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Lilyth
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Confronter la réalité Empty Confronter la réalité

Sam 9 Oct - 19:38
Confronter la Réalité

Après une conversation difficile et lourde en émotions, Phèbe avait proposé à son époux, presque comme un défi pour tester sa volonté, de se rendre partout où elle avait vécu. Il pensait avoir l'occasion d'ainsi mieux comprendre sa douce, et bondit sur l'occasion. Il était bien loin d'imaginer ce qui l'attendait. Elle décida qu'ils débuteraient chronologiquement par Deshaan, là où tout avait commencé.

Mazar pensait que son épouse serait fébrile, agressive ou renfermée à l'annonce de ce voyage. Pourtant le comportement de Phèbe redevient normal après cette dispute. Rien ne laissait imaginer que bientôt ils voyageaient dans le passé. Il fut également surpris qu'elle ne tente pas de prétexter trop de travail pour l'éviter ou repousser la chose. En réalité, très vite, elle libéra deux semaines pour eux sans donner d'autre justifications que "des congés trop longtemps repoussés"

Après avoir retrouvé Phèbe à l'extérieur de la Citadelle avec un minimum de vivre et une tenue adéquate, Mazar salua la Vicomtesse, la gratifiant d'un léger sourire avant de dire avec une légère anxiété. 

  • C'est ironique, n'est ce pas ? Lorsque l'on a enfin l'opportunité de passer un moment ensemble et de voyager, c'est pour tout sauf prendre du plaisir, haha ! 

Il scrute la réaction de Phèbe avant de reprendre avec plus de détermination. 

  • Néanmoins, je suis heureux et très reconnaissant. Je suis prêt !

Phèbe n'avait pas l'air particulièrement morose et fixait Mazar comme pour sonder son âme. Elle haussa les épaules et dit :

  • Déguisons-nous, c'est plus prudent là où nous nous rendons.

Elle revêtit une robe de mage qui lui donnait une allure académique que son mari ne connaissait pas. Elle grima ses traits en mettant de la poudre, du rimel, du rouge à lèvres et du fard. Finalement, elle détacha ses cheveux et ajusta le couvre-chef qui allait avec la robe.

  • Nous passerons le portail pour arriver au Sud du port dans un endroit calme. Mais une fois en ville, ça grouillera de gardes. La majorité feront partis de la Milice des Drès.

Mazar observa Phèbe se transformer. Il savait qu'elle avait déjà réalisé des missions d'infiltrations mais jamais il n'avait eu l'occasion de la voir faire. Il ne pouvait détourner son regard.. Oh.. comme il aimait la voir les cheveux détachés ! Malgré son maquillage et sa tenue qui lui donnaient une allure stricte et disciplinaire, il lui trouvait un charme certain. 

  • T.. très bien ! Je .. je resterai attentif. Je ne te quitte pas des yeux…

En réalité, il fut bien difficile à Mazar de garder ses yeux sur elle tant ce qui les entourait étaient aux antipodes de ce qu'il connaissait. L'architecture, les gens et leurs vêtements, c'était si différent. Phèbe les mena directement dans une auberge. Quand il la vit poser et défaire ses sacs, il comprit. Elle n'allait pas simplement l'emmener là-bas et repartir. Non, elle allait tout lui montrer. Il hausse un sourcil interrogateur. 

  • Tu.. as prévu qu'on reste ici un moment ? Hum.. Ai-je besoin de quelque chose en particulier ou je dépose tout aussi..?


  • On passera quatre jours à Deshaan. Ensuite on ira en Auridia


  • Quatre ?! Hum.. d'accord.. Juste un instant !

Mazar ouvre son paquetage et en sort une toge à capuche longue en jute de couleur foncée qu'il enfile aussitôt. “C'est bon ! Je suis prêt !” En regardant Mazar, Phèbe se demanda sérieusement comment il avait pu échapper à l'Alliance si longtemps. Elle retint une remarque désobligeante et un rire. Y avait-il pire déguisement que de se vêtir d'une grande cape noire? Et bien maintenant oui. Mettre une montagne de muscle sous une toge sombre. 

  • Bien... je suppose que ca fera l'affaire. Allez viens je vais te montrer le port.

Elle s’interrompit un moment avant de se retourner pour dire :

  • Oh et... pas d'arme, ça les rend nerveux
  • Évidemment !.. 

En sortant de l'auberge, Mazar regarde à droite puis à gauche sous sa capuche qui cachait entièrement son visage. 

