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Lilyth
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Les défunts Empty Les défunts

Lun 18 Oct - 12:27
Petit conseil d’écoute musical pour ce texte: https://youtu.be/HTgP5NOfPmM


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J’aurais voulu jeter le présent de Mélicendre dans la mer pour que les abysses l’engloutissent. J’aurais voulu le lâcher au fond d’un ravin pour que les ténèbres ne les dévorent. J’aurais aimé le briser sous la puissance d’un marteau pilon pour l’éclater en mille morceaux! 

Et pourtant, pourtant il était sur mon bureau vide, là. Et chaque jour je m'assois face à lui pour le regarder, le faire rouler entre mes doigts. Et Mazar inquiet passe en silence derrière moi, tente de comprendre. Je ne peux lui dire, ne veux pas. Il sait que c’est important, il comprend que c’est grave, mais n’arrive pas à m’atteindre.

C’était un caillou des plus banal que la divinatrice avait pris au sol parmi mille autres. Mais voilà, elle y avait insufflé une toute autre dimension en y déposant son sort. Avec cette pierre, je pourrais parler avec une personne disparue. Quelqu’un que j’avais connu. Je pourrais lui parler comme si elle était en vie. Une seule fois.

Je ne pouvais pas supporter de devoir faire ce choix. Mon chemin était parsemé de cadavres, de morts, de gens que j’avais perdu, que j’avais tué. A qui aurais-je voulu parler? Ce qui m’avait détruit? Ceux dont j’avais injustement raccourci la vie? Ceux qui par ma faute avait périt? Ceux à qui je n’avais jamais dit au revoir? 

Ce n’était pas un présent, Mélicendre m’avait offert une malédiction. 

Mais si la pierre pouvait être utilisée sur n’importe qui… alors pourquoi pas le maître? Darëen Lleidry, raclure de mes deux. Je n’ai jamais eu la force, la hardiesse, la témérité, de te dire en face ce que je ressentais. Ce que tu m’as fait… est impardonnable à tout point de vue. Tu m’as pris ma mère, tu as tué mon père, tu m’as volé ma vie, mon enfance, mon innocence. Tu as fait de moi ta chose, ton jouet favori, avec laquelle tu t’amusais chaque jour. Si facile de m’insulter, de me confier les pires labeurs, de m’enfermer, de me torturer, de maltraiter. A ta cruauté n’avait d’égale que ta créativité. Tu m’as mentit sur ce que vivre voulait dire, tu m’as mentis sur ce qu’être signifiait. Tu m’as fait croire que je n'étais rien, rien qu’une poussière sous la botte du monde. Je t’ai tant hais, alors que j’aurais été incapable de lever la main sur toi, de lever les yeux face à toi. Tu m’as soumis, mon âme tout entière était ton esclave. Au-delà du temps, de l’espace. Et même de la mort. Sais-tu seulement qu’aujourd’hui encore je compte en ta langue? Sais-tu que l’odeur de cèdre me fait encore vomir? Sais-tu que je ne peux pas toujours me retenir de nettoyer le moindre grain de sable? Je veux te regarder droit dans les yeux et te le dire: j’ai survécu et tu es mort. J’ai gagné. Maintenant rends moi ma liberté. Tu avais promis. Tu l'avais dit.  Le jour de mes 18 ans nous avons signé un contrat de sang: si je meurs et que tu me survies, je t’offrirais la liberté. Je sais que tu te riais de moi, je sais que ça ne valait rien puisque les termes étaient impossibles. Le sang ne coule plus en un mort. Je ne sais pas comment mais je trouverais un moyen d’obtenir mon du. Donnes moi ma liberté! Donnes la moi!

