis sûre que tes œuvres sont magnifiques. Souffla-t-elle curieuse.



Il accorda une caresse tendre à la joue de Mélicendre.



  • Parce que… Je les trouverais inappropriées dans un tel endroit. Il me remémore des souvenirs auxquels je ne tiens pas particulièrement. Et je n’ai pas vraiment le style des peintres du Couchant.




  • Mélicendre caresse sa main avant de l’embrasser avec douceur.




  • Beaucoup trop clinquant… Tu as raison. Tu me montres ?




  • Tu sais que tu es bien curieuse ? demanda-t-il avec un sourire perplexe.




  • Oui, je suis curieuse, et bien réveillée, lança-t-elle une pointe de malice dans le regard.


Il fit descendre sa main dans le dos de la divinatrice pour la maintenir contre lui en se redressant quelque peu, ajustant un oreiller pour mieux soutenir sa tête. 



  • J’ai compris… - il lui adressa un sourire taquin - tu ne lâcheras pas l’affaire c’est cela ? Si je te montre, pourrais-je espérer pouvoir retourner sous ces draps pour dormir contre toi ?



Mélicendre se pince les lèvres faisant mine de réfléchir en levant les yeux aux ciels, puis le regarde en souriant se blottissant à nouveau dans ses bras.



  • Hum… ce n’est pas du tout ce que j’avais prévu… Mais j’accepte, je vais essayer de te laisser dormir. Si tu me montres. Lança-t-elle avec un rire taquin, un sourire joyeux sur le visage.





Il la dévisagea un moment, détaillant son expression, se demandant ce qu’il convenait de faire. Après tout, il n’avait jamais montré ses créations à qui que ce soit. Il peignait non pas pour les autres, mais pour lui. Pour garder une trace, un souvenir. Ce qu’il mettait sur la toile ou sur le papier, c’était lui. Mais c’est toujours tandis qu’il se souvenait qu’il pouvait disparaître demain que l’impulsion lui vint. L’étau se resserrait autour de lui. Peut-être n’aurait-il jamais l’occasion de montrer cela à qui que ce soit. Alors autant que ce soit à Mélicendre, elle qui était désireuse de le connaître, elle qui ne cherchait ni à le juger, ni à le changer.





  • Hmm… Tu es une très bonne négociatrice avec moi. Bien, laisse-moi une seconde, je vais te montrer une chose ou deux.





Il se détacha doucement d’elle, à regret, la déposant délicatement sur les draps à côté de lui, avant de se relever du lit pour se diriger dans un coin sombre de la pièce, où, près d’une armoire, étaient posés à même le sol des toiles recouvertes de papier de soie et des cartons à dessins pleins à craquer. Il s’accroupit, soulevant les papiers avec soin pour observer les toiles, faisant naviguer ses doigts sur les feuilles, triant parmi la quantité de dessins en se demandant ce qu’il pourrait lui montrer. Le résultat d’une vie. Que choisir parmi tout ceci ? Quel fragment du passé voulait-il lui présenter ? Voulait-il lui montrer les paysages chers à son cœur ? Les visages qui avaient marqué ses jours et qu’il ne voulait surtout pas oublier ? Les premiers essais tremblants qui l’avaient mené à ce qu’il savait faire aujourd’hui ? Non. Il ne voulait pas montrer ses performances, cette fois-ci. Ni sa famille, ni son histoire. Il n’avait pas envie de se replonger là dedans. Pas tandis qu’il passait un moment d’une douceur si exceptionnelle. Il voulait lui montrer de la beauté. Et lui montrer à travers ses yeux. Il sut alors exactement quoi offrir à son regard. 


Il se saisit d’une toile, grande de deux bonnes coudées, emballée dans de très nombreuses couches de papier, les effeuillant légèrement du bout des doigts pour s’assurer qu’il avait bien choisi le bon ouvrage. Il revint alors vers Mélicendre et s’assit sur le bord du lit, posant la toile sur ses genoux. Mélicendre se glissa vers lui se plaçant à genoux sur le lit, l’enroulant de ses bras pour poser délicatement sa tête sur son épaule. Avec la plus grande précaution, il défit l’enchevêtrement de feuilles vaporeuses pour révéler une peinture qui ne ressemblait ni à un portrait, ni à un paysage. La peinture aux aspects flamboyants, presque luminescents se mouvait sur la toile dans un enchevêtrement de ce qui ressemblait à des fils de lumière. Des feuilles d’or accentuaient certains pans de la toile et donnaient au tout une dimension vibrante, comme si un tissu chatoyant dansait sur la fibre. Aesril demeura ainsi, regardant la peinture, sans dire un mot, comme perdu dans ses pensées. Mélicendre observa attentivement, son regard se plonge dans la toile, elle observe les formes hypnotiques, le jeu de lumière, le choix des couleurs, le coup du pinceau, elle aurait presque envie de caresser la toile du bout des doigts pour ressentir cette émotion, celle qui l’a envahie, lui, au moment où il la peint, mais elle se ravise voyant avec quelle délicatesse il la tenait. Elle se laisse transporter par l’aura que la toile dégageait et ressentait, quand elle fut frappée par le silence d’Aesril. 



  • Elle est magnifique. Chuchota-t-elle dans sa nuque avant de reprendre en tendant sa main vers la toile. Je peux ? 



Il esquissa un léger sourire doux et amena avec une immense délicatesse la main de la divinatrice vers la toile en prenant son poignet entre son pouce et son index.



  • Vas-y.




  • Et toi, tu veux t’y replonger ?.  




  • Oui, répondit-il simplement, d’une voix assurée. 





Mélicendre lui sourit intensément et dépose un baiser sur son omoplate, avant de lover son visage contre sa peau. Elle dépose une main sur la toile et l’autre sur sa poitrine dans une étreinte de douceur. Elle ferma les yeux et concentra sa magie, elle les ouvrit à nouveau, ils prirent une couleur blanc lunaire. Mélicendre transmettait ce qu’elle voyait, ce qu’elle ressentait, les replongeant tous deux dans ce moment, revenant en arrière à cet instant où Aesril attrape le pinceau, la toile et commence à peindre. Son humeur, ses sentiments, comme s’ils y étaient, jaillissent de la peinture pour les submerger. Elle vit alors de la même façon que si elle voyait à travers les yeux d’Aesril. Les fils de magie se mouvaient autour de lui, tournoyant, balayés par une onde invisible. La lueur dorée imprégnait l’espace et affluait dans sa direction et autour de lui, suivant sa volonté, distordant la réalité, développant le voile des possibles. Il contemplait avec fascination, la splendeur de ce spectacle, la somptuosité des sensations de ce flot qui le parcourait et vivait avec lui. Le monde entier était fait de lumière. Mélicendre savoure et ressent la beauté de ce moment, elle le vit pleinement et se laisse submerger, elle bouge son visage de nouveau dans la naissance de sa nuque, sans arrêter le flot d’images.



  • C’est ça, la vraie beauté de ce tableau, chuchota-t-elle.



Aesril, les yeux fermés, se laissait porter par l’instant, bercé par la splendeur de ce souvenir et par la douceur du contact tendre que lui offrait Mélicendre. Il respira amplement, avant de répondre, doucement :



  • Quoi donc ?




  • La vraie beauté de ce tableau, c’est ce que tu as ressenti en le peignant, l’émotion qu’il dégage, que tu dégageais à ce moment et que tu dégages encore en te replongeant dedans.



Elle déposa ses lèvres sur sa peau et les images s'évaporèrent doucement, avec légèreté. Ses yeux redeviennent de leur bleu azuréen d’origine et elle desserra son étreinte avant de faire courir ses ongles le long de sa colonne vertébrale.



  • Je crois dire sans me tromper, que le peintre est aussi unique que son tableau, Aesril, murmura-t-elle.



Encore une fois, Mélicendre le désarçonnait. Troublé par ses paroles, il ne sut quoi répondre. Si elle était sincère, ce qu’elle venait de dire signifiait beaucoup. Partagé entre l’envie de croire en sa sincérité et l’inquiétude de voir qu’elle tenait véritablement à lui, il rouvrit lentement les yeux pour souffler simplement :



  • Je voulais… que tu voies le monde tel que je le vois.





Ses propres mots le perturbaient et pourtant, il savait que ce qu’il disait là était vrai. Alors, il n’ajouta rien de plus. Mélicendre se glissa en arrière en poussant la couverture en plume d’oie, remaniant les oreillers pour s’y allonger, sans répondre, elle savait qu’il était rare pour Aesril de se livrer ainsi, et se satisfaisait de ce qui lui avait montré sans en demandé plus. Elle dépose la paume de sa main sur les draps.