  • Hum... Je n'étais pas malheureux, loin d'ici.. cela dit.. je n'avais rien eu l'occasion de voir hormis une cave sombre.. Allons-y, je te suis.
  • N'ais pas l'air si nerveux, sinon on va nous chercher des poux; siffla-t-elle.

Il pouvait voir la mer à l'Est pourtant Phèbe leur fit faire un terriblement long détour pour aller sur les quais. Il passèrent par des rues silencieuses ou peu de badot marchaient.  Il lui fallut un bon moment pour comprendre que c'était des quartiers plus aisés. Ce ne fut qu'une fois sur le port à proprement parler que Phèbe se mit à parler. Elle lui présentait les vaisseaux, lui expliquait comment le reconnaître et savoir à quoi ils servaient. Ils évoluent sur une sorte de promenade pavée et elle parla également des bâtiments qui la bordaient. Mazar fut surpris, c'était un coin plutôt agréable, un port marchand comme n'importe lequel.

Mazar était resté silencieux jusqu'alors, attentif à ce que disait Phèbe et parfois même captivé par la différence qu'il y avait entre l'idée qu'il se faisait du lieux et ce qu'il voyait pour l'instant. Il ne disait mot et se contentait d'acquiescer par de petit "Aaah !" "Hmm !" Il suivait Phèbe sans broncher et se satisfaisait de ce qu'elle lui présentait. Il finit par prendre la parole à voix basse lorsqu'ils furent loin de toute vie 

  • Cette ville n'a pas que des mauvais côtés finalement ..? Du moins en apparence ça à l'air .. Normal ..? 
  • Oui, c'est comme n'importe où. Admit Phèbe après un silence.

Le chemin pavé s'élargissait brusquement sur un escalier. Ils étaient arrivés en aux d'une esplanade. Mazar put tout de suite constaté le changement saisissant. L'odeur d'abord, était débarquer quantité de bétail couverte de crasse, de vermines et de parasites. Ca puait la maladie et la mort. Le bruit aussi, le reste des quais était certes bruyant mais ici c'était une cacophonie. De beuglement, de henissement, de meuglement et de cri. De pleures. Car parmi les bœufs-nix, les moutons et les Guars, il y avait des gens.

Il se figea en constatant ce spectacle horrifique, lançant son regard de droite à gauche sur la scène en contrebas. Il se dit tout de suite qu'en toute logique, elle lui a d'abord fait voir le côté vivable de la ville avant de lui montrer la dure réalité dans laquelle elle avait évolué. Comme pour lui faire comprendre que tout n'est pas tout blanc ou tout noir, même chez les autres qu'on peut juger mauvais. Phèbe se tourna vers lui pour lui demander: “Tu veux descendre?”. Mazar ne répondit pas et acquiesça simplement d'un geste de la tête, laissant Phèbe passer devant. Une fois en bas il demande :

  • Tu avais l'habitude de venir ici avant ?


  • Non. Très exceptionnellement le maître me trainait ici pour récupérer un document mais c’est tout. Les esclaves arrivaient directement par lot sur la plantation. Par contre, le marché, j’y ai été plus souvent.

Il marque une petite pause. Cette façon de s'exprimer lorsqu'elle parle de ses maîtres, il allait devoir s'y habituer.

  • Le marché.. Tu me montreras ensuite ?
  • Pas aujourd’hui, dit-elle sur un ton sans appel,

Elle les mena en bas et ils commencèrent à déambuler lentement sur la place. Des Dunmers criaient des nombres en faisant passer les bêtes d’un enclos à l’autre pendant que d'autres inscrivaient frénétiquement ces références dans de grand registre. Mazar comprit très vite d’où venait le sens presque pathologique de l’organisation de sa femme. Ici tout était minutieusement compté, pris en note, daté, trié puis enregistré et transmis. Tout. C’était complet et exhaustif, nulle marchandise ne pouvait être perdue. 
 
Phèbe regardait autour d’eux, inexpressive, en avançant lentement. Elle faisait tourner autour de son doigt l’une des chaînettes de son déguisement. Et après un instant de réserve, elle les fit avancer vers un navire qui déchargeait les marchandises humanoïdes.

Mazar était dubitatif... perdu entre une admiration devant la discipline et la structuration au millimètre de ce qu'ils voyaient et son ressentiment quant aux restes des choses qu'il aurait à voir par la suite, notamment lorsque Phèbe et les dirigea vers un navire apportant de nouveaux produits vivants. Il se retient un instant mais se remet très vite en marche lorsqu'il voit l'attitude déterminée de Phèbe.

