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Lun 6 Sep - 18:33
PRÉLUDE

_______________________

Alors que la Guilde accumulait les missions pour renflouer les coffres, les officiers passaient de longs moments à chercher des moyens pour joindre les deux bouts et financer l’aménagement de la nouvelle Citadelle, tout en rémunérant les Compagnons, en se procurant le matériel nécessaire à l’entretien de leurs armes de leurs armures, à l’achat de nouvelles montures…


Et c’est un soir, tandis qu’Elia épluchait un livre de comptes en se remémorant son père qui, assis à son bureau, effectuait ce même genre de besogne, qu’elle se souvint de ses conseils : « Quoi qu’il arrive, Elia, garde toujours une trace écrite des échanges et des transactions que tu fais avec les gens. Ça t’évitera bien des ennuis… ». Depuis, elle avait suivi ce précepte à la lettre et c’est ainsi qu’un détail lui revint en mémoire : quelque temps auparavant, elle avait déposé plusieurs parchemins de reconnaissance de dette dans son coffre, à la banque de Daguefilante. Ces dettes avaient été accumulées par des pauvres ères que la Guilde avait aidés dans ses débuts. Ceux-ci avaient tous promis qu’ils rembourseraient les Compagnons lorsqu’ils se seraient remis financièrement et avaient gracieusement accepté de signer des documents attestant des dettes qui leur étaient échues. Cela faisait bientôt deux ans que ces parchemins prenaient la poussière dans son coffre et Elia estima que le moment était venu pour elle de réclamer son dû au nom des Compagnons et ainsi, permettre à la Guilde de recouvrer ses finances.


« Mais si je me présente seule munie de ces documents, ils ne vont peut-être pas me prendre au sérieux… Et puis, je ne peux pas m’absenter pour aller courir après tous ces mauvais payeurs. »
Consciente que, dans le monde des affaires, il fallait parfois se montrer plus intimidant que persuasif, Elia réfléchit aux options qu’elle disposait à sa portée. Elle avait besoin d’une personne pour la représenter, quelqu’un qui en impose. Et bien sûr, elle n’allait pas envoyer un officier, elle avait bien trop besoin d’eux en ce moment pour aller régler des affaires aussi secondaires.

« Et si j’envoyais Korsen ? Avec sa force brute et son attitude, il pourrait se montrer suffisamment convaincant pour que je sois certaine qu’il revienne avec l’or ? » Cela dit, elle craignait que l’homme ne perde son sang froid et ne décide de venir à bout des personnes récalcitrantes.

« Non, il me faudrait une personne avec un minimum de jugeote… Ou quelqu’un qui puisse le tempérer… Valriel ? … Non, j’ai l’impression qu’à chaque fois que ces deux-là sont ensemble, on frise la catastrophe. Frigga ? Combinée à Korsen, j’ai peur qu’ils ne détruisent tout sur leur passage. »

Se rejetant en arrière contre le dossier du fauteuil qu’elle occupait, les bras croisés, elle leva les yeux au ciel, pensive. « Par contre, Frigga et Valriel… Ça pourrait marcher. Valriel semble assez modéré pour agir avec finesse et Frigga a un bagou qui pourrait faire la différence. Et à eux deux, avec leur carrure imposante, ce devrait être suffisant pour convaincre la plupart des personnes qui nous doivent de l’argent. »


C’est ainsi qu’après être allée retirer les précieux documents dans son coffre, elle fit mander Frigga et Valriel pour leur confier cette mission. La Nordique se présenta rapidement auprès d’Elia impatiente de partir en mission. Elle semblait en avoir assez de tourner en rond dans la taverne. En attendant l’arrivée de l’Altmer, Elia lui exposa le plan.

— Récupérer des sous ? Ça va être facile ! On arrive, on pille, on repart !

— Non, non, c’est un peu plus compliqué que ça, Frigga. Il faut les impressionner, mais pas les voler. Il faut qu’ils vous donnent l’or de leur plein gré.

— Oh-là, ah oui, c’est pas pareil ! Faut leur ficher la frousse en gros, c’est ça ?

— Oui, mais pas trop de violence. Vous représenterez les Compagnons avant tout.

— J’y vais pas seule ?

— Non, pour t’épauler, j’ai choisi un autre Compagnon qui va t’accompagner…


Elle leva les yeux vers la silhouette élancée de Valriel qui s’avançait discrètement, en retrait. Les yeux rivés au sol, comme à son habitude chaque fois qu’il rencontrait Elia, il la salua en s’inclinant légèrement. Celle-ci s’agaça que l’Elfe ne la regarde toujours pas dans les yeux, mais choisit d’ignorer son comportement.
— Ah, parfait, vous voilà Valriel ! J’étais justement en train d’expliquer à Frigga le but de la mission que je vais vous confier à tous les deux.

Elle sortit d’une sacoche de cuir une petite pile de parchemins scellés qu’elle montra aux deux Compagnons.
— Voici un parchemin de reconnaissance de dette. Il s’avère que les Compagnons ont de nombreux débiteurs et je pense que le moment est venu de récupérer notre dû. C’est pour cela que j’ai besoin de personnes à la fois fortes et astucieuses telles que vous. Je pense que vous aurez la capacité d’être suffisamment intimidants tout en étant assez mesuré pour ne pas recourir immédiatement à des méthodes agressives.