  • Tu ne voulais pas te reposer ? Approche. Dit-elle simplement d’une voix taquine en tapotant sa main délicatement.



Il sortit de sa torpeur et releva la tête dans sa direction, lui adressant un sourire entendu. Il était heureux qu’elle ait mis fin à cet instant chargé d’émotions. Il replia donc avec le même soin les feuilles sur la peinture et partit la reposer là où il l’avait prise avant de revenir vers le lit. En cet instant, il ne trouvait rien de plus irrésistible que la vision de cette sorcière à la voix suave et aux courbes graciles soulignées par les draps voluptueux et il s’y plongea avec bonheur, se délectant de la chaleur qui l’enveloppa rapidement. Il exécuta un rapide arc de cercle de sa main, soufflant les flammes des bougies illuminant la pièce, ne laissant que la lueur fauve du feu qui brûlait doucement dans la cheminée de marbre blanc.



  • Viens, demanda-t-il à Mélicendre. Je veux te sentir contre moi.



Elle s’approche sensuellement se lovant contre lui, plaquant son corps contre le sien, observant sa peau dorée illuminée par les reflets de l’astre et la lueur de l’âtre. Elle faisait pianoter ses doigts sur son torse, les arrêtant parfois en de vraies caresses.





  • Tu veux que je te raconte une histoire ? Demanda-t-elle avec une pointe de moquerie en restant sérieuse.



Fermant les yeux, profitant du délicieux contact du corps de la divinatrice, il poussa un profond soupir avant de répondre :



  • Il était une fois, une divinatrice trop imprudente qui a eu le malheur de se moquer de son hôte tandis qu’elle se trouvait dans son lit. Et elle mourut assaillie de ses ardeurs. Fin.



Il entrouvrit légèrement les paupières pour observer son expression avant de lui adresser un sourire taquin.



  • Bon, sans rire, je veux bien. Ta voix est très agréable. Enfin… quand tu ne pars pas dans un de ces rires démoniaques, bien sûr, pouffa-t-il doucement.



Mélicendre se redressa subitement en se pinçant les lèvres, affichant un sourire en coin, “touché” pensa-t-elle. Elle rit doucement pour taire son rire “démoniaque”, avant de reprendre en plissant les yeux, feignant un regard noir.



  • Quel joli conte, mais il me semble que la divinatrice y a pourtant survécu. J’ajouterais que tu es probablement atteint de surdité partielle, car mon rire est merveilleux. Tu ne mérites pas mon conte. Dit-elle en mimant un air boudeur en tentant de s’éloigner de lui.  




  • Eh là, où crois-tu donc aller comme ça ? N’as-tu donc rien retenu de ce que je viens de raconter ? Ne sais-tu pas à quel point il est dangereux de me contrarier ? la menaça-t-il d’une voix caressante, tout en la ramenant à lui d’une main ferme.




  • Et si j’aimais te contrarier pour subir tes ardeurs ? Ne te souviens-tu pas ? J’obtiens toujours ce que je veux. Répliqua-t-elle, mesquine. Mais je mourrais bien assez tôt, alors je vais augmenter mes chances en restant docile.





Elle reprend place auprès de lui un sourire vicieux sur son visage et lui caresse la joue tendrement avant d’y déposer un baiser et placer sa tête sur son torse. Il la remercia en passant sa main dans les cheveux de la divinatrice, la logeant au creux de sa nuque, sous la soyeuse crinière, la gratifiant d’une légère pression de ses doigts.





  • Quelle manipulatrice tu fais là… répondit-il amusé. Tu passes trop de temps avec moi, toi.




  • Il referma les yeux en étirant ses jambes, poussant un profond soupir de contentement.




  • Bien, je suis tout à toi. Je t’écoute.




  • Bien. Sois attentif Aesril, car je vais te conter une de nos plus anciennes légendes. Murmura-t-elle en caressant son torse avant de reprendre d’une voix calme et douce. La légende raconte que nos ancêtres partageraient la mort avec les divins et que les divinatrices auraient été créées et envoyées dans ce monde pour faciliter les échanges entre les créatures vivant sur cette terre et les divinités. Elle raconte aussi qu'une des divinatrices du tout premier clan à bouleversé l’équilibre des choses en tentant de corrompre l’avenir de son amant en essayant d’interrompre sa mort. Pour la punir, les Divins lui aurait demandé de le tuer. À la place, elle s’ôta la vie et pour que cela ne se reproduise jamais, ils auraient maudit les divinatrices en les empêchant de tomber amoureuses, jugeant que l’amour était un sentiment, qui les empêchaient de faire leurs devoirs. Ainsi existe la malédiction des divinatrices.



Bercé par la douceur de la voix de Mélicendre, le visage d’Aesril avait commencé à se détendre, dans une expression de sérénité, ses lèvres doucement posées l’une sur l’autre, à demi ouvertes.



  • Hmm… C’est beau, Joli Serpent. Et triste et vrai à la fois.




  • N’est-ce pas le but des légendes… dit-elle à voix basse en regardant ses doigts faire des va-et-vient sur sa peau, les yeux vagues. 




  • C’est vrai… Et à faire s’évader notre esprit, aussi. Ton histoire me rappelle un poème… que j’ai lu dans une vieille ruine. Un très ancien poème.




  • Alors à ton tour de me raconter, chuchota-t-elle en levant les yeux vers lui.




  • Hmm… Maintenant ? Lâcha-t-il d’une voix engourdie.




  • Oui, s’il te plait, je veux l’entendre. Supplia-t-elle en faisant la moue.



Fermant les yeux, son front se plissa tandis qu’il tentait de se remémorer les inscriptions qu’il avait vues et traduites en langue commune. Il massa doucement le cou de la sorcière et s’éclaircit la gorge avant de réciter. Mélicendre fixe le plafond et se concentre doucement pour submerger la chambre de sa magie, des particules de toutes tailles apparurent comme un ciel étoilé au-dessus de leur tête, en bougeant ses doigts la magie se mouvait, et les étoiles prenait alors vie, entamant une danse à mesure qu’il récite : 



C’est à la lueur des lunes


Que deux âmes virent le jour


Destinée opportune


À faire naître l’amour






La beauté et la grâce avaient pour nom Laelina


En son oeil, brillait sagesse et vivacité


À ses pieds, les hommes se sont prosternés


Mais pour un seul, son coeur s’embrasa






De tous, Falenwil incarnait la noblesse


De sa force et de sa volonté, rien ne lui résistait,


De bonté ou d’esprit, nul ne rivalisait


Mais pour une seule s’exprimait sa tendresse






Unis par les étoiles, bénis par la Lumière,


Inséparables, leur âme allait de paire


C’est pourtant la mort qui vint arracher Falenwil


Aux bras de sa douce promise, provoquant son péril






À mesure qu’il récitait, sa voix s'appesantissait peu à peu, prenant des inflexions plus graves. Mais il poursuivit, malgré tout :

Tragique destinée, châtiment infâme,


Pourquoi avait-il fallu qu’on lui extorque son âme ?


Brisée, désespéré, elle n’avait d’autres armes


Que l’usage intarissable de ses larmes.






Mais son aimé, éploré, entendit sa douleur viscérale


Et cristallisa son être dans une larme déposée


Afin que son âme puisse monter, s’évaporer,


Et gagner la voûte céleste, incarnant une étoile






Enfant des astres, devenu Lumière,


Il veilla ainsi sur elle depuis les airs


Et c’est dans la mort, une fois rassemblés…


Qu’ils… vécurent… ainsi… pour… l’éter...nité…



La voix d’Aesril avait fini par s’éteindre dans un souffle tandis que sa tête se blottissait un peu plus profondément au creux de l’oreiller de plumes et contre la chevelure de Mélicendre dont l’odeur de jasmin acheva de l’apaiser.


En sentant qu’Aesril venait de s'endormir, elle referme ses mains et les étoiles disparaissent plongeant la pièce dans l’obscurité de la nuit. Mélicendre observe le visage de l’Altmer endormi à ses côtés caressant sa peau, se lovant contre lui avant de s’endormir a son tour, au bout de quelques heures.
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Un éclat hors du temps Empty Re: Un éclat hors du temps

Lun 10 Jan - 18:46
Dans la chambre où se mélangeaient des odeurs de lavande, de jasmin et de livres anciens, un brise légère soulevait les rideaux de voile fin tandis que la mer se faisait entendre au loin. Une main tendre vint se poser contre l’épaule de Mélicendre, toujours endormie, caressant la peau nue avec douceur, écartant les cheveux de son visage pour déposer sur sa joue, puis dans son cou, puis dans son dos, des baisers d’une grande délicatesse, les lèvres effleurant son corps avec légèreté. Il ne souhaitait pas la réveiller. Pas tout de suite. Mais la tentation de revenir auprès d’elle était trop grande et cette matinée trop belle. Il ne savait depuis combien de temps il n’en avait connu de telle.