Elle se plaça silencieusement en retrait. Elle ne voulait pas parler et il la comprenait. C'était un spectacle pitoyable, écœurant et ne pas détourner les yeux fut plus dur que de retenir sa colère. Les esclaves ne sortaient pas du pont ou des zones cargos: ils sortaient des fonds de cales. Au bout d'un moment, la brétonne ose parler: 《Ma mère a été transportée dans un bateau similaire. Elle venait de Vvardenfell.》

Mazar, toujours caché sous sa capuche tombante, haussa un sourcil après avoir entendu sa femme. Une interrogation lui venait : Mais qu'est ce qu'une Brétonne pouvait bien faire en Vvardenfell ?! Morrowind est une région ressemblant à un désert inhospitalier couvert par la cendre et bien loin de sa région natale.

  • Excuses-moi de demander mais.. Pourquoi ta mère était-elle en Vvardenfell ?

Elle pouvait deviner l'étonnement dans sa voix sans avoir besoin de voir son expression.

  • Et bien… Parce que c'est là que son maître l'a vendu, répondit Phèbe en fronçant les sourcils
  • Oh .. je vois, excuses moi, j'aurai dû m'en douter.
  • Tu vas arrêter de t'excuser pour des choses desquels tu n'es pour rien, s'impatiente-t-elle

Il eut un léger sourire derrière sa capuche sans dire un mot.

Phèbe posa ses yeux sur lui mais il fut bien incapable de déchiffrer ses pensées. Ils traversèrent l'esplanade avant de continuer le bord de mer jusqu'à abandonner le port derrière eux. Ils profitèrent du paysage et Mazar put enfin respirer à nouveau. Il y avait par endroit de grandes buttes visiblement artificielles avec une géométrie et une dimension similaires au fosse commune qu'il avait pu voir pendant ses années militaires. Et il savait à la façon dont Phèbe les évitait que c'était bien cela: des mausolées de fortune. Elle les fit manger dans un endroit charmant et simple. Un restaurant dans lequel il se sent mal à l'aise de rencontrer tant de Dunmers tout à fait sympathiques voir bienveillants. En regardant les serveurs, les commis, le personnel il ne pouvait s'empêcher de se demander: Sont-ils esclaves eux aussi ?.

Phèbe semblent lire dans ses pensées: 《Ne les dévisagent pas c'est malpolis. Et si tu ne sais pas, tu n'as qu'à regarder s'ils baissent les yeux et la tête pour parler aux autres.》. Il observe le serveur, son comportement ne laissait pas penser qu'il était esclave. Son expression changea, méfiance et interrogation laissèrent enfin place à un peu de tranquillité. Elle précisa: 《Ne sois pas si surpris, souvent esclaves et serviteurs se cotoient…》. Elle laissa sous-entendre cependant qu'ils ne s'entendaient que rarement. Comme le repas s'achevait, l'homme demande:

  • Et maintenant ? Ou veux tu que nous nous rendions?
  • Pour l'instant nul part, allons nous poser dans la chambre.

Mazar comprit bien vite pourquoi Phèbe avait limité leur sortie pour un jour. La fatigue lui tomba dessus brusquement et quand ils atteignirent l'auberge il ne rêvait que d'une chose: se pelotonner contre elle et ne plus sortir du lit. Le spectacle affreux dont il avait été témoin était plus éprouvant qu'il n'y paraissait. L'anxiété, l'impuissance, la frustration, l'effroi, le dégoût; toutes ses émotions avaient épuisé le Rougegarde. Pourtant après une sieste bien méritée, Phèbe le soir venu lui proposa de sortir:

  • Si tu le souhaites, nous pourrions nous rendre dans un bar cabaret… je ne sais pas si tu as déjà eu l'occasion d’y aller.
  • Un bar cabaret ..? Les gens chantent et dansent en buvant c'est ça ? (Il pouffe de rire). Hah ! Non je n'y suis jamais allé.. Mais ça me plaira sans doute de t'y accompagner. Il y en a ici ?
  • C’est l’aubergiste qui m’en a parlé quand je suis descendu tout à l’heure… ?

Mazar fut surpris de s’amuser au spectacle que Phèbe avait choisi. Même si c’était adressé à un public clairement différent, l’étrange duo pu apprécier les chorégraphies spectaculaires, les chanteuses talentueuses et les cabrioles des artistes. L’ambiance était chaleureuse, encens, bougie et vins doux les berçaient. Mazar en oublia même ce qu’il avait vu pendant la journée. 

Cela rendit la chute d’autant plus dure. Car le lendemain, elle l’emmena au marché.