Une fraction de seconde je pensais que je pourrais invoquer mon père. Cet homme que j’avais tant aimé. J’aurais voulu qu’il me prenne dans ses bras et qu’il me promette que demain encore j’arriverais à me relever. Je voudrais te présenter mon époux, un homme libre, bon et fort. Un homme comme toi, comparable à nul autre. Mais à quoi bon? Pour qu’il voit la détresse de la femme que j’étais devenue? Pour revivre une seconde d’un passé tragique? Tu m’as transmis ce qu’il fallait pour survivre et j’ai survécu. Tout a été dit. Papa, notre page est tournée. Tu resteras à jamais dans mon cœur comme l’homme le plus noble, le plus fort, le plus vrai que j’ai jamais connu. Mais aujourd’hui tu es partie, celui qui s’en est assuré réside maintenant parmi les vers. Je ne te serais jamais assez reconnaissante de ne pas m’avoir endormis avec des rêves de liberté. Tu ne m’as pas bercé de fausse promesse et pourtant regarde, cet l’espoir inavouable qui en ton cœur résidait s’est réalisé: j’ai pu quitter la plantation, parcourir le monde, trouver ma voix. Tu ne me demanderais pas de te revoir, car tu aimais la finalité de la mort. Tu la trouvais poétique et rassurante. Je ne te dérangerais pas tu as mérité le repos du guerrier. Dors, papa, je te reverrais bientôt, quand mon heure sera venue.

J’avais pensé à Uraclon. J’aurais aimé lui parler une dernière fois, lui dire que Caelïn avait menti, qu’il avait été manipulé, que je n’étais pas coupable de ce qu’il pensait. Je voulais qu’il comprenne. Je voulais faire la paix avec lui, je voulais lui dire… que j’aurais aimé qu’il vive ou qu’il m’emporte avec lui dans la mort.  Oui tu n’as pas toujours été tendre, tu étais plus brisé que je ne le saurais jamais. Ta vulnérabilité m’avait touché me faisant oublier ta brutalité, ta folie, ta rage. Tu me faisais peur mais je n’ai jamais su si je craignais le plus de ne pouvoir t’aider dans ta détresse ou le mal que tu pouvais nous faire. Uraclon, mon amour, je t’ai abandonné. Je t’ai faillit. Je ne me suis jamais retourné. Je ne t’ai jamais retrouvé. J’aurais dû donner ma vie pour toi, pourquoi ai-je survécu et toi tu es mort? Je ne mérite pas le temps que le destin m’a donné. 

Et puis il y avait avait Lywen. Mon tendre enfant. Oublier par sa propre mère aux mains d’un monstre. Mort tragiquement entouré d’ennemis. Seul. Mon petit, mon cœur, mon bébé. Chaque jour à savoir que tu n’as pas pu survivre est un jour de deuil. Jamais je n’ai réussi à combler ce vide que tu as laissé. J’ai faillit. Faillit en tant que mère, que femme, qu’épouse. J’ai osé l’acte le plus égoïste qui soit, avoir un enfant en chaîne. J’aurais dû faire comme les autres: Il aurait suffit de quelques graines de fougère, de feuille de saule. Plus tard j’aurais pu aussi avec un forcep ou une tige t’épargner une cruelle réalité. Pourquoi ne l'ai-je pas fait? Avais-je donc tant besoin d’un réconfort? Ô mon tendre enfant, mon chérie, de quelle mère cruelle tu as hérité. Que j’aurais aimé te bercer encore, te bercer vers la mort puisqu’il le fallait. Lywen, pourrais-je seulement te regarder à nouveau? Mon existence ne serait-elle pas immédiatement engloutie par les remords? 

En réalité, Caelïn aussi était venu à mon esprit. Celui qui m’avait transformé en un monstre, qui m’avait embrigadé dans une secte, avait tourné mon mari contre moi, m’avait condamné à errer entre Oblivion et Nirn. Et s’il possédait la clef de mes pouvoirs? S'il pouvait me libérer de son bâton? Si en lui parlant je pouvais enfin me défaire de cette malédiction? Pourrais-je enfin comprendre son geste? Caelïn pourquoi m’a tu aimé au point de vouloir ma mort? Pourquoi avoir fait de mes pouvoirs une arme? Pourquoi l'avoir empoisonné le corps? Pourquoi avoir broyé mon esprit, Caelïn? Pensais-tu que cela ferait disparaître tes sentiments ou émerger les miens?  Caelïn, n'étais tu pas mon ami? Tu m’as brisée. Tu m’as construite. Je te suis autant redevable que je te hais pour ce que tu as fait. Sans toi je n’en serais pas là, sans toi je n’aurais pu me défendre, sans toi je n'aurais pu survivre mais sans toi je serais entière.