Alors, il revint auprès d’elle dans le lit. Il songea à la journée qu’il allait passer, aux rendez-vous qu’il allait devoir honorer, aux mondanités auxquelles il devrait se plier… il serait bien assez tôt pour tout ceci. Pour l’heure, il entendait bien profiter aussi longtemps que possible de ce répit qu’il savait de courte durée. S’allongeant aux côtés de la divinatrice, dans son dos, il prenait plaisir à observer la lueur du matin caresser sa silhouette et faire resplendir sa peau d’albâtre. Il fit glisser les draps pour laisser apparaître ses courbes avant de se plaquer contre son dos, passant un bras au-dessus d’elle pour l’enlacer, reposant sa main sur le galbe moelleux de sa poitrine, sentant les pulsations lentes de son cœur. Il n’aurait su dire quel bonheur il ressentait que de sentir à nouveau la chaleur d’un corps contre le sien au réveil. Cette sensation lui paraissait si lointaine… la proximité si anormale et pourtant… si délectable. Comme pour la remercier d’être là, il déposa un autre baiser - plus prononcé cette fois-ci - au creux de sa nuque. 


Une douce sensation de chaleur se blottissant contre sa peau sortit doucement Mélicendre de son sommeil. Elle ressentait les lèvres d’Aesril se déposant dans sa nuque avec douceur, le bout de ses doigts caressant ses courbes dévoilées la fit frissonner, une sensation de plénitude l’envahit. Ces sensations, cette douceur au réveil, ces attentions, la dernière fois qu’un homme l’avait bordée de cette façon en se réveillant à ses côtés semblait être si lointain. Elle mit quelques minutes avant de réaliser où elle se trouvait, mais elle savait parfaitement à qui appartenaient les bras qui l’enlaçaient. Elle se mouvait dans les draps de satin avant de poser sa main dans sa nuque en se retournant vers lui. Elle ouvrit les yeux doucement, hésitante ; elle aurait tant aimé ne plus sortir de ce lit, ne pas sortir de cette étreinte, ne jamais s’en défaire, elle savait ce qui les attendait les prochains jours et la journée ne pouvait pas mieux commencer. Elle détailla son visage balayant chaque petit détail d’un regard empli de douceur en caressant le haut de sa joue.



  • Bonjour. Dit-elle simplement d’une voix apaisée.



Lorsqu’il surprit le regard empli de douceur de Mélicendre, ses entrailles se resserrèrent quelque peu. La dernière fois que quelqu’un l’avait regardé de la sorte remontait à… Il préféra ne pas y penser. "Ne me regarde pas comme ça, Joli Serpent...", songea-t-il avec amertume. Il se demanda s’il n’était pas en train de commettre un impair en se laissant aller à ces élans de tendresse à son égard. N’était-il pas là en train de lui faire miroiter des chimères ? Ou même de relâcher sa propre volonté ? Cette pensée le troubla.
Un voile vint obscurcir son propre regard, mais bien vite, la voix suave et les doigts délicats de la divinatrice le ramenèrent au moment présent.



  • Bonjour, répondit-il doucement.



Mélicendre se blottit, resserrant ses bras autour de lui, elle savait que l'heure était bientôt venue, et après cela ? Après cela, c'était peut-être la fin. Elle plongea son regard dans la hauteur du plafond, pensive. Non pas réellement on se souviendrait encore quelques années au moins du grand Aesril et ses recherches, mais d'elle que retiendra-t-on…? La sorcière d'Elsweyr, la divinatrice, la catin
peut-être rien… “Les gens se souviendront de la catin. Songea-t-elle avec amertume” Comme une piqûre de rappel, elle se souvenait qu'aujourd'hui était peut-être son dernier moment avec lui, avec celui qui la voyait pour ce qu’elle était réellement. Elle resta silencieuse un court instant avant de revenir au moment présent, elle offrit un regard vicieux et un sourire taquin à son hôte faisant passer sa jambe au-dessus de lui, pour grimper et caresser son torse nu et y déposer à son tour des baisers. 



  • Bien dormi ? Murmura-t-elle sensuellement. 



Le sourire et l’attitude de Mélicendre achevèrent de chasser les nuages de son esprit. Il s’émerveillait de l’incroyable faculté qu’elle avait de lui apporter de la légèreté, même dans les moments les plus graves et les plus solennels. Elle était telle une bouffée d’air frais dont il aurait pu s’enivrer jusqu’à en perdre haleine. Autrefois, sa façon de tout prendre à la légère l’insupportait. Aujourd’hui, et surtout, alors que ses sentiments laissaient apparaître une nature plus humaine, il y trouvait une forme de sensibilité touchante. Il se laissa embrasser avec bonheur, l’incitant à amener ses lèvres à lui d’une main caressante sur son visage pour déposer un baiser passionné.



  • Cela faisait une éternité que je n’avais pas si bien dormi, confia-t-il. Tu as véritablement des dons insoupçonnés, belle Mélicendre.
  • Et bien, crois-le ou non, mais je n’avais pas aussi bien dormi depuis bien longtemps également et puis, quel merveilleux réveil. Serait-ce votre ardeur Aesril qui agit sur moi de la sorte ? lança-t-elle dans un sourire lascif en se délectant de ses baisers.
  • Voudrais-tu y goûter à nouveau pour être sûre ? lança-t-il avec un sourire espiègle.
  • Hm… Je crois… Que ma mémoire… me joue… des tours. Susurra-t-elle en déposant des baisers sybarites sur son torse en remontant dans sa nuque. Peut-être pourrais-tu me rafraîchir la mémoire ?.



Elle dépose un baiser langoureux sur ses lèvres, prenant son visage dans ses mains en caressant sa joue, plaquant son corps contre le sien. À nouveau, sa peau réagit instantanément appelant ses caresses. Le corps de l’elfe répondit à ce contact sans se faire prier davantage et il se laissa emporter par l’ivresse provoquée par la langue caressante de la divinatrice, un soudain appétit grandissant à nouveau en lui, se plaquant un peu plus contre elle pour lui faire ressentir sa vigueur.



  • Je pense… que c’est dans mes cordes… répondit-il d’un ton enjôleur, entre deux respirations. Tu es insatiable, Joli Serpent. 
  • Ce n’est que pure... gourmandise, Aesril. Souffla-t-elle en se mordant les lèvres de désir.
  • Je pensais te proposer un petit-déjeuner, mais ce genre de mets me sied parfaitement… Méfie-toi, à force de t’offrir ainsi à moi, sans rien me demander en retour, je vais finir par croire que tu fais cela car tu apprécies réellement ma personne et le bien que je te fais, lança-t-il avec un sourire malicieux, caressant du bout du pouce la pointe de ses seins, glissant une main entre leurs deux corps alanguis.
  • Tu es un met totalement à mon goût… tu es comme un bon vin… qui fond sous ma langue, Aesril. Répliqua-t-elle en appuyant ses baisers.



Ses baisers étaient langoureux et sensuels, ses caresses devinrent pressantes, elle se languit sous ses mains, frémit au contact de sa peau. Il plongea un regard ardent dans les yeux cristallins de la divinatrice. Il l’aurait dévorée. Pas littéralement bien sûr. Mais elle provoquait en lui une réaction animale.



  • Alors, je t’en prie, savoure donc. Savoure jusqu’à l’ivresse, s’il te sied.



Mélicendre lança un regard lubrique à Aesril. Se délectant de son envie qui faisait accroître en elle un feu ardent, elle le désirait, elle le voulait, elle souhaitait qu’il se perde dans l’euphorie, dans la folie de ses plaisirs. Elle roule de ses lèvres sur sa peau, s’arrêtant parfois pour embrasser sensuellement sa chair, traçant un chemin jusqu'à son bassin. Abordant sa virilité de ses lèvres sensuelles. Il ferma les yeux, profitant des sensations des lèvres de Mélicendre courant sur son corps, mais il fut surpris de sentir le contact chaud de ses lèvres contre son intimité. Il releva les yeux vers elle, caressant sa joue d’une main pour la passer dans sa chevelure, étourdi par ces sensations. Il ne put s’empêcher de relâcher un râle de plaisir profond.



  • Oh, Mélicendre, c’est un délice...