Le lendemain matin, Mazar était déjà prêt à l'aube, ayant troqué son déguisement ridicule pour une tenue plus civile et passe partout. Il avait peu dormi, appréhendant que les jours suivants seraient de plus en plus durs, mais il se sentait prêt à faire face. Il se tourna vers sa femme

  • Quel sera le programme pour aujourd'hui ?
  • Allons au marché.

Pas une émotion ne transperce dans sa voix et l’homme s’en inquiète presque. Phèbe observe d’un œil critique la tenue de Mazar et approuve de la tête en revêtant son propre costume.

  • Tiens toujours ta bourse bien en vue et bien remplie. Ça calmera les suspicieux. 
  • Entendu.

Le silence de sa part n'était que très peu rassurant pour le Rougegarde mais il avait confiance en elle, elle devait certainement avoir une bonne raison de penser que les prendre pour des voyageurs aisés leur faciliterait la tâche. Toujours désarmés, ils sortirent et prirent la direction des marchés. Cette fois, elle ne fit pas de détour et il le vit immédiatement. Les rues bondées étaient remplies de marchands, d’étales et de ménagères en quête de crème fraîche. Le centre ville débordait d’activité et ils se prirent au jeu: se pencher sur une foule de babioles, écouter un vendeur vous vanter les vertus de son produit, caresser du bout des doigts des étoffes.

Au bout d’une heure de cette longue procession, les ruelles débouchèrent sur de grandes artères bordées d'hôtels particuliers. Mazar admira cette architecture qui lui était étrangère mais Phèbe, elle, serrait déjà les poings. Les yeux rivés au sol, elle avançait hâtivement vers l’est. Enfin ils atteignirent leur destination: le marché aux esclaves. 

Sous plusieurs halles, des esclavagistes entassaient leur cargaison. Enchaînés en ligne, ils défilaient sur des estrades où l’on les faisait parader pour montrer leur atout. Autour de leur coup des plaquettes indiquent la mise à prix.

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Toutes les allées étaient bondées. À droite et à gauche, des vendeurs d'esclaves surélevés sur des échafauds en bois appelant à l'offre. A côté d'eux, des hommes et des femmes de plusieurs espèces, souvent Argoniens ou Bréton, étaient enchaînés pieds et poings liés. Phèbe lui explique que certains esclavagiste vendent par lot les asservis et présente uniquement un spécimen représentatif. Elle précise que c’est ainsi que sa mère et son père s’étaient rencontrés, groupés comme un joli pactole. Elle lui montre aussi que chacun à sa spécialité: celui-ci offre surtout de la main d'œuvre solide, celle-là se concentre sur les esclaves de secondes mains, très prisée puisque docile et éduquée. Il y a ceux qui préfèrent ne vendre que des jeunots qui seraient formés pour servir de serviteurs et ceux qui n’ont que des femelles pour toute sorte de travaux d’intérieur. 

Nos deux compagnons traversèrent cette foule, essayant de ne pas s'attarder sur les horreurs qui partout les agressent. Mazar eut toute la peine du monde à ne pas s'attrister ou s'offusquer chaque fois que tel ou tel esclave était battu sous leurs yeux. Mais il les voyait là dans leur excrément et la boue. Ils puaient la saleté, la maladie et parfois la mort. Ils avaient les yeux éteints et la plupart ne voulait même pas de se débattre. Mazar tentait de se contenir, se remémorant les consignes de Phèbe mais lorsque Phèbe les fit contourner les halles pour lui montrer la zone d’échange où les nouveaux acquéreurs récupérer leur marchandise, s’en fut trop.
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Il vit une jeune fille un collier au cou se faire traîner dans la terre au bout d'une chaîne par son nouveau maître. Elle chouinait en s’excusant mais l’homme furieux marchait de bon train. Les pieds de l’enfant ne cessaient de se dérober sous elle et elle chutait en se cognant partout. Il se tourne vers Phèbe, plein de haine et de tristesse et avant qu’elle n’ouvre la bouche il se met à marcher énergiquement vers la petite pour l'aider guidé par les dieux miséricordieux de la chance. La brétonne tenta bien de le retenir :"Non Mazar!" Mais son cri étouffé se perdit dans la foule et sa main ne put le retenir.

Le maître de la gamine lui hurlait dessus pour qu'elle se relève et marche plus vite. La petite, qui ne devait pas avoir plus d'une dizaine d'années, était en pleurs au sol alors qu'elle se prenait les assauts du Mer qui ne lésinait pas sur ses chaînes et s'apprêtait à lui asséner un coup de fouet. 

  • Ça suffit !