Sur ces mots, Elia replaça les précieux parchemins dans la sacoche qu’elle tendit à Valriel. Frigga, fière comme un paon d’avoir été qualifiée de forte et d’astucieuse passa devant le bras tendu de l’Altmer pour attraper la sacoche sous les yeux ébahis d’Elia et le regard circonspect de Valriel. Passant la sacoche par-dessus son épaule, la Nordique se dirigea alors vers l’Elfe et lui accorda sa traditionnelle puissante tape amicale dans le dos qui manqua de le faire s’étrangler. Tandis qu’il crachait ses poumons pour tenter de chasser la salive obstruant sa trachée, Frigga, faisant face à Elia, lança avec une assurance digne des plus grands héros :

— Pas d’soucis Vifacier ! On va t’le ramener ton or, et même plus encore que c’qui est prévu ! Ils vont rien comprendre quand ils nous verront arriver ! On va leur flanquer une de ces miquettes ! Surtout avec l’autre grand brûlé, là, ça va pas les rassurer, ça j’peux t’dire ! J’vais chercher ma hache et on part tout de suite !

Elle se dirigea à grands pas vers les dortoirs avant de lancer à l’adresse de l’Altmer :


— On s’retrouve dans les écuries… euh… c’est quoi ton nom déjà ?

— Valriel, répondit-il d’un ton monocorde, la taxant d’un regard noir.

— D’accord, Val ! À tout à l’heure !

Sans même y réfléchir, Valriel chercha du soutien dans le regard d’Elia qui pinça les lèvres et haussa les épaules d’un air dubitatif. Réalisant qu’il venait de lui adresser un regard, il ramena immédiatement les yeux vers le lointain avant de partir à son tour chercher des affaires pour préparer leur voyage, saluant l’Archonte au passage.
— À plus tard, Elia, lâcha-t-il d’une voix basse.

« À plus tard… » Elia papillonna des paupières en haussant les sourcils. Cet Elfe pouvait parfois avoir des réactions tellement étranges et… inadaptées. Oubliait-il qui il avait en face de lui ? Ou ne savait-il juste pas comment agir en sa présence ? La Brétonne soupira en se disant qu’elle avait bien du mal à cerner certains de ses Compagnons et adressa une prière aux dieux en espérant qu’elle ne s’était pas trompée en s’adressant à ces deux énergumènes.


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Les Percepteurs Empty Chapitre premier

Lun 6 Sep - 18:48
CHAPITRE I
_________________

C
ela faisait désormais plusieurs heures qu’ils chevauchaient et Valriel savait que cette expédition allait être longue. Non seulement il avait pu constater qu’il se trouvait dans la sacoche une bonne dizaine de parchemins, mais en plus, le caractère de Frigga lui était véritablement épuisant.


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Très mauvaise cavalière, elle avait passé les deux premières heures du voyage à pester contre sa monture récalcitrante qu’elle ne parvenait pas à maîtriser et qui refusait d’avancer ou ne bougeait que pour aller brouter. Valriel avait donc fait de son mieux pour lui venir en aide et pour lui apprendre les rudiments en la matière, mais il avait passé un long moment à faire galoper son cheval pour ramener celui de la Nordique sur la route.



Une fois que Frigga fut parvenue à maîtriser suffisamment sa monture, elle s’était égosillée en chantant tout un répertoire de chants marins et paillards. Et elle chantait faux de surcroît, autant que cela fut possible. Bientôt, sa voix éraillée avait terminé de faire fuir la moindre créature sauvage à des kilomètres à la ronde. Il se dit pour se rassurer que cela aurait peut-être au moins le mérite de faire peur aux bandits de grand chemin, mais bientôt, ce fût plus qu’il n’en pouvait en supporter. Il s’était tellement crispé sur la bride de son cheval qu’il en avait les doigts engourdis et il avait tant serré la mâchoire que ses dents commençaient à émettre des grincements inquiétants. Il n’aspirait qu’à une chose : la faire taire.

Après avoir prié et même supplié tous les dieux et daedras qu’il connaissait, après l’avoir imaginé mourir mille fois, de plusieurs façons, toutes plus atroces les unes que les autres, dans l’espoir de détendre ses nerfs - sans succès - il profita que Frigga reprenne son souffle pour lâcher avec froideur :

— Vous devriez peut-être faire une pause ou vous n’aurez pas assez de chansons pour tout le reste du voyage.

— Haha, t’as bien raison ! Pourtant, j’en connais un paquet ! Mais si j’veux t’en garder pour plus tard, vaut p’têtre mieux que j’fasse aut’chose. Tu crois qu’on est bientôt arrivés ?

Valriel fit semblant de réfléchir.

— Voyons voir, nous sommes partis du Bois Noir, notre prochaine adresse se trouve au Nord de Fangeombre… Hmm, oui, je dirais que nous ne sommes pas prêts d’y arriver, effectivement. Je pense que nous en avons au moins pour encore cinq bons jours de chevauchée.

— Cinq jours ?! Et on a dix personnes à aller voir comme ça ? Et ben ! On a pas fini ! On va avoir des sacrées ampoules aux fesses à la longue, hahaha !


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Insupporté par son comportement, Valriel opina du chef en gardant le silence.
Frigga, qui n’avait pas l’habitude de faire face à autant d’impassibilité, sentit sa curiosité piquée au vif et elle trouva rapidement comment elle allait pouvoir occuper ce long voyage.