Elle exalte, en entendant le son de sa voix et ses gémissements, elle presse un peu plus fort sur ses lèvres. Effleurant de sa langue sa chair en déposant une main au niveau de sa hanche pour se maintenir à lui et de l’autre animé sa virilité d’étroites et charnelles caresses. Il se noie dans ce plaisir intense, respirant profondément pour tenter de ne pas s’abandonner trop vite, une main posée sur le front et l’autre s’engouffrant toujours un peu plus sous l’épaisse toison des cheveux noirs de la divinatrice.
Il sentait l’extase monter en lui avec puissance lorsque l’on frappa à la porte.



  • Revenez plus tard, Dorilwën... s’efforça-t-il d’articuler entre deux soupirs.
  • Aesril ? répondit une voix féminine qui ne ressemblait en rien à celle de la domestique. Puis-je entrer ?



Il se figea instantanément, les muscles contractés. 



  • Mère… lâcha-t-il pour lui-même, dans un souffle, redressant le regard vers Mélicendre.



Elle abandonne son étreinte pour se redresser vers lui. La voix de la femme lui était inconnue, mais en jugeant l’expression sur le visage d’Aesril elle comprit immédiatement que ce n’était sûrement pas une autre domestique et hausse les sourcils avec un sourire en coin. 



  • Intéressant… Pouffa-t-elle taquine.



Il fronça les sourcils à la remarque de Mélicendre et lui lança un regard intense, comme pour lui signifier “pas de blagues”. Connaissant son goût pour la taquinerie, il adoucit quelque peu son expression et posa un doigt par-dessus ses lèvres pour lui intimer le silence.



  • Pas un mot, murmura-t-il à son intention, avant de reprendre pour sa mère, de l’autre côté de la porte, s’efforçant de garder un ton mesuré : Je viens, Mère, laissez-moi un instant.
  • Je n’oserais pas, lança-t-elle en souriant, passant un doigt sur ses lèvres en mimant une clef.



Il s’arracha avec empressement aux mains et aux délices de Mélicendre, tout en prenant garde de ne pas lui infliger un geste malheureux dans la précipitation et se dirigea à pas vifs vers une grande armoire pour attraper des vêtements au hasard - une chemise de lin et un pantalon de toile de coton brun - qu’il passa sans se soucier de les ajuster. Il se dirigea alors vers la porte, jetant un rapide coup d'œil à la divinatrice étendue lascivement sur le lit, arborant fièrement sa nudité et qui avait l’air de se délecter de la scène. Il la gratifia d’un regard désapprobateur avant de reprendre un air plus amène et d’ouvrir la porte, se mettant dans l’embrasure de celle-ci pour en masquer la vue.
Mélicendre prit la couette à regret pour dissimuler sa nudité, étouffant son rire en glissant sa tête dans l’oreiller, écoutant la voix d’Aesril dans l'entrebâillement de la porte.



  • Bonjour Mère, salua Aesril d’une voix tendre. Est-ce que tout va bien ?
  • Bonjour, mon bel enfant, répondit-elle avec la même douceur. 



Elle avisa les cheveux en bataille de son fils et sa chemise à peine lacée avant de reprendre avec bienveillance :



  • J’espère que je ne te réveille pas, je t’apporte du thé, celui que tu préfères. Je sais que Menduil dit que je ne devrais pas et que ça t’incite à rester dans ta chambre, mais comme il n’est pas là en ce moment, je me dis que ça ne fait de mal à personne, lança-t-elle avec un petit sourire espiègle.



Il fronça les sourcils.



  • Dorilwën vous a laissée m’apporter ça ? Elle n’aurait pas dû, c’est son travail.
  • Oh non, j’ai fait ça dès qu’elle a eu le dos tourné, répondit-elle dans un rire doux. Et puis, tu sais qu’elle ne prépare pas le thé aussi bien que moi. Ça me fait plaisir de te l’apporter. C’est si bon de pouvoir voir ton visage de bon matin, comme autrefois...



Le regard de sa mère parut se perdre dans le vague et Aesril reprit la conversation pour la sortir de sa soudaine absence, se saisissant doucement du plateau soutenant la théière que sa mère tenait entre ses mains.



  • Merci Mère, c’est très attentionné de votre part. Que diriez-vous que je vous fasse la lecture, cet après-midi, pour que nous passions un peu de temps ensemble ? Je tenterai de me libérer d’un de mes rendez-vous avec ces vieux Sapiarques ennuyeux.



Il disait ces mots avec chaleur, pressant sa main sur son épaule dans un geste attentionné. Sentant son contact, le regard de sa mère parut s’éclairer à nouveau d’une lueur vive et elle le questionna, un léger sourire étirant ses lèvres :



  • Mais… Toi, tu as pratiqué de la magie, récemment, n’est-ce pas ?



Il cessa de respirer un instant et prit un air étonné.



  • Av Adma ? demanda-t-il pour s’assurer qu’il avait bien entendu.
  • Oh, voyons, ne fais pas comme si tu n’avais pas compris, je peux très bien sentir les particules de magie ! le taquina-t-elle gentiment. Ne prends pas cet air étonné, tu es mon fils et je connais ton énergie par c...



Elle laissa sa phrase en suspens et Aesril, pendu à ses lèvres, figea son expression, comprenant qu’aucune stratégie de dissimulation ne pourrait masquer la vérité. Le regard de sa mère s’illumina et un sourire rayonnant de complicité s’étala sur son visage. Elle posa une main pudique devant sa bouche et Aesril ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, dépité.



  • Oh, je vois, toutes mes excuses ! pouffa-t-elle dans un petit rire. Et puis-je au moins savoir comment elle s’appelle ? Ou “il” ? Mais mon instinct me dit que cette magie appartient à une femme…
  • Mère… commença-t-il avec lassitude et embarras.



Mélicendre n’en pouvait plus de se retenir de rire, l’oreiller non plus, elle lâcha par mégarde un petit rire aigu et se mit immédiatement la main sur la bouche. En entendant la demande de la mère d’Aesril et voyant qu'il ne semblait pas décidé à lui répondre, elle sourit, d’humeur taquine puis se concentra se demandant si, elle allait pouvoir ressentir sa réponse comme elle a pu si aisément ressentir sa magie. Elle suggère par télépathie : 

  • “Mélicendre, enchantée pardonnez ces présentations douteuses, mais je ne puis me présenter dignement à vous, tout de suite”



Comme une bouteille jetée à la mer, elle attendit de voir ce qui allait se passer en mordant ses doigts, se demandant si sa mère prenait autant de plaisir qu’elle a taquiner son fils.


La mère d'Aesril écarquilla les yeux dans une expression de stupeur mêlée d'amusement et elle lança un regard entendu à son fils tandis qu'il se demandait ce qu'il lui prenait. Mais il avait senti la légère variation dans l'air et il se douta que quelque chose se tramait.



  • Je vois… ravissant prénom, lança-t-elle, joyeusement à l'adresse de son fils.



Il tourna alors la tête vers la divinatrice, la foudroyant du regard, entendant son léger éclat de rire. "Elle a osé..." fulmina-t-il intérieurement, serrant la mâchoire. Voyant l’embarras de son fils, elle reprit plus calmement :



  • Je ne vais pas vous embêter plus longtemps dans ce cas. Si j’avais su, j’aurais apporté une autre tasse… 
  • Oui, mais je ne suis pas sûr qu’elle prendra du thé de toute façon, mieux vaut réserver ça aux personnes bien éduquées… lâcha-t-il avec un sourire pincé, espérant que Mélicendre n’en perde pas une miette.
  • Oh, voyons, ne sois pas grossier. Assure-toi juste que Menduil n’en sache rien, je ne suis pas certaine qu’il serait enchanté de l’apprendre…
  • Bien sûr, Mère, vous serez la gardienne de mon secret dans ce cas, d’accord ?
  • Bien évidemment, il ne saura rien de ma bouche, c’est promis ! fit-elle en plissant ses yeux verts d’un air pétillant de malice.
  • Merci Mère, vous êtes adorable, répondit-il doucement en déposant un baiser sur son front.
  • Profite de cette matinée, mon Rayon de soleil, c’est si rare de te voir ainsi. Je te vois tout à l’heure ? demanda-t-elle tout en commençant à s’éloigner tranquillement.
  • C’est promis, répondit-il en refermant la porte sans empressement.



Il revint avec le plateau, le déposant sur son bureau dans un bruit cliquetant de porcelaine précieuse.



  • Tu es contente ? Tu t’es bien amusée, j’espère ? lança-t-il à Mélicendre, sarcastique, le regard accusateur. 