Mazar attrapa le poignet levé de l'esclavagiste avant que ce dernier n'ait le temps de l'abattre sur sa victime. Le Dunmer outré resta sans voix un moment, fixant le Rougegarde importuné. Mazar profitant de ce moment d'hésitation se pencha et aida la fillette a se relever. Le temps qu'il se redresse, la foule avait ralentit, s’aglutinant autour d’eux, tous les regards étaient braqués sur lui.

  • Comment osez-vous ?! S'énerva l'esclavagiste
  • Ce n'est qu'une enfant .. souffla Mazar avec désespoir.
  • Mais de quoi il parle cet insolent?!

Mazar n'eut pas vraiment le temps d'en dire plus pour défendre la gamine asservie, autour de son cou quelque chose s'enroula, coupant son souffle et tout son. Il tente de retirer l'étau avec ses doigts mais il est projeté en arrière violemment. Avant qu'il ne puisse se relever et protester, un coup le cueille dans le côte et il roule ahuris. Il passe sa main sur son cou mais immédiatement retire sa main en glapissant: il s’était brûlé. C’était un fouet de flammes.

"Fermes là vermine! Comment oses tu lever la main sur un maître !?"

En entendant la voix de Phèbe il tombe des nues mais quand il la voit… il déglutit avec difficulté. Elle était terrifiante, là debout, le visage déformé par la honte et la colère, enveloppé d'une aura mystique. Mais Mazar la connaissait bien, elle était avant tout terrifiée. Déjà des gens autour d'eux rouspétaient:

  • Il est à elle?
  • Elle ne pourrait pas mieux le tenir!? C'est honteux.
  • C'est ça le problème de ses progressistes, enlevez leur leurs chaînes qu'ils disent ! Bah on voit le résultat !
  • Bravo quel exemple ! C'est irresponsable madame ! Pensez aux autres, ils regardent vous savez!

Phèbe raccourci la longe forçant Mazar à ses pieds. Trop tard, la milice Drès qui maintient l'ordre approche….Mazar réalise soudain son erreur, il avait risqué de les faire démasquer! La tête entre ses épaules et les yeux rivés au sol, il se tourna vers Phèbe, comprenant  qu'elle avait créé un échappatoire, il tenta de jouer le jeu.

  • Pardonnez moi, Madame

La foule commença en s'en mêler

  • Vous devriez le fouetter pour avoir osé toucher un maître sans sa permission !
  • Il mérite d'être mis à nu et privé de toute nourriture durant une semaine entière !

Mazar gardait la tête baissée, endurant sans broncher les regards et les insultes de la foule. Il croisa le regard de la fillette qui semblait le haïr et lui en vouloir. Il comprit que son geste, qu'il pensait bon, allait en réalité lui causer plus de tort qu'autre chose. Elle serait sûrement battue lorsqu'ils seront dans le domaine de son propriétaire. Mazar fit discrètement signe à Phèbe de le frapper espérant calmer les tensions de la foule autour et disperser tout ce beau monde. Crispée, elle hésita un moment, alors Mazar l'implora, dénouant sa ceinture, il l'a tendit à Phèbe avec ses deux en disant :

  • Pardonnez mon geste maîtresse… je.. je mérite d'être puni.

Sa femme lui lança un regard plein de peine.  Ses yeux lui suppliaient de l'excuser et quand elle parla il sut pourquoi:

  • C'est vous qui avez été mis en tort mon bon seigneur, c'est à vous que revient le droit de le châtier. 

Elle saisit la ceinture et la tend vers le Dunmer et la fillette. Le dunmer semble plus que satisfait de cette proposition et approuve du chef. Cependant les gardes qui n’en avait pas perdu une miette interviennent:

  • Pas de châtiment par autrui sur le marché, vous connaissez la règle!
  • Je voulais simplement désamorcé le conflit stupide engendré par ce moins que rien, s’excusa Phèbe
  • Oh et bien qu’elle le punisse elle-même! S’agaça le maître, mais ça à intérêt à être exemplaire!
  • Bien puisque cela est réglé, l’un des gardes tendit son arme guidé par un cruel destin, faites ça bien.

C’était un fouet disciplinaire comme Phèbe y avait si souvent goûté. Une sorte de martinet composé d’une demi-douzaine de tresses de cuir qui vous déchire la chair. Pour l’exemple, elle savait très bien combien de fois il faudrait le frapper, elle avait été elle-même si rebelle, comment aurait-elle pu ignorer cela? Si elle avait pu trembler, si toute leur survie ne reposait pas sur sa crédibilité en tant que maître, alors Phèbe aurait tremblé. De peur, de détresse et de colère. Mais elle ne se le permit pas, elle entra dans ce personnage ridicule et attrapa fermement l’arme. 