Elle fit maladroitement trottiner sa monture vers celle de l’Elfe et après quelques essais infructueux - se mettant tantôt en travers de son chemin, tantôt sur le bas côté - elle finit par arriver à sa hauteur. Enfin capable de voir un peu mieux à quoi ressemblait son interlocuteur, elle pencha un peu plus la tête vers lui intriguée. Elle détailla sans fard les nombreuses couches de bandage qui recouvraient l’ensemble de son visage et s’arrêta sur ses yeux en amande. Valriel, qui sentait bien qu’on l’observait sans la moindre pudeur, finit par tourner la tête dans la direction de la Nordique pour lui lancer un regard glacial. Cela n’eut pour effet que de faire sourire Frigga un peu plus et, n’y tenant plus, elle lança :

— Eh ben, ça fait un sacré paquet de bandages que t’as sur le visage ! J’ai vu pas mal de vilaines blessures, mais jamais aucune qui ait défiguré quelqu’un à ce point. T’as dû drôlement morfler !

— En effet, lâcha-t-il sobrement.

— Il t’est arrivé quoi ?


Valriel soupira. Il était las de raconter encore une fois cette histoire.

— Une expérience de nécromancie qui a mal tourné. La peau de mon visage ne peut être soignée.

— Ah ouais, ces nécromanciens, c’est d’la sale raclure ! Moi, j’les approche pas, ils me font bien trop peur ! Personne devrait jouer avec ces trucs-là !


Cette remarque fit sourire l’Altmer. Enfin une information qu’il allait pouvoir user à son avantage.

— C’était moi. Le nécromancien. Mais c’est terminé à présent. Je m’en suis remis à Stendarr aujourd’hui.


Frigga ouvrit de grands yeux avant de blêmir subitement.

— Tu… tu étais un nécromancien ? Toi ?

— Et oui. Ces erreurs de jeunesse que l’on peut faire, hein…


Elle dévisagea l’Altmer, mais avec défiance cette fois-ci. Désormais, plus elle regardait ses bandages, plus cela lui faisait froid dans le dos. Elle décida de changer de sujet.

— Bon, euh… Et sinon, tu viens d’où ?

— Étincelance.

— T’es une Oreille-pointue ? J’me disais bien qu’tes yeux étaient bizarres.


Valriel lui lança un autre regard empli de lassitude. Cette fois-ci, Frigga comprit sa maladresse.

—  Enfin, j’veux dire, ils sont très jolis, hein. Très verts et… grands. On dirait presque qu’il y a de la lumière dedans. Comment ça s’fait que tes pupilles soient si grandes d’ailleurs ?


Il était surpris de la naïveté de cette question qui lui semblait venue tout droit d’un enfant. C’était à son tour d’être désarçonné. Il ne savait pas quoi répondre. C’était comme lui demander pourquoi sa peau était dorée.

— Eh bien… Parce que mes parents ont des yeux similaires et leurs parents avant eux. C’est une caractéristique raciale, voilà tout.


Frigga était déçue de cette réponse. Elle aurait aimé quelque chose d’assez exceptionnel pour justifier cette particularité incroyable selon elle.

— Moi j’pense que c’est pour t’permettre de voir des trucs comme la magie ! C’est pour ça qu’les Elfes sont si forts avec ces trucs-là, si tu veux mon avis.

— La plupart des gens ne voient pas la magie. Et les Elfes non plus.

— Et toi, tu la vois ?

— … Oui. Quand je ferme les yeux.

— Ah ! J’t’avais dit que c’était ça ! Je savais que j’avais raison ! - s’émerveilla Frigga, ravie de sa trouvaille.


Cette fois-ci, c’est Valriel qui eut envie de détailler son interlocutrice. Du coin de l’œil, il observa son visage à la mâchoire carrée, sa peau tannée par le vent et le soleil, les rides au coin de ses yeux et à la commissure de ses lèvres, ses cheveux raides et courts, blonds comme la paille qui lui donnaient un air de garçon manqué, sa carrure impressionnante pour une femme, même pour une Nordique. Pas très féminine, mais certainement très résistante. Assurément, elle avait dû se servir de ces atouts pour survivre. Elle devait avoir de sacrées histoires à raconter. Elle ne semblait pas très cultivée, mais elle était vive. Il fut tiré hors de ses réflexions quand elle tourna la tête vers lui, visiblement rayonnante qu’on la regarde de la sorte.

— Eh ben, joli-coeur, tu m’trouves à ton goût ?

— … Je te trouve bien présomptueuse.

— Présomptu… quoi ?

— Cela signifie que tu as une haute opinion de ta personne.

— … Quoi ? demanda Frigga qui ne comprenait toujours pas.

— Que tu… Argh, oui, je suis fou amoureux, tu m’as percé à jour.

— Ah ! Je le savais !

Il fit quelque peu accélérer le pas de sa jument pour reprendre la tête de la marche. L’espace d’un instant, il avait songé que ce voyage pouvait mieux se passer qu’il ne l’avait imaginé, mais il sentait bien qu’elle allait mettre sa patience à rude épreuve. Frigga eut un rire franc et éclatant en le voyant presser le pas, ce qui eut pour effet de faire paniquer sa monture qui se mit à galoper à son tour à toute vitesse, quittant la route pour gagner les bois. Valriel remua lentement la tête de droite à gauche avec perplexité en la voyant partir à grands cris. Oui, ce voyage s’annonçait aussi long que pénible.