Elle sortit sa tête de sous la couette, pouvant enfin laisser échapper le rire qu’elle avait retenu en le regardant plein de malice.



  • Oui, beaucoup… Je la soupçonne d’aimer presque plus que moi te taquiner. Lâcha-t-elle entre deux rires en plissant les yeux. 
  • Cela m’étonnerait, répondit-il machinalement. Je ne connais personne d’autre que toi qui prenne un aussi malin plaisir à me mettre mal à l’aise. Et ma mère est bien trop gentille, comparée à toi.



Il conclut sa phrase par un imperceptible sourire taquin, la regardant dans les yeux pour la première fois depuis qu’il avait refermé la porte derrière lui. Il ouvrit ensuite l’un des tiroirs du bureau pour en sortir une seconde tasse qu’il déposa sur le plateau avant de servir un thé noir qui dégageait des arômes boisés et corsés.



  • Hum… Je crois t’avoir déjà entendu me dire que j’étais gentille et je sais que tu aimes ça… Lança-t-elle dans un sourire vicieux.
  • Je ne crois pas avoir jamais prononcé de telles paroles… Je pense même avoir dit l’inverse et à de nombreuses reprises. Mais je vois de quel genre de “gentillesse” tu parles, répondit-il sur un ton séducteur. Tu mériterais d’être châtiée pour t’être jouée de moi de la sorte. Mais tu as de la chance, quelqu’un m’a mis de bonne humeur, ce matin. Du thé ?
  • Avec plaisir, hum… Je me demande bien qui a réussi cet exploit, répondit-elle en se prélassant dans les draps.
  • Un serpent à la langue voluptueuse et aux nombreux talents, dit-il d’une voix caressante en se rapprochant d’elle pour lui tendre une tasse de thé fumant posée sur une coupelle de porcelaine au blanc éclatant.
  • Ah, me voilà rassurée, j’ai cru un instant que tu parlais de Dorilwën. Répliqua-t-elle dans un rire franc en prenant la coupelle dans ses mains plongeant ses lèvres pour boire une gorgée. 
  • Bien sûr que je parlais d’elle. Elle anime mes rêves les plus fous, tu t’en doutes, lança-t-il en pinçant les lèvres pour réprimer un rire, tout en avalant à son tour une gorgée de thé.
  • Je savais que tu étais fou, mais là cela dépasse l’entendement. S’exclama-t-elle dans un rire en hochant la tête de droite à gauche.



Il ferma les yeux pour mieux savourer l’instant et écouter le son des vagues qui résonnait depuis la fenêtre ouverte. Il les rouvrit pour accorder un sourire sibyllin à Mélicendre.



  • Bien, si tu as terminé de te moquer de moi, il est possible que j’aie quelque chose pour toi.
  • Vraiment ? Demanda-t-elle en levant un sourcil de surprise.



Il esquissa un sourire, ravi d’avoir pu surprendre la divinatrice. Il avala une autre gorgée de thé avant de reposer la tasse sur son bureau. 



  • Oui. Je ne suis pas devin, mais je pense que ça va te plaire.



Il murmura une incantation et tourna une clef dans l’un des tiroirs du bureau. Il en sortit une petite boîte de bois laqué noir, cerclé d’un délicat fermoir doré.



  • Tu oses retourner ma phrase contre moi !  Feignant l’indignation. Je t’écoute, mais je n’ai rien à t’offrir Aesril. Dit-t-elle avec une voix douce en l’observant.



Lorsqu’il se retourna pour faire à nouveau face à Mélicendre, tenant la boîte entre ses mains, les yeux posés sur celle-ci, il avait repris un air plus solennel, tandis qu’il s’avançait lentement vers elle.



  • Tu m’as déjà offert quelque chose, Mélicendre. Ta confiance. Ce que je t’offre n’est pas grand chose en comparaison de cela. Mais c’est un outil. Même si je souhaite qu’il n’ait pas à te servir, il sera là pour te rappeler - à toi et à tous les autres - que je protège ceux qui placent leur confiance en moi.



Il arriva à sa hauteur, près du lit et lui tendit la petite boîte de ses deux mains.
Mélicendre lança un regard d’incompréhension en plissant les yeux, prenant dans ses mains le coffret, délicatement.  Elle ne trouva rien à dire sur le moment, elle savait pertinemment ce qui l'attendait en lui offrant sa confiance et en l’aidant, elle connaissait les enjeux et les risques, pour elle comme pour lui. En lui offrant ce cadeau Mélicendre réalisa soudainement la hauteur de son geste ; peut-être n’avoueraient-ils jamais tous deux avoir de l’affection l’un pour l’autre, mais elle prenait ce geste comme tel. Elle observe le coffret un instant, hésitante, le caressant de son pouce, relevant les yeux vers lui.



  • Je… Je ne sais pas quoi dire. A part te remercier Aesril. Dit-elle à mi-voix. 
  • Tu sais que ça, ce n’est qu’une boîte ? plaisanta-t-il d’un ton pince-sans-rire, un léger sourire en coin. Ce qu’il s’y trouve est bien plus intéressant.



Elle lui lance un regard noir avec un sourire en coin, avant de lever les yeux au ciel et d’ouvrir le coffret lentement.



  • Très drôle. Quel sens de l’humour. Qu’est-ce-que c’est ? Demanda-t-elle en observant l’objet.



Dans la boîte l’objet se trouvait enveloppé dans un tissu de velours vert émeraude.



  • Déplie-le, proposa-t-il, d’un geste de la main.



Sous le textile délicat, se trouvait un pendentif fait d’or. Un véritable travail d’orfèvre d’une finesse inimitable. Un serpent doré aux minuscules écailles poinçonnées trônait la gueule grande ouverte, les crocs se resserrant autour d’une pierre de jade polie, les yeux incrustés d’émeraudes finement taillées. Une petite chaînette dorée et fine permettait de la ceindre autour du cou.



  • J’ai bien peur d’avoir mis l’orfèvre à rude épreuve, il doit me détester, à présent, dit-il doucement, face à son silence.



Mélicendre regarda le pendentif avec stupeur, ébahie par la beauté du bijou, sa gorge se noua instantanément quand elle observa les détails, consigne d’Aesril qui comptait beaucoup à ses yeux. Elle toucha du bout de ses doigts la fine pierre de jade qui se trouvait au centre de la gueule de l’animal, caressant les minuscules éléments de son corps, plissant le tissu sous ses doigts. La pierre de Jade était sa pierre de naissance en tant que divinatrice et cela comptait énormément pour elle, le serpent représentait une sorte de lien, le leur, si complexe, si tumultueux, mais en même temps si fort grâce à leurs histoires communes. Ils n’en avaient jamais parlé, Aesril avait su comment la toucher, réellement. Elle était émue, elle pinçait ses lèvres tentant de se contenir, mais plus elle l'observait plus sa gorge se serrait, son estomac se tordait. Elle redressa son regard vers lui, les yeux brillants.



  • Il… Il est… Magnifique. Dit-elle la voix étranglée par l’émotion.
  • Maintenant, tu comprends pourquoi j’aime autant les serpents, dit-il à mi-voix avec une intonation complice. 



Il lisait les émotions sur le visage de Mélicendre avec une attention particulière, la sondant de ses yeux verts. Il avait choisi et imaginé chaque détail avec soin. Mais il n’avait pas songé à sa réaction. Il tenta d’apaiser son trouble en poursuivant, s’asseyant à ses côtés sur le bord du lit :



  • Ce n’est pas qu’un bel objet, tu sais.



Il appuya son regard sur elle avant de reprendre.



  • Tout comme le serpent, il est aussi beau que dangereux. Tu vois, cette ravissante pierre de jade ? Bascule-là sur le côté, hors de ses crocs.



Mélicendre s’exécute et fit rouler la petite pierre de jade hors du réceptacle, la tenant soigneusement dans sa main silencieusement avant de se tourner vers lui. 
Il glissa ses doigts minutieusement dans la gueule du serpent pour en sortir une minuscule fiole emplie d’un liquide translucide. Il la déposa dans la paume de Mélicendre et expliqua : 

  • C’est une fiole d’un poison que j’ai confectionné moi-même. En l’ingérant, il plongera ton corps dans un état de… fausse mort. Tu ne présenteras aucune fonction vitale durant trois jours complets. Si jamais tu sais que tu es sur le point d’être capturée… Cela peut être ton sauf-conduit. 