Elle fit disparaître le filet de lave qui le retenait à la gorge. Elle calcula comment faire pour épargner Mazar, pour qu’il ne souffre pas. Pourtant elle dû se rendre à l’évidence, il ne pourrait pas jouer la comédie, rien ne serait plus réaliste que de vraiment le battre. Mazar la fixe et elle lui rend douloureusement se regard:

  • Retires ta chemise chien, et fais face à celui que tu as insulté à genoux.

Mazar s'exécuta, retirant ses vêtements et les jetant négligemment au sol avant de s'agenouiller, laissant apparaître sur son dos, les multitudes de cicatrices de coups de fouet qui ont lacéré sa peau. Ses scarifications marqueront pour toujours son corps en preuve de sa pénitence pour ses actes terribles. Un détail qui pour une fois joue en leur faveur, voyant son dos recouverts de cicatrices que les autres pensent avoir à faire à un simple esclave un peu trop privilégié. Faisant abstraction de cette vue à laquelle Phèbe s'était déjà habituée, elle ajuste le fouet dans sa main pour lui infliger sa sanction non sans une pensée compatissante envers son mari. "Pardonnes-moi.." pensa-t-elle en espérant qu’elle l’entende. Mazar se prépare à recevoir son châtiment en fermant les yeux et la tête toujours baissée face à celui qu'il avait interrompu quelques minutes plus tôt. 

  • Quinze coups de fouet pour l'esclave impertinent ! Annonce le garde ayant donné son fouet à Phèbe

Il serre les poings et les dents lorsque le premier coup de fouet s'abat sur son dos, ne pas montrer qu'il souffre s'avérant être la meilleure façon de faciliter la tâche à Phèbe. Elle continua ainsi, un second puis aussitôt un troisième et un quatrième. Elle ne peut pas se permettre d’y aller doucement, non, alors elle frappe avec force. Sans réfléchir, elle compte dans la langue des elfes noirs. Comme elle l’avait toujours fait, pour se soustraire à la douleur. Le regard de l’autre maître s’illumine et le dunmer intervient:

  • Qu’il compte à haute voix.

Phèbe enrage, sert la mâchoire mais ne répond rien. Elle fixe l’elfe, retient les traits de son visage, les grave dans son esprit. Demain, un maître ne se réveillerait pas.  Elle sert son poing son feu intérieur rongeant sa paume dénudant la chair à vif, mais elle lutte, retient l’explosion. Le fouet claque et résonne dans tout le marché, les esclaves s'indignent de ce spectacle tandis que les maîtres, à chaque coup, sont de plus en plus satisfaits. Vint alors le dixième coup, les plaies s’ouvrent, sa chair est à vif, son dos semble brûler. Si le Rougegarde n'avait pas été en si bonne forme, si bien entraîné et résistant, s’il n’avait pas déjà souffert de plaies de guerre et de combat, il se serait certainement mis à hurler de douleur et se rouler au sol.

Phèbe voulu en finir et serrant le poing sur son fouet enchaîna les cinq coups de fouet restant avec une intensité et une rapidité déconcertante. Mazar ne parvint à se retenir ce coup ci et laissa échapper une légère complainte dans un souffle lorsque le dernier coup vint annoncer sa délivrance. Il souffle dans un supplice

  • Quinze…

Phèbe ôte la dragonne du fouet et le tendit au garde:

  • Voilà.

Malgré l’amertume, elle cache avec un brio effroyable l’épreuve que représentait pour elle ce qui venait de se produire. Elle avait dû faire subir à son époux ce qu’elle s’était promis de ne plus jamais endurer. Si elle avait pu, elle aurait noyé le marché dans un torrent de flammes, le dunmer aurait pris spontanément combustion et les esclaves auraient été purifiés de la plus belle des manières, tout leurs malheurs consumés par le brasier. Pendant un seconde, elle envisage candidement de condamner cet endroit et tous ceux qui s’y trouvaient à une mort pure et glorieuse par le feu.

Elle pose ses yeux sur le Rougegarde à ses pieds.

Mazar, le dos en feu et sanguinolent, se recroqueville, enfouissant son visage. Il ne dit mot et garde la tête baissée, sans regarder Phèbe ou le maître qu'il avait offensé. Pour la première fois, il découvrait ce que c'était que d'être inférieur. Il pensa à quelles épreuves Phèbe avait dû faire face et décida de prendre sur lui. Ne rien montrer, serrer les dents et se relever, oui cela la soulagerait, elle verrait qu’il va bien, qu’il peut s’en remettre. C’est cela qu’il allait faire. Se montrer fort tuerait la culpabilité de Phèbe dans l'œuf.