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Lun 13 Sep - 20:16
CHAPITRE II

_________________

Une pluie battante s’acharnait sur eux depuis bientôt une heure, rendant le chemin boueux et glissant, brouillant leur vision. La nuit commençait à tomber et ils admirent d’un commun accord qu’il était temps d’établir le campement. Ils n’avanceraient pas davantage aujourd’hui et ils avaient tout intérêt à ménager leurs montures s’ils voulaient poursuivre un aussi long voyage. Avec souplesse, Valriel passa la jambe par-dessus la croupe de sa jument et en descendit prestement, tandis que Frigga, un pied à terre, se débattait pour faire sortir sa botte de l’étrier.


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— C’est mieux de retirer son pied de l’étrier avant de descendre. Ça évite de se retrouver coincé et de se faire emporter si la monture panique.


Frigga tourna la tête vers Valriel puis ramena les yeux vers sa botte avant d’exploser d’un rire joyeux.


— Hahaha, non mais quelle idiote, hein ?! T’as vu dans quel état j’suis ? Même pas fichue de descendre d’un canasson correctement ! Faut vraiment pas être finie ! C’est vrai que ce s’rait pas joli si le ch’val s’mettait à courir, là tout de suite… Y s’appelle comment déjà ?

— Broutille, répondit l’elfe, surpris que la navigatrice prenne aussi bien sa remarque.


Il avait pris l’habitude que les gens se braquent et le traitent d’arrogant ou de prétentieux lorsque l’envie lui prenait de donner des conseils.


Pourtant déterminé à la laisser se débrouiller, il s’approcha malgré tout du cheval de la Nordique pour en attraper la bride le temps qu’elle s’extraie sans risque de sa posture délicate.

— C’est qu’t’est mignon, mon pt’it Broutille ! lança Frigga en flattant l’encolure de sa monture et en lui remuant la crinière.



L’animal parut apprécier et lui donna une bourrade amicale, se collant à la femme.


— Eh, on dirait qu’il m’aime bien, tout compte fait !

— Tiens, n’oublie pas sa bride, dit calmement Valriel en lui tendant le lien de cuir.

— Ah oui, pas bête ! Répondit-elle en s’en saisissant, avant que le cheval puissant ne la tire vigoureusement, subitement attiré par une petite motte d’herbe tendre.

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Tandis que Frigga protestait et tentait de diriger sa monture, Valriel, en soupirant, mi-amusé, mi-désespéré, se mit en quête d’un arbre auquel accrocher sa jument. Rabattant le capuchon de sa cape de voyage, la pluie se faisait un peu moins intense, mais un vent froid commença à souffler et acheva de la frigorifier. Il jeta un coup d’oeil aux alentours sans parvenir à apercevoir Frigga.

— Bien, je suppose que c’est à moi de m’occuper d’aller trouver du bois pour le feu…

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Il commença donc sa prospection, cherchant sous les arbres dont l’épais feuillage avait protégé les branches basses de la pluie et revint au bout d’un bon quart d’heure, les bras chargés de petit bois. Frigga était là et elle avait commencé à dresser le campement en rassemblant quelques pierres pour le feu. Elle l’interpella en l’apercevant.


— Ah revoilà Oreilles-Pointues ! J’vois qu’t’as trouvé du bois, une bonne chose, j’commençais à m’l’es peler !

— Valriel, la reprit-il avec une pointe d’agacement dans la voix et tout en déposant sa récolte au creux du cercle de pierre.

— Haha, pas d’soucis, Val ! Au fait, j’me suis permise d’ajuster les noeuds qu’t’avais faits pour accrocher ton canasson. Au moins comme ça, on s’ra sûrs qu’il partira pas en vadrouille !


Valriel ramena instantanément son regard vers elle puis vers les chevaux. C’était plus fort que lui, il doutait toujours du travail des autres. Il fallait qu’il aille vérifier par lui-même ce qu’il en était. Il gagna rapidement les chevaux à grandes enjambées, suivi de près par Frigga qui se déplaçait entourée d'une aura de fierté. Il analysa les noeuds et tira sur les licols pour constater l’étonnant ouvrage de sa partenaire. Il ne parvenait pas à comprendre le complexe et habile enchevêtrement qu’elle avait effectué.

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— Alors ? C’est quand même mieux qu’un tour de magie de daedra des grands elfes de Tralali-je-sais-pas-quoi, hein ?


Il ne put s’empêcher d’esquisser un léger sourire amusé derrière ses bandages.
— C’est du bon travail, en effet.


Elle redressa un peu plus la poitrine en arrière - si tant est que ce fut possible - un sourire de triomphe s’étalant sur son visage. Elle avait compris qu’obtenir un compliment de l’Altmer n’était pas chose facile.
— Ah-ah ! C’est qu’on apprend deux-trois trucs utiles à bord d’un navire ! J’peux t’dire qu’avec moi, les haubans étaient toujours impeccables !

— Je n’en doute pas. Manoeuvrer un navire ne doit vraiment pas être facile.


Rien n’aurait pu lui faire plus plaisir que cette ouverture que lui offrit Valriel. Elle s’y engouffra sans plus y réfléchir et lui expliqua avec force détails tout un tas d’astuces de navigation : les différents types de navires, la façon de faire des noeuds, de diriger un équipage récalcitrant, de faire face à une tempête, de contrer des pirates Maormers… Se faisant, elle s’évertuait à entrechoquer deux pierres l’unes contre l’autre dans l’espoir de faire un feu, sans succès. Valriel s’approcha d’elle, croisant les bras sur la poitrine. La pluie reprenait en intensité et le vent aussi et bientôt, le petit bois serait entièrement trempé.