Mélicendre prit le flacon entre ses mains pour le détailler, trouvant le mécanisme et l’idée astucieuse, et replaça le tout dans la gueule du serpent avant de le sortir de sa boîte par la chaîne. Sans dire un mot, toujours envahie d’émotions, elle tendit le pendentif à Aesril, se plaçant dos à lui en relevant ses cheveux pour laisser apparaître la peau de son dos nu et sa nuque. Esquissant un léger sourire face à cette gracieuse vision, appréciant sa demande, il passa avec soin le pendentif au cou de Mélicendre, songeur.



  • J’espère que cela n’arrivera pas, mais si jamais tu n’avais pas le temps de te servir de cette fiole et que quelqu’un tentait de te prendre ce pendentif ou même de le toucher, quelqu’un qui ne soit ni toi, ni moi… J’y ai apposé un enchantement spécial. La personne sera touchée par un mal. Un mal mortel et extrêmement lent, plusieurs semaines. Mais ce mal est incurable. Sauf par moi. Ce sera notre monnaie d’échange si jamais tu étais capturée.



Tandis qu’il achevait de nouer la chaîne, il parlait ainsi. Ces explications l’aidaient à ne pas se perdre dans les sentiments que l’évocation de ces terribles éventualités provoquaient.



  • Retourne-toi, pour voir ?



Elle replaça ses cheveux et se retourna vers lui lentement, se pinçant les lèvres, les yeux regardant le parquet. Elle ne savait pas comment réagir. Que faire ? Que dire ? Face à Aesril qui visiblement ne se rendait pas compte de ce que tout ceci provoquait chez elle, de ce que cela signifiait. Personne ne l'avait jamais… traitée ainsi. En quelques jours, il avait fait pour elle ce que personne dans sa vie n'avait réalisé. À ce moment, elle réalise : elle ne faisait même plus tout ça pour l’or, elle le faisait simplement pour lui, cet ami improbable, cet Altmer au regard saisissant, aux mains délicates et aux mots habiles. Elle songeait un instant au jour où celui-ci était entré dans sa boutique, à sa froideur, à ce mur auquel elle faisait régulièrement face, et elle l’observait aujourd’hui : lui aussi, s’était livré à elle de bien des manières. Ses pensées se mêlaient et s’entremêlaient à toute vitesse, sa poitrine se comprimait, les mots se mélangeaient. Rien, elle n’aurait rien pu dire qui puisse être à la hauteur de ce qu’il avait fait pour elle, elle essayait, mais les mots mourraient sur ses lèvres, alors elle s’approcha simplement d’Aesril, le haut des joues humide, en relevant les yeux vers lui pour l’embrasser tendrement. 


Parcouru d’un frisson sous ce geste spontané, il écarquilla les yeux, papillonnant des paupières en apercevant la moiteur sur les joues de Mélicendre. Pas une seconde, il n’avait songé qu’il fut capable de provoquer de telles émotions chez elle. Il lui rendit son baiser, appuyant ses lèvres contre les siennes, encadrant son visage d’une main, avant de se reculer lentement pour observer l’objet au cou de la divinatrice. Il avait beau l’avoir vue quantité de fois sous de nombreux aspects, à de nombreux moments, il continuait d’apprécier sa beauté chaque fois un peu plus. Plus il apprenait à la connaître et plus cela lui apparaissait comme une évidence. L’éclat d’or sur la peau opaline de Mélicendre ne faisait que renforcer son charme. Il se racla la gorge pour tenter de reprendre un peu d’aplomb.



  • C’est somptueux sur toi. Tu ne devrais plus porter que cela, lâcha-t-il.



Elle se pencha vers le pendentif qui se logeait au creux de sa poitrine, accompagnant sa propre pierre de jade, tentant de faire disparaître ses émotions qui ne cessaient de l’envahir.



  • Il est comme tes caresses sur ma peau. Divin, sensuel, délicat et dangereux. Murmura-t-elle. Aesril je crois que tu ne réalises pas… ce cadeau est...



Elle ferme les yeux contenant des larmes qui forçaient le bord de sa vue, se mordant les lèvres en basculant la tête sur le côté pour fuir son regard, observant la vue de la baie par la fenêtre. Il fronça les sourcils et son front se froissa en une expression soucieuse. Il accorda une caresse à son bras d’un revers de la main, désireux d’apaiser le trouble qu’il avait causé. Il s’était réjoui de l’effet de surprise, mais il réalisait bien désormais que cela allait au-delà.



  • Allons, Joli Serpent, je sais que je peux être cruel, mais je n’avais pas l’intention de te faire pleurer, dit-il doucement.
  • Tu n’es pas cruel Aesril. Est-ce que tu sais comment certains hommes traitent les catins, les divinatrices ? Je… Tu, je ne suis pas triste ! Je suis touchée, tu ne te rends pas compte de ce que cela représente à mes yeux. Personne ne m'a jamais vue, regardée, touchée, désirée, considérée… comme tu le fais et je… Je réalise à quel point… Je ne veux pas te perdre. Lâcha-t-elle la voix étranglée par l’émotion.



Elle savait qu’il ne voulait pas l’entendre, elle non plus, cela lui rappelait qu’elle avait retrouvé une part de ses émotions, ses sentiments et la douleur qu’elle ressentait dans sa poitrine était immense. Sans ses émotions tout était si facile. Mais là, tout devenait complexe, inconnu et douloureux. En sa présence tout devenait beau et plaisant, elle se sentait revivre, renaître, mais cela avait aussi un goût amer, tumultueux.


Le regard d’Aesril se figea en entendant ces mots. En venant la voir, la toute première fois, jamais il n’aurait songé qu’elle puisse un jour lui tenir un tel discours. Mais alors il réalisa les raisons pour lesquelles il avait imaginé ce présent pour elle. Bien sûr, il s’agissait d’un message symbolique qu’il voulait faire passer à quiconque tenterait de s’en prendre à elle et à lui, par extension : nul ne pouvait toucher à sa collaboratrice sans en payer le prix fort. Mais il se rendit compte qu’il avait fait un geste pour la préserver de la mort, là où il l’aurait laissée aux mains de l’ennemi sans hésiter quelques mois auparavant. Il ne savait tout simplement plus comment réagir. Elle semblait soudain si vulnérable…



  • Mélicendre… commença-t-il, soupesant ses mots avec soin, tandis que sa gorge se nouait douloureusement. Tu sais pourquoi cela n’arrivera pas ? Parce que tu es bien trop puissante pour que quiconque puisse véritablement s’opposer à toi. Et tu l’as dit toi-même, non ? Tu obtiens toujours ce que tu veux. Et je n’ai pas l’intention de mourir... Ou de te laisser, ajouta-t-il.



Il se concentrait de toutes ses forces pour ne rien laisser paraître de la tempête qui rugissait en lui. De la “créature” qui lui dévorait à nouveau les entrailles. Il posa une main contre sa joue, espérant l’amener à le regarder par une légère pression, caressant ses pommettes du pouce avec délicatesse pour en chasser la brume qui s’y était déposée. Elle se retourna doucement vers lui plongeant son regard dans le sien avec une lueur dans le regard, une étincelle.



  • Tu as raison. Ils me… Ils nous sous-estiment. Répondit-elle en posant sa main sur la sienne. Je jure que si demain il t’arrive quelque chose à toi, ceux qui me sont chers… ils paieront. 



Cette étincelle était devenue flamme dans son regard, une flamme animée par la peur de le perdre et la haine en imaginant le pire. Jamais elle n’avait envisagé de se battre ou d'avoir à se défendre. C’était contre sa foi envers les anciens, contre ses principes, mais à ce moment, imaginant qu’on lui enlève les personnes qui lui donnaient l’impression d’être plus vivante, plus humaine, qui lui offre une part de bonheur auxquels elle n’avait jamais eu le droit, c’est un torrent de flammes ardentes de colère qui brûlait en elle. Aesril eut une étrange impression de déjà vu dans le regard de Mélicendre. “La créature… elle vit en elle, aussi.” C’était la même lueur qu’il avait remarquée en regardant dans ses propres yeux dans le miroir. La soif insatiable de vivre et de se battre.

Il se sentit déconcerté, ne sachant plus comment renverser la situation pour en briser la solennité. Il était tellement plus simple de verrouiller ses émotions pour ne pas regarder ce qu’il ne voulait pas voir. De prendre de la distance pour ne pas ressentir le gouffre. La peur de perdre. Sa ride du lion se creusant toujours un peu plus, il se mordait les lèvres, cherchant quoi répondre, quoi faire. Il se massa la mâchoire, soucieux.