Et chaque jour devant ce caillou, mon esprit se contorsionne. Il cherche une réponse, un indice, un signe. Quel serait le bon choix? Y en avait-il un? Cette détresse qui me dit que ma sanité dépend de ce choix. Je pouvais obtenir de mon maître ma liberté, de mon époux mon répit, de mon enfant ma sérénité, de mon bourreau ma délivrance. Alors que devais-je choisir? Que devrais-je faire? Qui sauverait mon avenir? 

J’aurais voulu jeter le présent de Mélicendre dans la mer, pour que les abysses l’engloutissent. J’aurais voulu le lâcher au fond d’un ravin pour que les ténèbres le dévorent.
J’aurais voulu le briser sous la puissance d’un marteau pilon pour l’éclater en mille morceaux! 

Et pourtant, pourtant….
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Les défunts Empty Re: Les défunts

Dim 13 Fév - 14:44

Petit conseil musical pour la suite: https://youtu.be/AtLNnrKR1qE
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Phèbe se trouve là où devant Valriel elle avait construit un autel éphémère pour Lywen et Uraclon. Elle ne pensa même pas à l’Altmer et ses combines. La pile s’était effondrée mais une fleur splendide avait poussé. Elle caresse du bout des doigts les pétales rouges et soyeux. Le temps est toujours doux sur l’Archipel d’Automne, si clément, si docile. Pourquoi se sent-elle pétrifiée par la brise, gelé par la rosée? Le soleil n’est pas encore levé mais elle le voit rosir l’océan. Elle porte une tunique mal taillée en lin, des braies élimées en jute, on dirait un pèlerin dans ce décor féérique. Une seule chose occupait son esprit: ce qui allait se passer. La pierre dans la main, le coeur battant, elle prend une grande inspiration:
  • Et ego exáudiam vos.

Un voile tombe sur elle, tout s’assombrit et son corps semble ne plus lui appartenir. Une sensation indescriptible et terriblement inconfortable la secoue. Comme si on la noyait. Les sons s’étouffent, l’air lui manque, un grand froid couvre sa peau, ses muscles semblent se contorsionner pour l’aider mais rien ne se passe. Quand elle commence à perdre connaissance, le voile se lève. Elle est...ailleurs.
Ce n’est nul part. Elle ne peut le décrire, elle ne peut focaliser son esprit dessus. Est-ce sombre? Est-ce lumineux? Froid? Chaud? C’est comme si son esprit ne pouvait simplement pas le dire. Mais en face d’elle, il est bien là. Celui qu’elle voulait invoqué, qu’elle voulait voir.
Il ouvre de grands yeux, comme un poisson ferme et ouvre la bouche. Il regarde autour sans comprendre puis murmure:
  • Où je suis? 

Phèbe sent sa gorge se nouer. Elle n’arrivait pas à parler. Elle rêvait de lui souvent. Mais le voir… c’était incomparable.
Son petit visage doux et tellement anguleux pour son âge. Ses yeux bleus était la rencontre entre l’orage de sa mère et l’océan de son père, offrant une délicieuse mer déchaînée. Éternellement figé dans son enfance, Lywen la dévisageait.
  • Oh! Q-ui… qui t’es?

Il ne l’avait pas vu depuis presque quarante ans, comment aurait-il pu la reconnaître? La douleur de cette évidence la transperce. Quarante ans.
  • Salut, petit sucre. C’est moi… Maman.

Le garçon semble ne pas comprendre tout de suite. Il tord sa bouche comme pour savoir si c’est un piège. Puis son visage s’illumine.
  • Maman! Tu es revenue! Je savais, je savais que tu ne nous abandonnerait pas!