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— Ça n’a pas l’air d’être un franc succès tout ça, l’interrompit-il avec détachement.

— Ouais, mais j’y peux rien, t’as vu cette pluie ? Même si j’arrivais un sortir une toute petite étincelle, elle s’rait immédiatement éteinte par cette pluie d’malheur... Ah, ça m’gave ! On aurait dû s’trouver une grotte ou un truc dans l’genre.

— Il n’y a rien de tel dans les environs et tu le sais. Bien. Écarte-toi s’il te plaît, on ne va pas y passer la nuit.

— Oh-là, pas la peine d’être désagréable, Monsieur J’ai-un-balais-dans-les-fesses !

— Pardon ?!

— Quoi ? C’est la vérité !


Elle imita la posture et l’attitude de l’elfe en croisant à son tour les bras sur la poitrine, aggravant sa voix en essayant de prendre ses inflexions et sa prononciation soignée :

— « Bonjour, je suis Valriel et mes parents ont oublié de m’apprendre à rire ! Maintenant, laissez-moi être sérieux. Frigga, écartez-vous pendant que je vous montre à quel point je suis un graaand Haut-Elfe sage ! »


Cela n’eut pas pour effet de faire rire Valriel, ni même de lui faire esquisser le plus petit sourire.

— C’est cela. C’est la pire imitation que j’aie jamais vue. Maintenant, si tu veux bien m’excuser, il faut bien que quelqu’un allume ce feu.

— Oh, mais tu rigoles jamais, toi, c’est incroyable ! Ça s’appelle de l’humour ! J’te signale qu’à trop t’prendre au sérieux, tu vas finir par exploser si ça continue ! Comme un guar sous l’cul d’un mammouth !

— Un peu de silence ne serait pas de refus.


— Ah mais… commença à protester Frigga, mais sa voix s’évanouit en voyant que l’elfe avait fermé les yeux et qu’il avait posé sa paume au-dessus des branches.

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Un feu ardent monta instantanément, faisant crépiter le bois, chassant enfin l’humidité. Valriel, d’un geste presque imperceptible de la main, manipula les flammes pour mieux les aider à affronter le vent et bientôt, il n’eut plus rien à faire, le feu avait repris le dessus sur les éléments environnants.


Quand il tourna la tête, Frigga avait fait quelques bons pas en arrière et le dévisageait avec défiance, les yeux écarquillés.

— Quoi ? demanda Valriel, perplexe. Tu as peur du feu ?

— C’est… C’est d’la nécromancie, ton truc ?


Il eut un sourire dubitatif derrière ses bandages.

— Non. Un peu de magie des éléments, c’est tout. Il faut des morts ou des âmes pour pratiquer la nécromancie.


Elle le jaugea de haut en bas, toujours peu rassurée.

— T’es sûr ?

— … Plutôt sûr, oui.

— Bon… très bien. J’vais… chercher le lapin qu’on a tué pour l’vider, j’reviens.

— Bien, dit-il en haussant les épaules et en se penchant près du feu pour mieux se réchauffer.

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Frigga revint s’installer près du feu quelques minutes plus tard et s’affaira en silence, ce qui était tout à fait au goût de Valriel, qui n’était pas déçu de pouvoir enfin profiter d’un peu de calme. La nuit tombée, la pluie finit par cesser et on entendit bientôt plus que le son des gouttes sur les feuilles, du couteau contre les tendons de l’animal que la Nordique dépeçait et du crépitement du feu.

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Frigga embrocha le lapin et l’installa avec précaution sur le tourne-broche improvisé. Elle ne semblait pas tout à fait rassurée par les flammes qui vacillaient doucement et léchaient le bois. Elle risqua un coup d’oeil vers son compagnon de route.

— Euh… ton feu, là…


Surpris d’avoir été tiré du silence, Valriel ramena son regard vers elle.

— Oui ?

— J’risque rien si j’y mets le lapin à cuire ? J’veux dire, y va pas dev’nir un lapin daedrique ou un truc dans l’genre ? Ou alors j’me mettrai pas à avoir des pouvoirs bizarres en l’mangeant ?


Valriel pouffa doucement à la remarque de la Nordique. Sa méconnaissance de la magie lui était aussi surprenante que distrayante.

— Non, rien de tout cela lâcha-t-il, amusé. Enfin, méfie-toi quand même, des fois que le lapin reprendrait vie dans ton estomac.

— Quoi ?! C’est possible ça ?! s’exclama Frigga, effrayée.


Les yeux verts de Valriel se plissèrent en un sourire, tandis qu’il tisonnait le feu avec le bout d’un bâton.

— Non… Je plaisantais, c’est tout. Tu sais la chose que je suis normalement incapable de faire.

— Mouais… Comme humour, on a vu mieux… bougonna Frigga.


Elle finit par éclater de rire et, dans un élan de franche camaraderie, le gratifia d’un coup de coude dans le bras droit. Valriel posa instinctivement la main à l’endroit de l’impact et grimaça derrière ses bandages. Cette femme possédait une force incommensurable.
— Hahaha ! Non, mais tu m’as bien eue, toi ! Tu sais qu’j’y ai vraiment cru à tes histoires ?