Phèbe crut un instant qu’il allait se relever. Pitié restes au sol… restes au sol et tais toi! Si il se relevait, ce serait perçu non pas comme de la force, mais comme de l’insolence. Ils n’étaient pas sur un champ de bataille, l’orgueil n’avait pas sa place. Elle fut surprise de constater que… il ne bougea pas. Restant immobile. Soulagée, elle vit la foule se dissiper et le maître s’éloigner en bavassant avec la garde. Enfin elle dessert les poings, sa paume carbonisée ne la fait pas souffrir, elle jette un regard meurtrier autour d’elle: ce soir elle aurait sa peau…

Quand la foule les oublie suffisamment, elle se penche vers Mazar et doucement à voix basse: “Viens je vais t’aider, lève toi doucement… Reste penchez sinon la douleur va paralyser tes jambes…” Elle le couvre de sa chemise du mieux qu’elle peut et l’escorte loin du tumulte. Elle ne s’arrête pas pour le soigner, ne ralentit pas pour qu’il souffle, non elle a si peur qu’elle file à travers les méandres de la ville. Mazar comprend vaguement que cette fois ils passent par les bas-quartiers, plus discrets dans leur état.

Quand enfin ils arrivent à atteindre leur chambre, elle tremble de tout son corps. Ils l’avaient échappé de justesse, s’en rendait-il seulement compte? Elle ne peut plus porter Mazar, ses jambes défaillent et elle tombe à genoux. Pour la première fois à sa connaissance elle fond en larmes devant lui, incapable de se contrôler.

Mazar tente de se mouvoir comme il peut vers Phèbe. Il se met à genoux devant elle et pose ses mains sur le côté de ses épaules, se voulant rassurant.

  • Hé.. tu nous as sauvé .. c'est fini .. si tu n'avais pas sût réagir, qui sait si je serai encore en vie à cette heure-ci. Je te demande pardon d'avoir été si.. irresponsable et d'avoir voulu jouer au héros. Ça ne se reproduira plus, je te le promet. Ne pleures plus s'il te plaît.. c'est fini..

En réalité, les larmes de Phèbe étaient aussi douloureuses pour lui que les blessures sur son dos. Il voulait trouver un moyen de lui faire comprendre qu'il ne lui en voulait pas et se rapprocha en se redressant un peu de sorte à pouvoir mettre la tête de Phèbe contre son torse.

  • Tu es bien plus forte et solide que je ne le serai dans doute jamais.. merci.
  • Je suis tellement désolée… oh Mazar! Je suis désolée ! Je suis… je suis un monstre, j'avais si peur qu'ils répliquent… que les dieux aient pitié. Pardonnes moi….mon amour pardonnes moi.

Un instant elle fixe ses mains brûlées sauvagement. Inconsolable, elle plante ses ongles dans son crâne, arrache la chair en sanglotant. Elle ne se pardonnerait jamais. Mazar attrapa ses mains au dessus de sa tête pour l'empêcher de se faire plus de mal et dis d'une voix douce

  • Eh écoutes moi ! Tu n'as pas à t'en vouloir, tu as fait ce qu'il fallait pour qu'on s'en sorte. Je suis désolé que tu aies eu à faire cela et évidemment que je te pardonne. Je t'aime Phèbe, ce ne sont pas quelques égratignures qui me feront regretter de t'avoir accompagné..

Il lui lâche les mains et recule un peu, espérant qu'elle ne se remette pas à s'arracher la peau.

  • S'il te plaît, ne te fais pas plus de mal, je te jure que ça va aller et que je ne t'en veux pas. Je.. je vais simplement avoir besoin d'un peu de repos.

A la suite de cet incident, ils restèrent sagement à l'auberge pour laisser à Mazar le temps de récupérer. Phèbe fut heureuse d'avoir à sa disposition de bien meilleurs moyens que dans son passé. Il ne risquait pas de mourir de fièvre après une stupide infection. Quand il s'endormait d'un sommeil mouvementé, elle restait des heures à fixer le mur en se demandant si elle n'allait pas tout simplement éventrer le dunmer qui avait fait cela. En réalité, elle était même sortis plusieurs fois et avait finis par le trouver. Mais chaque fois que tapis dans une ruelles elle hésitait à prendre une dague et l'achever, une phrase lui revenait. "Je t'interdis formellement de tuer qui que ce soit en mon nom. Tu crois que c'est ça que je veux? Que sème la mort, la douleur et la haine pour moi?" Ces mêmes mots même qu'elle avait dit à Mazar quelques jours plutôt. Alors elle rangeait sa vengeance et sa lame et retournait à son chevet.