  • J’ai parfois peur de l’effet que j’ai sur toi, Joli Serpent...
  • Que veux-tu dire ? Questionna-t-elle en le dévisageant cherchant à comprendre. 
  • … Que je ne t’emporte avec moi dans mes tourments, répondit-il au bout d’une bonne minute.
  • Je ne vois rien de négatif à cet effet. Je te l’ai dit Aesril, je me sens vivante tu m’as libérée de cette vie de servitude, tu m’as appris en un sens à voir ce que j’avais oublié depuis longtemps… Que je suis une femme avant d’être un objet, une divinatrice avant d’être une catin. Et quand bien même tu m’emportes avec toi dans la tourmente… Je l’accepte.     



Il la scruta avec une pointe de mélancolie dans le regard. Il rabattit une mèche de cheveux derrière l’oreille de Mélicendre.



  • Bien… se résigna-t-il. Tu sais certainement ce que tu fais.
  • En effet. Trancha-t-elle en refermant la boîte. 



Une étrange impression de non-dits heurta Mélicendre, mal-à-l’aise elle s’éloigna d’Aesril en se redressant pour se diriger vers le bain et rechercher ses vêtements. Il la regarda partir avec étonnement. Elle semblait subitement s’être fermée et il ne comprenait pas pourquoi. De dépit, il plongea son visage dans ses mains, incapable d’expliquer lui-même les sentiments et les pensées qui s’embrouillaient dans son esprit. Mélicendre enfila sa robe, repeignant ses cheveux du bout des doigts, en se dirigeant vers lui, quand une sensation étrange la foudroya, lui coupant le souffle l’espace d’un instant. Elle se rattrapa au paravent en se penchant en avant, inspirant profondément en relevant un regard inquiet vers lui. La gemme autour de son cou se mit à scintiller, elle posa sa main dessus et ses yeux se révulsèrent. Elle entendit une voix, un message, ses yeux reprirent leurs couleurs d’origine, son regard s'arrondit d’effroi, elle reprit son souffle lentement.



  • Ae..sril ! Dit-elle le souffle court.


Il redressa subitement la tête, tournant son regard vers elle. Voyant la détresse dans ses yeux, il comprit que quelque chose n’allait pas. Il se releva sans plus attendre et se dirigea vers elle pour lui demander, anxieux :



  • Que t’arrive-t-il ?



La voix était devenue claire, limpide, c’était la voix d’Aleck, qui se servait du pendentif que Mélicendre lui avait offert il y a longtemps. Il l’avait utilisé une seule fois avant aujourd’hui et cela ne présageait rien de bon. “Les chasseurs ont traqué le loup et l’on capturait” disait-il, mais Mélicendre voulait en avoir le cœur net. Alors elle se redresse un instant et se concentre sur Aleck sur ce moment, celui de sa capture, elle reconnait Skonsky dans sa chambre a Vivec face à lui, en voyant la scène à travers ses yeux. Elle le voit sortir de la pièce face à Elia, Vikkye, Mazar, et l’Argonien. Son souffle s’accélère quand elle observe Mazar mettant a sac sa demeure, son estomac se serre quand elle le voit trouver les lettres, toucher la boite, retourner ses appartements, pour finir par attacher les mains d’Aleck, le conduisant dans une cellule à la Citadelle. Elle paniqua, sa mâchoire se crispa, son visage se tendit et la vision s’arrêta. Elle regarda Aesril, des larmes de rage au bord des yeux essoufflée. 


  • Ils… Les Compagnons… Cracha-t-elle entre deux respirations en se tenant la poitrine.
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Lun 10 Jan - 18:48
Il fronça les sourcils d’incompréhension et son ventre se noua d’appréhension. Ce n’était pas bon. Surtout si Mélicendre se trouvait dans un tel état. Il posa une main sur son bras et demanda gravement :









  • Que se passe-t-il ? Qu’ont-ils fait ? 











Elle s'assoit sur le sol, désemparée, réalisant soudain ce qu’il venait de se passer, son Ami venait de se faire enlever et ses affaires les plus précieuses ainsi que son logement se trouvaient entre leurs mains, elle avait tout perdu. Elle ouvrit grand les yeux et posa sa main sur sa bouche en pensant à tous ses livres de famille, tous ses grimoires, son coffret contenant ses sentiments et le coffre scellé contenant la gemme d’Ewen. Mélicendre plongea ses yeux dans ceux d’Aesril tremblante.









  • Ils ont… Aleck. Ils sont à Vivec, ils ont retourné, fouillé et scellé mes appartements. Elle ferme les yeux en serrant sa mâchoire. Aesril ils ont trouvé nos échanges, ils ont toutes mes affaires, tout ce que je possède est dans cet appartement. Lança-t-elle en oscillant entre la rage et la tristesse.











Il tenta de faire le tri dans ce qu’il venait d’entendre, prenant une profonde inspiration.









  • … Aleck ? Qui est-ce ?











Les pensées affluaient en tous sens quand il réalisa soudain.









  • Attends… “Nos échanges”, dis-tu ? Tu veux dire qu’ils ont nos lettres ? Celles que je t’ai envoyées ? Tu… tu les as gardées ? demanda-t-il abasourdi, espérant qu’elle infirmerait ses inquiétudes.


  • Aleck, mon ami, le loup…  Répondit-elle à mi-voix avant de continuer d’une voix étranglée. Je… Oui, ils ont tout, je suis partie dans la précipitation... Je… Ils ont fait le lien… Je… je suis désolée, Aesril. fini-t-elle par lâcher la gorge nouée.











Il serra la mâchoire, rejetant son regard au loin. Ce devait être le sort qui se jouait de lui. Une fois de plus, ce seraient des correspondances qui le placeraient en porte à faux ? De vulgaires bouts de papier ? L’histoire lui semblait se répéter comme une horrible rengaine insupportable. Mais cette fois-ci, ce n’était pas du fait de sa propre négligence. La faute incombait à quelqu’un d’autre. Il s’efforça de replacer les éléments entre eux et de mesurer l’ampleur des conséquences de tout ceci.









  • Joli Serpent… commença-t-il en prenant une profonde inspiration. C’est bien beau de jouer les sentimentales, mais garder mes lettres, bon sang ! 











Il poursuivit sa réflexion sans lui laisser le temps de répondre, faisant quelques pas dans la pièce, le regard vif. Mélicendre le suivait des yeux se mordant les lèvres attendant ses questions, avec appréhension.









  • Mais cela veut dire que… Qu’est-ce que ton ami a à voir dans tout cela ? Il était chez toi ? C’est lui qui les a menés à toi ? Comment auraient-ils pu savoir, sinon ? Je savais bien que cette histoire de loup était une mauvaise idée… ajouta-t-il à mi-voix pour lui-même.


  • Après ton départ… J’étais… Je ne contrôlais rien. J’avais besoin de son aide, il est parti chercher des réponses pour moi sur la soudaine réapparition de mes sentiments. Il était venu me faire son retour… quand il est tombé sur les compagnons. C’est la petite vampire qui les as diriger. Expliqua-t-elle avec amertume. 











Elle réfléchit un instant et fait le trie dans ses pensées, réalisant tout ce qui était en leur possession. Elle pose sa tête dans ses mains toujours assise sur le sol en procédant... Et se racla la gorge.









  • Ils détiennent, tous mes secrets, tout le savoir de mon don, des divinatrices… Si… ils découvrent ce qu’ils ont entre leurs mains… Je. Par mes ancêtres qu’est-ce-que j’ai fait ?! S’exclama-t-elle brouiller par sa prise de conscience. 







Il s’arrêta soudain de marcher pour tourner son regard vers Mélicendre. Il n’avait pas encore remarqué sa détresse. Ou plutôt, il l’avait instinctivement mise de côté pour se focaliser sur ce qu’il considérait plus crucial. Mais il réalisa alors qu’elle avait agi ainsi, poussée par ses émotions et qu’elle venait de tout perdre, une fois de plus et il se rappela à quel point lui-même luttait pour maintenir son univers à flot. Que faire, maintenant que sa partenaire semblait sur le point de défaillir ? Il la regarda, assise au sol, soudain misérable, recroquevillée sur elle-même et il pinça les lèvres. Ce qu’il lui arrivait n’était pas juste. Et la situation de Mélicendre était bien plus périlleuse que la sienne en ce moment.
Il revint auprès d’elle et s’accroupit à ses côtés, posant un genou au sol. 









  • Je comprends, amorça-t-il avec le plus grand sérieux. Mais nous ne devons pas nous laisser aller. Nous devons savoir ce qu’ils savent. Nous devons nous protéger. Ne les laissons pas gagner en nous abandonnant à la détresse. C’est ce qu’ils veulent : que nous agissions de façon impulsive pour que nous fassions une erreur. Nous allons trouver une solution. Allez, relève-toi.