Valriel leva les yeux au ciel. L’espace d’un instant, il avait espéré qu’elle le laisse tranquille.
Il feint le soulagement.

— Oui, heureusement que ce ne sont que ça : des histoires… Tu imagines si c’était vrai ?


Frigga le scruta, essayant de comprendre l’expression qui se dessinait dans ses yeux et au travers de son attitude désinvolte. Elle avait l’impression qu’il se fichait d’elle et elle ne savait désormais plus démêler le vrai du faux de ses plaisanteries prononcées sur un ton pince-sans-rire.

— Ah, t’es vraiment trop bizarre, toi ! J’comprends rien à c’que tu racontes.

— Oui… On me l’a souvent dit, répondit-il avec une pointe de lassitude dans la voix.

— Oh, ça va, t’as qu’à parler et plaisanter comme tout l’monde si tu veux pas qu’on t’dise ça.


Valriel fronça les sourcils en levant à nouveau les yeux vers elle.

— C’est facile à dire quand on est tout le monde. Ce n’est pas mon cas.

— Tu veux dire que j’suis comme tout l’monde ? Et puis de quoi tu parles ? J’croyais qu’toutes les Oreilles-pointues étaient comme toi.

— Non… Ils ne sont pas tous comme moi. Il n’existe personne tel que moi.

— Ben vl’a les chevilles ! T’as drôlement d’couilles pour sortir un truc pareil, mon gars.


Valriel se redressa de toute sa hauteur, visiblement courroucé. Il répondit avec froideur :

— Je ne suis pas ton « gars ». Pas plus que je ne suis Oreilles-Pointues ou je ne sais quel sobriquet ridicule tu veux m’affubler. Et je trouve que tu as drôlement d’audace pour me juger bien vite et en si peu de temps.

— Eh, c’est toi qui t’fiches de moi et qui m’prends pour une idiote à m’faire tourner en bourrique ! Et en plus tu dis que j’suis comme tout l’monde, alors que toi, t’es si spécial ?! Si tu crois que j’comprends pas tes allu… tes allis… enfin, c’que tu sous-entends, eh ben tu t’fourre le doigt dans l’oeil ! Et vu qu’c’est tout c’qui t’reste sur ton visage cramé, j’serais toi, je jouerais pas au plus malin !


Valriel poussa un soupir en se rasseyant. Il n’y avait rien à faire : les relations humaines, ce n’était décidément pas son fort.

— Si tu veux. Mais je ne pense pas que tu sois idiote. Pardonne-moi si je t’ai offensée. C’est une habitude chez moi, ça n’a rien de personnel.


Le comportement tantôt glacial et cinglant, tantôt mélancolique de l’Altmer laissait Frigga dans la plus grande perplexité. Elle n’avait jamais rencontré quiconque se comportant de la sorte. Il semblait véritablement désolé.

— Bah euh… C’est rien. N’en parlons plus.


Elle entreprit de découper le lapin et en tendit un morceau à l’elfe.

— J’aurais pas dû… Pour le « visage cramé ». J’m’excuse aussi.

— Merci. Ça ne fait rien, oublions cela. répondit-il doucement, en attrapant le bout de viande fumant que lui tendait la Nordique, avant de partir manger à l’écart pour retirer ses bandages.

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Ils terminèrent de manger en silence et partirent se coucher sans plus échanger le moindre mot. Dans la pénombre, Frigga jeta un coup d’oeil à la silhouette étendue non loin qui lui tournait le dos. Elle se dit que, décidément, elle n’avait jamais rencontré de personne aussi singulière, fusse-t-elle Oreilles-Pointues ou pas.
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Les Percepteurs Empty Chapitre Trois

Ven 24 Déc - 15:17
CHAPITRE III

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Valriel fut heureux de constater qu’il était le premier éveillé lorsque le jour offrait ses premiers rayons du soleil et transperçait la brume matinale. Moins agréable était la sensation des bandages rendus humides par la nuit et la rosée, collant le tissu froid contre son visage. Les ronflements de Frigga l’avaient contraint à s’éloigner quelque peu du feu, mais il l’avait très vite regretté. Il se sentait frigorifié et il remit avec précaution quelques branches de bois sec sur les braises encore fumantes avant de rallumer le feu d’un sort. Il se serait damné pour une boisson chaude. Il sella les chevaux pour préparer leur départ et marcha en contrebas du campement. Il avait repéré les sillons d’un cours d’eau qui devait se situer non loin de là et entreprit de se diriger dans la direction vers laquelle il supposait qu’il allait l’y trouver.


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Il n’eut pas à marcher bien longtemps fort heureusement et le ruisseau qui traversait le sous-bois semblait parcouru d’une eau pure. Il en remplit les gourdes et ôta ses bandages un moment pour se passer un peu d’eau fraîche sur le visage avant d’en remettre des propres. La sensation était délicieusement revigorante. Avant de revenir au campement, il profita de s’en trouver quelque peu éloigné pour délacer ses braies et soulager sa vessie lorsque la voix tonitruante de Frigga dans son dos le fit sursauter.


— Ben alors Oreille-Pointue, j’tai cherché partout, tu fous quoi ?!


Il lui jeta un regard à mi-chemin entre la surprise et l’exaspération.


— Ce n’est pas évident ?!