Enfin après deux jours elle osa demander à son mari:

  • Il y a… un dernier endroit où je voudrais aller.
  • Je t'écoute ?

Il se redresse vers sa Phèbe comme pour lui montrer qu'il était prêt. En réalité, sa dernière sortie l'avait plutôt bien remis à sa place et calmé sur le fonctionnement de Nirn. Certains étaient simplement nés au mauvais endroit au mauvais moment. Il n'y pouvait rien et n'y pourrait jamais rien. Il s'assit en face de sa femme.

  • Je te promets de ne pas faire de vague cette fois-ci.
  • Il vaudrait peut-être mieux que je m'y rende… seul. Tu ne peux pas monter et je t'imagines mal prendre mes portails dans cet état… et puis… enfin…
  • Je ne te laisserai pas. Ne t'en fais pas pour ⁷
  • moi, nous sommes venus ici ensemble pour que tu puisses me permettre de connaître ta vie et, en effet, même si monter à cheval serait peut être compliqué, je suis sûr qu'un portail serait parfait. Peu importe ce qui se trouvera de l'autre côté de ce portail, je ferai face avec toi.

Mazar essayait de rassurer Phèbe, qu'elle n'ait pas peur de lui montrer qui elle est vraiment et qu'elle n'en ait pas honte.

  • Ce n’est pas ça. Je voudrais… Je veux aller visiter la tombe de Lywen.

Elle leva les yeux vers lui, pleine de détermination. Pourtant elle ne voulait pas le forcer à venir, elle ne voulait pas rendre la situation embarrassante ou malaisante. Mazar sourit légèrement en regardant Phèbe. Il savait à quel point c’était quelque chose d’important pour elle. Une chance qu’elle avait eu et qu’elle ne pourrait plus jamais avoir. Il se rapprocha d’elle, hésita à saisir sa main mais il se rappela la leçon :”Ce n’est pas une créature fragile".

  • Je te suis Phèbe, je resterai avec toi et je t’accompagnerai où que tu ailles et quoi que tu fasses.
  • D'accord… enfiles quelque chose de discret: nous allons trespasser une propriété. 



Elle lui donna une rune qui réduirait sa visibilité. Elle ouvrit un portail et ils disparurent. Cette fois, elle s’accroupit immédiatement derrière la parois murale et c'est en toute discrétion à taton qu'ils gravirent une butte. Mazar qui décidément résistait bien à Oblivion, l'imita. Comme Valriel avant lui, Mazar pu voir les parois couvertes de gravures rudimentaires. La forme effilée évoquait évidemment des stèles. Elle longea la roche en faisant glisser ses doigts sur les motifs:

  • Chacune d'entre elles est unique, pour que nous puissions les différencier. Nous n'avions pas le droit d'enterrer ou pleurer nos morts. Nous venions en secret et nous enterrions un objet leur ayant appartenu… on leur offrait des fleurs…

Mazar garda le silence, il ne pouvait imaginer ce que ça devait être de perdre un proche et de ne même pas pouvoir lui donner une sépulture correcte et venir le pleurer lorsque l’on en a envie. A vrai dire, il ne savait pas ce que ça faisait de perdre un proche. Mis à part ses camarades d’armées avec lesquels il ne s’était jamais réellement familiarisé du fait de ses origines et de son manque d’éducation à l’époque, il n’avait jamais eu de personne qui lui importait réellement mise à part Phèbe elle même dans sa jeunesse, jusqu’à entrer chez les Compagnons.. Il se convainc que ne rien dire est la meilleure chose à faire et continue de suivre Phèbe, cherchant parfois du doigt les inscriptions sur les stèles.

Elle finit par s’agenouiller devant celle où son père, son fils et à présent son feu maris reposaient. Elle y déposa une unique fleur, un œillet. Elle se recueillit en silence pendant un long moment et Mazar en voyant son expression n’eut pas le cœur de l'interrompre. Après ça elle arracha quelques mauvaises herbes qui commençaient à masquer le pied de certaines tombes. Elle repassa aussi différentes gravures puis quand elle constata qu’elle ne pouvait rien faire de plus, elle resta immobile, sans savoir quoi faire, perdue. Mazar s’avança et d’une voix douce:

  • Nous devrions peut-être continuer?

Elle hocha la tête avec tristesse, ses tourments un peu apaisés. Une fois leurs affaires rangées ils changeraient complètement de décor: direction Auridia.
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