Ses mots sont une dague dans la colonne vertébrale de Phèbe. Une perle de regret coule sur sa joue. Son fils se précipite vers elle et saute dans ses bras. Phèbe perd son souffle. Elle ne s’attendait pas à pouvoir le toucher, à pouvoir le prendre dans ses bras, le serrer. Elle l’enlace en sanglotant.
  • Lywen…
  • J’ai eu très peur tu sais! Le jeune maître… il était très méchant. Il voulait me punir pour l’incendie.
  • Oh, mon ange… Je.. je…
  • J’ai cru qu’il allait aussi te couper une oreille quand tu m’as défendu! Il t’en manque déjà une! Tu n’aurais plus rien entendu.
  • Mon chéri…
  • Qu’est ce qu’il y a? Tu pleures? Maman?
  • Tu es si beau, bien plus que dans mes souvenirs…
  • Tu-tu m’en veux c’est ça? Pour le grain? J-je te jure… je ne recommencerais pas… Maman, je ne pensais pas….

Phèbe en entendant ses mots se lamente et Lywen complètement perdue roule des yeux. La femme avait revécu ce cauchemar des millairds de fois, la gifele, la lanterne, l’incendie, les clefs, la fuite. Elle avait ressentis des milliards de fois la honte, la perte, le deuil, la rage, au point d’en perdre la raison. Mais rien n’était plus terrible que d’entendre Lywen s’excuser pour cela. Lui, qui était innocent.
  • Non, non! Mon chéri, tu n’y es pour rien. Maman pleure parce que… qu’elle est heureuse de te voir. Tu n’y es pour rien. C’est moi qui ai fait une bêtise, une énorme bêtise.

Elle reste debout, la tête de son fils sur son ventre, les bras autour de ses épaules. Finalement elle se met à genoux, dépose un baiser sur son front et sourit. Elle caresse ses cheveux. Elle avait aimé son enfant dès que le jour avait caressé sa peau. Elle était immédiatement tombée en extase devant cette créature si frêle. Elle avait craint tant de fois que ne sorte de son ventre une peau grise infâme et des oreilles pointues répugnantes. Quand elle avait pu contempler ses traits si caractéristique de son père, elle avait pleuré de joie. 
  • Maman comment tu as échappé au garde?
  • Quoi?
  • Je ne sais pas trop, papa hurlait beaucoup et je n’ai pas tout entendu. Ils ont dit que si ils te trouvaient… Ils t’ouvriraient en deux avec leur épée et que tu aimerais tellement ça qu’ils devraient ensuite l’enfoncer dans ta gorge pour t’étouffer.

Phèbe hoquète en comprenant et le serre d’avantage en espérant le faire taire.
  • Mais le jeune maître il a dit que ça ne serait pas suffisant pour ton crime…alors ils.. ils….
  • Lywen que t’ont-il fait après que je sois…. partis
  • Je-je ne me souviens plus très bien. J’avais mal très mal et papa il était pas content du tout. Après ils ont pas voulu me soigner et Babou elle est jamais sortie des flammes elle a rien pu faire pour moi. Mais… 
  • Quoi?
  • Un esprit m’a aidé.
  • Un esprit?
  • Dis maman… t-tu as vu le petite bonhomme toi aussi?
  • Le petit bonhomme.?
  • Oui, il y avait une petite créature qui m'a aidé à m’endormir. On aurait dit un Dunmer mais il était petit et orange.
  • Un elfe des bois tu veux dire? Que s’est-il passé?
  • Il a dit qu’il savait où tu étais, qu’il m'amènerait à toi. Mais j’avais très mal et… il n’a pas pu me porter longtemps. Il m’a pris dans ses bras et à chanter jusqu’à ce que je m’endorme, tu sais.
  • Tu tu connais son nom?
  • Euh.. Feldirna? Feladrin?
  • Feladir.
  • Ah oui je crois! Il m’a dit qu’il t’avait trainer en sécurité et que je pourrais te rejoindre. Mais… je ne me souviens de rien d’autre.

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