Elle explosa d’un rire tonitruant en le voyant dans une pareille posture.


— Aaah ! Pardon, j’avais pas vu que t’avais sorti ton mat pour lever la grand-voile ! Hahaha ! C’est une bonne idée, tiens, j’avais envie de pisser, moi aussi, lança-t-elle en commençant à délacer ses propres braies et en se dirigeant vers lui.


Scandalisé, il la dévisagea comme si elle avait perdu toute raison.


— Mais… Mais ce n’est pas possible, toi ! Tu ne peux pas me laisser tranquille une seconde, par tous les dieux ?! Et pourquoi es-tu obligée de faire ça à côté de moi ?! La forêt n’est-elle pas assez grande ?
— Oh, ça va, j’ai déjà vu à quoi ça ressemble c’que vous cachez là-d’ssous, ça va pas m’gêner ! À moins que… t’en ait une toute petite ? Ce s’rait bizarre, vu ta taille, mais bon… fit-t-elle pour le taquiner, faisant mine de regarder par-dessus son épaule. 
— Mais fiche-moi la paix, bon sang ! S’exclama-t-il, outré, en la repoussant en arrière d’un mouvement brusque de la main.


Cela n’eut pour effet que de la faire s’esclaffer un peu plus fort tandis qu’elle se laissait repousser, docilement.


— Hé ben, c’est qu’t’es drôlement pudique, ton altesse royale ! Qu’est-ce qui y’a ? Me dis pas qu’tu l’as jamais montrée à une dame, quand même ? Ou bien p’têt’ que vous autres, vous le faites sans r’garder, du genre en fermant les yeux ou dans le noir ? À moins qu’tu sois à c’point jeunot que tu l’aies jamais fait ? T’as quel âge au juste ?


Ce disant, elle s’accroupissait non loin pour effectuer sa besogne, ce à quoi, Valriel répondit en levant les yeux au ciel avec indignation, tout en se retournant un peu plus, relaçant ses braies. L’intervention de la Nordique lui avait passé l’envie.


— Soixante deux ans. Et je l’ai déjà montrée, oui… Oh, par Auri-El, je ne peux pas croire que j’aie une telle discussion !

Elle tourna les yeux vers lui avec stupéfaction.


— Soixante deux ! Mais t’es un vieux ! Tu tiens la forme, dis-moi !

— Les Altmers vivent plus longtemps que la plupart des autres races. Le double de vos vies. Je suis encore à l’aube de la mienne.
— Ah ouais, t’es un veinard, toi ! N’empêche que pour moi t’es vieux. Mais c’est pas grave, les vieux, ça m’plaît bien aussi. Et pis, si ton corps est encore jeune, alors ça veut dire que tu tiens longtemps au pieu, mais avec l’expérience en plus ! Ça t’dirait pas qu’on s’amuse un peu, tous les deux ?


Nouveau roulement d’yeux de l’elfe.


— Comment peux-tu penser que je puisse éprouver le moindre désir pour toi de te voir agir avec si peu de décence ? Cela fait tout juste une journée que nous chevauchons et tu me fais déjà des avances ? Non merci, sans façons. J’ai un goût pour les femmes avec un minimum de raffinement.
— Comme c’est ennuyeux ! En gros t’aime les dames toutes pomponnées et apprêtés avec un balais dans les fesses ? S’enquit-t-elle d’un ton badin, en se relevant.
— Non, seulement celles qui ne viennent pas me déranger dans mon intimité et qui ne me vrillent pas les tympans à chaque fois qu’elles l’ouvrent, rétorqua-t-il d’un ton sans appel.


Frigga semblait s’amuser de l’agacement de l’elfe. En tout cas, elle ne se départit pas de son sourire pour autant.


— Tu d’vrais apprendre à lâcher du lest et t’amuser un peu plus, Oreille-Pointues, pas b’soin d’une jolie dame avec des bonnes manières pour ce genre de besogne, juste d’un goulet bien chaud et étroit ! Tu sais qu’ça t’ferait du bien ! En plus, tu dois être marrant quand tu t’laisse aller. À moins que tu sois aussi rigide que dans la vie d’tous les jours…
— Ta vision des choses me répugne. Pour moi, ça se passe d’abord là avant que ça ne vienne plus bas.


Il pointa sa tempe du doigt, un air de mépris dans le regard.


— C’est n’importe quoi, ça ! Me dis pas que tu bandes pas en voyant une jolie fille, ou un joli garçon ? Et après tu trouves plein d’autres raisons dans ta tête pour expliquer ça.
— C’est sans fin avec toi… Je ne vois pas pourquoi tu te sens le besoin d’insister. Ma vision des choses te dérange à ce point ?
— C’est juste que j’comprends pas comment c’est possible. Tu t’prends trop la tête si tu veux mon avis.
— Je ne te l’ai pas demandé, rétorqua-t-il avec humeur en remontant jusqu’au campement.
— Dis, t’es toujours d’aussi mauvais poil, ou y’a des jours où t’es un peu joyeux ? Parce que là, tu rigoles pas beaucoup, quand même ! En même temps, si tu t’amuses qu’avec les femmes qui font plaisir à ta tête… poursuivit-elle, sur ses talons.
— Fiche-moi la paix, tu veux ?
— Eh ben, ça change de tes longues phrases avec plein d’mots compliqués !
— Je serai de bonne humeur quand je me serai débarrassé de toi. Maintenant, si tu veux bien, levons le camp. Plus tôt nous aurons terminé notre mission, mieux ça vaudra.
— Eh pas la peine de…
— Silence ! Lui intima Valriel en s’arrêtant subitement. J’entends du bruit.