Mélicendre se redressa et tenta de contrôler ses émotions qui se mélangeaient en elle. Elle réfléchit et se concentre, Aleck ne dira rien de plus quoi qu’ils lui feraient, mais ses manuels et ses grimoires… Ils pourraient assez facilement s’en servir contre elle. Sa boîte et son coffre étaient protégés par son sang. Elle arrêta sa réflexion.









  • Il faut récupérer mes grimoires, surtout celui que je t’ai montré. Trancha-t-elle une lueur dans le regard elle continua ensuite en réfléchissant. Aleck ne dira rien, quitte à… et hum pour mes coffres, ils sont scellés par mon sang.











Elle réalisa, Aleck pourrait mourir par sa faute. Elle n’y avait même pas songé en lui confiant cette mission. Elle c’était encore une fois fait trahir par ses sentiments qui la pousser à agir sous l’émotion s’en prendre en considération ce que cela impliquer pour elle, comme pour lui. Intérieurement elle se mutilait, à ce moment, elle ne pouvait pas mieux comprendre Aesril, à la différence que lui l’avait protégée. 









  • Tu vois Aesril… Je n’ai pas besoin de toi pour que cette flamme me dévore. J’ai envoyé la seule personne qui m’a jamais soutenue et accompagnée dans un piège… Et je l’ai fait toute seule, donc te voilà rassuré. Lança-t-elle amèrement. 











Il soupira.









  • Non, Mélicendre. Je ne dirais pas que cette histoire au sujet d’Ivy était une bonne idée, mais ton ami est responsable de son propre déclin s’il n’a pas su assurer ses arrières et brouiller les pistes et, par conséquent, te protéger. Il a agi en connaissance de cause et il t’a mise dans un sacré pétrin si je comprends bien. T’en vouloir ne servira à rien.


  • Ne parle pas de lui comme ça, Aesril. Il m’a toujours protégée, il a agi pour m’aider et…


  • Tu laisses tes émotions brouiller ton jugement. 


  • Oui… Et cela ne t’arrange pas. Lâcha-t-elle sans réfléchir médisante.











Il ouvrit la bouche pour répliquer avant de s’arrêter, la dévisageant. Elle avait vu juste.









  • Non… admit-il, rabattant son regard sur le côté.











Mélicendre ferma les yeux douloureusement, elle avait l’impression que sa poitrine allait exploser, tiraillée par la colère, la haine et l’amertume. La réponse d’Aesril ne la surprenait pas, elle le savait, elle en était consciente, cela n’arrangeait ni l’un ni l’autre. Elle prit une profonde inspiration et croisa les bras sur sa poitrine avant de s'asseoir sur le lit. 









  • Moi non plus… Conclut-t-elle, dépassée par les évènements. 











Il la suivit avant de s’asseoir à son tour, posant ses avant-bras sur ses genoux, poussant un profond soupir, tandis qu’il tentait de faire de l’ordre dans ses pensées. Il lança son regard vers l’horizon. Le soleil commençait à faire briller les vagues dans un éclat étincelant.









  • Peu importe ce qu’il t’arrive, nous allons devoir composer avec ce nouveau paramètre. Peut-être que cela prouve bien que l’âme ne peut vivre sans une part de sentiments… Quoi qu’il en soit, je te l’ai dit : je ferai ce que je peux pour t’aider. Toi non plus, tu n’es pas seule. Plus maintenant.


  • Il faut croire… J’ai passé ma vie a essayé de les contrôler, pour finir par les enfermer dans un magnifique coffret et je te rencontre pour finir par… devoir faire avec, c’est… Alors ça je ne l’avais vraiment pas vu venir. Dit-elle en pouffant de rire, posant sa main sur la sienne. Que fait-on maintenant ?











Il haussa les sourcils en l’entendant rire si soudainement. Après avoir été témoin de son profond malaise et surtout après qu’elle ait appris de telles nouvelles, sa réaction était pour le moins surprenante, du moins, pour la Mélicendre qui avait retrouvé ses sentiments. Mais il comprenait l’ironie de la situation. Il songea un moment à ses paroles. Il était bien obligé d’admettre qu’il l’avait entraînée dans un destin singulier. Aurait-elle seulement pu prévoir tout ceci ? Aurait-elle changé les événements si cela avait été en son pouvoir ? Le fait de retrouver ses sentiments lui était-il vraiment si handicapant ? Ces questions demeurèrent sans réponses et il n’osa pas les poser.




Il se redressa lentement sous le contact de sa main, posant son autre main par-dessus la sienne, ramenant son regard vers elle. Il se concentra. Il lui était facile pour lui de concevoir un plan rapidement. Il passait toujours son temps à imaginer les pires dénouements et les moyens de les désamorcer.









  • Nous évaluons la situation pour commencer. Nous mesurons l’étendue des dégâts. Je pense qu’il est important que nous allions là-bas pour tenter de voir s’il ne reste rien à sauver. Ensuite, nous établirons un plan d’action pour récupérer tes biens et te mettre à l’abri. Tu penses être capable de voir si la voie est libre ?











Elle était admirative de voir avec quelle facilité il arrivait à garder son calme, il avait raison. Il fallait absolument récupérer tout ce qui pouvait jouer contre eux. Quand elle l’entendit parler de récupérer ce qu’il restait à sauver son estomac se noua, en songeant à ses affaires détruites, elle espérait que le plus important était encore en état. Elle hocha la tête.

  • Oui, bien sûr… 











Elle retire sa main des siennes la plaçant le long de son corps et se concentre, comme à chaque fois ses yeux se révulsent, elle bouge sa nuque et fronce les sourcils, elle voit ses appartements remonte le temps dans sa tête, les images défilent, elle voit Elia scellant la porte d’entrée, rien de plus tous étaient repartis à la Citadelle accompagner d’Aleck. Le flot d'images se termine et ses yeux reprennent de leurs couleurs d'origine.









  • La porte a été scellée par Elia, ils sont tous retournés à la Citadelle. La voie est libre. Affirma-t-elle en serrant la mâchoire.  


  • Bien. C’est un bon début. Si c’est Elia qui a prononcé l’incantation, il y a plus de chances que je sois capable de la défaire. 











Il se releva pour aller chercher son pourpoint et ses bottes de voyage dans la grande armoire et entreprit de se vêtir.









  • Dans ce cas, allons-y. Ne tardons pas. Plus vite nous réagirons et plus nous aurons une chance de les surprendre.


  • Je vais chercher ma cape…  proposa-t-elle d’une voix monocorde. 











Terminant d’ajuster les fermetures de ses vêtements, il releva son regard vers elle en entendant sa voix. Il répondit avec douceur :









  • Non, ne t’en fais pas pour cela, je vais aller trouver Dorilwën pour qu’elle te la redonne. Après tout, c’est son travail.











Il n’attendit pas sa réponse et se dirigea vers la porte à grandes enjambées pour appeler la domestique dans les corridors. Comme surgie de nulle part, elle apparut rapidement, saluant son employeur avec son habituelle obséquiosité.









  • Bien le bonjour, Monsieur, puis-je faire quelque chose pour v…


  • Oui, veuillez apporter la cape de… Dame Mélicendre, dit-il en trouvant l’appellation surprenante. Nous nous absentons un moment. Assurez-vous comme toujours de n’ouvrir à personne et ne laissez pas ma mère seule dans sa chambre trop longtemps, compris ?


  • Bien entendu, Monsieur, comme toujours, je suis à vôtre service. Serez-vous rentré pour le dîner ?


  • La cape, Dorilwën, merci.


  • Bien Monsieur, se résigna la domestique dans une brève révérence avant de s’éclipser pour remonter quelques minutes après, tenant avec soin le vêtement de l’étrangère.





Il revint alors auprès de Mélicendre et lui passa la cape sur les épaules. Soucieux, il s’attendait à ce qu’elle se perde dans le désespoir à tout moment et il redoutait sa réaction en retournant là-bas. Alors, dans son dos, il se pencha à son oreille et lui dit d’une voix tendre :









  • Tu es prête ? Nous y allons ?


  • Oui, faisons vite. Répondit-elle en soupirant.







Mélicendre tentait de se contenir, elle avait déjà vécue cela, c’était encore frais dans sa mémoire, mais elle appréhendait énormément ne sachant pas comment ses émotions allait la toucher, elle prit la main d’Aesril, ferma les yeux et d’un geste vif du poignet elle ouvrit un portail. Ils s’y engouffrèrent ensemble, laissant derrière eux l’éclat déjà lointain de cette bulle hors du temps.
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