Depuis l’autre côté de la butte qui dissimulait le campement, des voix se faisaient entendre. C’est alors qu’il réalisa. Frigga avait laissé le camp sans surveillance en allant le chercher. Et il avait rallumé le feu, un moyen idéal pour signaler leur présence. « Les idiots que nous sommes… » songea-t-il avec amertume. Et ses armes étaient restées là-bas, bien entendu. Ainsi que les provisions, les documents de la guilde, les chevaux, l’équipement… Il n’y avait que l’or et ses propres effets qu’il avait gardé sur lui.


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Ils s’avancèrent en direction des bruits, s’efforçant de se montrer discrets, malgré le pas lourd de Frigga et les faibles capacités de Valriel en la matière, du fait de sa haute stature. Il lui fit signe de s’arrêter quand il aperçut deux hommes dans le campement, affairés à les dépouiller de leurs biens.


— Ces abrutis ont tout laissé en plan et se sont barrés… Il faut vraiment pas être net, lança l’un des deux.
— À moins qu’ils aient fui un danger ? Tu crois qu’y a des ours dans l’coin ? Ou des loups ?
— Et ils auraient laissé les chevaux ? Réfléchis, c’est pas logique…


— Quoi qu’il en soit, j’veux pas rester dans l’coin pour savoir s’ils se sont faits bouffer ou attaquer par des bandits. On prend leurs affaires et on s’tire. Tiens, on a qu’à s’barrer avec les ch’vaux, ça ira plus vite, répondit l’autre en tentant de défaire le licol de la jument de Valriel.


Celui-ci réfléchissait à toute vitesse à un moyen de partir à l’assaut des deux individus, se demandant s’ils étaient armés, se disant qu’il vaudrait mieux les surprendre par l’usage de la magie, tout en faisant attention à ne pas endommager leurs affaires. Il réalisa que les précieux parchemins se trouvaient dans la sacoche dont l’un des deux homme s’était emparé. Il devait le neutraliser et la récupérer. C’est tandis qu’il échafaudait un plan et décidait du sort qu’il souhaitait utiliser que Frigga, les apercevant, se rua vers les deux hommes en vociférant :


— Touchez pas à ma hache, bande de moules pas fraîches ! Faces de horqueurs édentés !


Là-dessus, elle envoya un violent coup de poing dans la figure du premier malandrin qui se présenta à elle, l’envoyant à la renverse plusieurs mètres au loin. Alarmé l’autre se saisit d’une dague pour trancher à toute vitesse la lanière qui retenait la jument et eut tout juste le temps de grimper sur le dos de l’animal affolé pour s’enfuir avec. Valriel tenta de le rattraper et, par réflexe, il lança un sort qui désarçonna l’homme, le faisant tomber à la renverse. Mais la jument effrayée poursuivit sa course à toute vitesse, traînant avec lui le pauvre bougre, le pied toujours attaché à l’étrier.


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— Bien joué… se dit l’elfe en regardant avec dépit l’homme et la jument disparaître dans les fourrés.


Il jeta un coup d’oeil à Frigga qui avait rattrapé le premier homme et se trouvait à califourchon sur lui, le gratifiant copieusement de généreux coups dans la face. 


— Voler, c’est mal, espèce d’abruti ! Ta maman, elle t’a jamais appris ça ?
— Pitié, j’le f’rais plus, m’dame, j’savais pas u’vous étiez encore en vie !
— Quoi, tu voulais qu’je sois morte ?! S’exclama t-elle avec verve.


Valriel estima qu’il était temps de mettre un terme à ce massacre inutile et qu’il serait inutile de tenter de rattraper la jument maintenant. Il se dirigea vers la Nordique et posa une main sur son épaule, pour l’éloigner de l’homme. Le seule résultat fut qu’il se prit une coup monumental dans le ventre, l’envoyant valser au sol. Elle se retourna soudain, réalisant sa maladresse, ouvrant des grand yeux ronds.


— Oh, pardon, Valou, j’croyais qu’c’était l’autre gars ! Ça va ?


Il se releva difficilement, se tenant le ventre, esquissant un geste de la main our signifier qu’il n’avait rien.


— Ça va. Tu ne retiens pas tes coups, ma parole. Tu devrais laisser cet homme tranquille, il a eu son compte, je pense.
— Je suis d’accord, lança l’homme.
— Toi on t’as pas sonné ! Lança-t-elle à son adresse en lui remettant un coup qui acheva de le sonner. Merci Valou, c’est un joli compliment, reprit-elle avec un grand sourire à l’attention de Valriel.


Il leva les yeux au ciel d’être qualifié d’un surnom si ridicule.


— Bon, t’a volé quoi, toi ? 
— Seulement votre hache, m’dame ! C’est Ronan qui a les provisions.
— Et mince… souffla Valriel.
— Et il est où ton copain ?
— Parti avec la jument, mais il ne doivent pas être bien loin, répondit l’Altmer à la place de l’homme. À mon avis, il est dans un sale état, par contre…
— Allons le retrouver lança Frigga en sautant sur ses pieds.
— Oui… À deux sur le cheval… Je sens qu’on va s’amuser… lâcha-t-il avec dépit.
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